Hervé Bazin - Un feu dévore un autre feu

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Un feu dévore un autre feu: краткое содержание, описание и аннотация

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Un feu dévore un autre feu, un grand roman d'amour, un drame de la passion, enchâssé dans un drame social dont les vingt dernières années nous ont fourni de bouleversants exemples. Imaginaire, se déroulant dans un pays non précisé, en vingt-six jours, cette histoire, où l'amour triomphe malgré tout, emprunte ses passages les plus intenses au tragique le plus réel de notre temps.

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Curieuse impression. Le dallage sonne plus sèchement ; les odeurs de ragoût, les cris d’enfants, les gargouillements de tuyaux, les graffiti, les paillassons à demi écrasés par les pieds d’une famille, célèbrent avec force une vie quotidienne enfouie dans l’habitude. Maria se retrouve devant sa carte de visite fixée sur le battant par quatre punaises enrobées de plastique blanc. En visite chez elle, elle sonne. Puis elle ouvre, d’un franc tour de clef. Elle ramasse deux lettres et, la porte repoussée, instinctivement, pour reprendre possession de son espace familier, elle pose sur son électrophone la première rondelle venue : un disque d’Art Tatum qui lui donne droit aux premières mesures de You took advantage of me. Enfin elle se précipite à la fenêtre pour y secouer le petit tapis simili-persan qui lui sert de descente de lit. La DS noire va repasser, lâchant deux légers coups de klaxon. Maria remet son tapis en place et s’assied dessus pour écouter le morceau suivant : I’ll never be the same.

Morceau de circonstance ! Un regard circulaire accordé à cette pièce, voilà peu, donnait satisfaction. On avait trente mètres carrés, un terme, des mensualités et, de l’autre côté de la cloison, une baignoire où plonger de la demoiselle : le tout bien à soi. On s’encoconnait là dans une liberté réduite, mais neuve. On s’y sentait majeure et vaccinée contre la petite rage d’avoir été « la fille de mon mari » dans une maison où M me Pacheco — la seconde — avait banni le souvenir de M me Pacheco — la première. On y avait d’ailleurs transféré celle-ci avec respect sous la forme de cette photo de jeune femme, faisant foi de ce qu’avait été une mère, morte d’avoir une fille et qui riait sur le mur en face d’un gendre possible, régnant dans un cadre identique. Tout est toujours en place, mais tout est changé. Ennis Pacheco, devenue veuve de son veuf, observe sa fille à qui l’on a crié qu’elle pourrait l’être aussi avant la noce.

Trêve de nostalgie ! Maria se relève. Elle ouvre la première lettre : c’est un avis de licenciement très sec pour n’avoir fourni aucune excuse, aucun certificat de maladie et cependant abandonné son poste en violation du décret sur la reprise du travail. Elle ouvre la seconde lettre : c’est un rappel, avant sommation, d’avoir à payer sa police d’assurance échue depuis quinze jours. Il y a de la menace dans l’air. Huit fois déchirées, transformées en confettis, les deux lettres rejoignent leurs enveloppes dans la corbeille et Maria, ouvrant un placard, s’empare de son unique valise.

Art Tatum continue : il attaque Without a song avec ce bonheur gratuit, cet entrain génial qu’il eut pour quelques amis, certain soir, sans savoir qu’il était enregistré. Maria se déshabille, enlève la robe beige — empruntée à Selma —, sa culotte et son soutien-gorge — empruntés à Selma —, range le tout dans la valise, et nue, baladant de petits seins, de petites fesses très fermes, procède à l’opération inverse, pioche dans sa commode, rhabille Maria avec ce qui appartient à Maria en terminant par sa robe grise à parements grenat. Puis elle retire de son cadre la photo de sa mère. Elle n’en fera pas autant pour celle de Manuel, trop dangereuse : elle aura l’original — ou rien. Toutefois elle emportera ses lettres, bien que plusieurs soient écrites sur papier à en-tête du Sénat. Un tailleur suffira. Un jean. Un pull. Un imper. Un peu de linge. Une paire de souliers plats qu’elle enroule dans un pyjama. Enfin la boîte de cigares peinte par Carmen enfant pour son anniversaire et qui contient quelques coupures, les indispensables papiers, la bague de fiançailles de sa mère et les clefs de l’appartement paternel.

C’est tout. Les hardes, les bibelots, la vaisselle, la batterie de cuisine, l’électrophone — hélas ! trop encombrant et qui continue de tourner —, l’aspirateur, la télé, les meubles — après tout acquis à crédit —, ce sera pour les huissiers chargés de récupérer les traites, le loyer, les impôts. On peut leur faire confiance : sous-estimé, grevé de frais, livré en salle des ventes à de maigres enchères, l’ensemble — qui les vaut bien trois fois — ne soldera pas les dettes… Allons ! Les choses ne sont que des choses et leur regret, quand il vous pince, ça peut s’offrir. Maria pirouette. Maria regarde Manuel dont la petite moustache a goût de tabac et fait rougir la peau quand il la brosse de baisers. Elle murmure :

— Sois tranquille ! Je ne ferai pas partie de la saisie.

Et elle s’enfuit, valise au poing, tirant la porte sans la boucler, dégringolant les huit étages par l’escalier au lieu de reprendre l’ascenseur.

*

Mais en bas elle va se faire accrocher par la concierge qui lui barre le passage, armée de ses aiguilles :

— Qui êtes-vous, mademoiselle ? Où allez-vous, avec cette valise ?

— Eh bien, quoi ? fait Maria. Je suis la locataire du 208 et je vais à mes affaires.

Plus forte qu’elle, cette femme ne peut être bousculée. De toute façon on ne court pas vite, avec une valise, on ne va pas loin quand, derrière vous, alertés par des cris, se rameutent les passants. Maria se contraint au calme et au sourire :

— Le 208 ? Attendez donc, reprend la concierge, pensive. Excusez-moi, mais les ordres sont stricts et je dois tout signaler. J’ai une fiche à votre sujet. Vous n’avez pas reparu depuis les événements. Une parente vous recherche…

— J’étais en province et d’ailleurs j’y retourne pour quelque temps, dit Maria.

Et fouillant dans son sac, elle joue la confiance :

— Pour les relevés de compteurs puis-je vous laisser mes clefs ? Je suis à San Vicente chez mon oncle, le capitaine Pacheco ; je m’occupe de mes neveux dont la mère est malade.

Les clefs d’un logement où elle ne remettra plus les pieds — et où sans doute les huissiers ne retrouveront plus leur compte —, un petit billet, le nom d’un oncle fantôme mais militaire, c’est plus qu’il n’en faut. On va peut-être téléphoner derrière son dos à qui de droit. Trop tard. Un taxi jaune l’emporte, la dépose devant sa banque. À l’exception d’une petite somme qu’elle touche, les comptes sont bloqués. Précaution superflue, son avoir étant mince ! Elle reprend un taxi, bleu celui-là et dont le chauffeur, comme le précédent, note soigneusement sur un carnet spécial l’adresse de prise en charge et l’adresse de destination. Olivier l’a prévenue :

— Donnez toujours une adresse précise, attendez que la voiture s’en aille et terminez à pied.

Dans la rue de son enfance, enfin, tenant sa valise d’une main, elle se mouche de l’autre pour masquer son visage. L’heure est propice, les boutiques fermées, les gens à table dans la vieille maison à trois étages dont son père, syndic des copropriétaires, a toujours occupé le rez-de-chaussée, hanté par les cancres assez riches pour s’offrir des répétitions.

Elle n’a pas été vue, elle n’a pas été reconnue. Elle est dans la place, tout de suite bouleversée, déchirée. Depuis que la famille est partie avec elle pour l’église, nul n’est entré dans cet appartement où la fête a pourri sur place. Le vestibule est plein de gerbes noirâtres, de corbeilles desséchées, d’hortensias à trois ou quatre têtes ratatinées, parcheminées, entre lesquelles brillent encore des nœuds de satin blanc. Une odeur de sous-bois en décomposition s’exhale de cette flore nuptiale.

Maria étouffe, avance pas à pas. Dans la salle à manger où tout est recouvert d’une fine pellicule grise, les cadeaux de la liste de mariage, qui n’ont pas été déballés, s’amoncellent sur la table. Le grand ficus, dont M me Pacheco était si fière, a perdu toutes ses feuilles qui dispersent une sorte d’automne sur le parquet. Horriblement gonflés, deux poissons rouges flottent le ventre en l’air, dans un bocal ; et près de la fenêtre, morts de faim et de soif, dans leur cage, six bengalis gisent dans leur crotte griffant l’air de leurs serres minuscules.

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