Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers

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La ronde et autres faits divers: краткое содержание, описание и аннотация

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Onze « faits divers », d'une banalité tout apparente. Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H.L.M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleversante. L'incident s'annule au profit du dénominateur commun de toute souffrance humaine qu'articulent l'horreur de la solitude, la répression, l'injustice et, quoi qu'il arrive, le fol et vain espoir de rencontrer, dans l'amour et dans la liberté, une merveilleuse douceur.

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« Où allez-vous ? »

« En Italie », a dit Poussy.

L’homme a mis un doigt au milieu de ses lunettes de soleil.

« Moi, je vais jusqu’à Menton seulement. Mais l’Italie, c’est juste à côté. »

Il conduisait vite, et ça donnait un peu mal au cœur à Poussy. Ou bien c’était peut-être l’odeur de la savonnette. Il glissait de temps en temps un coup d’œil de côté, pour regarder la jeune fille.

« Vous êtes jumelles ? »

« Oui », dit Poussy.

« Ça se voit », dit l’homme. « Vous vous ressemblez comme deux gouttes d’eau. »

Il s’irritait parce que les deux jeunes filles ne voulaient pas parler. Alors il a allumé une cigarette. Il doublait n’importe comment, dans les virages, et il klaxonnait avec rage quand on ne lui laissait pas le passage.

Et puis il a dit, tout d’un coup :

« Vous savez que c’est risqué de faire de l’auto-stop comme ça, pour deux jolies filles comme vous ? »

« Ah bon ? » a dit Poussy.

L’homme avait un petit rire de gorge.

« Oui, parce que si je vous emmenais faire un tour, là où il n’y a personne, qu’est-ce que vous pourriez faire ? »

« On sait bien se défendre, vous savez. »

L’homme a ralenti.

« Qu’est-ce que vous feriez ? »

Après avoir réfléchi, Poussy a dit tranquillement : « Eh bien, moi je vous donnerai un coup de manchette sur la pomme d’Adam, ça fait très mal, et pendant ce temps, ma collègue vous claquerait des deux sur les oreilles pour faire péter vos tympans. Et si ça ne suffisait pas, avec une épingle que j’ai sur moi, je vous donnerais un bon coup dans les parties. »

Pendant un instant, l’homme a conduit sans rien dire. Poussy voyait qu’il avalait péniblement sa salive. Alors l’auto est entrée dans la ville de Menton, et l’homme a donné un coup de frein, sans avertir. Il s’est penché, il a ouvert la porte par-dessus Poussy, et il a dit avec une drôle de voix méchante :

« Allez, vous êtes arrivées. Foutez-moi le camp. » Les deux jeunes filles sont descendues sur le trottoir. L’homme a fait claquer la portière, et la Mercedes a disparu à toute vitesse au bout de la rue. « Qu’est-ce qui lui a pris ? » demandait Poussy. « Je crois bien que tu lui as fait peur », a dit Pouce. Et elles ont ri un bon moment.

Elles ont décidé de marcher. Elles ont traversé la petite ville, avec ses rues éclairées par le soleil. Dans une épicerie, pendant que Poussy demandait quelque chose à la marchande, Pouce s’emparait de deux pommes et d’une orange, qu’elle fourrait dans le sac de voyage. Plus loin, elles se sont assises au bord de la mer pour se reposer, en mangeant les deux pommes et l’orange. La mer était belle sous le vent froid, bleu profond, frangée d’écume. C’était bien de la regarder sans rien dire, en mordant dans les pommes vertes. On oubliait tout le monde, on devenait très lointain, comme une île perdue dans la mer. C’était à cela que pensait Poussy, à cela : comme c’était facile de partir, et d’oublier les gens, les lieux, d’être neuf. C’était à cause du soleil, du vent, et de la mer.

Les oiseaux blancs planaient au-dessus des vagues, en criaillant quand Pouce jetait une peau d’orange sur la plage de galets, les oiseaux s’abattaient, criaient, puis se séparaient, et recommençaient à flotter dans le vent.

« C’est bien, ici », dit Pouce.

Elle se tournait vers Poussy, elle la regardait. Son beau visage anguleux était déjà bruni par ces journées de soleil, et ses cheveux noirs étaient brillants de sel et de lumière. Pouce, elle, était plus rouge surtout sur le nez qui commençait à peler.

« Si on restait ici, quelques jours ? »

Poussy dit :

« Jusqu’à demain, d’accord. »

Elles ont trouvé un hôtel sur la promenade du bord de mer, un vieil hôtel tout blanc, avec un jardin à l’arrière. C’était moins luxueux qu’à Monte-Carlo, mais elles ont décidé de prendre une chambre pour deux, cette fois. Quand elle remplissait le livre des arrivées, Poussy demandait : « Il faut payer tout de suite ? » Et, naturellement, la réceptionniste disait « quand vous voudrez, en partant c’est mieux ». Ça mettait les gens en confiance. La chambre était belle et claire, et on voyait la mer entre les palmiers, lointaine, confondue avec le ciel.

C’est le soir surtout qui était beau, quand le vent s’arrêtait, comme un souffle suspendu, et que la belle lumière jaune faisait briller les maisons ocre, blanches et roses, et découpait la silhouette de la vieille ville sur le ciel pâle. C’était comme d’être au bout du monde, « comme à Venise » disait Poussy. « On ira ? On va aller à Venise, après ? » demandait Pouce, avec une intonation presque enfantine et Poussy souriait et la serrait contre elle.

Une fois, après le dîner, elles sont montées en haut d’une des collines, en suivant les chemins qui serpentaient entre les villas et les jardins, pour regarder le soleil se coucher derrière la ville, il y avait des chats errants sous les autos arrêtées et en haut des murs, qui les observaient avec leurs pupilles arrondies. Là, il n’y avait presque pas de vent, et l’air était doux et tiède comme en été, chargé de l’odeur des mimosas. C’était bien, ici, c’était un endroit pour oublier. Pouce et Poussy se sont installées sur un talus, tout à fait en haut de la colline, là où il y avait un petit bois de pins. Des chiens aboyaient, prisonniers dans les jardins des villas. Le soir est tombé petit à petit, sans ombre, en éteignant seulement les couleurs, les unes après les autres. C’était comme de la cendre. C’était très doux, avec les fumées qui montaient par endroits, et les nuages qui traînaient jusqu’à l’horizon, couleur d’or et de feu. Puis, quand la nuit s’est installée, les lumières ont commencé à briller un peu partout, sur le toit des maisons, dans les parallélépipèdes des immeubles. Il y avait des lumières sur la mer aussi, les feux rouges des balises, les réverbères de la jetée, et, peut-être, au large, les lumières à peine visibles d’un grand cargo qui allait vers Gênes.

Les jeunes filles regardaient toutes les lumières qui s’allumaient, en bas, le long de la côte, dans les creux des vallons, les dessins des routes sur les collines. Elles regardaient aussi les phares des autos, les petits points jaunes qui avançaient si lentement, comme des insectes phosphorescents. Ils étaient si loin, si petits, ça n’avait plus tellement d’importance, quand on les regardait d’ici, du haut de la colline.

« On est bien, ici », chuchotait Pouce, et elle appuyait sa tête sur l’épaule de son amie, comme si elle allait s’endormir. Mais Poussy sentait quelque chose de bizarre en elle, comme quand quelqu’un vous regarde dans le dos, ou comme quand on sent qu’il va se passer quelque chose de mal. Son cœur battait vite et fort, et cela faisait de grands coups dans sa tête, dans sa gorge, des douleurs. Et elle frissonnait par moments, le long de ses bras, le long de son dos, un drôle de picotement qui se nouait sur sa nuque. C’était peut-être aussi le froid de la nuit. Mais elle ne disait rien à Pouce, pour ne pas l’empêcher de rêver. Elle retenait sa respiration, et au bout d’un instant, son souffle s’échappait avec un grand soupir.

« Qu’est-ce que tu as ? » disait Pouce.

« Rien… Viens, on s’en va », disait Poussy, et elle commençait à descendre la colline, vers la ville, vers toutes les lumières qui bougeaient et brillaient, pareilles à des insectes laborieux.

Pour manger, ça n’était pas toujours facile. L’hôtel où étaient descendues les jeunes filles ne faisait pas restaurant le soir, et quand elles avaient faim, il fallait qu’elles se débrouillent. Un soir elles sont allées manger dans un grand restaurant au bord de la mer, et au moment de payer, elles se sont éclipsées l’une après l’autre par la fenêtre des W. -C. C’était une lucarne étroite, mais elles étaient très minces, et elles n’ont pas eu trop de mal à se glisser au-dehors, puis elles ont couru tant qu’elles ont pu, jusqu’à l’hôtel. Le lendemain, elles ont fait la même chose dans un café, au centre de la ville. Elles se sont contentées de sortir, de marcher tranquillement, et de se perdre chacune dans une direction. Elles s’étaient donné rendez-vous sur le port, et comme à chaque fois, elles ont parlé de tout cela en riant, contentes d’avoir échappé. « Si l’une de nous est prise, on jure que l’autre fera tout ce qu’elle peut pour la faire évader », disait Pouce. « Je le jure », répondait Poussy.

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