Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers

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Onze « faits divers », d'une banalité tout apparente. Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H.L.M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleversante. L'incident s'annule au profit du dénominateur commun de toute souffrance humaine qu'articulent l'horreur de la solitude, la répression, l'injustice et, quoi qu'il arrive, le fol et vain espoir de rencontrer, dans l'amour et dans la liberté, une merveilleuse douceur.

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La grande vie

Elles s’appellent Pouce et Poussy, enfin, c’est le petit nom qu’on leur a donné, depuis leur enfance, et pas beaucoup de gens savent qu’en réalité elles s’appellent Christèle et Christelle, de leur vrai nom. On les a appelées Pouce et Poussy parce qu’elles sont comme des sœurs jumelles, et pas très grandes. Pour dire vrai, elles sont même petites, assez petites. Et très brunes toutes les deux, avec un drôle de visage enfantin, et un bout de nez, et de beaux yeux noirs qui brillent. Elles ne sont pas belles, pas vraiment, parce qu’elles sont trop petites, et un peu trop minces aussi, avec de petits bras et des jambes longues, et des épaules carrées. Mais elles ont du charme, et tout le monde les aime bien, surtout quand elles se mettent à rire, un drôle de rire aigu qui résonne comme des grelots. Elles rient souvent, partout, dans l’autobus, dans la rue, dans les cafés, lorsqu’elles sont ensemble. Elles sont d’ailleurs presque toujours ensemble. Quand elles sont l’une sans l’autre (ça arrive, à cause des cours, ou bien quand il y en a une qui est malade), elles ne s’amusent plus. Elles deviennent tristes, on n’entend pas leur rire.

Il y en a qui disent que Pouce est plus grande que Poussy, ou que Poussy a un visage plus fin que Pouce. C’est possible. Mais la vérité, c’est que c’est très difficile de les différencier, et sans doute personne n’aurait pu le faire, d’autant plus qu’elles s’habillent de la même façon, quelles marchent et parlent de la même façon, et qu’elles ont toutes les deux le même rire, dans le genre de grelots qu’on agite.

C’est probablement comme cela qu’elles ont eu l’idée de se lancer dans cette grande aventure. À l’époque, elles travaillaient toutes les deux dans un atelier de confection, où elles cousaient des poches et des boutonnières pour des pantalons qui portaient la marque Ohio, U.S.A. sur la poche arrière droite. Elles faisaient cela huit heures par jour et cinq jours par semaine, de neuf à cinq avec une interruption de vingt minutes pour manger debout devant leur machine. « C’est le bagne », disait Olga, une voisine. Mais elle ne parlait pas trop fort parce que c’était défendu de parler pendant le temps de travail. Celles qui parlaient, qui arrivaient en retard, ou qui se déplaçaient sans autorisation devaient payer une amende au patron, vingt francs, quelquefois trente, ou même cinquante. Il ne fallait pas qu’il y ait de temps mort. Les ouvrières s’arrêtaient à cinq heures de l’après-midi exactement, mais alors il fallait qu’elles rangent les outils, qu’elles nettoient les machines, et qu’elles apportent au fond de l’atelier toutes les chutes de toile ou les bouts de fil usés, pour les jeter à la poubelle. Alors, en fait, le travail ne finissait pas avant cinq heures et demie. « Personne ne reste », disait Olga. « Moi je suis là depuis deux ans, c’est parce que j’habite à côté. Mais je ne resterai pas une troisième année. » Le patron, c’était un petit homme d’une quarantaine d’années, avec des cheveux gris, la taille épaisse et la chemise ouverte sur une poitrine velue. Il se croyait beau. « Tu vas voir, il te fera sûrement du gringue », avait dit Olga à chacune des jeunes filles. Et une autre fille avait ricané. « C’est un coureur ce type-là, c’est un salopard. » Pouce s’en fichait. Quand il était venu, la première fois, pendant le travail, les mains dans les poches, cambré dans son complet-veston d’acrylique beige, et qu’il s’était approché d’elles, les deux amies ne l’avaient même pas regardé. Et quand il leur avait parlé, au lieu de lui répondre, elles avaient ri de leur rire de grelots, toutes les deux ensemble, si fort que toutes les filles s’étaient arrêtées de travailler pour regarder ce qui se passait. Lui, avait rougi très fort, de colère ou de dépit, et il était parti si vite que les deux sœurs riaient encore après qu’il avait refermé la porte de l’atelier. « Il va vous chercher des crosses, il va essayer de vous faire chier », avait annoncé Olga. Mais il n’y avait pas eu de suite. Le contremaître, un nommé Philippi, avait seulement surveillé un peu plus la rangée où les deux sœurs travaillaient. Le patron, lui, à partir de là, avait évité d’approcher trop près d’elles. Elles avaient un rire vraiment un peu dévastateur.

À l’époque, Pouce et Poussy habitaient un petit deux pièces avec celle qu’elles appelaient maman Janine, mais qui était en réalité leur mère adoptive. À la mort de sa mère, Janine avait recueilli Pouce chez elle, et peu de temps après, elle avait pris aussi Poussy, qui était à l’Assistance. Elle s’était occupée des deux fillettes parce qu’elles n’avaient personne d’autre au monde, et qu’elle-même n’était pas mariée et n’avait pas d’enfants. Elle travaillait comme caissière dans une Superette Cali et n’était pas mécontente de son sort. Son seul problème, c’étaient ces filles qui étaient unies comme deux sœurs, celles que dans tout l’immeuble, et même dans le quartier, on appelait les deux « terribles ». Pendant les cinq ou six années qu’avait duré leur enfance, il ne s’était pas passé de jour qu’elles ne soient ensemble, et c’était la plupart du temps pour faire quelque bêtise, quelque farce. Elles sonnaient à toutes les portes, changeaient de place les noms sur les boîtes aux lettres, dessinaient à la craie sur les murs, fabriquaient de faux cafards en papier qu’elles glissaient sous les portes, ou dégonflaient les pneus des bicyclettes. Quand elles avaient eu seize ans, elles avaient été renvoyées de l’école, ensemble, parce qu’elles avaient jeté un œuf du haut de la galerie sur la tête du proviseur, et qu’elles avaient été prises, en plein conseil de classe, de leur fameux fou rire en forme de grelots, ce jour-là particulièrement inextinguible. Alors, maman Janine les avait placées dans une école de couture, où elles avaient, on se demandait comment, obtenu ensemble leur C.A.P. de mécaniciennes. Depuis, elles entraient régulièrement dans les ateliers, pour en sortir un mois ou deux plus tard, après avoir semé la pagaille et manqué faire brûler la baraque.

C’est comme cela que le jour de leurs dix-neuf ans, elles étaient encore dans l’atelier Ohio Made in U.S.A., à coudre des poches et à faire des boutonnières, pour le compte de Jacques Rossi, le patron. Quand elles étaient entrées là-dedans, Pouce avait promis à maman Janine d’être raisonnable, et de se comporter en honnête ouvrière et Poussy avait fait la même promesse. Mais quelques jours plus tard, l’atmosphère de bagne de l’atelier avait eu raison de leurs résolutions. Entre elles et Rossi, c’était la guerre. Les autres filles ne parlaient pas, et s’en allaient très vite dès que le travail était fini, parce qu’elles avaient un fiancé, qui venait les chercher en voiture pour les amener danser. Pouce et Poussy, elles, n’avaient pas de fiancé. Elles n’aimaient pas trop se séparer, et quand elles sortaient avec des types, elles s’arrangeaient pour se retrouver et passer la soirée ensemble. Il n’y avait pas de garçon qui résiste à cela. Pouce et Poussy s’en fichaient. Elles allaient ensemble au Café-Bar-Tabacs du coin de la rue, à côté de l’Atelier, et elles buvaient de la bière en fumant des cigarettes brunes, et en se racontant des tas d’histoires entrecoupées de leur rire en cascades.

Elles racontaient toujours la même histoire, une histoire sans fin qui les entraînait loin de l’Atelier, avec ses barres de néon, son toit de tôle ondulée, ses fenêtres grillagées, le bruit assourdissant de toutes les machines en train de coudre inlassablement les mêmes poches, les mêmes boutonnières, les mêmes étiquettes Ohio Made in U.S.A. Elles s’en allaient déjà, elles partaient pour la grande aventure, à travers le monde, dans les pays qu’on voit au cinéma : l’Inde, Bali, la Californie, les îles Fidji, l’Amazonie, Casablanca. Ou bien dans les grandes villes où il y a des monuments magiques, des hôtels fabuleux avec des jardins sur le toit, des jets d’eau, et même des piscines avec des vagues, comme sur la mer : New York, Rome, Munich, Mexico, Marrakech, Rio de Janeiro. C’était Pouce qui racontait le mieux l’histoire sans fin, parce qu’elle avait lu tout cela dans des livres et dans des journaux. Elle savait tout sur ces villes, sur ces pays : la température en hiver et en été, la saison des pluies, les spécialités de la cuisine, les curiosités, les mœurs des habitants. Ce qu’elle ne savait pas, elle l’inventait, et c’était encore plus extraordinaire.

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