Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers

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La ronde et autres faits divers: краткое содержание, описание и аннотация

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Onze « faits divers », d'une banalité tout apparente. Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H.L.M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleversante. L'incident s'annule au profit du dénominateur commun de toute souffrance humaine qu'articulent l'horreur de la solitude, la répression, l'injustice et, quoi qu'il arrive, le fol et vain espoir de rencontrer, dans l'amour et dans la liberté, une merveilleuse douceur.

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Quand j’ai eu compris cela, le vide est entré en moi. La vieille dame ne parlait plus. Elle restait un peu penchée en avant, au-dessus de la tasse de thé qui refroidissait, et elle regardait vers la fenêtre la lumière qui décroissait. Ses lèvres tremblaient un peu, comme si elle allait encore dire quelque chose. Mais elle ne parlerait plus.

Il y avait un tel silence en elle, et ici, dans cette villa qui mourait. Il y avait si longtemps que plus personne ne venait. Les entrepreneurs, les architectes, même l’adjoint du maire, celui qui était venu annoncer la décision d’expropriation, pour cause d’utilité publique, avant qu’on ne construise l’école et la route, plus personne ne venait, plus personne ne parlait. Alors c’était le silence à présent qui enserrait la vieille maison, qui la faisait mourir.

Je ne sais pas comment je suis parti. Je crois que j’ai dû me sauver lâchement, comme un voleur, comme auparavant s’étaient enfuies les deux jeunes filles qui cherchaient une chambre au pair. La vieille dame est restée seule, au centre de sa grande maison abandonnée, seule dans la grande salle décrépie où la lumière du soleil était couleur d’ambre. J’ai redescendu les rues, les avenues, vers le bas de la colline. Les autos fonçaient dans la nuit, phares allumés, feux rouges en fuite. En bas, dans les rainures des boulevards, les moteurs grondaient tous ensemble, avec leur bruit plein de menace et de haine. Peut-être que c’était ce soir, le dernier soir, quand tous ils allaient monter à l’assaut de la maison Aurore, et les jeunes garçons et les jeunes filles de la maison de redressement, le visage barbouillé de suie, allaient entrer dans le jardin plein de sommeil, avec leurs couteaux et leurs chaînes. Ou bien ils glisseraient sur leurs motocyclettes, le long du grand tournant qui enserre la vieille villa comme un anneau de serpent, et quand ils passeraient, ils lanceraient sur le toit plat leurs bouteilles de Coca-Cola vides, et peut-être que l’une d’elles contiendrait de l’essence enflammée. Tandis que j’entrais dans la foule des voitures et des camions, entre les hauts murs des immeubles, il me semblait que j’entendais très loin les cris sauvages des hommes de main de la ville, qui étaient en train de faire tomber l’une après l’autre les portes de la villa Aurore.

Le jeu d’Anne

Il monte dans la vieille Ford pour aller rejoindre Anne. Quand il met le moteur en marche et qu’il sort du garage, il aperçoit sa mère qui est debout sur le gravier. La vieille dame cligne des yeux à cause de la lumière de midi ; elle met sa main en visière au-dessus de ses lunettes, comme si elle cherchait à reconnaître celui qui conduit la voiture. Pourtant, il n’y a que lui dans la villa, et cela lui fait une impression étrange, un peu de vide dans son cœur, quelque chose de lointain, d’incompréhensible. Alors il détourne les yeux. L’auto roule sur les gravillons du jardin, et les pneus descendent sur la chaussée. C’est peut-être la lumière qui cause cette impression d’étrangeté, la lumière qui brillait sur les cheveux blancs de sa mère, sur le mur blanc de la villa, sur les gravillons, comme un regard qui scrute avec insistance.

Quand l’auto roule le long de la rue, vers la place, il descend les glaces et sent l’air chaud sur son visage. Un souffle sec et chaud d’été, qui s’engouffre dans la manche de sa chemise et la fait gonfler dans le dos. Les pneus font un bruit mouillé sur le goudron, et il pense que le soleil a fait fondre le revêtement de la chaussée. Il aime bien ce bruit, et la chaleur de l’été, surtout ce grand ciel bleu aveuglant au-dessus de la montagne.

Tandis qu’il commence à monter vers le haut de la colline, il regarde le paysage qu’il aime bien. Il le connaît bien, il sait tout ce qu’il y a, à chaque instant du jour et de la nuit : chaque arbre, chaque creux de rocher, et les toits des maisons qui s’étalent au-dessous, les rues pareilles à des fractures, les jardins, les grandes esplanades grises.

Il pense à tout cela tandis que l’auto monte l’avenue, virage après virage, jusqu’en haut de la colline. Le ciel est éblouissant, et les immeubles de béton accrochés aux pentes sont plus blancs que jamais, leurs murs semblent chauffés au soleil. Anne aime plutôt la mer, la plage, les pins parasols et les voiles blanches des bateaux, lorsqu’il y a des régates. Elle se méfie de la montagne. Elle dit que c’est un paysage trop dur, trop sec.

Lui, il aime la montagne. Depuis son enfance, c’est les pierres qu’il a aimées, les ravins gris, les broussailles sèches qui griffent les jambes, l’odeur de musc et de plante qui monte des crevasses, et surtout, le silence du vent. Il se souvient du temps où il accompagnait son père à la chasse, le dimanche, à l’automne, dans le maquis, sur les plateaux, ou bien sur les flancs dénudés des montagnes. Il ne sait plus comment était son père, ni s’il l’aimait, il ne sait de lui que cela : les marches interminables dans le fond des vallons, au soleil pâle de l’aube, sous le ciel bleu, dans le silence des pierres, et puis l’envol brusque d’une perdrix, ou la course d’un lièvre, et à cet instant, un seul coup de feu qui roulait jusqu’au fond des vallées comme le tonnerre.

C’est à cela qu’il pense, tandis que l’auto puissante tourne le long du grand virage bordé d’immeubles. Le soleil brille une fraction de seconde sur chaque baie vitrée, allumant une étincelle aveuglante. En bas, la mer est durcie, les vagues sont immobiles, rides fines qui tracent un filet sur le resplendissement de lumière.

Il sent alors un étrange vertige, d’avoir plongé dans le plus lointain de ses souvenirs. Cela creuse un trou douloureux au fond de lui-même, et en même temps cela le soulage et l’apaise, comme chaque fois qu’il s’échappe, qu’il se souvient du temps où il ne connaissait pas encore Anne. Son cœur bat vite et fort, et ses mains transpirent sur le volant. Il doit les essuyer à son pantalon, l’une après l’autre. Il ralentit un peu, se met tout à fait à droite de la chaussée.

Devant lui, la grande avenue est bien droite. Il n’y a pas beaucoup de circulation, comme toujours entre midi et deux heures. Des camions, de temps à autre, des poids lourds qui viennent d’Italie, avec leur chargement de bois, ou bien des camions-citernes d’essence.

Au bout de l’avenue, il y a encore un virage, d’où l’on voit la chaîne des montagnes, nette et dure dans le ciel sans nuage. Puis on entre dans la zone d’ombre, juste avant le chemin qui conduit à l’Observatoire. Antoine connaît tellement la route qu’il pourrait presque la faire les yeux fermés, c’est ce qu’il a dit un jour à Anne. Pourtant, aujourd’hui, il y a quelque chose de diffèrent. C’est comme s’il venait ici pour la première fois. Chaque détail, chaque arbre, pylône, borne, chaque mur, chaque maison, tandis qu’il passe, surgit avec une clarté douloureuse, s’inscrit au fond de lui pour toujours. Peut-être qu’il ne les avait jamais regardés comme aujourd’hui, avec cette attention fiévreuse. Il y a la peur, aussi, au fond des choses. Les lignes glissent, haies rapides, poteaux, talus jonchés de papiers blancs et d’éclats de verre. C’est la route qui avance, pas la voiture. C’est la terre qui se déroule autour de la cabine hermétique de l’auto de fer, qui lance ses objets, ses images, ses souvenirs. Il voudrait fermer les yeux, il sent une sorte de lassitude au fond de lui, mais son regard reste fixé sur la route, et tout son corps répond automatiquement aux nécessités de la conduite : petits gestes des bras sur le volant, pression du pied droit sur la pédale de l’accélérateur, coup d’œil dans le rétroviseur, ou vers le tableau de bord.

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