Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers

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La ronde et autres faits divers: краткое содержание, описание и аннотация

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Onze « faits divers », d'une banalité tout apparente. Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H.L.M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleversante. L'incident s'annule au profit du dénominateur commun de toute souffrance humaine qu'articulent l'horreur de la solitude, la répression, l'injustice et, quoi qu'il arrive, le fol et vain espoir de rencontrer, dans l'amour et dans la liberté, une merveilleuse douceur.

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Du coin de l’œil, il voit passer l’embranchement du chemin de l’Observatoire, mais son corps ne réagit pas. Ou plutôt, il réagit en se durcissant, en maintenant son attention douloureuse, la vitesse, la route, les talus qui filent vers l’arrière. Il ne veut pas se souvenir, il ne le veut pas, comme si c’était un mauvais rêve qui, à l’instant même où il s’abandonnerait de nouveau au sommeil, le reprendrait, le ferait souffrir davantage.

Pourtant cela vient, malgré lui. Ce sont les feuillages des arbres qui font clignoter le soleil, comme une pluie d’étincelles sur le pare-brise. L’air doit être doux et léger dehors, pour ceux qui peuvent s’arrêter, pour ceux qui peuvent s’allonger sur le tapis d’aiguilles de pin, et respirer, en regardant le ciel bleu. Il y a l’odeur d’Anne qui flotte, partout. Il la sent, malgré la coque de la voiture aux vitres fermées, malgré l’odeur d’essence qui vient du tapis de sol crevé. Il sent l’odeur douce et forte, l’odeur des cheveux d’Anne, l’odeur de son corps. Ils s’étaient allongés dans le jardin de l’Observatoire, pour manger. Il ne sait plus ce qu’ils avaient mangé, peut-être un bol de salade qu’Anne avait préparé, avec des concombres et du maïs, elle aimait cela. Ils avaient bu du vin rosé, cela il s’en souvient. Anne avait allumé une cigarette, une américaine, elle changeait tout le temps de marque. Mais ils ne disaient rien, ils ne se parlaient presque pas, à voix basse, comme s’ils se faisaient des confidences, pour ne rien dire, des bribes, des demi-paroles que le vent chassait avec la fumée de la cigarette, dans la lumière. C’étaient les grillons qui parlaient, en été.

Maintenant, la route est au plus haut de la montagne. À gauche, il voit les fonds des vallées, brumeux, sombres, comme du haut d’un avion. Il n’y a presque plus personne sur la route, à cause de l’heure. Mais lui ne sent pas la faim, ni la fatigue. Il sait où il va, où il doit aller. Il n’a même pas besoin de faire d’effort pour se souvenir. C’était comme cela, tout à fait comme cela que tout devait se passer.

La ville était devenue une flaque grise semée d’éclats de lumière, étendue dans le creux de la vallée, au pied des montagnes, et devant la mer. Peut-être qu’ils avaient cherché à apercevoir la maison d’Anne, là-bas, perdue dans le nœud des artères. Ou bien l’immeuble des assurances, qui la nuit portait des signes de néon bleu. Peut-être qu’ils s’étaient allongés de nouveau dans le petit bois, sur le tapis d’aiguilles dures, et qu’il avait goûté là ses lèvres pour la première fois. Il pense au goût léger, le goût du tabac blond mêlé à l’air venu du profond de son corps, et son cœur se met à battre plus fort, son front et ses joues transpirent un peu. Il n’aurait pas dû penser à cela, il n’aurait pas dû laisser cela revenir, il sait qu’il va être malade. Il arrête l’auto sur le bord du talus, non loin de la courbe où il y a le poste d’essence Agip. Il ne l’avait jamais vu avec tant de netteté : le grand auvent de ciment, appuyé sur les trois poteaux gris où sont accrochés des panneaux qui bringuebalent dans les rafales du vent. Il y a un grand chien-loup couché sur le sol, entre les pompes. Quand l’auto s’est arrêtée, il a dressé ses oreilles, mais il n’a pas bougé.

Avec peine, il sort de l’auto, il titube dans le vent. C’est moins pour respirer l’air froid que pour entendre le chien aboyer, enfin, parce qu’il veut entendre quelque chose, quelqu’un, pour éteindre le silence qui s’est mis en lui. Au-dessus de la route, il voit les pierres et les broussailles du grand plateau que balaye le vent. Il ne comprend pas bien pourquoi il s’est arrêté là, juste devant le plateau. C’est là que les types de la ville amènent leurs filles, le soir, après avoir bu et dansé dans les boîtes. Autrefois, quand il était au Lycée, tous ils parlaient du plateau, ils se racontaient leurs histoires, avec les filles. Même une fois, un type qui s’appelait Caroni, qui avait une vieille 2CV, lui avait proposé d’aller dans les boîtes, et après d’emmener deux filles sur le plateau, pour s’amuser. Lui avait refusé avec une sorte de fureur, et cela avait fait le tour du Lycée, et il y avait des types qui se moquaient de lui.

De penser à cela, c’est comme un vertige encore, parce que c’est très loin d’Anne, un autre temps. Pourtant, c’est à cause de cela qu’il escalade le talus, et qu’il commence à monter vers le plateau, à travers la caillasse et les broussailles. Il ne sait pas bien ce qu’il cherche ; il fuit, penché en avant, à travers le plateau désert. Le vent souffle par grandes rafales, le vent froid, qui fait pleurer les yeux. Ici la lumière est belle, très dure. Le ciel bleu est immense, marqué de traits blancs étranges laissés par les avions de la stratosphère.

Il suit une sorte de chemin étroit qui sinue à travers les broussailles, qui ne va nulle part. Le silence est très dense ici, à cause du vent, de la lumière, du ciel bleu immense. Il avance, un peu penché en avant. Il sent les épines des buissons qui griffent son pantalon, l’odeur âcre du maquis l’enivre. C’est ici, pense-t-il, c’est ici, c’est ici… Ici quoi ? Il ne sait pas. L’enfance, l’adolescence peut-être, quand il réalise ce qu’il n’a pas osé faire, courir à travers les broussailles avec une fille, puis rouler tous deux sur la terre brûlée, odorante, parmi les arbustes qui déchirent les vêtements, qui font jaillir les perles de sang sur la peau. Caresser le corps chaud qui se dérobe, arrêter la voix avec sa bouche, boire le rire au fond de la gorge.

Mais le plateau est silencieux et désert, il n’y a que le vent et le ciel bleu, la lumière éblouissante. C’est comme s’il voulait fuir son ombre. Cela ne se peut pas.

Il s’est assis dans un creux du sol, là où il y a une sorte de clairière, et la terre rouge est nue. Le vent souffle au-dessus de lui, par rafales qui font bouger les branches des arbustes, mais dans le creux il ne le sent pas. Il sent seulement la brûlure du soleil sur son visage, sur ses mains. Les jambes lui font mal, et il s’aperçoit tout à coup que son pantalon est déchiré, peut-être par une ronce, et que la peau de ses tibias est arrachée. Cela brûle aussi. Il a marché longtemps à travers le plateau, sans s’en rendre compte, alors il pense aux journées dans la garrigue, quand il marchait derrière son père, sans faire de bruit, à l’affût d’un envol de perdrix, ou d’un lièvre. Son père n’avait pas de chien avec lui, jamais, même lorsqu’il allait chasser seul. Il disait que les chiens font du bruit et sentent fort, et que cela fait peur au gibier. C’est sa mère qui lui a raconté cela, bien sûr, parce qu’il ne se souvient même pas d’avoir entendu son père prononcer une parole.

Il marchait derrière lui, sans faire de bruit, en s’efforçant de mettre ses pieds exactement là où son père les avait posés. Il avait peur, quelquefois, si peur qu’il en tremblait et que ses dents claquaient. Il avait peur comme si c’était lui que son père allait tuer avec son fusil à double canon. Mais il aimait marcher loin dans la montagne, escalader les pentes caillouteuses, ou bien avancer sans bruit au fond d’un ravin, comme quand on a la tête rentrée entre les épaules.

C’était bien. Et puis son père est mort. Alors il n’est plus allé dans la montagne, plus jamais. Aujourd’hui, c’est la première fois, mais ça n’est pas vraiment la montagne, parce qu’ici, c’est un paysage sexuel. Partout ici, la nuit, ils viennent. Ils arrêtent leurs autos en bas, sur la route, à côté du poste d’essence Agip, et le grand chien-loup doit aboyer en tirant furieusement sur sa chaîne. Ils viennent en courant à travers les broussailles. Il y a le rire excité, un peu effrayé peut-être, des filles que les types font semblant de perdre dans les broussailles. Ils tombent par terre, ils se roulent là, contre les buissons. Ils déchirent leurs vêtements dans les épines, et les cheveux des filles sont pleins de terre et de brindilles. L’été, la nuit retentit de criquets, cela fait un bruit de scie qui enivre.

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