Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers

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La ronde et autres faits divers: краткое содержание, описание и аннотация

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Onze « faits divers », d'une banalité tout apparente. Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H.L.M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleversante. L'incident s'annule au profit du dénominateur commun de toute souffrance humaine qu'articulent l'horreur de la solitude, la répression, l'injustice et, quoi qu'il arrive, le fol et vain espoir de rencontrer, dans l'amour et dans la liberté, une merveilleuse douceur.

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Poussy l’écoutait, et elle ajoutait des détails, ou bien elle faisait des objections, comme si elle corrigeait des souvenirs, rectifiait des inexactitudes, ou bien ramenait au réel des faits exagérés. Elles racontaient l’histoire sans fin partout, n’importe quand, à midi au moment de la pause, ou bien le matin de bonne heure, en attendant l’autobus qui les menait à l’atelier. Quelquefois les gens écoutaient, un peu étonnés, et ils haussaient les épaules. François, le petit ami de Pouce, essayait de placer une blague, mais au bout d’un instant, il s’en allait, excédé. Mais Poussy aimait bien quand Marc venait s’asseoir avec elles au Café-Bar-Tabacs, parce qu’il jouait très bien le jeu. Il racontait des choses invraisemblables, quand il avait voyagé dans le Trans Europ Express, la nuit, sans ticket, ou bien quand il avait habité plusieurs jours dans la Maison de la Radio, en mangeant avec les appariteurs, et en téléphonant à ses amis dans les bureaux inoccupés. Mais lui, ce qu’il racontait, était peut-être vrai, ça se voyait dans ses yeux qui brillaient, et Poussy aimait bien l’écouter parler. Marc n’était pas son petit ami, il était fiancé à une fille très belle mais un peu bête qui s’appelait Nicole, mais que les autres avaient surnommée Minnie, on ne savait pas bien pourquoi.

C’est comme cela qu’elles ont commencé à parler de la grande vie. Au début, elles en ont parlé, sans y prendre garde, comme elles avaient parlé des autres voyages qu’elles feraient, en Équateur, ou bien sur le Nil. C’était un jeu, simplement, pour rêver, pour oublier le bagne de l’atelier et toutes les histoires, avec les autres filles, et avec le patron Rossi. Et puis, peu à peu, ça a pris corps, et elles ont commencé à parler pour de vrai, comme si c’était quelque chose de sûr. Il fallait qu’elles partent, elles n’en pouvaient plus. Pouce et Poussy ne pensaient plus à rien d’autre. Si elles attendaient, elles deviendraient comme les autres, vieilles et tout aigries, et de toute façon, elles n’auraient jamais d’argent. Et puis, à supposer que le patron Rossi ne les mette pas à la porte, elles savaient bien qu’elles ne tiendraient plus très longtemps maintenant.

Alors, un jour, elles sont parties. C’était la fin du mois de mars, et il pleuvait sur la ville, toute grise et sale, il pleuvait une petite pluie froide qui mouillait tout, même les cheveux, même les pieds dans les bottes, même les draps de lit.

Au lieu d’aller à l’atelier, les deux filles se sont retrouvées devant la grande gare, à l’abri de l’auvent, avec un seul billet de train aller première classe pour Monte-Carlo. Elles auraient bien voulu aller à Rome, ou à Venise, pour commencer, mais elles n’avaient pas assez d’argent. Le billet de première classe pour Monte-Carlo avait déjà mangé la plus grande partie de leurs économies.

Pour maman Janine, elles avaient préparé une carte postale, sur laquelle il y avait écrit : Nous partons en vacances. Ne t’inquiète pas. Baisers. Et ensemble, en riant, elles ont mis la carte postale dans la boîte aux lettres.

Quand elles se sont retrouvées dans le beau train, assises sur les banquettes neuves recouvertes de feutre gris, avec le tapis bleu marine sous leurs pieds, leur cœur battait très vite, plus vite qu’il n’avait jamais battu. Alors le train s’est ébranlé, a commencé à rouler à travers la banlieue laide, puis à toute vitesse le long des talus. Pouce et Poussy s’étaient installées tout contre la vitre, et elles regardaient le paysage tant qu’elles pouvaient, au point qu’elles en oubliaient de parler, ou de rire. C’était bien de partir, enfin, comme ça, sans savoir ce qui se passerait, sans même savoir si on reviendrait. Elles n’avaient pas pris de bagages, pour ne pas effrayer maman Janine, juste un sac de voyage avec quelques affaires, sans rien pour manger ou pour boire. Jusqu’à Monte-Carlo, le voyage était long, et elles n’avaient plus beaucoup d’argent. Mais c’est à peine si l’une d’elles ressentait, de temps à autre, une légère inquiétude. De toute façon, cela faisait partie du plaisir. Pouce regardait Poussy, de temps en temps à la dérobée, et elle se sentait aussitôt rassurée. Poussy, elle, ne quittait pas des yeux le paysage vert qui défilait à l’envers, sillonné de gouttes écrasées par le vent du train.

Il faisait chaud dans le compartiment, et le bruit des trolleys sur les rails résonnait régulièrement dans leur tête, alors Pouce s’est endormie, pendant que sa sœur faisait le guet. Après Dijon, il fallait faire attention aux contrôleurs, et Poussy a réveillé Pouce. Leur plan était simple : elles devaient se séparer chacune dans un wagon. La première qui verrait le contrôleur prendrait le billet, puis le rapporterait à l’autre, et elles se feraient passer l’une pour l’autre. Le contrôleur était un jeune homme avec une petite moustache, et il a regardé davantage la poitrine de Pouce que son billet. Quand il l’a revue, un peu plus loin, il lui a dit simplement : « vous êtes mieux ici ? » À partir de là, Pouce et Poussy ont compris qu’elles voyageraient tranquilles.

Le train a roulé tout le jour, puis, quand la nuit est tombée, Pouce et Poussy ont vu la mer Méditerranée pour la première fois, les grandes flaques couleur de métal dans l’échancrure des montagnes noires.

« C’est beau ! » disait Pouce.

Poussy respirait l’air froid qui soufflait par la vitre entrouverte.

« Regarde, des usines. »

Les grandes cheminées crachaient des flammes dans la lueur du crépuscule. C’était comme si la mer alimentait ces feux.

« C’est beau ! » disait Pouce. « Je voudrais aller là ! » Elle pensait qu’elle pourrait marcher au bord du lac d’acier, entre les tanks et les cheminées. C’était la solitude au bord de la mer. Le ciel était absolument pur, couleur d’eau et de feu.

Après Marseille, le train s’est enfoncé dans la nuit. Tout éclairé de lumières, les glaces fermées de reflets. Pouce et Poussy avaient faim, et soif, et sommeil. Elles ont tiré les rideaux du compartiment, et elles se sont allongées sur les banquettes. Elles ont eu peur quand le contrôleur a ouvert la porte. Mais ce n’était pas le même et il a seulement demandé :

« On vous a déjà contrôlées ? »

Et il est reparti sans écouter la réponse.

Tard dans la nuit, le train s’est immobilisé dans la gare de Nice, et les deux jeunes filles ont baissé la vitre pour regarder au-dehors, l’immense voûte de fer forgé sous laquelle se hâtaient les voyageurs frileux. Le vent froid soufflait dans la gare, et Pouce et Poussy étaient pâles de fatigue ; elles grelottaient.

Puis le train est reparti, plus lentement. À chaque gare, elles croyaient que ça y était, et elles se penchaient au-dehors pour lire les noms : Beaulieu, Cap d’Ail.

Enfin le train s’est arrêté à Monte-Carlo, et elles sont descendues sur le quai. Il était tard, dix heures passées. Les gens les regardaient avec des yeux bizarres, les hommes surtout, engoncés dans leur pardessus. Pouce a regardé Poussy, l’air de dire : « Qu’est-ce que tu en dis, hein ? » Mais elles étaient si fatiguées qu’elles n’avaient même plus la force de rire.

Dans le taxi qui les conduisait à l’hôtel (« le plus bel hôtel, d’où on voit bien la mer, et où il y a un bon restaurant ») elles se sont chuchoté des idées pour manger. Du poisson, du homard, des crevettes, et du champagne ; ce n’était pas le moment de boire de la bière.

Le taxi payé il ne restait plus grand-chose dans la pochette de Poussy, de quoi aller au Casino le lendemain, et distribuer quelques bons pourboires.

Devant l’hôtel, Poussy est descendue d’abord, et elle est allée se cacher derrière un massif de fleurs, pendant que Pouce allait prendre la chambre. (« Un grand lit, et la vue sur la mer. ») Un instant après, clé en main, c’est Poussy qui allait voir la chambre numéro 410. Quand elle est redescendue, elle s’est déclarée satisfaite, sauf pour la vue sur la mer, parce qu’il fallait sortir sur le balcon, et pour la salle de bains qui était un peu petite. Mais Pouce lui a donné une bourrade, et elles ont ri très fort. Elles avaient oublié leur fatigue. Elles avaient hâte de manger. Pouce disait qu’elle était prête à dévorer. Elles se sont séparées pour monter jusqu’à la chambre, Pouce trois minutes avant Poussy, qui avait pris l’escalier au fond du hall. L’hôtel était plein de gens très chics, messieurs en complets-veston, en pardessus clairs, écharpes, et dames en robe lamée, ou en pantalon de satin blanc. Le pantalon et le pull marine des deux amies passaient inaperçus. Quand elles se sont retrouvées dans la grande chambre blanche, elles ont eu un moment de vertige. Elles ont crié, elles ont chanté même, n’importe quoi, ce qui leur passait par la tête, jusqu’à ce que la voix leur manque. Puis Pouce est allée s’installer sur la terrasse, malgré le vent froid, tandis que Poussy commandait à dîner par téléphone. Il était trop tard pour manger du poisson ou du homard, mais elle put obtenir des sandwiches chauds et une bouteille de champagne, que le garçon d’étage a apportés sur une petite table roulante. Il n’a même pas regardé la silhouette de Pouce debout devant la fenêtre et quand Poussy lui a donné un bon pourboire son visage s’est éclairé. « Bonne nuit, mademoiselle », a-t-il dit en refermant la porte.

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