Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers

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La ronde et autres faits divers: краткое содержание, описание и аннотация

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Onze « faits divers », d'une banalité tout apparente. Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H.L.M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleversante. L'incident s'annule au profit du dénominateur commun de toute souffrance humaine qu'articulent l'horreur de la solitude, la répression, l'injustice et, quoi qu'il arrive, le fol et vain espoir de rencontrer, dans l'amour et dans la liberté, une merveilleuse douceur.

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Mais quand elles sont sorties du magasin, les garçons avaient décampé, et plus personne ne s’est approché d’elles, comme si tout le monde avait été au courant de l’intervention du policier.

Vers la fin de l’après-midi, Pouce a commencé à traîner la jambe et à souffler. Quand Poussy l’a regardée, elle a été un peu effrayée de la voir si pâle, malgré le hâle.

« Qu’est-ce que tu as ? »

Pouce a haussé les épaules.

« Je suis fatiguée… J’ai froid, c’est tout. »

Alors elles se sont mises à chercher un hôtel. Mais c’était partout pareil. Quand elles entraient dans le hall, les gens de la réception les regardaient bizarrement, avec un regard en dessous, et tout de suite ils demandaient à Poussy de payer la nuit d’avance. C’était lassant, et elles auraient bien payé si elles avaient eu suffisamment d’argent, mais l’aumônière de Poussy était maintenant presque vide. Alors elles faisaient semblant d’être venues juste pour le renseignement, et Poussy disait : « Merci, on vous téléphonera plus tard pour réserver. » Et elles s’en allaient très vite, de peur que les gens de l’hôtel n’aient l’idée d’alerter la police.

« Alors, qu’est-ce qu’on fait ? » a dit Pouce.

Elles étaient un peu fatiguées par tout le monde, et, en plus, elles n’avaient rien pu prendre dans les magasins à cause du policier. Alors elles sont retournées jusqu’à la place Partigiani, et de là, elles sont allées sur la plage. C’était le soir, il n’y avait pas de vent sur la mer. Le ciel était immense et rose, couleur de perle, et les grandes vieilles maisons debout dans le sable de la plage ressemblaient à des vaisseaux échoués. Jamais Pouce et Poussy n’avaient rien imaginé de plus beau.

« Tu crois que c’est comme ça, à Venise ? » a dit Pouce.

Les oiseaux de mer volaient lentement au ras de la mer, sautant légèrement par-dessus les vagues. Il y avait l’odeur profonde et lointaine, le goût du sel, et cette lumière rose du ciel sur l’eau grise, sur les façades couleur de vieil or.

« Je voudrais ne jamais m’en aller d’ici », a dit encore Pouce.

Elles se sont assises sur le sable, tout près de la frange d’écume, pour regarder la nuit venir.

Elles ont dormi là, sur la plage, protégées des regards et du vent froid par un vieil escalier qui conduisait à une porte murée, et par la carcasse d’une barque abandonnée. Mais le sable était doux et léger, et il gardait un peu de la chaleur dorée de la dernière lumière du soleil. C’était bien de dormir en plein air, entouré par le bruit lent de la mer, et par l’odeur puissante du sel. C’était comme si elles avaient été à l’autre bout du monde, et que tout ce qu’elles avaient connu autrefois, depuis leur enfance, était effacé, oublié.

Dans la nuit, Poussy s’est réveillée. Elle avait froid, et elle n’avait plus sommeil. Sans faire de bruit elle a marché sur la plage, jusqu’à la mer. La lune brillait dans le ciel noir, éclairait les vagues et faisait briller l’écume très blanche. Aussi loin qu’on pouvait voir, il n’y avait personne sur la plage. Les silhouettes des vieilles maisons étaient sombres, avec leurs volets fermés contre le vent de la mer.

La jeune fille a écouté un long moment le bruit de la mer, les longues vagues qui s’écroulaient mollement sur le sable, et jetaient vers ses pieds les franges d’écume phosphorescente. Au bout de la baie, il y avait le phare de Capo Mole, et, plus loin encore, la lueur d’Albenga dans le ciel, au-dessus des collines.

Poussy aurait bien aimé se plonger dans l’eau sombre, pleine d’étincelles de lumière de la lune, mais elle avait froid, et un peu peur aussi. Elle a seulement enlevé ses bottes, et elle a marché pieds nus dans l’écume. L’eau était glacée, légère, tout à fait comme la lumière de la lune dans le ciel noir.

Ensuite elle s’est assise auprès de Pouce qui continuait de dormir. Et pour la deuxième fois depuis le début de leur voyage, elle a ressenti ce grand vide, presque un désespoir, qui déchirait et trouait l’intérieur de son corps. C’était si profond, si terrible, ici dans la nuit, sur la plage déserte avec le corps de Pouce endormi dans le sable et ses cheveux bougeant dans le vent, avec le bruit lent et impitoyable de la mer et de la lumière de la lune, c’était si douloureux que Poussy a un peu gémi, pliée sur elle-même.

Qu’est-ce que c’était ? Poussy ne le savait pas. C’était comme d’être perdue, à des milliers de kilomètres, au fond de l’espace, sans espoir de se retrouver jamais, comme d’être abandonnée de tous, et de sentir autour de soi la mort, la peur, le danger, sans savoir où s’échapper. Peut-être que c’était un cauchemar qu’elle faisait, depuis son enfance, quand autrefois elle se réveillait la nuit couverte d’une sueur glacée, et qu’elle appelait : « Maman ! Maman ! » en sachant qu’il n’y avait personne qui répondait à ce nom-là, et que rien ne pourrait apaiser sa détresse, ni surtout la main de maman Janine qui se posait sur son bras, tandis que sa voix étouffée disait : « Je suis là, n’aie pas peur », mais elle, de tout son être, jusqu’aux plus infimes parties de son corps, protestait en silence : « Ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas vrai ! »

Le désespoir et la solitude de Poussy étaient si intenses, en cet instant, que cela a dû réveiller Pouce. Elle s’est relevée, le visage bouffi de sommeil, les cheveux bouclés pleins de sable et d’algues séchées. Elle a dit :

« Qu’est-ce qui se passe ? »

D’une voix si drôle, et son visage avait une telle expression endormie, que Poussy a senti son angoisse fondre d’un seul coup, et qu’elle a éclaté de rire. Pouce l’a regardée sans comprendre, et elle s’est mise à rire elle aussi. Cela a fini de réveiller Pouce, et toutes les deux, elles ont décidé de marcher un peu sur la plage pour se réveiller.

Elles sont allées tout à fait au bout de la ville, longeant les vieux immeubles debout sur la plage qui ressemblaient tout à fait à des carcasses de bateaux échoués depuis des siècles. Parfois, comme elles passaient, un chien aboyait quelque part, ou bien elles voyaient les ombres furtives des rats qui couraient sur la plage.

Elles se sont assises au bout de la plage, près de l’estuaire du fleuve. Elles ont allumé une cigarette américaine, et elles ont fumé sans rien dire, les yeux fixés sur l’horizon noir et sur la tache scintillante de la lumière de la lune. Il n’y avait presque plus de vent, à présent, comme c’est toujours, juste avant l’aube. Mais l’air était froid et humide, et les jeunes filles se sont serrées l’une contre l’autre pour avoir moins froid. Peut-être que Poussy a pensé à ce moment-là à faucher une couverture, ou un parka, dans un grand magasin. Si elle y a pensé, ça n’est pas tant à cause du froid qu’elle ressentait, que parce que Pouce avait commencé à tousser cette nuit-là. Il y avait la fatigue de toutes ces journées de voyage, trop de soleil et trop de vent, peut-être, et les repas pris n’importe quand, n’importe comment, et puis cette longue nuit sur la plage humide, enveloppée de vent et d’embrun. Maintenant Pouce frissonnait, et sa main brûlait dans la main de son amie.

« Tu ne vas pas être malade ? »

Pouce a dit :

« Non, ça va aller, dans un moment. »

« Le soleil va se lever, on va aller dans un café. »

Mais la respiration de Pouce sifflait déjà, et sa voix était rauque, étouffée.

Elles sont tout de même restées là, assises sur des cailloux à côté de l’embouchure du fleuve, à regarder l’horizon et le ciel, jusqu’à ce que la première lueur du jour apparaisse à l’est, une tache grise qui grandissait peu à peu au-dessus des terres. Quand le soleil est apparu, dans le ciel clair et pur, les jeunes filles sont allées se coucher de nouveau sur le sable, près des murs des vieilles maisons, et elles se sont endormies, peut-être en rêvant de leurs voyages qui n’en finiraient jamais.

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