Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers

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La ronde et autres faits divers: краткое содержание, описание и аннотация

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Onze « faits divers », d'une banalité tout apparente. Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H.L.M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleversante. L'incident s'annule au profit du dénominateur commun de toute souffrance humaine qu'articulent l'horreur de la solitude, la répression, l'injustice et, quoi qu'il arrive, le fol et vain espoir de rencontrer, dans l'amour et dans la liberté, une merveilleuse douceur.

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« Ça n’est pas seulement à cause de ça, tu sais, moi aussi j’aurais pu tomber malade, mais c’est parce que — » Mais elle n’a pas pu continuer parce qu’elle ne trouvait pas de bonne raison.

« Moi aussi, je voulais qu’on aille jusqu’à Venise, et même à Rome, et en Sicile, et puis après en Grèce, mais pas comme ça, pas comme ça… »

Tout à coup, Pouce s’est mise en colère. Elle a repoussé son amie, et elle a essayé de se lever. Elle tremblait et sa voix était rauque.

« Dégonflée ! Dégonflée ! Tu dis ça, mais c’est parce que tu as peur. Tu as peur d’aller en prison, c’est pour ça, dis-le ! »

Poussy regardait la jeune fille à genoux dans le sable, ses yeux brillants de larmes, ses cheveux emmêlés par le vent, et le parka trop grand dont les manches couvraient le bout de ses doigts.

« Je dis ça parce que c’est vrai. On ne peut plus continuer, on est au bout du chemin. On va rentrer, on ne peut plus continuer, on va rentrer maintenant. »

Sa voix était calme, et c’est pour cela que la colère de Pouce est retombée tout de suite. Elle s’est rassise dans le sable, et elle a laissé aller sa tête en arrière, contre le mur.

À ce moment-là, le garçon est revenu. Il portait un gros pain et un sac d’oranges. Il s’est arrêté devant les jeunes filles, il s’est accroupi et il leur a tendu les provisions. Il souriait gentiment et ses yeux clairs brillaient dans son visage sombre. Poussy a pris le pain et les oranges, et elle l’a remercié. Puis ils ont commencé à manger, sans parler. Les mouettes, attirées par le repas, tournoyaient autour de leurs têtes en criaillant. Quand elle a eu fini de manger son orange, Poussy est allée se laver les mains et la figure dans la mer en prenant un peu d’eau et d’écume dans ses mains. Elle a apporté de l’eau de mer pour Pouce, lui a passé ses paumes fraîches sur le front, sur les yeux.

« On s’en va, maintenant », a dit Poussy. Elle a montré l’autre bout de la plage, la direction du soleil couchant. « On s’en va chez nous, maintenant. » Pouce s’est levée aussi. Elle était si faible qu’elle a dû s’appuyer sur l’épaule de Poussy pour ne pas tomber.

« Dove ? Dove ? » demandait le jeune garçon. Sa voix était tout à coup pleine d’anxiété. Il marchait à côté des jeunes filles, les yeux fixés sur leur visage, comme un muet qui cherche à lire dans les yeux et sur les lèvres. « Dove ? Dove ? »

Il a buté sur un bout de bois qui affleurait, il a fait la grimace en sautillant, et ça a fait rire un peu les jeunes filles. Mais lui ne riait pas. Il a dit, et sa voix était rauque parce qu’il était en train de comprendre : « Andro… Andro con voi stessi. Per favore, andro… accompagnaré voi stessi… »

Mais quand elles ont quitté la plage, pour entrer dans la ville, il est resté immobile sur le sable, les bras le long du corps, les yeux fixés sur elles. Avant de tourner dans une ruelle déserte, Poussy s’est retournée pour lui faire un signe, et elle l’a vu, au loin, tout petit sur l’étendue blanche de la plage, immobile comme un bout de bois devant la mer. Elle n’a pas bougé la main, et avec Pouce elle s’est enfoncée dans la ville sombre, au milieu des bruits des familles en train de déjeuner.

Sur la route, à une station d’essence, elles ont trouvé un camion arrêté où il y avait marqué TIR. Poussy a demandé au routier de les emmener, et, après une hésitation, il a dit oui.

Quelques instants plus tard, le gros semi-remorque TIR roulait vers la France, avec Pouce et Poussy qui dormaient à moitié dans la cabine. Le chauffeur ne s’occupait pas d’elles. Il fumait des cigarettes en écoutant la radio italienne à tue-tête. Quand ils sont arrivés à la frontière, les policiers ont regardé les papiers des jeunes filles avec attention. L’un d’eux leur a dit simplement : « Vous allez venir avec nous. » Dans la salle du poste de police, il y avait un inspecteur en civil, un homme d’une quarantaine d’années, un peu chauve, avec un regard dur. Quand elles sont entrées, accompagnées du policier en uniforme, l’homme a eu un petit rire, et il a dit quelque chose comme : « Voilà donc nos deux amazones. » Il n’a peut-être pas dit « amazones », mais Poussy n’écoutait pas. Elle regardait le profil entêté de Pouce, et elle ne pensait pas à ce qui allait suivre, aux longues attentes dans des corridors poussiéreux et dans des cellules sans jour. Elle pensait seulement au temps où elles allaient repartir, loin, repartir, cette fois, pour ne plus jamais revenir.

Le passeur

Quand Tartamella arrête le moteur de la camionnette bâchée, c’est le lever du jour sur la rivière Roïa. Il s’est arrêté en contrebas de la route, sur la plage de galets, devant le courant de l’eau rare, couleur de ciel. Il allume une cigarette, et il entend les voix des hommes qui s’ébrouent à l’arrière de la camionnette, avant de descendre. Il leur crie encore une fois, de sa voix enrouée :

« Terminus ! Terminus ! »

Les hommes descendent un à un de l’arrière de la camionnette, sans se presser, comme s’ils avaient peur de faire trop de mouvements, après ces heures passées à rouler sur l’autoroute. Ils sont nombreux, huit, dix peut-être. De toutes les nationalités, Grec, Turc, Égyptien, Yougoslave, Tunisien. Il y en a de grands maigres, et des petits, des gros, des bruns, des roux avec des yeux verts, ou jaunes. Ils sont habillés de toutes les façons, tricots épais, pardessus d’hiver, blousons de faux aviateurs, ou complets-veston élimés, et ils parlent toutes sortes de langues. Mais quand Tartamella les regarde, il les reconnaît bien, parce qu’ils sont tous semblables par la pauvreté, l’inquiétude, la faim. Tartamella est debout devant eux, sur la plage de galets. Il les regarde, puis il regarde le ciel, du bleu pâle et froid des aubes d’hiver. Pour mettre les hommes à l’aise, il fait circuler un paquet de cigarettes américaines. Chacun prend une cigarette en silence et attend le feu.

Miloz ne fume pas. Il regarde Tartamella comme s’il pensait à autre chose. Il a un regard sombre, malgré ses yeux bleus, et son visage pâle. Tartamella est gêné par le regard de l’homme, et il cache sa gêne sous un air de colère. Il dit brusquement, en italien :

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

L’autre ne répond pas tout de suite, et quand Tartamella lui tourne le dos en haussant les épaules, il dit :

« Quand est-ce qu’on part ? »

« Tout de suite », dit Tartamella. « Quand le guide sera là. »

« Le guide ? » répète Miloz.

« Oui, le guide. Le passeur, si tu veux. »

Miloz va s’asseoir sur une pierre, devant la plage de galets. Bientôt les autres hommes l’imitent. Ils forment un petit groupe séparé de la camionnette bâchée et de Tartamella, comme s’ils n’avaient rien de commun. Tartamella hausse encore les épaules et remonte dans la camionnette. Il allume une autre cigarette, et pour tuer le temps, il branche la radio. Il y a une chanson chantée par une noire américaine à la voix grave, et c’est un peu étrange sur ce paysage de rivière séchée, avec les plages de galets où les hommes accroupis attendent en silence, et les silhouettes des hautes montagnes enneigées au fond de la vallée, contre le ciel bleu d’hiver.

Les hommes ne se parlent pas. Comment le pourraient-ils ? Chacun parle sa langue, la langue du village qu’il a laissé, comme il a laissé ses parents, sa femme, ses enfants, pour tenter l’aventure de l’autre côté. Miloz pense à sa mère et à son père, à la maison du village, aux montagnes dénudées. Mais c’est si loin déjà qu’il ne sait plus si cela existe encore. Il y a si longtemps qu’il erre sur les routes, dormant sur les bancs dans les abris des bus, ou bien dans les hôtels de pauvres, gardant serré dans la poche que Lena, sa femme, a cousue à l’intérieur de son tricot de corps la liasse qui doit lui permettre de passer.

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