Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers

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La ronde et autres faits divers: краткое содержание, описание и аннотация

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Onze « faits divers », d'une banalité tout apparente. Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H.L.M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleversante. L'incident s'annule au profit du dénominateur commun de toute souffrance humaine qu'articulent l'horreur de la solitude, la répression, l'injustice et, quoi qu'il arrive, le fol et vain espoir de rencontrer, dans l'amour et dans la liberté, une merveilleuse douceur.

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« Eucharisto », dit l’homme. Il est grec.

Le guide s’est arrêté, il est debout sur l’autre rive, et il regarde les hommes tituber dans l’eau, sur les plages de galets qui s’éboulent. Son visage brun n’exprime rien, mais sa voix est impatiente. Il crie seulement, en français à présent :

« Marche ! Marche ! »

La troupe repart sur l’autre rive, escalade le talus de la berge à travers les broussailles épineuses. On est dans l’ombre, maintenant, le soleil s’est couché derrière les monts, au-delà de la frontière. Miloz pense qu’ils sont peut-être encore au soleil, de l’autre côté, et cela lui donne envie d’y être plus vite.

Ils traversent d’abord une route de terre, puis la voie ferrée, aux rails rouillés. Il y a de l’herbe sur le ballast, et les traverses sont déglinguées. Plus haut, sur une colline grise, Miloz aperçoit les murs d’un village, il entend des chiens aboyer dans les fermes. Instinctivement, les hommes se sont arrêtés, de peur d’être vus. Mais le guide continue de grimper à travers les broussailles, et il crie toujours.

« Marche ! Marche ! »

Ils contournent une première montagne, vert sombre à cause des chênes verts et des broussailles. La vallée va vers le nord, et près d’une vieille chapelle ruinée, ils trouvent le commencement d’un sentier de mulets, qui monte en serpentant vers le haut de la montagne. La troupe s’est dispersée maintenant, les plus agiles vers le haut, non loin du guide, et les plus lents vers le bas, marchant à petits pas sur le sentier pierreux en portant leurs fardeaux. Il y a déjà plus d’une heure qu’ils marchent sans s’arrêter, et tout à coup Miloz se demande ce qu’est devenu le Grec. Il pose sa valise de carton dans un creux des broussailles, en la cachant avec des branches, et il redescend le sentier, lacet après lacet. Il croise les hommes qui montent lourdement, visage fermé, et personne ne lui dit rien. Loin en bas, il y a le Grec, qui tire comme il peut son sac de farine ; Miloz entend le bruit de sa respiration qui siffle. Miloz charge son sac sur l’épaule, et sans parler, il recommence à monter. Quand il arrive à l’endroit où il a laissé sa valise, il la sort des broussailles et la donne au Grec. Lui, remet le sac de farine sur son épaule, et ensemble ils reprennent la route.

À la nuit, ils arrivent près d’un village. Le guide attend les hommes au bord de la route. Il fume une cigarette, et on voit le point rouge de la braise qui s’allume comme un phare. Il dit aux hommes : « San Antonio » et il leur explique qu’il va aller devant et quand il sifflera, ils pourront passer. Il dit cela en italien et en mauvais français mais tout le monde a compris.

Les minutes sont longues, dans le noir, au bord de la route. Miloz sent ses jambes trembler de fatigue, et sa bouche est si sèche qu’il ne peut bouger sa langue. Mais la nuit est froide, et il a hâte de repartir pour oublier le froid.

Ils entendent au loin le signal du guide, et ils se remettent en marche sur la route goudronnée. Quand ils passent au-dessus du village de San Antonio, ils voient les lumières qui brillent dans les maisons, ils entendent les bruits des hommes, les voix des chiens, et tous, ils ont le cœur serré, parce qu’ils pensent au village qu’ils ont laissé, quelque part, en Yougoslavie, en Turquie, en Grèce, en Tunisie. Le guide marche non loin en avant, il cherche l’entrée du sentier qui conduit à la frontière. La nuit est noire, épaisse, et les hommes manquent de tomber en heurtant le sol à l’aveuglette. Miloz entend le bruit rauque de la respiration, il sait que le Grec n’est pas loin, derrière lui.

À quelques kilomètres de San Antonio, à un virage, le guide s’arrête devant un mur en ruines. Il ne dit rien, mais tous les hommes comprennent que c’est là qu’ils vont bivouaquer, à l’abri du vent de la nuit. Chacun dépose son fardeau et s’installe dans les broussailles, la tête près du vieux mur, sans souci des scorpions. Miloz écoute la respiration rauque du Grec, la tête appuyée sur la valise de carton bouilli. Puis il s’endort d’un seul coup.

C’est le guide qui les réveille, les uns après les autres. Il fait encore nuit noire, mais la lune s’est levée, magnifique, dans le ciel pur de l’hiver. Il fait un froid glacial, et Miloz voit la buée qui s’échappe des narines du petit homme, comme de la fumée. Il se lève, va prendre le sac de farine, mais le Grec a toujours la tête appuyée dessus. Miloz le secoue, de plus en plus fort pour le réveiller, et il voit que le Grec ne dort pas. Il a les yeux ouverts et il geint.

« Allons, lève-toi », lui dit Miloz en serbe, puis en français il dit, comme le guide : « Marche ! »

L’autre secoue la tête, relève son pantalon, montre sa jambe. À la lueur de la lune, la jambe de l’homme apparaît gonflée, violacée ; la douleur fait couler la sueur sur son visage. Miloz va vers le guide qui s’apprête à partir, il lui montre l’homme couché sur son sac :

« Il ne peut pas. »

Le guide s’approche du Grec, soulève le pantalon. Il n’exprime rien. Il sort de sa poche les quarante mille lires et il les pose à côté du Grec. Il dit quand même :

« Va à San Antonio, quand il fera jour. »

Le Grec comprend que le voyage est fini pour lui et les larmes coulent de ses yeux. Mais il ne dit rien, peut-être parce qu’il ne sait rien dire d’autre que du grec.

Miloz prend la valise de carton bouilli et sans le regarder, il s’en va, il va rejoindre la troupe qui commence à monter par le chemin de mulets, à travers les broussailles, vers la Roche Longue.

La route est sans fin, et les hommes sont perdus tout au long du chemin, à des kilomètres d’intervalle. Maintenant, ils marchent penchés en avant, portant leurs fardeaux, le regard fixé sur les pierres du chemin qui étincellent comme du verre dans la clarté lunaire, sans chercher à se voir, sans chercher à comprendre où ils sont. Miloz sent son cœur plein de haine, pour tout le monde, pour le guide surtout, qu’il aperçoit de temps à autre, simple silhouette au loin glissant à travers les broussailles comme un animal en fuite. Haine pour ce monde, pour ces pierres blessantes, pour les buissons d’épines qui le griffent, pour l’odeur âcre de thym et de terre et pour le vent glacé, et c’est cette haine qui le fait marcher encore, malgré la faim et la soif, malgré les nuits sans sommeil.

Quand le jour commence à poindre, les hommes arrivent tout près de la Roche Longue, au sommet de la côte. Les uns après les autres, ils s’asseyent à côté du guide qui fume une cigarette en regardant le fond de la vallée, le ciel blanchi à l’est, et la brume qui monte du fleuve Roïa. Ils se reposent un moment, et Miloz mange pour la première fois depuis la veille, du pain, du fromage. Les autres l’imitent, sortent leurs provisions de leurs sacs. Le guide continue à fumer, sans rien dire. Puis il montre la ligne droite de la Roche Longue, au-dessus d’eux, que la première lumière éclaire étrangement. Il dit :

« Francia. »

Maintenant ils montent directement, sans prendre de sentiers. Ils suivent les chemins d’avalanches, où la neige s’accroche par plaques. Le guide monte facilement, parce qu’il a les mains libres et les pieds bien chaussés, mais les hommes dérapent, glissent, s’agrippent comme ils peuvent aux broussailles, déchirent leurs vêtements. En glissant sur des cailloux, l’homme qui est devant Miloz, un Turc, peut-être, démolit sa chaussure dont la semelle à demi détachée pend en arrière comme une espèce de langue. Mais il ne s’arrête même pas pour réparer sa chaussure, et continue comme il peut, écorchant la plante de son pied sur les cailloux tranchants.

Miloz arrive au sommet de la Roche Longue, presque en même temps que le guide, à bout de souffle. Quand il voit l’autre versant, encore dans l’ombre, mystérieux, irréel comme le monde en son commencement, quelque chose se libère en lui, le trouble de vertige. Au-dessous, il y a les ruines d’un village, une ferme abandonnée, des restanques plantées d’oliviers noirs, et le Roc d’Ormea, qui semble un récif dominant une mer d’ombre et de brumes. Miloz aimerait que Lena soit là, en ce moment, pour lui montrer tout cela, comme autrefois, la première fois qu’ils se sont connus, il l’avait guidée sur les chemins de berger de son enfance, jusqu’à l’endroit qu’on appelait la Vallée de Satan, et il serrait sa main fine dans la sienne et il lisait dans ses yeux agrandis l’horreur et l’émerveillement du gouffre.

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