Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers

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La ronde et autres faits divers: краткое содержание, описание и аннотация

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Onze « faits divers », d'une banalité tout apparente. Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H.L.M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleversante. L'incident s'annule au profit du dénominateur commun de toute souffrance humaine qu'articulent l'horreur de la solitude, la répression, l'injustice et, quoi qu'il arrive, le fol et vain espoir de rencontrer, dans l'amour et dans la liberté, une merveilleuse douceur.

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Alors il ne voit pas les hommes qui avancent sur le chemin, entre les murs de pierre sèche. Ils ont des uniformes, et l’un d’eux tient en laisse un grand chien fauve qui flaire les pierres et s’arrête parfois. Les hommes savent où ils vont, guides par un jeune garçon qui marche devant eux en silence. Ils avancent sur le plateau calcaire, vers la doline déjà prise par l’ombre. Ils ne parlent pas, ils se hâtent et le bruit de leurs bottes dérange un instant le silence de la terre.

Ariane

Au bord du fleuve sec, il y a la cité des H.L.M. C’est une véritable cité en elle-même, avec des dizaines d’immeubles, grandes falaises de béton gris debout sur les esplanades de goudron, dans tout le paysage de collines de pierres, de routes, de ponts, avec le lit de galets poussiéreux du fleuve, et l’usine de crémation qui laisse flotter son nuage âcre et lourd au-dessus de la vallée. Ici, on est loin de la mer, loin de la ville, loin de la liberté, loin de l’air même, à cause de la fumée de l’usine de crémation, et loin des hommes, parce que c’est une cité qui ressemble à une ville désertée. Peut-être qu’il n’y a personne en vérité, personne dans ces grands immeubles gris aux milliers de fenêtres rectangulaires, personne dans ces cages d’escalier, dans ces ascenseurs, et personne encore dans ces grands parkings où sont arrêtées les autos ? Peut-être que ces fenêtres et ces portes sont murées, aveuglées, et que plus personne ne peut sortir de ces murs, de ces appartements, de ces caves ? Mais ceux qui vont et viennent entre les grandes murailles grises, hommes, femmes, enfants, chiens parfois, ne sont-ils pas comme des fantômes sans ombre, insaisissables, introuvables, aux yeux vides, perdus dans l’espace sans chaleur, et ils ne peuvent jamais se rencontrer, jamais se trouver, comme s’ils n’avaient pas de vrai nom.

De temps en temps passe une ombre, fuyante entre les murs blancs. On voit le ciel parfois, malgré la brume, malgré l’épais nuage qui descend de la cheminée de l’usine de crémation, à l’ouest. On voit des avions aussi, un instant échappés des nuées, traçant derrière leurs ailes étincelantes de longs filaments cotonneux.

Mais il n’y a pas d’oiseaux par ici, ni de mouches, ni de sauterelles. Parfois il y a une coccinelle égarée sur les grands parkings de ciment. Elle marche sur le sol, puis elle essaie d’échapper, volant lourdement vers les bacs à fleurs pleins de terre craquelée, où il y a un géranium brûlé.

Il y a des enfants aussi, parfois. Arrêtés devant la porte des immeubles, ils ont jeté leurs cartables par terre, et ils jouent, ils crient, ils se battent. Mais cela ne dure pas longtemps. Ils rentrent dans les alvéoles, entre les murs, et on entend les voix des téléviseurs qui grognent, qui ricanent, qui chantonnent. Ou bien, tout d’un coup, quand la nuit tombe, il y a le bruit déchirant des cyclomoteurs, et la troupe passe à toute vitesse en zigzaguant à travers les parkings, en tournant en rond autour des poteaux électriques. Dix, vingt motos peut-être, et tous les garçons portent des masques de plexiglas, des blousons de simili-cuir noir, des casques orange ou tricolores. Le bruit de leurs engins se répercute sur les murs de ciment, rugit dans les couloirs, dans les souterrains, fait aboyer quelques chiens. Puis ils s’en vont, d’un seul coup, et on entend le bruit de leurs moteurs qui décroît, qui s’éteint entre d’autres murs, au fond d’autres boyaux souterrains.

Quelquefois ils vont au-delà de l’usine de crémation, vers le haut du vallon de l’Ariane, ou bien ils remontent les virages qui vont jusqu’au cimetière, ils grimpent le raidillon de la Lauvette. C’est un bruit étrange comme celui d’un troupeau de bêtes sauvages, qui crie et rugit dans la nuit, fait rouler des échos au fond des ravins obscurs. C’est un bruit qui fait naître la peur, parce qu’il vient de tous les côtés à la fois, incompréhensible, presque surnaturel.

La nuit, l’air froid souffle sur les immeubles et sur les parkings, comme sur des plateaux de pierres. Le ciel est noir, sans étoiles, sans lune, avec la lumière aveuglante des grands pylônes de fer qui fait ses plaques sur le goudron. Le jour, la lumière du soleil se réverbère sur les murs couleur de ciment, prisonnière des nuées lourdes, et le silence qui est à l’intérieur de cette lumière est sans fin. Il y a des reflets, il y a des ombres. Il y a des passages d’autos sur la grande route qui longe le fleuve, et, plus bas, sur l’autopont. Les moteurs vibrent et roulent sans cesse, entre les hautes falaises, camions des cimenteries, camions de bois, d’essence, de briques, camions de viandes ou de lait. Les autos vont vers les supermarchés, ou en reviennent, aveugles, comme si personne vraiment ne les conduisait.

Aujourd’hui, lundi de Pâques, la grande cité des H.L.M. est encore plus vide, encore plus vaste. Le ciel est gris, il y a un vent froid qui souffle le long du fleuve sec, qui remonte entre les murs des digues, entre les hautes falaises des immeubles. La lumière blanche des nuages brille sur les fenêtres, jusqu’au seizième étage, elle fait des sortes d’éclairs qui bougent, des sortes de reflets. Il y a des ombres pâles sur les grands parkings vides.

Les hommes ne sont pas là, aujourd’hui, ils ont disparu. Il n’y a que les carcasses des voitures immobiles, pareilles à celles des grands cimetières de voitures, là-bas, un peu plus en amont du fleuve. C’est un jour pour elles, un jour de carcasses abandonnées, sans moteurs, sans portières, sans roues, phares crevés, glaces brisées, capots béants qui montrent le vide noir d’où les culasses ont été arrachées.

Dans les rues vides, il y a quelques enfants qui courent après un ballon blanc et noir, il y a quelques femmes qui sont arrêtées au bord du trottoir, et qui parlent. Parfois, il y a de la musique. Elle sort d’une fenêtre grande ouverte malgré le vent froid : une musique lourde, aux accents traînants, avec une drôle de voix aiguë qui chevrote interminablement, et les mains des hommes qui applaudissent en cadence. Pour qui chante cette voix ? Le silence, au-delà, est si grand, si long ! Le silence vient des montagnes rases, dont la courbe se perd dans les nuages, le silence vient des routes, du lit du fleuve sec, et, de l’autre côté, au loin, de la grande autoroute sur ses piliers géants. C’est un silence âpre et froid, un silence crissant de poussière de ciment, épais comme la fumée sombre qui sort des cheminées de l’usine de crémation. C’est un silence d’au-delà des grondements des moteurs. En haut des collines, du côté du cimetière, il vit, ce silence, mêlé à l’odeur âcre de la fumée de l’usine de crémation, et il descend lourdement sur le fond de la vallée, sur les parkings des H.L.M., il va jusqu’au fond des caves sans lumière.

Ici marche Christine, le long des hauts immeubles, sans regarder, sans s’arrêter. Elle est grande et svelte, surtout avec son jean de velours noir et ses bottes courtes à talons très hauts. Elle porte aussi une veste de plastique blanc sur un pull rayé rouge et blanc. Ses cheveux blonds sont noués en queue de cheval, et elle a des boucles en métal doré qui pincent les lobes de ses oreilles. Le vent froid balaie la rue sans fin, venu de la mer, là-bas, de l’autre côté des collines, et qui remonte la vallée du fleuve en soulevant des poussières. C’est encore un vent d’hiver, et Christine se serre dans sa veste de plastique, elle ferme le col avec sa main droite, tandis qu’elle enfonce sa main gauche dans la poche arrière du pantalon, sur sa fesse.

Il y a tant de silence qu’elle entend le bruit de ses talons résonner à travers tous les dédales des parkings, sur tous les murs des grands immeubles, et même jusqu’au fond des caves. Mais c’est peut-être le froid qui l’empêche d’entendre autre chose. Ses talons cognent sur le ciment du trottoir, en faisant un bruit métallique, dur, insistant, qui résonne beaucoup à l’intérieur de son corps, dans sa tête.

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