Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers

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La ronde et autres faits divers: краткое содержание, описание и аннотация

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Onze « faits divers », d'une banalité tout apparente. Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H.L.M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleversante. L'incident s'annule au profit du dénominateur commun de toute souffrance humaine qu'articulent l'horreur de la solitude, la répression, l'injustice et, quoi qu'il arrive, le fol et vain espoir de rencontrer, dans l'amour et dans la liberté, une merveilleuse douceur.

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Immobile, l’enfant regarde. Tayar voudrait lui dire de venir, lui faire signe, comme hier, mais il ne peut plus bouger. Le froid de la nuit l’a rendu lourd comme la pierre. Seuls ses yeux peuvent regarder, appeler au secours.

En quelques bonds, le garçon est descendu jusqu’à lui, au fond de la doline. De la poche de son anorak, il tire un morceau de pain, une orange et un couteau. Il les pose à côté de Tayar, sans rien dire.

Quand il voit que Tayar ne peut pas bouger, il rompt un peu de pain et il met un morceau dans la bouche de l’homme. Puis il épluche l’orange, et il lui donne un quartier. Le jus coule dans la gorge de Tayar, et peu à peu les forces reviennent dans son corps. Il tremble en essayant de se redresser sur les coudes. Les premiers rayons du soleil éclairent les bords du cratère, les arbustes noirs qui tremblotent dans le vent. Tayar mange encore du pain, il suce les quartiers d’orange et recrache la peau.

« Vous avez faim ? »

Tayar hoche la tête en mangeant.

« Vous avez froid ? »

Le garçon enlève son anorak et il le pose sur le buste de Tayar, en passant les manches de chaque côté de son cou.

« Vous êtes blessé ? » demande de nouveau le garçon. Dans sa voix, il n’y a plus de peur, seulement de l’inquiétude. Tayar dit non en secouant la tête. Le jus de l’orange emplit sa bouche, réveille la vie dans son visage, dans ses entrailles.

« Comment tu t’appelles ? »

Tayar essaie de parler, mais sa voix est si faible qu’il est le seul à l’entendre. Le garçon est penché sur lui, ses yeux brillent dans son visage sombre, avec une lueur mystérieuse qui semble venir de l’intérieur. Il ne parle pas, il regarde Tayar seulement, et la lumière de son regard lui donne des forces comme un aliment.

Tayar ferme les yeux, un instant. Il oublie tout, à présent, la cellule aux murs tachés, l’odeur de moisi et d’urine, les bruits de pas qui résonnent dans les longs corridors, au-dessus de sa tête, et sous son lit, partout, les bruits durs des talons qui ne cessent pas de marcher dans les corridors. Cela s’efface, enfin, et aussi le bruit des barres de néon qui grésillent, les grincements des grilles, et le terrible bruit des portes qui résonnent toujours trois fois, comme ceci : pan ! pan-pan ! Bruit du cœur, bruit des portes, bruit des coups. Ici, cela s’efface, dans le soleil doux du matin, en haut du plateau calcaire, sous le regard brillant de l’enfant à genoux à côté de lui. Il ouvre les yeux, il voit la silhouette du garçon immobile, ses cheveux éclairés par le soleil comme de l’herbe. Il dit, faiblement, « Aazi… » et il rit un peu, sans bruit, et sa main s’élève pour prendre la main du garçon. Lui, d’un bond se lève, reste un instant debout, en équilibre, les muscles bandés, prêt à s’enfuir.

Tayar, redressé dans un effort qui fait jaillir la sueur sur son visage, qui brûle l’intérieur de sa poitrine, regarde l’enfant qui court sur le bord du cratère, léger comme un cabri. La silhouette reste un instant sur le tranchant du cratère, comme si l’enfant hésitait. Puis, d’un coup, sans que Tayar ait pu comprendre comment, il a disparu. Il ne reste plus que le ciel immense et vide, la lumière, le bruit du vent.

À côté de lui, en tâtant, Tayar trouve les morceaux de pain, les peaux d’orange humides. Il essaie de prendre un morceau de pain, mais ses doigts n’ont pas de force, et le pain roule dans l’herbe à côté de lui. Malgré l’anorak sur sa poitrine, Tayar sent le froid qui vient en lui, qui l’occupe peu à peu.

En rampant sur le ventre, Tayar essaie de remonter la pente de la doline. Cela dure si longtemps qu’il ne sait plus très bien ce qui s’est passé, avant. Ses yeux embués regardent fixement au-dessus de lui, les pierres aiguës et les branches des buissons d’épines, contre le ciel blanc. Par instants, le monde semble se vider, comme si venait la nuit, une nuit terrible qui ne finirait plus. Ou bien un voile de sang couvre l’espace, fait briller les épines des buissons de lueurs meurtrières. Glissant sur le ventre comme un saurien, Tayar remonte lentement la pente du cratère. Les cailloux déchirent ses avant-bras et ses genoux, meurtrissent sa poitrine et son visage, mais il n’y prend pas garde. Il y a une dernière force en lui, parce qu’il veut voir. L’enfant a disparu, en laissant derrière lui une traînée de lumière. C’est elle que Tayar veut suivre, comme une route qui le conduit au paysage de pierre qu’il connaît bien, la vallée ouverte dans la montagne et qui va jusqu’au bout du monde.

C’est un endroit qu’il n’a jamais quitté, en vérité. Lentement, Tayar se hisse jusqu’au bord du cratère, là où il peut voir la route de lumière. Le plateau calcaire est solitaire sous le ciel bleu, le vent glacé siffle dans les buissons d’épines. Au loin, il y a les hautes montagnes, grises déjà, irréelles. Mû par la même force, Tayar continue d’avancer sur le plateau, loin de l’abri de la doline. Il suit la route de lumière que l’enfant a tracée à travers les broussailles, jusqu’au bord de la falaise. Les cailloux écorchent ses mains, déchirent ses vêtements, mais il ne sent rien. Il traîne son corps, marchant parfois à genoux, jusqu’à l’autre bout du plateau, là où il y a toute la lumière du soleil. Il se hâte, parce qu’il sait que la nuit va venir, bientôt, et qu’il ne supportera plus le froid qui va tomber sur la terre. Il faut qu’il atteigne le bord de la falaise avant que le soleil n’ait touché les montagnes, ou bien il sera trop tard.

Il rampe sur le sol, et l’odeur des excréments des moutons se mêle à l’odeur des herbes, à la senteur de la fumée qui vient des fermes au creux des vallées.

Mais le soleil va vite, il descend vers la terre comme un vaisseau éblouissant. La lumière heurte le front de Tayar, freine sa progression. Il ferme les yeux, aveuglé. Mais déjà il est au bord de la falaise. Quand il regarde, il sent un vertige s’emparer de lui.

Il est là, couché comme autrefois, à plat ventre dans la pierraille, retenant son souffle. Dans un murmure, la voix de son oncle dit, peut-être, « Ne bouge pas, Aazi, ne parle pas… »

Le soleil brûle et éblouit, mais Tayar voit enfin ce qu’il cherchait, l’immense vallée qui va jusqu’à l’autre bout du monde, là où chaque caillou, chaque plante, chaque buisson d’épines brille d’un éclat qui n’existe nulle part ailleurs, car la lumière vient d’eux et non du ciel.

Tayar sent le bonheur en lui, tandis qu’il contemple la vallée sans ombre. Ses yeux se mouillent de larmes, et pour la première fois depuis des jours, il ne sent plus la faim, ni le froid. La brûlure au centre de sa poitrine rayonne tel un soleil.

Le silence est grand sur la vallée. Il n’y a pas d’oiseau qui plane, il n’y a pas d’ombre, ni de peur. « Ne fais pas de bruit, Aazi, regarde… » Le soleil brûle sa nuque, ses épaules, à travers ses vêtements déchirés. Il a laissé l’outre en peau de chèvre dans les rochers, et la besace, pour pouvoir marcher plus vite. Il doit aller loin, avant la nuit, sur les pentes du mont Chélia, jusqu’à la grotte où l’attendent son frère et sa sœur Horriya. Il n’y a plus rien d’autre, plus personne d’autre au monde. La grande vallée ouverte conduit jusqu’à l’autre bout de la terre, plus loin que Timgad, plus loin que Lambessa. L’enfant est revenu, pour lui ouvrir le chemin, pour laisser son signal de lumière. Maintenant, il n’y a plus qu’à regarder, à se laisser glisser sur la route étincelante.

Tayar ne voit plus le soleil qui descend vers les montagnes, ni l’ombre qui noie la vallée. La tête appuyée sur la terre, les cheveux balayés par le vent, il est immobile, comme s’il dormait. Pourtant, ses yeux sont ouverts et la sclérotique brille dans la lumière. Il respire lentement, en faisant de grands efforts.

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