Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers

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La ronde et autres faits divers: краткое содержание, описание и аннотация

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Onze « faits divers », d'une banalité tout apparente. Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H.L.M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleversante. L'incident s'annule au profit du dénominateur commun de toute souffrance humaine qu'articulent l'horreur de la solitude, la répression, l'injustice et, quoi qu'il arrive, le fol et vain espoir de rencontrer, dans l'amour et dans la liberté, une merveilleuse douceur.

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Le silence est si grand, si lourd, que Tayar n’entend pas le garçon qui vient vers lui. C’est un enfant de douze ou treize ans, fort, avec la peau très brune, et des cheveux noirs emmêlés par le vent. Maintenant il est debout de l’autre côté de la doline, à contre-jour. Il est vêtu d’un anorak de skieur un peu grand pour lui. Il regarde Tayar, sans bouger, les mains dans les poches.

Tayar le voit. Il veut se lever, mais le poids de la pierre serrée contre son estomac le fait retomber. Pendant quelques secondes, Tayar pense qu’il voudrait tuer le garçon qui le regarde. Mais ça n’est plus possible. Il met la main dans la poche de son pantalon, et il sent du bout des doigts le petit couteau à cran d’arrêt que Frank lui a donné, avant qu’il commence sa cavale. C’est un petit couteau avec un manche en plastique et une lame fine et aiguë, et quand il l’a pris, Tayar a pensé à Mariem. Maintenant il sait bien qu’il ne peut plus s’en servir. Il n’a plus de force. Le vent, le froid de la nuit, le silence et la faim lui ont enlevé tout désir de vengeance.

Tayar regarde le jeune garçon qui lui ressemble, debout de l’autre côté de la doline. Il lui dit « Viens, viens ! » avec la main. Le garçon le regarde un bon moment, sans bouger, puis il fait le tour du cratère, sans se presser, les mains dans les poches. Son visage est très brun, ses yeux noirs ont l’éclat du métal.

Tayar le regarde approcher avec angoisse. Il y a si longtemps qu’il n’a pas vu un visage humain. Quand le garçon est à quelques pas de lui, il s’arrête. Il examine Tayar avec curiosité. Il fait celui qui n’a pas peur, les mains dans les poches, mais il est prêt à bondir en arrière à la moindre alerte.

« Comment tu t’appelles ? » dit Tayar. Il parle avec effort, à cause de la pierre de la faim qui appuie sur son diaphragme. Et puis il y a longtemps qu’il n’a plus parlé, et les mots sont desséchés dans sa gorge.

Le garçon ne répond pas. Il dit seulement :

« Vous êtes blessé ? »

« J’ai dormi ici, dit Tayar. Tu n’as rien à manger ? J’ai faim. »

Le garçon regarde la pierre que Tayar tient serrée contre son ventre.

« Pourquoi vous avez ça ? »

« Ce n’est rien », dit Tayar. Il laisse tomber la pierre sur le sol, à côté de lui. « C’est un truc pour ne pas sentir la faim. »

Le garçon ne dit plus rien. Il reste là à le regarder, en penchant un peu son corps de côté, et tout à coup Tayar a très peur du silence, il veut retenir l’enfant auprès de lui. Avec peine, il extirpe le petit couteau au manche de plastique de sa poche, et il le tend au garçon.

« Écoute, je n’ai plus d’argent, mais je te donne le couteau. Apporte-moi à manger, j’ai très faim. Il y a plusieurs jours que je n’ai rien mangé. »

Le jeune garçon ne bouge pas, ne répond rien. La lumière du soleil découpe sa silhouette contre le ciel, et Tayar ne peut pas voir son visage. D’un seul coup, le garçon s’en va, il s’éloigne de la doline sans se retourner. Tayar crie, et sa voix s’éraille :

« Où vas-tu ? Ohé ! Viens ! »

Le silence revient sur le plateau calcaire. Tayar sent le vertige, et il descend vers le fond de la doline. Peut-être que c’est la douleur qui revient dans son corps, maintenant qu’il a perdu la pierre de la faim.

Tout le jour, Tayar guette le bord du cratère, là où le jeune garçon est apparu. Par instants, il croit voir sa silhouette immobile contre le ciel, avec son visage noirci et ses cheveux couleur d’herbe brillant à la lumière. C’est un enfant maigre, au visage grave, aux yeux sombres cachés par l’ombre des orbites. Ses lèvres minces sont serrées dans une expression de mutisme. Du fond de la doline, Tayar le regarde avec des yeux brûlants de fièvre. Il le connaît bien, il le reconnaît. L’enfant lui ressemble, il est tout à fait comme un reflet de lui-même. Il porte les mêmes habits, la longue tunique de laine effilochée autour du cou, qui flotte sur son corps maigre et dessine la forme de ses jambes. Il est pieds nus sur les pierres aiguës, et ses cheveux bougent dans le vent, noirs et brillants comme l’herbe.

Quand il le reconnaît, Tayar sent une ivresse étrange, qui efface toute douleur. La faim cesse de le ronger, et sa poitrine respire librement, se gonfle d’un très long soupir. Tayar sait qu’il n’a pas besoin de parler, ni de bouger. Sans comprendre comment, il est debout sur le haut-plateau calcaire, il sent le vent puissant sur son visage. Il aperçoit l’autre versant, là où le chemin de chèvres descend en zigzag à travers les éboulis et les broussailles, jusqu’au lit de l’oued.

C’est une immense ouverture dans la montagne, où vibre une lumière qui semble ne jamais devoir finir. Tayar est penché en avant, il regarde le vide de toutes ses forces. Les montagnes de grès rose et de quartz étincellent comme pour une aurore. Le ciel est bleu. Il n’y a pas de bruit, sauf le souffle du vent dans ses oreilles, le crissement du sable qui s’effrite. Rien ne bouge. Pas un oiseau, pas un animal terrestre. La lumière ouvre sa route jusqu’à l’horizon, et c’est sur elle que Tayar avance, glisse. Il se sépare de lui-même. Il touche à tous les points de la vallée, jusqu’à l’horizon. Il voit les pierres rouges des ruines de Timgad, pareilles à des termitières brisées, et les palmiers des oasis, là où flotte la fine vapeur de l’eau, plus légère qu’une fumée.

Encore plus loin, la route de la lumière le guide jusqu’à la maison de boue au bord de l’oued. Mais la maison est abandonnée. La porte de branchages du corral est jetée à terre ; il n’y a plus de moutons ni de chèvres, Tayar regarde toute cette poussière avec une attention douloureuse, et chaque pierre, chaque parcelle des murs de boue, chaque branche morte réveille en lui une douleur ancienne. Le paysage de pierre autour de la maison s’est écarté à l’infini, le vent froid du désert passe sur le visage de l’homme immobile.

Lentement, heure par heure, le soleil redescend vers l’horizon. La nuit qui vient est très noire d’abord, engloutissant le plateau calcaire dans son froid. En rampant, Tayar est remonté jusqu’au bord de la doline, non loin de la borie. Mais le vent glacé le repousse, et il glisse lentement jusqu’au fond du cratère, il se recroqueville dans l’herbe humide. Il pense encore à la route de lumière qu’il a aperçue, tout à l’heure, celle que lui a montrée le jeune garçon qui lui ressemble. Mais le froid a tout effacé.

Viennent les étoiles, faiblement, puis de plus en plus brillantes. Jamais elles n’ont lui avec tant d’éclat. Tayar, la tête appuyée dans l’herbe, les regarde avec plaisir. Comme la nuit d’avant, il les reconnaît. Il retrouve leur place, leur dessin, jusqu’aux plus petites qui palpitent à peine, tout près de la terre. Cette nuit, il y a autre chose en elles, comme si elles portaient un message inconnu. Comme une musique, qui entre jusqu’au fond de lui et le trouble. Tayar regarde la route d’étoiles qui traverse le ciel noir, il écoute leur chant strident, léger, qui s’éparpille dans le vide. Le ciel contient tout, recouvre tout, et sous lui, le temps s’abolit en un vertige multiple. Sans cesse apparaissent de nouvelles figures, de nouvelles étoiles. Tayar sait qu’il n’a plus de visage, plus de corps, mais qu’il est devenu un point immobile sur la terre froide, dans la nuit. Sans fermer les yeux, il se fige dans un sommeil glacé, qui ralentit son cœur et son souffle. Au-dessus de lui, les étoiles sont vivantes d’une vie intense, éclatante, elles entrecroisent dans la nuit leurs musiques stridentes, pareilles aux appels des insectes.

À l’aube, l’humidité ruisselle sur le visage de Tayar. La première lumière l’éveille de son rêve, et il voit, indistinctement d’abord, puis de plus en plus clairement, la silhouette de l’enfant qui lui ressemble. Le jeune garçon est debout, en équilibre sur le bord du cratère, et la lumière du soleil fait paraître son visage plus sombre, presque noir. Ses cheveux ont la couleur de l’herbe brûlée.

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