Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers

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La ronde et autres faits divers: краткое содержание, описание и аннотация

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Onze « faits divers », d'une banalité tout apparente. Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H.L.M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleversante. L'incident s'annule au profit du dénominateur commun de toute souffrance humaine qu'articulent l'horreur de la solitude, la répression, l'injustice et, quoi qu'il arrive, le fol et vain espoir de rencontrer, dans l'amour et dans la liberté, une merveilleuse douceur.

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Tayar frissonne, il secoue la tête avec violence, pour chasser l’image de la montagne. Avec peine, il se remet debout, il avance à nouveau sur le plateau calcaire. Sa respiration siffle dans ses poumons, il y a une sorte de voile rouge qui ondule au bas de ses yeux, tout près de la terre. Comme un lac de sang.

C’est parce qu’il n’a rien bu ni mangé depuis longtemps. Tayar sait que s’il ne trouve pas un peu d’eau maintenant, il ne pourra plus marcher. Il scrute avec une attention fiévreuse le paysage blanc. La lumière du soleil de midi éclaire chaque pierre, chaque arbre, sans laisser d’ombre.

Alors, devant lui, un peu en contrebas, il voit une tache plus sombre, celle que font des broussailles aux feuilles encore vertes, aux branches noires. Les broussailles font un cercle autour d’une dépression qu’on distingue à peine. C’est là que Tayar se dirige, en titubant. L’eau est là, sûrement, quelque part. L’instinct plus vieux que sa vie avertit Tayar qu’il va trouver l’eau, qu’elle l’attend.

C’est une bouche sombre, ouverte à la surface des rochers. Malgré la sécheresse alentour, l’air semble humide ici, comme au fond d’une vallée. Il y a des arbustes tout autour de la bouche, comme une toison hérissée, inclinée par le vent. Tandis qu’il s’approche, Tayar voit que cette ouverture est très grande, pareille à un cratère. Dans le fond, il y a une borie en ruine et un abreuvoir plein d’eau.

Tayar descend au fond de la doline, il ne voit qu’elle : la grande flaque noire qui renvoie la lumière du ciel, immobile comme un miroir. Il se penche sur l’eau, en tremblant de fatigue, et il boit longuement, sans même se servir de ses mains.

Au fond de la doline, il n’y a pas de bruit. Rien que le vent qui passe en sifflant à travers les branches des buissons d’épines. Au-dessus, le ciel est clair, aveuglant. Tayar se couche au fond de la doline, sur l’herbe comme de la mousse. Le soleil brûle son visage et ses mains. Pour vaincre sa fatigue et sa solitude, Tayar chantonne un peu, du fond de sa gorge, comme il faisait, autrefois, quand il était replié en chien de fusil contre un rocher, sur les pentes du mont Chélia.

Est-ce qu’il rêve ? Il est seul, dans la grande montagne. Le soleil est brûlant, impitoyable. Il n’y a pas de nuages. Il n’y a pas de bruit.

L’enfant attend, sans désespoir, couché sur la terre. Personne ne doit venir, maintenant, plus personne. L’oncle Raïs est parti hier, ou avant-hier, peut-être. Il a laissé son sac et son outre en peau de chèvre, pour pouvoir marcher plus vite. Il a dit qu’il irait jusqu’à Lambessa, en passant par les ruines de Timgad, pour prendre des vivres et de l’argent, pour savoir les messages qu’on avait laissés pour lui, aussi. Il a dit qu’il fallait l’attendre, sans bouger. Ne pas bouger, Aazi, pour que les chiens des soldats ne l’entendent pas. Ne pas bouger, ne pas se lever. Ne pas parler, ne pas appeler surtout, Aazi, mais attendre là, couché sur la terre, caché dans les rochers et les broussailles. Que faut-il faire ? L’enfant tremble, malgré le soleil. Le ciel vide pèse lourd, la lumière aveugle et assoiffe. Il y a comme le signe de la peur, visible par instants, comme une aile d’épervier qui fait cligner le soleil. Il y a le signe de la mort. C’est un signe qu’on voit quand on ferme les yeux, une marque terrible. Le silence est sans fin. L’enfant ne peut pas se lever, ne peut pas appeler, il ne le faut pas. Les soldats sont comme les insectes : ils ne sont pas là, puis, tout d’un coup, ils sont là, sans qu’on ait pu comprendre d’où ils étaient sortis. Les soldats marchent le long des fêlures de la terre, comme les fourmis. D’où viennent-ils ? Que veulent-ils, que cherchent-ils ? Tayar cache sa tête entre ses bras, couché sur la terre qui le brûle. La fièvre bat dans ses tempes, ou bien est-ce le soleil de midi ? Il y a si longtemps que le jour brûle, sans s’éteindre, comme s’il ne devait jamais plus y avoir de nuit. La soif est très grande, elle est pareille à un frisson qui court sur la peau. Lentement, l’enfant se tourne, il tend la main vers l’outre vide. La peau de chèvre est sèche, plissée comme une mamelle morte. En bas, dans le ravin brûlé, court l’eau légère de l’oued. Tayar l’entend distinctement, elle chante clair comme un oiseau, elle est belle et pure. D’entendre son bruit le rafraîchit, lui rend un peu de ses forces. Mais il ne faut pas bouger, pas se lever. Ce n’est pas le bruit de l’eau qu’il entend, Aazi. C’est le piège d’un soldat. Il a fabriqué un appeau avec un petit bout de sureau, et il chante le bruit de l’eau pour attirer ceux qu’il veut tuer. Si Tayar descend du haut de la montagne, s’il s’approche de l’oued pour boire, le grand chien va se précipiter sur lui en hurlant, et les soldats seront là, derrière lui, pendant que le chien le dévorera.

Le soleil est descendu vers l’horizon, maintenant, et Tayar recommence à marcher. D’avoir dormi au fond de la doline lui a fait du bien. Avant de quitter la doline, il a bu à nouveau quelques gorgées à l’abreuvoir. L’eau froide lui a paru lourde, âpre, au goût de métal, mais elle lui a donné des forces nouvelles.

Tayar marche dans la direction du soleil, ébloui, trébuchant sur les pierres. Il suit un chemin ancien qui traverse le plateau calcaire, puis il arrive devant un grand ravin qui est déjà dans l’ombre. De l’autre côté, il y a la pente abrupte qui mène à Calern, à droite les sommets chaotiques du Cheiron, à gauche, au fond du vallon, les fermes de Saint-Lambert, à peine visibles dans l’ombre couleur de fumée qui emplit les creux.

Le silence, toujours, comme une menace. Le vent froid souffle avec plus de force, comme s’il venait de la nuit proche. Peut-être même qu’il y a des chiens qui aboient, dans les fermes de la vallée, et Tayar pense que c’est contre lui qu’ils aboient, comme autrefois. Mais le silence toujours se referme, éteint les bruits de la vie. Il n’y a plus que les bruits des choses, à peine, les pierres qui craquent, les arbustes qui sifflent dans le vent.

La lumière décroît quand Tayar quitte le bord du ravin pour retourner en arrière. Il y a longtemps qu’il n’a pas mangé, et il n’a plus de forces pour gravir les éboulis. Il doit s’asseoir, accroché aux rochers, le cœur battant très fort. Chaque fois qu’il s’arrête, il s’assoit sur ses talons, comme autrefois, dans les pentes du mont Chélia. Il écoute tant qu’il peut, guettant le moindre bruit.

C’est le bruit des pas de son oncle qu’il attend, peut-être, ou le bruit de sa voix, un peu rauque et étouffée, quand il l’appelle en arrivant : « Aazi !… Aazi ! » Mais ce n’est pas son oncle. C’est sa sœur Horriya, et il aime bien son nom toujours, parce qu’il veut dire : liberté.

Elle vient vers lui, il la voit dans l’air trouble du soir. Elle vient à sa rencontre, enveloppée dans son voile noir. Quand elle n’est plus qu’à quelques pas de lui, elle écarte son voile et son visage apparaît, si beau, lisse comme du cuivre.

Elle ne se cache pas. Elle n’a peur de personne. Elle s’arrête devant Tayar, elle écarte encore son voile, et dans le creux de son bras droit, il y a un pain noir et une outre de lait aigre. Elle s’agenouille à côté de Tayar, elle touche son front avec sa main fraîche, et tout de suite la brûlure du soleil s’atténue, comme si un nuage passait. Elle aide l’enfant à s’asseoir, elle soutient sa nuque tandis qu’il boit le lait aigre. Puis il vomit, parce qu’il y a trop longtemps qu’il n’a mangé ni bu. Horriya essuie sa bouche avec son voile, sans rien dire, et il boit à nouveau. Le lait aigre et doux lui donne tellement de forces qu’il se met à trembler.

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