Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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Elle se souvenait alors, quand la pluie arrivait à Vacoas, elle le savait longtemps avant. Tout devenait si obscur, il y avait un nuage sombre sur la terre et sur les champs de canne, jusqu’aux pointes des montagnes. Il y avait ce froid dans son corps, ce long frisson.

Elle n’avait pas cru qu’elle reconnaîtrait cela un jour, cette pluie qui tombe du ciel comme une chose vivante, qui glisse sur la pente des toits, arrache les feuilles des arbres, tambourine sur les vitres branlantes de la maison. Comme autrefois, elle sentait l’odeur de sa mère qu’elle n’a pas connue, mêlée secrètement à l’odeur de la terre, aux feuilles pourrissantes, à l’odeur des goyaves et des mangues, à l’odeur âcre de la papaye ouverte sur la table de la cuisine, au parfum enivrant du galant-de-nuit.

Maintenant, devant elle, dans la lumière nuageuse, il y avait une silhouette debout, qui la regardait. Vêtue d’une robe légère, un sari, avec ses cheveux noirs cascadant sur ses épaules, et dans son visage obscur, ce regard bleu qui brûle. Gaby restait clouée sur sa couche, incapable de bouger, tandis que la silhouette surnaturelle la regardait, la considérait. Puis tout à coup, l’apparition s’est détournée, s’est effacée. Il ne restait que la lumière du jour qui décroissait avec le matin. C’est alors que Gaby avait décidé de retourner chez elle, coûte que coûte, pour retrouver Ananta.

Est-ce qu’il pleuvait encore, quand le dernier paquebot de l’India Steamship a mouillé dans la rade, sur la route de Bombay, et quand les canots à rame ont conduit les passagers jusqu’au môle ? C’était le vendredi 24 février 1967, la lune pleine glissait fantastiquement entre les nuages, dans l’obscurité de la nuit qui arrivait. Il y avait exactement trente-huit ans, la jeune fille aux cheveux si noirs, aux yeux si bleus, vêtue de sa robe légère et coiffée de son incroyable chapeau de paille, s’abritait sous son ombrelle pour gagner le bord du Britannia.

C’est Ini qui prend soin de Gaby, qui la guide. Il est un homme, maintenant, il est plus grand qu’elle. C’est elle qui cache son visage contre sa poitrine, quand elle est lasse, ou quand elle a peur.

Gaby sentait son cœur battre fort dans sa poitrine, tandis qu’elle marchait sur le quai, appuyée sur le bras d’Ini. Elle écoutait le brouhaha des gens qui attendaient les passagers, de toutes ses forces, elle cherchait à reconnaître les voix, les bruits. Il y avait une odeur de fruit pourri, les restes du marché de la journée sous la pluie, la douceur tiède de l’ombre des grands arbres. « Regarde, là, c’est là qu’il sont, les arbres de l’Intendance, tu les vois ? » Ini serra sa main, il murmura : « Oui, je les vois, ils sont grands, et forts… » La foule s’écartait devant eux, ils passaient comme des spectres. Les enfants couraient, criaient, il y avait un bruit de musique, des odeurs de poisson frit, d’huile.

Dans la chambre de l’hôtel-pension, près du port, Gaby s’asseyait sur la chaise de paille, devant la fenêtre ouverte, pour entendre les bruits de la rue. Il y avait les klaxons des autos, les bruits de pas courant sur les trottoirs.

« Regarde, Ini, pourquoi y a-t-il tant de monde dans la rue, pourquoi crient-ils comme ça ? »

Elle avait peur, tout à coup. Elle refermait la fenêtre. Il y avait si longtemps qu’elle attendait cet instant, et maintenant, il lui semblait que tout lui échappait. « Ce n’est rien, maman. Ce sont des gens qui manifestent pour l’indépendance. »

Gaby ne comprenait pas. Elle pensait qu’elle serait dehors jusqu’à la nuit, comme autrefois, pour respirer les odeurs, pour écouter le bruit de la pluie sur les toits, et à présent elle ressentait une inquiétude sourde, comme avant la tempête.

« Mais qu’est-ce qu’ils veulent ? Ils vont tout brûler ! » Elle se souvenait des incendies dans les champs, le ciel qui devenait rouge, jusqu’à Plaines Wilhelms.

Ce qu’elle voulait, c’était revoir Ananta. Mais après tant d’années, qui pouvait lui dire ce qu’elle était devenue ? Gaby ne savait même pas son nom. Le taxi qui grimpait la route du Sucre jusqu’à Vacoas tomba deux fois en panne. Enfin, il s’arrêta à un carrefour où était un petit marché, avec des étals de légumes et de poisson séché. Le chauffeur palabra longuement avec les marchands. Il revint en haussant les épaules. Personne ne connaissait Ananta. Il n’y avait aucune trace. Il laissa Gaby et Ini dans un hôtel de Curepipe. Gaby sentait le courage l’abandonner. Quelle folie de chercher quelqu’un, après une vie. La nuit, elle s’est laissé emporter ailleurs, dans l’océan des cannes grises, sous le ciel chargé de nuages. Les martins fuyaient comme des volées de feuilles dans le vent. Sur les mares couraient les frissons. Gaby se souvenait maintenant de la chanson que chantait Ananta, quand elles allaient se baigner à la rivière.

« Dans bois tourterelles
Napas la peine pou gagne mari
Tellement mo content mo Zabella
Mo lizié collecolle av li !
Aïoh ! »

Toute une année elles ont vécu ensemble, jour après jour. Alors il n’y avait pas d’avenir. Rien n’avait d’importance, que d’aller se promener dans les champs, après l’école, le long des chemins brûlants, et de se baigner à la rivière, en laissant flotter ses cheveux dans le courant.

Ti coco est venu. Comment a-t-il appris le retour de Gaby ? C’est peut-être Esprit Thompson, l’agent de la Barclay’s, qui l’a prévenu, à cause de la pension. Ti coco est entré dans l’hôtel, il l’a vue. Elle était assise dans un fauteuil de rotin, avec une théière fumante sur la petite table. Il a regardé un long moment l’éclat de sa chevelure noire, son visage lisse aux yeux fermés. À un moment, elle s’est tournée vers lui, pour sentir sa présence. Ses yeux étaient toujours bleus, mais ils regardaient de côté sans voir.

« Mademoiselle Kervern ? »

Gaby a tressailli en entendant son nom. Elle a reconnu tout de suite la voix.

« Ti coco ! »

Debout, elle a marché vers lui, si vite qu’elle a renversé le fauteuil de rotin. Elle a pressé la paume de ses mains sur le visage de Ti coco, elle a dessiné le contour de son nez, sa bouche, ses oreilles, elle a passé sa main dans les cheveux bouclés. Ensemble, ils ont marché dans le salon de l’hôtel, jusqu’au sofa.

« Tu n’as pas changé ! »

Elle riait, elle parlait sans s’arrêter. Ti coco, lui, était comme autrefois. Il ne savait pas ce qu’il devait dire. Ini arriva un peu plus tard. Il regarda avec curiosité ce petit homme trapu, à la peau si noire, avec une tête si large.

Par Ti coco, Gaby a su qu’Ananta était allée vivre dans un quartier pauvre de Vacoas, du côté de la Caverne. Elle travaillait dans une plantation de thé. Mais il y a très longtemps qu’il n’a pas eu de ses nouvelles.

Gaby n’a pas voulu que Ti coco l’accompagne. Par une journée magnifique, éblouissante de lumière, elle marchait sur la route, appuyée au bras d’Ini. Elle demandait à Ini de lui dire ce qu’il voyait, mais c’était pour tromper son appréhension. Ini lui racontait les jardins fleuris, les petites huttes de bois avec leurs toits de tôle. Il racontait les femmes qui marchent sur la route, portant leur binette en équilibre sur la tête, les enfants presque nus qui courent. Dans les rues des villages, les postes de radio étaient allumés, les gens parlaient fort, il y avait des groupes d’hommes aux carrefours. Gaby s’inquiétait. Elle serrait le bras d’Ini :

« Rentrons à l’hôtel. »

Il y avait quelque chose qu’elle ne comprenait plus, qui la rendait étrangère.

« Mais ce n’est rien, maman, c’est à cause de l’indépendance. »

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