Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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Sguilario était fou. Dans la chambre où vivait Gaby, il déclamait à tue-tête des poèmes, des discours philosophiques. Ini avait une peur instinctive de cet homme. Comme ces chats qui, à l’entrée d’un intrus, disparaissent sous les meubles, Ini se cachait où il pouvait, sous les tables, dans les placards à balais, derrière les rideaux. Pour Sguilario, c’était devenu un jeu cruel. Il partait à la recherche de l’enfant, feignant d’être aveugle, frappant les meubles et les chaises avec sa canne, criant de sa voix qui roulait : « Je vais te trouver ! Je vais te dévorer ! » Ini était terrifié. Le cœur battant à se rompre, il regardait depuis sa cachette, avec des yeux fixes, les chaussures de Sguilario qui faisaient craquer les lattes du plancher.

Gaby ne comprenait pas. À travers la brume de ses yeux, elle voyait la silhouette massive de l’homme penchée sur Ini. Elle entendait les cris, les grondements. Quand c’était fini, Ini venait se blottir contre elle, elle sentait son cœur qui battait très vite, comme celui d’un animal affolé. « Laissez-le ! Vous lui avez fait peur. » Sguilario battait en retraite. Il faisait comme s’il regrettait. Il partait à reculons, il regagnait sa mansarde. Mais Ini ne le quittait pas des yeux. Ses iris clairs, couleur de saphir, restaient fixés sur la porte longtemps après que l’homme avait disparu.

Au printemps, Gaby tomba malade. Au début, ça n’était qu’une grippe, la grippe asiatique, avait même diagnostiqué Sguilario. Peut-être une poussée de malaria. Gaby brûlait, elle avait mal au dos et aux membres, elle restait allongée sur le lit, elle regardait Ini qui jouait à côté d’elle, dans un halo. Les tisanes et les compresses vinaigrées de Sguilario n’eurent d’autre résultat que de déclencher plus tôt les vomissements et les maux de tête. Gaby souffrait tant qu’elle restait recroquevillée sous les draps, les mains appuyées sur son crâne. Elle n’ouvrait plus les fenêtres. C’était terrible, cette lumière du printemps qui filtrait à travers les persiennes, avec les roulades interminables du serin de la vieille Madame Müller, et les cris stridents des martinets dans le ciel. Ini restait immobile, assis par terre auprès du lit, à guetter l’arrivée de son bourreau.

Un après-midi, pourtant, Gaby sortit de sa torpeur. C’était la fièvre qui lui donnait des forces, qui lui faisait comprendre. Elle était pâle et maigre, avec des yeux brûlants, les lèvres bleues de froid. « Je vais mourir. » Elle disait cela lentement, et c’était une pensée glacée, enivrante à la fois, qui l’obligeait à marcher. Tout à coup Sguilario la vit devant lui, droite et forte dans sa chemise de nuit, avec sa chevelure grise emmêlée par la fièvre, et ce regard surtout, qui le brûlait dans la pénombre. Il lâcha Ini qu’il tenait à moitié sous lui. Il se mit à reculer. Il crut un bref instant qu’elle avait recouvré la vue. « Je ne voulais pas… je ne savais pas… » Il avait peur, il cherchait à gagner du temps, pour atteindre la porte. Le regard bleu de Gaby luisait comme une arme. « Allez-vous-en ! Sortez d’ici, ne revenez jamais ! » Elle serrait Ini contre elle. Elle criait, maintenant, et cette voix qui venait de ce corps rongé par la maladie faisait frissonner l’homme, l’obligeait à fuir. « Allez-vous-en ! Allez-vous-en, ne revenez jamais plus ! » Quand elle fut sûre que Sguilario était parti, elle s’appuya sur Ini et elle retourna vers le lit. La pensée de la mort ralentissait son corps, le rendait étranger. Elle prit la main d’Ini, elle la serra longuement.

C’est la faim qui sauva Gaby. Quand il eut fini de manger tous les biscuits, les croûtons de pain et les pommes de la cuisine, Ini alla gratter à la porte de Madame Müller. La vieille dame entra dans l’appartement derrière lui, elle vit d’un seul coup d’œil la saleté, l’abandon, les linges souillés, et Gaby toute blanche sur le lit, les yeux teintés de sang. « Seigneur… » C’est tout ce qu’elle put dire. Malgré son âge, elle sortit téléphoner. Le médecin ordonna le transfert immédiat à l’hôpital. « Méningite cérébro-spinale » dit-il à Madame Müller. « Elle est perdue. Qui va s’occuper de l’enfant ? » Madame Müller prit Ini chez elle, en attendant de pouvoir trouver une place dans une institution. La maladie de Gaby fut longue et difficile, elle guérit enfin, mais elle avait complètement perdu la vue. Elle retourna quelque temps dans l’appartement sous les toits, puis, grâce à l’argent de la pension arrivé miraculeusement, elle put trouver une petite chambre au Carmel, dans une vieille maison éclairée par le soleil, comme celle où Ini était né.

Quand il entra chez la vieille Madame Müller, Ini parla pour la première fois. Dans le petit appartement sombre, une fenêtre donnant sur la cour était décorée d’une tulipe rouge que le soleil allumait. Ini marcha jusqu’à la fenêtre, il toucha le vitrail. « Lu-mière. » Ce furent ses toutes premières paroles.

La vieille dame comprit qu’il se passait quelque chose de miraculeux. Elle fit entrer Ini dans une institution spécialisée, puis il alla à l’école. En moins d’un an, il avait rattrapé le retard. Il savait lire et écrire, calculer. Il se passionnait pour les sciences naturelles, pour la physique. Sa seconde chance fut un professeur de sciences naturelles, converti au bouddhisme, Charles Behr, qui se prit de passion pour cet enfant presque sauvage. Chaque jeudi, chaque dimanche, ils partaient sac au dos pour de longues promenades à travers les collines, à la recherche de nids d’oiseaux, de fossiles, de plantes, de têtards.

Maintenant, grâce à l’argent de la pension qui arrivait régulièrement, Gaby n’avait plus de soucis pour l’avenir, pour l’éducation d’Ini. Quand l’homme de la Barclay’s est venu la voir, dans la petite chambre du Carmel où elle se reposait, elle s’est animée, elle a tendu les mains vers lui, pour toucher son visage, le front, les yeux. L’employé de banque était gêné, il avait presque peur.

« Enfin, il a fallu tout ce temps ! » Gaby a dit cela sans amertume, avec une sorte d’amusement. L’homme lui a fait signer les papiers, en guidant sa main, il est reparti précipitamment. Il ne lui a pas dit la vérité sur cette pension. Il est possible qu’elle ne l’ait jamais sue.

Maintenant, assise dans son fauteuil d’acajou, le seul souvenir qui lui reste de l’île, elle est toujours belle, à cinquante-six ans, si élégante, avec son épaisse chevelure d’un noir intense où courent à peine quelques fils d’argent, cette natte qu’elle ramène sur l’épaule droite, comme autrefois, quand elle allait se baigner à la rivière avec Ananta. Son visage aux paupières fermées est harmonieux. Mais elle n’est pas indifférente, ni lointaine. Tous les hommes ont passé, l’orage de la vie les a dispersés, la guerre les a réduits en cendres. Il y a eu ce grand embrasement, lorsque Gaby est tombée malade, et tout a disparu dans cette brûlure. Maintenant, la paix est en elle, la souffrance a poli son visage comme une eau.

Le désir est entré en elle de retourner là-bas, chez elle, dans son île, à Vacoas. C’est un désir très fort, continu, qu’elle ne comprend pas elle-même. Après la terrible maladie, Gaby était dans cette chambre du Carmel, seule, à bout de forces. Dans son lit, elle restait immobile, comme si ses bras et ses jambes avaient été brisés. Elle restait immobile, avec seulement cette lueur vague devant les yeux, comme autrefois, quand elle regardait le jour se lever à travers la moustiquaire.

À l’aube, quelque chose est venu, s’est approché. Gaby était aux portes de la mort. Elle écoutait le bruit, un bruit à la fois très doux et violent, qui venait de l’autre bout du monde, un froissement incessant qui grandissait au fond d’elle, réveillait sa mémoire. Elle s’est mise à trembler. Elle ouvrait la bouche pour appeler, mais comme dans les mauvais rêves, aucun son ne sortait de sa gorge. Le bruit grandissait, grandissait, et à présent, elle le reconnaissait. C’était le bruit de la pluie qui arrive, comme autrefois, dans la maison de son père. Le toucher léger et insistant des gouttes sur les toits de zinc, le murmure des gouttières, les ruisseaux coulant tous ensemble jusqu’à la grande mare qui se tache de sang.

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