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Jean-Marie Le Clézio: Printemps et autres saisons

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Jean-Marie Le Clézio Printemps et autres saisons

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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Gaby se nourrissait de pelures, de fruits qu’elle mendiait au marché, de trognons. Elle, jadis si rieuse et insouciante, était devenue sombre, anxieuse. La nuit, elle ne pouvait pas dormir. Enfermée dans la villa, derrière les volets bouchés avec du carton et du papier bleu, à cause du couvre-feu, elle écoutait les bruits, tressaillant quand le gravier des allées crissait sous les pattes d’un chat en maraude.

Les nouvelles venaient du nord. Les hommes revenaient de la guerre. Ils s’étaient échappés des camps, ils avaient marché à travers champs et montagnes, pendant des mois. Ils arrivaient par la Suisse, par les vallées de Savoie. Certains avaient traversé la mer, ils étaient en Algérie, au Maroc. D’autres étaient retournés dans leur famille, ils avaient retrouvé leurs rues, leurs maisons. Ils faisaient parvenir des lettres, par les curés, par les chauffeurs.

Mais Jean ne revenait pas. Depuis le jour de son départ vers le nord, il n’avait pas envoyé une seule lettre. La famille Prat était toujours la même, hostile, fermée. Elle ne voulait rien savoir de Gaby ni de son fils. Mais par la tante Colombe, Gaby sut qu’ils n’avaient pas eu de nouvelles. Jean était parti à la guerre, il avait été dévoré, il avait disparu, il ne restait plus rien de lui.

Gaby essaya de se renseigner auprès des gens qui étaient revenus du front, elle demanda aux prêtres. Personne ne savait rien. Personne n’avait vu Jean. Ils racontaient les soldats désarmés, errant dans la campagne, les généraux emmenés par les gendarmes menottes aux mains, les colonnes de civils qui fuyaient le long des routes, emportant leurs biens dans des poussettes d’enfant. C’était comme si les gens n’avaient plus de noms. C’était comme si personne n’avait plus de mémoire.

Gaby attendait, dans la maison aux volets fermés, dans le jardin envahi par les herbes folles. Les jours où la tante Colombe ne venait pas, Gaby ne s’habillait pas. Elle restait en robe de chambre, assise sur le fauteuil d’acajou, pendant qu’Ini jouait dans le soleil pâle de l’hiver.

Il y eut le départ de la Cinquième Armée italienne, en 1943, et l’installation progressive des Allemands. Un jour, des soldats sont venus, pour emporter les pneus de la Dodge, toujours garée dans l’allée centrale du jardin. Puis, un matin, sur le poteau du portail, apparut un signe étrange tracé à la craie, le dessin de deux créneaux. Gaby n’y avait pas fait attention, croyant que c’étaient des enfants qui avaient fait cela pour s’amuser, mais la tante Colombe devint pâle et agitée. « Tu sais ce que ça signifie ? Ta maison est réquisitionnée. Tu vas avoir à t’en aller. » Selon elle, c’était le propriétaire, Monsieur Gendre, qui avait dénoncé Gaby parce qu’elle ne payait plus son loyer.

Les jours qui suivirent, Gaby resta prostrée, assise sur le fauteuil devant la porte, sans même oser sortir. Ini jouait avec insouciance dans les allées du jardin, il s’amusait à imiter les cris des chats à demi sauvages qui bougeaient dans les massifs d’acanthes.

C’est la tante Colombe qui s’occupa de tout. Elle trouva le petit appartement sous les toits, non loin de chez elle, dans la rue Reine-Jeanne. Un matin, un officier de la Kommandantur, accompagné d’un gendarme français, est venu lui signifier l’expulsion. Elle avait vingt-quatre heures pour s’en aller. Par une belle matinée ensoleillée de décembre, Gaby quitta la maison des collines. Dans le char à bancs, elle avait empilé à la hâte les meubles, le linge, les affaires de cuisine. Elle s’est assise sur le fauteuil d’acajou qui brinquebalait au rythme des pas du cheval. Ini était assis sur ses genoux, ses cheveux blonds brillaient au soleil. Il riait aux éclats.

Ini ne parlait pas. Longtemps, Gaby avait feint de croire que ça n’était rien, un simple retard. La tante Colombe s’inquiétait. « Tu devrais le mener voir un docteur, un spécialiste. » Gaby se mettait en colère. « Mais il n’a rien, il n’est pas malade ! » Elle pensait qu’il avait le cœur faible, qu’il était timide. Il imitait le bruit des animaux, il riait facilement.

Gaby n’avait pas pardonné à la tante Colombe. Elle ne voulait plus la voir. Elle ne voyait plus personne. Maintenant, dans la mansarde voisine, vivait un homme du nom de Sguilario, un charlatan qui se disait guérisseur. Il avait écouté le cœur de l’enfant. « Quel âge a-t-il ? Dix ans ? Mais, Madame, savez-vous qu’il a le cœur d’un enfant de trois ans ? » Pour Gaby, les mots de Sguilario avaient été une révélation. C’était donc pour cela qu’Ini ne parlait pas. Il avait le cœur d’un enfant de trois ans. Il avait trois ans.

Il était si joli, quand il était tout petit, avec son visage lisse, sa peau fine et claire, ses yeux légèrement obliques d’un bleu myosotis, ses cheveux blonds. Il lui ressemblait tellement. Mais Gaby ne voulait même plus penser à ce nom. Lui, il n’avait jamais existé.

Quand, après la guerre, Gaby avait fait une demande de pension, l’armée avait refusé. Pouvait-elle prouver que son mari était mort à la guerre ? On avait de bonnes raisons de croire qu’il avait déserté au moment de la mobilisation générale. Il ne s’était jamais présenté à son poste, personne n’avait entendu parler de lui. Il avait reçu son ordre de route, et il était parti, sans uniforme, sans fusil. D’ailleurs beaucoup de soldats n’avaient pas reçu de fusil. Pouvait-elle seulement affirmer qu’il était mort ? Beaucoup d’hommes, au moment de la mobilisation, avaient tout abandonné pour ne pas aller au front. L’enquête devait suivre son cours, établir les faits. Elle serait prévenue. En attendant, Gaby n’avait plus rien pour vivre.

Elle s’était refermée. Elle ne voulait plus rien savoir, surtout pas de sa belle-famille. D’ailleurs, eux l’avaient reniée. L’affaire des robinets avait fait faillite. Il n’y avait eu aucun partage. Le produit de la vente des hangars n’avait pas suffi à rembourser les dettes. La mère Prat était morte d’une crise cardiaque, les enfants s’étaient égaillés. Ils étaient un peu partout dans le monde, en Angleterre, en Argentine, au Brésil. Des trafiquants, des chevaliers d’industrie. Solange, l’aînée, avait épousé un collaborateur, un espion des nazis, qui avait été exécuté à coups de revolver dans le restaurant du Lutetia. Elle était devenue à demi folle. Elle accusait Gaby d’avoir fait assassiner son mari, de l’avoir enterré dans le jardin de la villa des collines.

Gaby n’avait plus rien. Peu à peu, elle avait vendu tous les objets qui lui appartenaient, les souvenirs d’autrefois, du temps de son mariage, des années heureuses : les meubles en marqueterie, les coffrets, les assiettes à filigrane, l’argenterie. Elle avait vendu ses bijoux, un à un. Elle allait chez un brocanteur arménien du quartier des musiciens, un certain Amadouny, accompagné de son fils. Ses mains maigres sortaient de son sac, enveloppée dans un mouchoir comme si elle avait été volée, la bague de saphir clair que la tante Emma lui avait donnée avant son départ, et qui avait été rapportée des Indes par l’ancêtre Corentin, au temps des corsaires. Ini avait la même couleur d’yeux. Amadouny avait regardé longuement la bague. Il avait dit : « Si vous n’êtes pas obligée de la vendre, Madame, gardez-la. Je ne pourrai jamais vous donner ce qu’elle vaut. » Gaby avait haussé les épaules : « Si vous ne pouvez pas me donner ce qu’elle vaut, donnez-moi ce que vous voulez. » Avec la bague, Gaby avait payé les arriérés de loyer, l’épicerie, elle avait acheté des habits neufs pour Ini, et placé un peu d’argent à la banque.

Mais l’argent partait. Sguilario venait à chaque instant, il devait imprimer son livre, un livre qui révélerait au monde ses secrets, ses pouvoirs. Gaby, qui avait appris à se méfier de tout, accueillait avec enthousiasme cet homme bavard, rusé et corpulent qui savait si bien déceler ses misères. Elle lui donnait de l’argent, elle lui confiait des bijoux à vendre, des objets à monnayer. Des tableaux, des livres disparaissaient. La jolie pendulette de son mariage, qu’elle avait regardée si longtemps en attendant Ini, suivit le même chemin. Depuis la mort de la tante Colombe, il n’y avait plus personne entre Gaby et le monde. Sguilario le savait, il devenait de plus en plus pressant, de plus en plus audacieux. Maintenant, un voile couvrait les yeux de Gaby, comme une brume sur le bleu de ses iris. Peu à peu, le contour des choses s’estompait. Elle ne distinguait plus les traits des visages. Quand elle sortait dans la rue, elle avançait à petits pas, serrée contre Ini, son bras entourant les épaules de l’enfant.

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