Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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Il n’a pas voulu manger. Il m’a regardée, et il a dit à Morgane :

« Alors, c’est elle ? Elle est très jolie. »

Je me souviens que j’ai rougi, je ne sais pas pourquoi. Comme si j’étais quelque chose que Morgane avait trouvé dans la rue, ou dans un bar, au hasard.

Morgane l’a rembarré : « Écoute, tu ne vas pas commencer, laisse-la tranquille. » Mais lui continuait à me regarder avec ses yeux méchants, il répétait :

« Elle est très jolie, très jolie… »

Après tout, il était peintre. Il ne faisait pas de portraits, seulement des sortes de taches géométriques dans des couleurs plus froides que ses yeux, gris, bleu, vert, blanc.

On a mangé des pâtes, et Sacha buvait du whisky dans un grand verre où il ajoutait de temps en temps un peu d’eau Perrier. Après, il est allé se coucher. Avec Morgane, on est restées seules dans le living, à parler et parler. Je n’avais jamais parlé comme ça. Même avec Green, quand on était dans l’hôtel, et qu’on avait parlé sur le lit, ça n’était pas comme ça.

Avec Morgane, on glissait doucement, on allait de tous les côtés. On fumait, on écoutait de la musique. Elle a mis un disque de Mozart, puis un de Debussy, un de Beethoven, et Carmina Burana. Je buvais du whisky, c’était amer, ça faisait tourner la tête. De temps en temps, Morgane se levait, elle allait jusqu’à la grande vitre, elle regardait la nuit. Elle m’a prise par la main, elle m’a fait voir la nuit, la mer disparue, le vide, les étoiles des réverbères et les feux des autos sur des routes obliques. J’ai voulu ouvrir la fenêtre, mais la baie était verrouillée. Morgane a dit : « C’est à cause de Sacha. Quelquefois, la nuit, il se lève, il veut passer par la fenêtre. » Elle aussi, elle avait peur du vide. Elle s’approchait de la glace avec précaution, elle la touchait du bout des doigts avant de regarder.

C’était si bien. Je ne pensais plus à ma mère, ni à Monsieur Herschel, ni à Amie, ou si je pensais à eux, c’était comme je voulais faire, comme j’ai dit. Partir, dix, quinze ans, et quand je reviens, tout a changé, tout le monde m’a oubliée.

Ensuite, j’ai eu froid, je crois. Il y avait comme une brume dans la grande pièce. C’était peut-être à cause de la fumée des cigarettes. J’étais si fatiguée. Pendant que Morgane parlait, je me suis endormie. Les lumières étaient toutes grises. J’étais allongée sur les coussins, la tête appuyée contre mon bras, et Morgane était à côté de moi. Elle ne parlait plus à ce moment-là, je m’en souviens, et le dernier disque s’était arrêté. Il n’y avait que le bruit de la mer, comme une respiration, le bruit des pneus des voitures.

Il pleuvait. Morgane s’est penchée sur moi, je sentais son souffle sur mon visage. Sa main défaisait les boutons de ma chemise, je sentais ses doigts sur ma peau, curieusement ils étaient durs, noueux, on aurait dit des bouts de bois. C’était curieux, cette main qui touchait ma poitrine, le souffle chaud sur mon visage, mais je ne pouvais pas voir ses yeux, ni sa bouche, je voyais seulement son ombre, ses cheveux qui faisaient deux grandes ailes rouges de chaque côté de sa tête. Il y a eu un moment où je trouvais ça bien, puis il y a eu un moment où je n’ai plus supporté. Je me suis mise debout, j’ai rattaché maladroitement les boutons de ma chemise. J’ai dit : « Il faut que je parte d’ici. » Morgane a dit : « Non, écoute, il est tard, il pleut, tu ne peux pas t’en aller, reste. » Elle avait une voix enrouée. J’ai dit : « Non, il faut que je parte tout de suite. » Je cherchais autour de moi mes affaires, mon sac Liberty. Je ne savais plus où j’étais. Morgane a dit : « Écoute, reste dormir, tu partiras demain. Il est trop tard, où est-ce que tu vas aller maintenant ? » J’étais si fatiguée, je ne savais même plus où j’avais mis mon sac de plage. Je suis allée laver mon visage à l’eau très chaude, puis je me suis couchée dans la petite chambre, sur le matelas à même le sol. Morgane a dit : « Je vais dormir sur les coussins dans le living, si tu as besoin de quelque chose. » Elle n’a pas fermé tout à fait la porte, et dans le noir, j’ai surveillé le rai de lumière tant que j’ai pu garder les yeux ouverts.

Je suis allée au Café des Noctambules. Je ne veux plus retourner au Café des Aveugles, je n’irai plus jamais. C’est curieux, j’ai l’impression qu’il s’est passé des mois et des années, que j’ai vieilli et que tout a changé, que plus rien n’est comme avant, comme je voulais faire, comme j’ai dit. J’ai l’impression que je suis plus près de quelque chose, mais je ne sais pas de quoi. Peut-être que je ne vois plus comme avant. Ou alors, peut-être que je suis très fatiguée, comme après un long voyage.

J’ai voulu écrire encore une lettre. J’ai pris le fameux cahier de littérature, là où Mademoiselle Risso voulait qu’on écrive nos « cristaux » — elle raconte toujours la même histoire, les mines de sel de Salzbourg, les rameaux qui s’étaient changés en cristaux, et Stendhal. Il n’y en avait qu’un, je l’avais recopié dans un livre du Colonel, ça disait : « Le temps est un enfant qui joue au trictrac (Héraclite). » J’ai arraché encore une double feuille, au centre. J’ai commencé à écrire :

« Cher Monsieur. »

Mais j’avais beau regarder la page, je n’arrivais pas à commencer ma lettre. J’ai pensé que peut-être je n’avais rien à dire, rien qui me donne envie de le dire, à lui, ni à personne, surtout pas à lui.

Après cet après-midi dans l’hôtel, avec Green, je ne m’étais pas sentie différente. C’était comme s’il ne s’était rien passé. Pourtant, si j’avais été voir le docteur Haven, elle n’aurait pas pu dire en ricanant comme l’autre fois : « Ça ne se voit pas. » Après, je n’avais plus été vierge, et il y avait eu un peu cette souffrance et ce sang qui avait taché le drap, quand j’avais été ouverte, et normalement j’aurais dû être quelqu’un d’autre. J’aurais dû me sentir une femme, avec un corps et des seins de femme, des pensées nouvelles. Mais je n’y avais même pas pensé. Simplement, quand j’étais retournée à la Loge, j’avais senti une grande solitude. Ma mère ne savait pas. Elle avait dîné très tôt et elle s’était couchée dans l’alcôve. Quand j’étais rentrée, elle n’avait rien dit.

Je pensais que j’étais comme elle, maintenant, je pouvais avoir moi aussi un enfant caché dans mon ventre, et partir pour un autre monde. Ou bien traverser la mer, jusqu’à Mehdia, aller dans les dunes, jusqu’à Nightingale, au milieu des champs de sorgho et de haricots.

Après, Green n’était pas revenu, ni le lendemain, ni le jour suivant. Je suis allée dans le petit jardin qui tourne le dos à la mer, et là je l’ai vu. Il était avec sa femme et son petit garçon Mickey. Il y avait aussi son chien Tobie. Quelquefois je ne me souvenais plus si c’était le chien qui s’appelait Mickey et le garçon Tobie. Green riait, il jouait avec le petit garçon, il ne voyait rien d’autre. Sa femme avait de belles lunettes de soleil cinéma, de beaux cheveux blonds. J’étais à moitié cachée derrière une charmeraie, je les regardais qui riaient et s’amusaient. Le petit garçon était assis par terre dans l’allée, il jouait à lancer en l’air une petite auto. C’est pour cela que j’avais écrit sur le cahier de littérature la phrase d’Héraclite. C’était il y a deux mille cinq cent ans, c’était maintenant.

Puis un jour, j’avais téléphoné chez lui, comme ça, sans réfléchir. Il m’a dit, très vite, comme si je le dérangeais : « Rappelle demain matin, à neuf heures. » J’ai rappelé n’importe quand, surtout pas à neuf heures. « Allô ? Allô ? » C’est drôle, une voix qui dit allô ? dans le vide. C’était la voix de sa femme. Elle avait une voix désagréable, un peu trop aiguë.

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