Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons

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Printemps et autres saisons: краткое содержание, описание и аннотация

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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J’entends sa voix qui dit assez bas, avec un ton de blague qui ne va pas avec ses yeux :

« On pourrait faire un ballet, un petit ballet à quatre yeux. » Il prononce : « Quatre-z-yeux. »

Bon, je hausse les épaules et je m’en vais sans rien dire. J’entends sa voix qui crie des noms, une voix aigre, désagréable, méchante :

« Mireille ! Carmen ! Pamela ! »

Il devait vraiment se demander de quel pays j’étais !

J’ai acheté un journal au kiosque, je suis entrée dans un bar du bord de mer, pour me réchauffer. C’est calme et luxueux, comme le restaurant où j’étais allée avec Green. Il y a des banquettes en moleskine grenat, des tables en marbre. Il y a une musique de somnambules. Ce n’est pas mal.

J’ai acheté le journal pour les annonces de boulots. Très vite je vois qu’il n’y a rien pour moi. Rien que des dactylos et des secrétaires bilingues. Je suis bilingue, mais sans illusions. Il y a aussi les annonces bidon, belle j.f. pour défilés mode, plastique impec., ou peintre réputé cherche modèle f. pour poser nue.

Peut-être que je pourrais retourner travailler à garder Martial, le fils de la parfumeuse. Il n’est pas très méchant. Il est petit et maigre, avec une tignasse rousse emmêlée et des taches de rousseur sur la figure et sur tout le corps. Il a un nez mince et effilé. Il a de beaux yeux jaunes, cernés. Je crois que c’est parce qu’il se masturbe tout le temps. Sous son lit, il a une collection de revues porno, même des américaines et des allemandes. Il m’a dit qu’il a commencé l’allemand en sixième. C’est une belle langue, il me lisait en déclamant ce qui était écrit à côté des photos porno. Ça, c’était quand même drôle, et on terminait par des fous rires.

Quand sa mère arrivait, il entendait le bruit de la voiture dans la rue, et il cachait toutes les revues sous son lit. « Pourquoi tu ne lis pas autre chose ? » Je lui ai posé la question.

Quelquefois, il était vraiment horrible. Après le dîner, quand sa mère était sortie pour aller au cinéma avec son petit ami, Martial mettait les doigts dans sa bouche pour vomir tout ce qu’il avait mangé. Je ne sais pas pourquoi il faisait cela. Après, il était tout pâle et malade, il s’allongeait sur le divan et il geignait. Il ne voulait pas parler. Il m’a dit qu’il avait appris à se faire vomir quand il était tout petit, son père habitait encore avec sa mère.

La parfumeuse ne parlait jamais de cela. Pourtant elle le savait sûrement. Martial m’a dit qu’il l’avait fait devant elle. Peut-être qu’il voulait seulement qu’on s’occupe un peu de lui. Peut-être qu’il voulait avoir l’air horrible. Après, il était pâle comme un mort, avec un drôle de regard terne et brouillé. Je crois que je n’aurai pas le courage de retourner là-bas.

Morgane habite un grand appartement, dans un immeuble moderne d’où on voit la mer partout devant soi, comme si on était au sommet d’une falaise. C’est la première fois que je viens chez elle. Jusqu’à présent, on se voyait au Café des Aveugles, ou bien dans la rue. Je me demandais comment ça se faisait qu’on se rencontre si souvent au hasard, dans les rues de la vieille ville. Je sortais de la Loge, je prenais la rue Rossetti, j’allais jusqu’à la fontaine où se réunissent les clochards, puis à gauche jusqu’à la petite place que j’aime bien, où il y a cette fontaine qui fait sa musique, et Morgane était là, assise sur le rebord de pierre, en train de fumer une cigarette comme si elle n’attendait personne.

J’étais si fatiguée, je ne savais plus où aller. J’ai téléphoné à Morgane. J’avais son numéro, elle l’avait écrit sur la première page d’un livre qu’elle m’avait prêté, elle disait qu’elle n’avait jamais lu un livre aussi beau, A Sibila d’Agustina Bessa Luis. Au téléphone, elle avait une drôle de voix un peu étouffée, un peu filtrée, elle a dit : « Viens tout de suite, ma chérie, ou plutôt, non, reste où tu es, je viens te chercher. » Je l’ai attendue près de la cabine téléphonique, le long du mur qui borde le petit jardin de Green. Les autos roulaient devant moi, ça faisait un bruit de rivière en crue, un bruit de mer en tempête. Je fermais les yeux. Il y avait des autos qui ralentissaient, ils devaient croire que j’étais une prostituée, ils m’appelaient, ils disaient des noms : « Mireille ! Carmen ! » ou bien : « Fatima ! » Ou peut-être comme l’autre type à cheveux gris : « Un petit ballet à quatre-z-yeux ! »

Je ne sais pas pourquoi, je croyais que Green allait arriver, avec sa moto, au bon moment. Il passerait justement par là, il soulèverait son casque, il sourirait, comme lorsqu’il venait m’attendre à la sortie du lycée.

Morgane est arrivée dans son taxi. Elle ne veut pas conduire, elle dit qu’il faut passer un examen, elle ne veut plus d’examens. Elle va à pied, ou en taxi. Je suis montée dans le taxi, elle m’a embrassée. « Mais qu’est-ce qui t’arrive, ma Libbie ? Dans quel état tu es, je parie que tu n’as rien mangé depuis des jours, tu es prête à tomber. Tu aurais dû, il fallait m’appeler, venir, tu sais bien que je ne sors presque pas, il y a tout le temps quelqu’un, Sacha, ou Mina, il fallait venir tout de suite, pas errer dans les rues, tu ne te rends pas compte. »

Elle parle vite et beaucoup, et moi j’ai la tête renversée en arrière sur le dossier, j’ai l’impression que je suis en train de tomber. C’est vrai, je me rends compte maintenant que j’étais sur le point de m’écrouler, encore quelques minutes, quelques pas dans la rue et je serais tombée par terre.

« Je ne voulais pas… Je croyais… » Je bafouille.

« Tu ne voulais pas quoi, me déranger ? Tu ne te rends pas compte, arrête ton cinéma, je t’en prie, tes foutues politesses. Me déranger, toi ! »

Elle m’a installée dans une petite chambre rose, à l’arrière, sur la cour. « Là tu seras tranquille. C’est mon bureau, si tu vois ce que je veux dire. Le matelas par terre est bon, moi je dormirai dans le living. Sacha habite l’autre moitié, tu le verras si ça te chante. Tu ne gêneras personne. Et personne ne te gênera. »

Elle est sortie faire des courses. Je me suis allongée sur le matelas, et j’ai dormi.

Quand je me suis réveillée, il était tard. J’ai marché pieds nus jusqu’aux toilettes. Morgane était dans le living, comme si elle m’attendait. Par la grande baie vitrée, j’ai vu le soleil en train de se coucher. La mer était déjà toute grise, laide. Mais le ciel était d’un jaune magnifique.

Morgane m’a fait asseoir. Il n’y avait pas de sièges dans la grande pièce, seulement des coussins partout, de toutes les couleurs. Morgane a allumé un bâton d’encens.

« Tu as faim ? J’ai préparé des pâtes fraîches. »

Un jour, on avait mangé ensemble, dans un petit bistro italien, j’avais goûté à toutes les pâtes. Il y avait un plat dont le nom m’avait fait rire, ça s’appelait mierda de can.

J’aimais bien être ici. On était suspendu, entre ciel et mer, on n’était nulle part. Il y avait une musique un peu monotone qui venait d’un haut-parleur caché, comme chez le dentiste. C’était doux et triste, ça montait et ça descendait avec un bruissement de tambours. C’était turc, ou persan, je ne sais plus.

Après, on a mangé les pâtes dans des bols. Sacha, le mari de Morgane, est venu. Je ne l’avais jamais vu. J’ai été un peu étonnée, parce qu’il était vieux, l’air malade. Il soufflait fort. Il avait un front très haut, dégarni, qui brillait. Il avait dû être grand et fort, et maintenant il était lourd, maladroit, voûté. Mais il avait des yeux bleu acier très froids. Il posait son regard sur vous, et ça faisait une impression de distance, de méchanceté indifférente. J’ai pensé tout de suite qu’il haïssait Morgane, qu’il me haïssait aussi.

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