Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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C’étaient ces mots qui résonnaient en moi, parce que je devais apprendre plus tard que j’étais moi aussi une enfant trouvée, et je frissonnais comme si j’avais deviné dans le livre ma propre histoire, et que Remi était mon frère.

J’ai attendu longtemps, au Café des Aveugles, mais Morgane n’est pas venue.

Alors j’ai recommencé à marcher. À midi, le monde se pressait sur le grand boulevard. Il y avait des lycéens. J’ai mis mes lunettes noires pour que personne ne me reconnaisse. Dans une encoignure de porte, un gitan jouait de la guitare et chantait en espagnol pour une toute petite fille qui l’écoutait en mangeant une sucette. C’était bien. Maintenant je n’étais plus anxieuse ni impatiente. J’avais en moi du bonheur. C’était peut-être le gitan et sa guitare, ou parce qu’il y avait un couple d’amoureux qui avançait sans voir personne, ou au contraire une vieille femme avec de drôles de chaussures de tennis qui traversait le boulevard sans se soucier des autos.

Je pensais que j’étais libre d’aller où je voulais. Je pouvais partir, ne jamais revenir. C’est une impression vraiment extraordinaire : rien ne peut vous retenir, vous partez et tout ça, cette ville, ces rues, ces gens n’existeront plus. Il y a d’autres villes, Bruxelles, ou Rome, ou Londres, par exemple. Il y a d’autres gens, d’autres yeux, d’autres paroles.

Je me souviens de mon arrivée ici, quand Monsieur et Madame Herschel ont quitté Mehdia, et que le Commandant Quéré est entré dans le port de Marseille. Je ne me souviens pas bien de ce qu’il y avait avant, Tanger, Oran. Je me rappelle seulement la ligne de la côte, cette bande grise dans l’aube, les cris des mouettes. Amie dormait encore dans la cabine, elle avait été malade toute la nuit. Je m’étais réveillée sur le pont, les vêtements mouillés par les embruns. Le Colonel était venu me rejoindre. Il était pâle, fatigué. J’ai pensé pour la première fois qu’il était vieux.

Nous avons regardé la côte grise, l’entrée du port, les montagnes crayeuses. J’avais la gorge serrée, parce qu’on arrivait, je savais qu’il allait falloir trouver cette ville, ces gens, faire sa place. En même temps, j’avais comme de la fièvre, mon cœur battait vite, j’allais peut-être trouver un secret, un trésor.

Bon, je suis allée dans le fameux petit jardin adossé à la mer. J’aimais bien ce jardin. Il n’y a personne en général, seulement quelques vieux qui papotent au soleil. Je m’asseyais du côté de la haie de troènes, à l’abri du vent, là où j’étais venue la première fois, avec Green.

Green habite dans le grand immeuble blanc, de l’autre côté du jardin. De l’endroit où j’étais assise, je pouvais surveiller le balcon de son appartement, les fenêtres du living. Quelquefois Green descend dans le jardin, entre midi et deux, avec sa femme et son fils. Sa femme est grande et belle, avec une longue chevelure blonde et soyeuse qui brille au soleil. Elle a des vestes en fourrure, du renard, du loup, quelque chose comme ça, de moche. J’ai dit un jour à Green : « Comment peut-elle porter des peaux d’animaux ? » Il a haussé les épaules. Il s’en fiche. Il n’aime pas que je lui parle de sa femme. Quelquefois il vient dans le jardin tout seul, avec un bouquin. Il s’assoit sur un banc, il attend que je vienne lui parler. Sa femme vient le rejoindre, et je dois m’en aller. Son fils s’appelle Mickey. Il est joli, il a beaucoup de cheveux noirs très bouclés, des yeux qui rient tout le temps.

Je reste là, dans l’ombre des troènes, je les regarde. Souvent, il ne me voit même pas. Mais sa femme me reconnaît. Elle a un drôle de regard, rapide, méchant. Ça veut dire : « Je t’ai vue. » Je me lève, il faut que je m’en aille. Je marche comme si ça m’était bien égal, comme si je n’avais pas peur. Mais j’ai les jambes en coton et les oreilles qui bourdonnent. J’ai le cœur qui bat trop vite, mes pensées se bousculent. Je pense que je suis une idiote, que je n’ai que ce que je mérite. Je pense que c’est la dernière fois que je viens dans le jardin, que je ne reverrai plus jamais cet homme. Et puis, tout de suite après, je pense que je suis libre d’aller où je veux, de parler à qui je veux. Rien n’a vraiment d’importance. Ça me paraît dans le fond incroyable que cette femme soit jalouse, elle qui est si belle, qui a de si beaux cheveux.

Un jour, Green m’a emmenée sur sa moto, sur la grande route qui longe la mer. C’était encore un peu l’hiver, parce qu’il faisait froid, et les vagues roulaient sur les galets. On est restés tout l’après-midi sur la plage, à l’abri derrière les barques échouées. Puis on est allés dans un petit hôtel, juste devant la mer. C’était bizarre, c’était la première fois que j’allais dans une chambre d’hôtel avec quelqu’un. Ça n’avait pas l’air tout à fait vrai.

Toute la fin de l’après-midi, on est restés assis sur le lit, sans rien faire d’autre que parler. Il y avait le bruit de la mer qui entrait par la fenêtre. Green me parlait de ses voyages, à l’autre bout du monde, en Inde, en Indonésie. Il voulait être un grand reporter, aller dans les pays où il y a des choses terribles à révéler au monde, la guerre en Algérie, l’Indochine, l’esclavage des Indiens en Amérique du Sud. C’était ça qu’il voulait faire, et non pas les chiens écrasés. Il disait que je pourrais partir avec lui, on traverserait le Sahara. À un moment, il m’a regardée, il a dit : « Saba, tu es belle, je voudrais te peindre en liberté. » Je lui ai dit que ça tombait bien, c’était ce que voulait dire mon nom, Libbie. Je ne sais pas comment ça s’est fait, il a commencé à m’embrasser, sur le bras, puis sur la bouche. Peut-être qu’il savait ce qu’il faisait. Il avait l’air d’avoir une certaine habitude, pas comme Lucien. C’est bizarre, moi je ne savais pas que ça devait se passer comme ça, je n’y avais jamais pensé en venant avec lui dans cette chambre d’hôtel.

Vers le soir, il s’est endormi. Il restait étendu sur le dos, la tête appuyée contre moi. Il avait de la barbe qui avait poussé sur ses joues, il avait l’air fatigué. Je pensais à sa femme et à son fils qui devaient l’attendre, dans l’immeuble blanc, à côté du petit jardin. Je pensais qu’il allait inventer quelque chose pour expliquer son retard. Il parlerait de son travail, ou bien de sa moto qui était tombée en panne. Sa femme ne le croirait peut-être pas. De toute façon ça n’avait aucune importance.

J’avais un goût bizarre dans la bouche. Je me suis levée pour aller prendre une douche et me brosser les dents. Quand je me suis levée, il a poussé un drôle de cri, il s’est réveillé, il m’appelait : « Saba ? Saba ? Où es-tu ? » Je ne voulais pas répondre, il avait une voix trop aiguë, et puis je suis sortie de la salle de bains, je lui ai dit : « Qu’est-ce que tu as ? » Il s’est habillé à la hâte. Il a dit : « Il faut que je parte. » Je lui ai dit : « Reste encore cinq minutes. Après tu iras où tu voudras. » Je sentais la solitude. C’était bête, je savais exactement ce qui m’arrivait, et pourtant je ne pouvais rien y changer. Je ne voulais rien lui demander. Je ne voulais pas lui parler de sa femme, de son fils. On a fumé des cigarettes. Moi je faisais semblant, je n’avalais pas la fumée, ça m’écœurait. Il faisait comme s’il ne pensait à rien, mais je voyais bien qu’il attendait le moment de s’en aller. Je me suis habillée, moi aussi, à la hâte. « Allez, on s’en va, maintenant. » Il essayait de m’embrasser. « Va-t’en, prépare-toi, il faut qu’on rentre maintenant. » Finalement on est partis en quelques secondes. On est passés devant la réception, sans même dire au revoir. La Terrot a eu quelques difficultés à démarrer, à cause du joint de culasse. Après, on est allés à toute vitesse sur la route. C’était la nuit.

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