Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons

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Printemps et autres saisons: краткое содержание, описание и аннотация

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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À Nightingale, quand le jour se levait, j’étais dehors avant tout le monde. Lassie était avec moi. Lassie, elle est arrivée chez nous un jour, sans qu’on sache d’où. Elle était sloughi, avec une belle robe beige sans tache, et Amie lui avait trouvé ce surnom, à cause des films qu’on avait vus au Centre culturel américain. Au début, elle ne se laissait pas approcher, et quand on lui donnait à manger, elle attendait qu’on se soit éloignés pour venir jusqu’au plat. Elle mangeait avec les oreilles rabattues en arrière, sans cesser de nous observer. Et un jour, sans que je comprenne pourquoi, elle est restée quand je me suis approchée d’elle. Je l’ai caressée doucement, sur la tête, le long du nez. Elle s’est laissé faire. Je l’ai embrassée. Je lui ai dit son nom dans l’oreille, doucement : « Lassie, Lassie… » On est devenues les meilleures amies du monde.

C’est à ça que je pense, allongée sur le lit, dans l’appartement de la Loge, avec les coups de mon cœur, les bruits de l’aube dans les ruelles, la lumière grise qui passe par la fenêtre de la pièce où dort ma mère. Il me semble que c’est le même jour qu’autrefois, à Nightingale. Je vais bientôt sortir, je vais chasser le froid à travers les champs de blé, réveiller les cailles et les courlis, et la chienne sera juste derrière moi, les oreilles dressées, les yeux brillants. Je la vois, je sens son haleine sur mes jambes nues, j’entends le bruit haletant de sa respiration. Dans un creux de terrain, je vais tomber par terre dans la terre douce et tiède comme du sable, et Lassie sera avec moi, je sentirai la vie dans son corps, elle mordillera mes mains.

Quand le Colonel Herschel a décidé de quitter Mehdia, après les massacres de Khénifra, à la fin de l’été, il n’a rien dit. Un jour, il a emmené Lassie dans la Hillman Imp verte. « Qu’est-ce qu’il va faire ? » J’ai demandé cela à Amie, et ma voix devait être bizarre, parce que j’avais deviné. « Pourquoi le Colonel emmène Lassie ? » Amie ne mentait jamais. Elle était accablée. Elle restait assise dans le fauteuil pliant, devant la porte. Pour la première fois, je crois qu’elle m’a menti. Elle a dû parler du vétérinaire, d’un vaccin, de gens qui allaient adopter Lassie, je ne me rappelle plus. « Ça n’est pas vrai, elle va mourir ! On va lui faire une piqûre pour la tuer ! Elle va mourir, elle va mourir ! » Je suis partie en courant, à travers les champs, à travers les dunes. Je suis allée loin, jusqu’à la rivière. Les pêcheurs revenaient avec leurs casiers, ils tiraient les barques sur la plage. D’autres remontaient le fleuve, dans les felouques aux voiles penchées, en suivant l’onde de la marée. Tout le jour j’ai couru dans les dunes, le long de la mer, devant les villas vides. Je me souviens de cette journée-là. Le ciel était si beau et si clair, la mer d’un bleu profond, avec les nappes d’écume qui étincelaient. Je ne pleurais pas. Je courais pour ne pas pleurer. Je ne voulais pas sentir le vide.

Après, je n’ai jamais plus parlé de Lassie, à personne. Je ne voulais surtout pas qu’ils en parlent. Elle était sortie de ma vie, pour toujours.

La nuit, dans l’appartement de la Loge, c’était bien quand même, parce qu’il y avait tous ces bruits. La respiration de ma mère dans l’alcôve, les gens qui marchaient dans les ruelles, et je m’exerçais à reconnaître les pas : les pas pressés des gens qui rentraient tard du travail, les pas furtifs des vieilles, les pas traînants des clochards et des ivrognes. Quand il n’y avait vraiment aucun bruit, j’entendais le sanglot lointain de la fontaine, sur la place. Quelquefois, il y avait tout d’un coup un poste de radio allumé dans la nuit, ça faisait un bruit de musique espagnole, ça s’arrêtait. Il y avait les coups lents des heures au clocher de la cathédrale, et en hiver le vent qui soufflait dans les gouttières, la pluie qui glissait sur le toit, comme un bruit de la mer. C’était bien d’être les yeux ouverts et d’écouter les bruits, ça m’emmenait loin, jusque de l’autre côté de la mer, jusqu’à Mehdia. Les souvenirs s’accrochaient à la nuit, c’était autrefois, c’était hier, c’était la même chose. Quand Monsieur et Madame Herschel sont venus habiter la Roseraie, l’étage de cette vieille maison un peu décrépie sur la colline, avec ce jardin aux acanthes, tout était silencieux et vide. Il n’y avait pas de souvenirs. La vie s’était arrêtée au moment où ils étaient montés sur le pont du Commandant Quéré, pour regarder s’éloigner la ville blanche au bord de la mer.

La nuit, j’ai l’impression que rien ne peut changer, que le temps s’arrête et flotte dans le silence. Ici, dans l’appartement de la Loge, je suis vraiment seule, personne ne pourra me dire ce que je dois faire. Mon nom, mon âge, ma famille, mon lycée, mes amis, j’invente tout, je suis libre d’en faire ce que je veux.

Je me rappelle, la fois où je suis partie dans la nuit. C’était cet été où tout s’est décidé, l’été où les récoltes brûlaient, où les villes brûlaient, où les soldats marchaient dans les rues. Je me souviens, parce que l’air était encore frais dans la nuit, le ciel était rempli d’étoiles. Je voulais voir le ciel, guetter les météores, je voulais entendre les criquets chanter. J’avais de l’électricité dans tout le corps, je ne pouvais pas dormir. J’écoutais le bruit du vent dans les tamaris, le grincement de l’éolienne au bout des champs, j’écoutais le crissement continu des insectes, ça faisait un bruit qui gonflait et décroissait, pareil à la mer. Plus loin, quelque part dans les arbres, la chouette sifflait à intervalles réguliers, comme quelqu’un qui appelle.

Ma chambre était très grande à Nightingale. C’était l’ancienne salle à manger. Quand j’avais eu dix ans, je ne voulais plus dormir dans la même chambre qu’Amie, alors elle avait mis mon lit dans cette pièce. Il y avait deux portes-fenêtres très hautes, et à travers les lattes des volets, je voyais la lumière de la nuit. Jamais je n’ai revu une lumière pareille, blanche, brillante, qui accrochait des étincelles sur les murs et sur le plafond. Je croyais que c’étaient ces étincelles que je respirais, qui entraient en moi, me faisaient tressaillir. Mon cœur battait vite et fort. J’ai mis un pull par-dessus ma chemise de nuit, j’ai ouvert les volets, je suis sortie pieds nus dans la nuit. Mon cœur battait comme si j’allais affronter des dangers.

J’ai marché dans les champs, jusqu’à la rivière. À un moment, j’ai eu peur, parce qu’une ombre venait vers moi. C’était Lassie. Elle a peut-être compris, parce qu’elle n’a pas aboyé. Elle m’a suivie, en trottant un peu de travers comme elle faisait. Je me sentais rassurée avec elle.

J’ai marché à travers les champs de sorgho. Je me souviens du bruit des lames dans le vent, de la couleur de la lune. La lune était belle et ronde ; Amie disait que c’était parce que des bébés allaient naître. C’était brillant, étincelant, c’était bien, avec le vent froid qui soufflait sur la terre froide, les bruits stridents des insectes, le murmure de la rivière qui grandissait entre les dunes. Les tiges des sorghos étaient plus hautes que moi, j’avançais sans voir où j’allais, guidée seulement par mon instinct. Mon cœur battait dans ma poitrine, dans mes tempes, je sentais une sorte de vertige. Jamais je n’avais compris à quel point c’était bien d’être seule au milieu des champs, d’aller par des sentiers que j’inventais, de disparaître sous les sorghos. Il y avait l’odeur âcre des plantes, je sentais sous mes pieds les mottes de terre dures, les feuilles coupaient mes lèvres. Et quand je levais le regard, je voyais la lune des bébés qui étaient en train de naître.

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