Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons

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Printemps et autres saisons: краткое содержание, описание и аннотация

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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Quand le soir est venu, la fiancée et sa mère sont parties pour l’autre maison, et avec ma mère j’ai suivi le groupe des femmes. Il faisait déjà sombre dans la ruelle, il n’y avait pas encore de feux allumés dans les maisons. Je sentais une impression très forte, je ne l’ai jamais oubliée, c’était comme de la peur, et en même temps j’avais très envie de voir ce qui allait arriver. Mon cœur battait la chamade. Le froid de la nuit arrivait, il y avait une brume qui recouvrait les étoiles brillantes.

Dans l’autre maison, la fête avait commencé. La cour était très grande, déjà pleine de monde. Dans la cour, les braseros rougeoyaient, des femmes éventaient les charbons avec des soufflets, et des odeurs étranges montaient, se mêlaient à la fumée. Je n’avais jamais senti des odeurs comme celles-là. Cela sentait le cumin, le poivre, le gingembre, la coriandre. La fumée du piment grillé prenait à la gorge, empêchait de parler. Je suivais ma mère, je m’accrochais à sa robe tellement j’avais peur de tout. J’étais émerveillée.

À un bout de la grande cour, des hommes étaient assis, enveloppés dans leurs manteaux de laine, ils fumaient des cigarettes, et la lumière des braseros éclairait leurs visages. Ma mère m’a montré l’un d’eux : « Regarde, c’est le fiancé de Jamila. »

Les enfants couraient dans la cour pieds nus, les filles riaient et leur jetaient de petits cailloux, ou des noyaux. Je suis restée assise par terre à côté de ma mère, pendant qu’elle préparait à manger devant un brasero. Elle avait mis des morceaux de viande à cuire dans une marmite à pression sans couvercle, cabossée et noircie, comme je n’en avais jamais vu. J’écoutais l’huile crépiter, je respirais l’odeur de l’ail et de l’oignon. Je m’étais mise tout près du brasero, à cause du froid de la nuit, et puis la lumière rouge du charbon me rassurait. Des enfants venaient s’asseoir à côté de moi, ils me parlaient dans leur langue chleuh. Il y avait des filles qui touchaient mes cheveux, ma robe de petite fille française, elles regardaient avec curiosité mes chaussures vernies. Elles riaient, elles se moquaient un peu, puis elles allaient ailleurs.

Je me souviens d’un visage, je ne l’ai jamais oublié. Longtemps, j’ai pensé que ça devait être elle, Jamila, celle qui s’était mariée cette nuit-là. Mais j’ai compris ensuite que ce n’était pas possible. Pendant que la fête commençait, la fiancée devait rester cachée dans une chambre, avec sa mère et ses parentes, avec tous ses voiles pour le mariage. Cette jeune fille est venue à côté de moi, et son visage éclairé par le brasero est resté marqué dans ma mémoire. Elle était si jeune, à peine sortie de l’enfance. Ses yeux étaient longs, entourés d’un mince fil de khôl, ils luisaient d’un noir profond dans la nuit, et l’arc parfait de ses sourcils donnait à son visage une expression de tristesse étrange au milieu du bruit et de l’agitation joyeuse de la fête. La jeune fille s’est assise devant le brasero, elle s’est tournée vers moi et elle m’a regardée avec ses yeux profonds qui m’interrogeaient. Je ne savais pas ce qu’elle voulait, mais elle demandait quelque chose, comme cela, rien qu’avec ses yeux, et maintenant encore ça me trouble et ça fait battre mon cœur. Je me souviens aussi qu’elle avait quelque chose d’extraordinaire, entre les yeux, sur la peau du front, une marque tatouée en forme d’étoile, en forme d’insecte. Elle me regardait sans rien dire. Après, elle est partie, elle est allée rejoindre les femmes, à l’autre bout de la cour.

Il y avait des cris, de la musique. L’air était froid, je me serrais avec les autres enfants devant la chaleur du brasero. L’odeur du charbon se mêlait à celle de la nourriture. Je me sentais ivre. Peut-être que j’avais mangé trop de gâteaux au haschich. Avec des filles de mon âge, j’ai marché jusqu’à l’autre bout de la cour, là où les femmes préparaient la pâte d’amande. Je buvais le thé âpre et brûlant dans un petit verre. Contre le mur de la maison, il y avait l’orchestre, des joueurs de rebec et d’autres qui frappaient sur de petits tambours de terre cuite. À côté, les femmes entouraient les shaftras, les danseuses obèses couvertes de bijoux et de pièces d’or, qui portaient des plumes d’autruche noires dans leurs cheveux. Au milieu du cercle des femmes, une danseuse à genoux balançait son buste, balayait le sol avec sa longue chevelure noire, et frappait les colliers de pièces avec ses mains. La fumée était âcre, il y avait des éclats de lumière, des lueurs rouges, des ombres. J’avais peur, j’étais ivre. Je dansais avec les autres filles, j’avais ôté mes souliers vernis et je dansais en martelant la terre durcie.

Les voix des femmes éclataient tout à coup, ça faisait un drôle de cri aigu, comme un sanglot, et les tambours résonnaient au fond de ma poitrine. Je dansais en tournant sur moi-même, sans m’arrêter, frappant la terre avec la plante de mes pieds et les talons, et tout le monde tournait avec moi, les yeux des filles brillaient, leurs colliers s’entrechoquaient, je voyais briller l’ivoire de leurs dents dans leur visage sombre.

Je me suis assise par terre. J’avais le vertige. Les gâteaux me donnaient la nausée. Tout d’un coup, elle est revenue vers moi, la fille aux yeux peints de khôl, portant l’étrange signe sur son front. Elle m’a pris la main, elle a approché de mes lèvres un verre de thé amer, violent. Elle ne disait rien. De toute façon, il y avait tellement de bruit et de musique, tellement de tourbillons dans la cour que je n’aurais pu entendre sa voix. Elle est restée longtemps assise à côté de moi, à regarder la fête. Par instants, je sentais son regard sur moi, ses yeux sombres et brillants qui me scrutaient. Puis son visage s’éclairait, elle riait, et je riais avec elle, sans savoir pourquoi. Vers minuit, les enfants s’étaient endormis les uns après les autres. Ils s’étaient couchés à même la terre, la tête appuyée sur leur bras.

Avec mon amie, j’ai marché dans la cour, de brasero en brasero. Les femmes continuaient à cuisiner. Il y avait la lueur des braises, la fumée prenait à la gorge. Et toujours, sans cesse, la musique, les roulements des petits tambours, et la voix des femmes qui chantaient, qui sanglotaient. J’avais le vertige. Mon amie m’a guidée par la main, à travers la cour, jusqu’à une petite porte qui donnait sur un terrain. Elle m’a tenue pendant que je vomissais. J’étais si fatiguée, je crois que je pleurais. Elle m’a emmenée jusqu’à la grande maison, elle m’a trouvé un coin, entre des enfants endormis. Je me suis couchée par terre, et il me semblait que j’étais sur un radeau qui s’en allait le long d’un fleuve interminable. Dehors, par la porte ouverte, j’apercevais le ciel, les étoiles. La jeune fille est restée un long moment contre moi, pour me tenir chaud. Je sentais sa respiration calme, son bras autour de mes épaules. Jamais personne ne m’avait serrée comme cela.

Je me souviens de cette longue nuit. Parfois, des femmes venaient, elles parlaient fort, elles riaient, je ne comprenais pas ce qu’elles voulaient. Certaines avaient des torches électriques, elles éclairaient les visages, elles cherchaient leurs enfants. Elles tâtaient les corps endormis, elles passaient la main sur les têtes, dans les cheveux. Elles disaient des noms, d’une voix aiguë, Ali, Samira, Salima… Je ne pouvais pas dormir. J’avais les yeux brûlants, la gorge sèche. J’écoutais tous les bruits, la musique qui ne cessait pas, qui grandissait, le roulement des petits tambours de terre, la voix stridente de la chanteuse, les pieds des shaftras qui martelaient le sol. J’écoutais la respiration tranquille de la jeune fille. Elle dormait, et son corps était appuyé contre moi. La nuit était longue. Elle n’avait pas de fin. Je pensais que le jour ne reviendrait peut-être plus jamais.

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