Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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Je regardais les allées rectilignes du camp, les toits goudronnés des maisons, les plaques de tôle qui brinquebalaient dans le vent. C’était comme si tout le monde était mort, comme si tout avait disparu, à jamais. Je ne sais pourquoi j’ai agi ainsi : j’avais peur, soudain, j’avais trop mal à cause de ce poids sur ma poitrine, à cause de la fièvre qui me brûlait jusqu’aux os. Alors je me suis mise à courir le long des allées du camp, sans savoir où j’allais, et je criais : « Réveillez-vous !.. Réveillez-vous !.. » D’abord, ma voix ne parvenait pas à traverser ma gorge, je poussais seulement un cri rauque qui me déchirait, un cri de folie. Cela résonnait bizarrement dans le camp endormi, et bientôt les chiens ont commencé à aboyer, un, puis un autre, puis tous les chiens autour du camp, jusque dans les collines invisibles. Et moi je continuais à courir le long des allées, pieds nus dans la poussière, avec cette brûlure sur mon visage et dans mon corps, cette douleur qui ne voulait pas s’échapper. Je criais à tout le monde, à toutes les maisons de planches et de tôle, à toutes les tentes, à tous les abris de carton : « Réveillez-vous ! Réveillez-vous ! » Les gens commençaient à sortir. Les hommes apparaissaient, les femmes drapées dans leurs manteaux malgré la chaleur. Je courais, et j’entendais distinctement ce qu’ils disaient, la même chose qu’ils avaient dite quand Roumiya était arrivée : « Elle est folle, elle est devenue folle. » Les enfants s’éveillaient, les plus grands couraient avec moi, les autres pleuraient dans le noir. Mais je ne pouvais plus m’arrêter. Je courais et je courais à travers le campement, passant et repassant par les mêmes rues, tantôt du côté de la colline, puis en bas, dans la direction des puits, et le long du fil de fer barbelé que les étrangers avaient installé autour des puits, et j’entendais ma respiration siffler dans mes poumons, j’entendais les coups de mon cœur, je sentais le feu du soleil sur mon visage, sur ma poitrine. Je criais, d’une voix qui n’était plus la mienne : « Réveillez-vous !.. Préparez-vous !.. »

Puis, d’un seul coup, le souffle m’a manqué. Je suis tombée par terre, près du fil de fer barbelé. Je ne pouvais plus bouger, plus parler. Les gens se sont approchés, des femmes, des enfants. J’entendais le bruit de leurs pas, j’entendais avec netteté leur souffle, leurs paroles. Quelqu’un a apporté de l’eau dans une tasse de fer, l’eau a coulé dans ma bouche, sur ma joue, comme du sang. J’ai aperçu le visage d’Aamma, tout près de moi. J’ai prononcé son nom. Elle était là, sa main douce appuyée sur mon front. Elle murmurait des paroles que je ne comprenais pas. Puis j’ai compris que c’étaient des prières, et j’ai senti que les Djenoune s’éloignaient de moi, qu’ils m’abandonnaient. Tout à coup, je me suis sentie vide, en proie à une extrême faiblesse.

J’ai pu marcher, appuyée sur les bras d’Aamma. Allongée sur la natte, dans notre maison, j’ai entendu les bruits de voix diminuer. Les chiens ont aboyé encore longtemps, et je me suis endormie avant eux.

Quand je suis allée en haut de la colline de pierres, le matin, Saadi est venu vers moi, il m’a dit : « Viens, je veux te parler. » Nous sommes allés près de la tombe du vieux Nas. C’était encore de bonne heure, il n’y avait pas d’enfants. J’ai vu que Saadi avait changé. Il avait lavé son visage et ses mains en allant aux puits, à l’heure de la prière, et ses habits, quoique déchirés, étaient propres. Il a serré ma main très fort dans la sienne, et son regard brillait d’un éclat que je ne connaissais pas. Il a dit : « Nejma, j’ai entendu ta voix, cette nuit. Je ne dormais pas quand tu as commencé à nous appeler. J’ai compris que tu avais reçu cela de Dieu. Personne ne t’a entendue, mais moi j’ai entendu ton appel, et pour cela je me suis préparé. »

J’ai voulu retirer ma main et partir, mais il me tenait si fort que je ne pouvais pas m’échapper. La colline était déserte, silencieuse, le camp était loin. J’avais peur, et la peur se mêlait à une émotion que je ne comprenais pas, à cause de l’éclat de son regard. Il m’a dit : « Je veux que tu viennes avec moi. Nous irons de l’autre côté du fleuve, jusqu’à la vallée où je suis né, à al-Moujib. Tu seras ma femme, et nous aurons des fils, si Dieu le permet. » Il parlait sans hâte, avec une sorte de joie qui illuminait son regard. C’était cela qui m’attirait et me faisait peur en même temps. « Si tu le veux, nous partirons aujourd’hui même. Nous emporterons du pain, un peu d’eau, et nous traverserons les montagnes. » Il montrait la direction du levant, les collines encore sombres.

Le ciel était vide, le soleil commençait son ascension. La terre brillait d’un éclat neuf. Au-dessous, en bas de la colline, il y avait le camp pareil à une tache obscure, d’où montaient quelques fumées. On voyait les formes des femmes près des puits, les enfants qui couraient dans la poussière.

« Parle-moi, Nejma. Il suffit que tu dises oui, et nous partirons aujourd’hui. Il n’y a personne qui puisse nous retenir. » J’ai dit : « Cela ne se peut pas, Saadi. Je ne peux pas partir avec toi. » Son regard s’est assombri. Il a lâché ma main, et il s’est assis sur un rocher. Je me suis assise près de lui. J’entendais mon cœur battre fort dans ma poitrine, parce que j’avais envie de partir. Pour ne pas entendre mon cœur, j’ai parlé. J’ai parlé d’Aamma Houriya, de Roumiya et de l’enfant qui allait naître. J’ai parlé de ma ville d’Akka, où je devais retourner. Il écoutait sans rien répondre, en regardant l’étendue de la vallée, le camp semblable à une prison, avec ces gens qui allaient et venaient le long des rues comme des fourmis, qui s’affairaient autour des puits. Il a dit : « Je croyais que j’avais compris ton appel, l’appel que Dieu t’avait envoyé cette nuit. » Il a dit cela d’une voix égale, mais il était triste et j’ai senti des larmes dans mes yeux, et mon cœur s’est mis à battre encore, parce que je voulais m’en aller. À mon tour, j’ai pris ses mains, aux doigts si longs et fins, où les ongles faisaient des taches claires sur la peau noire. Je sentais le sang dans ses mains. « Peut-être qu’un jour je partirai, Saadi. Mais maintenant, je ne peux pas m’en aller. Es-tu en colère contre moi ? » Il m’a regardée en souriant, et ses yeux brillaient de nouveau. « C’était donc cela, le message que Dieu t’avait envoyé ? Alors moi aussi je resterai. »

Nous avons marché un peu dans la colline. Quand nous sommes arrivés devant son abri, j’ai vu qu’il avait préparé un paquet pour la route. De la nourriture enveloppée dans un linge, et une bouteille d’eau attachée avec une ficelle. « Quand la guerre sera finie, je t’emmènerai chez nous, à Akka. Là-bas, il y a beaucoup de fontaines, nous n’aurons pas besoin d’emporter de l’eau. »

Il a défait le paquet, et nous nous sommes assis par terre pour manger un peu de pain. La lumière du soleil dissipait la fraîcheur du matin. On entendait la rumeur du camp, les enfants qui arrivaient. Il y eut même le vol d’un oiseau, rapide, qui jetait des cris aigus. Tous deux nous éclatâmes de rire, parce qu’il y avait si longtemps que nous n’avions pas vu d’oiseau. J’avais posé ma tête sur l’épaule de Saadi. J’écoutais sa voix hésitante, chantante, qui parlait de la vallée où il suivait le troupeau, avec ses frères, le long de la rivière souterraine d’al-Moujib.

Après cela, c’était l’hiver, et la vie est devenue difficile à Nour Chams. Cela faisait maintenant presque deux ans que nous étions dans le camp. Le camion de ravitaillement venait de moins en moins, deux fois par semaine, ou même une seule fois. Il se passait une semaine entière sans que le camion ne vienne au camp. Il y avait des rumeurs de guerre, on racontait des choses terribles. On disait qu’à al-Quds, la vieille ville avait brûlé, et que les combattants arabes jetaient des pneus enflammés dans les caves et dans les magasins. Dans le camion, arrivaient des réfugiés, hommes, femmes, enfants au visage défait. Ce n’étaient plus les paysans pauvres, comme au début. C’étaient les gens les plus riches, d’Haïfa, de Jaffa, des commerçants, des avocats, même un dentiste. Quand ils descendaient du camion, les enfants en haillons les entouraient, psalmodiaient : « Foulous ! Foulous ! » Ils suivaient les nouveaux venus en les harcelant, jusqu’à ce que ceux-ci leur donnent quelques pièces. Mais ils ne savaient pas où s’installer dans le camp. Certains dormaient à l’air libre, avec leurs valises amoncelées à leurs pieds, enveloppés dans leurs couvertures. Pour eux, le camion avait apporté des cigarettes, du thé, des biscuits Marie. C’étaient les chauffeurs qui leur vendaient cela à la sauvette, pendant que les pauvres faisaient la queue pour recevoir les rations de farine, de lait Klim, de viande séchée.

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