Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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Son regard avait, un bref instant, cessé de montrer la peur, elle nous avait regardées, Aamma Houriya et moi, mais sans rien dire, sans sourire. Elle ne parlait presque jamais, seulement quelques mots, pour demander de l’eau, ou du pain, ou bien tout à coup une phrase qu’elle récitait sans la comprendre, et qui n’avait pas de sens pour nous non plus.

Parfois, j’en avais assez d’elle, de son regard vide, et j’allais en haut de la colline de pierres, là où avait été enterré le vieux Nas, là où maintenant vivait le Baddawi, dans une hutte qu’il avait fabriquée avec des branches et des pierres. Je restais avec les autres enfants, comme si je guettais l’arrivée des camions du ravitaillement. Peut-être que c’était la beauté de Roumiya qui me chassait, sa beauté silencieuse, son regard qui semblait traverser tout et le vider de son sens.

Quand le soleil montait au plus haut du ciel, et que les murs de notre maison chauffaient comme les parois d’un four, Aamma Houriya baignait le corps de Roumiya avec une serviette imprégnée d’eau. Chaque matin, elle allait chercher de l’eau aux puits, parce que l’eau était rare et couleur de boue, et qu’il fallait la laisser reposer longtemps. C’était sa ration pour boire et cuisiner, et Aamma Houriya l’employait à laver le ventre de la jeune femme, mais personne d’autre ne le savait. Aamma Houriya disait que l’enfant qui allait naître ne pouvait pas manquer d’eau, car il vivait déjà, il entendait le bruit de l’eau qui coulait sur la peau, il sentait la fraîcheur, comme une pluie. Aamma Houriya avait des idées étranges, c’était comme ses histoires, lorsqu’on les avait comprises, tout paraissait plus clair et plus vrai.

Quand le soleil était au plus haut du ciel, et que plus rien ne bougeait dans le camp, avec la chaleur qui enveloppait les baraques de planches et de carton goudronné comme les flammes enveloppent un four, Aamma Houriya accrochait son voile devant la porte, et cela faisait une ombre bleue. Docilement, Roumiya se laissait dévêtir entièrement. Elle attendait l’eau qui ruisselait de la serviette. Partie par partie, les doigts agiles d’Aamma lavaient son corps, la nuque, les épaules, les reins. Sur son dos, les longues tresses se tordaient comme des serpents mouillés. Puis Roumiya s’étendait sur le dos, et Aamma faisait couler l’eau sur ses seins, sur son ventre dilaté. Moi, au début, je sortais, je marchais au-dehors pour ne pas voir cela, je titubais dans la lumière trop forte. Ensuite, j’étais restée, presque malgré moi, parce qu’il y avait quelque chose de puissant, d’incompréhensible et de vrai, dans les gestes de la vieille femme, pareils à un rite lent, à une prière. Le ventre énorme de Roumiya surgissait sous la robe noire retroussée jusqu’au cou, pareil à une lune, blanc, marbré de rose à cause de la pénombre bleue. Les mains d’Aamma étaient fortes, elles tordaient la serviette au-dessus de la peau, et l’eau cascadait en faisant son bruit secret, dans la maison qui ressemblait à une grotte. Je regardais la jeune femme, je voyais son ventre, ses seins, son visage renversé aux yeux fermés, et je sentais la sueur couler sur mon front, dans mon dos, coller mes cheveux à mes joues. Dans notre maison, comme un secret au milieu de la chaleur et de la sécheresse du dehors, j’entendais seulement le bruit de l’eau qui s’égouttait sur la peau de Roumiya, sa respiration lente, et la voix d’Aamma Houriya qui chantonnait une berceuse, sans paroles, juste un murmure, un bourdonnement prolongé qu’elle interrompait chaque fois qu’elle plongeait la serviette dans le seau.

Tout cela durait infiniment, si longtemps que lorsque Aamma Houriya avait fini de baigner Roumiya, celle-ci s’était endormie, sous les voiles qui se tachaient sur son ventre.

Au-dehors, le soleil éblouissait encore. Sur le camp, il y avait le poids de la poussière, le silence. Avant la nuit, j’étais en haut de la colline, les oreilles pleines du bruit de l’eau et du bourdonnement de la voix de la vieille femme. Peut-être que j’avais cessé de voir le camp avec les mêmes yeux. C’était comme si tout avait changé, comme si je venais d’arriver, et que je ne savais pas encore ce qu’étaient ces pierres, ces maisons noires, l’horizon fermé par les collines, cette vallée sèche semée d’arbres brûlés, où jamais ne vient la mer.

Il y a si longtemps que nous sommes prisonniers de ce camp, j’ai du mal à me souvenir comment c’était, avant, à Akka. La mer, l’odeur de la mer, les cris des mouettes. Les barques glissant à travers la baie, à l’aube. L’appel de la prière, au crépuscule, dans la lumière vague, quand je marchais auprès des remparts, dans les oliveraies. Les oiseaux s’envolaient, les tourterelles paresseuses, les pigeons aux ailes argentées qui traversaient le ciel ensemble, tournant, basculant, repartant dans l’autre sens. Dans les jardins, les merles poussaient des cris inquiets quand la nuit arrivait. C’est tout cela que j’ai perdu.

Ici, la nuit vient tout d’un coup, sans appel, sans prière, sans oiseaux. Le ciel vide change de couleur, devient rouge, puis la nuit monte au fond des ravins. Quand je suis arrivée, au printemps, les nuits étaient chaudes. Les collines de pierres soufflaient la chaleur du soleil jusqu’au cœur de la nuit. Maintenant, c’est l’automne, les nuits sont froides. Dès que le soleil a disparu derrière les collines, on sent le froid qui monte de la terre. Les gens s’enveloppent comme ils peuvent, dans les couvertures que les Nations unies ont distribuées, dans des manteaux sales, dans des draps. Le bois est devenu si rare, qu’on n’allume plus de feu pour la nuit. Tout est noir, silencieux, glacé. On est abandonnés, loin du monde, loin de la vie. Jamais je n’avais ressenti cela avant. Très vite, les étoiles apparaissent dans le ciel, font leurs dessins magnifiques. Je me souviens, autrefois, sur la plage, avec mon père, je marchais, et des dessins des étoiles me semblaient familiers. C’étaient comme des lumières de villes inconnues suspendues dans le ciel. Maintenant, leur lumière pâle et froide fait paraître notre camp encore plus obscur, plus abandonné. Les soirs où la lune est ronde, les chiens errants aboient. « C’est la mort qui passe », dit Aamma Houriya. Au matin les hommes vont jeter au loin les cadavres des chiens morts dans la nuit.

Les enfants crient aussi dans la nuit. Je sens un frisson tout le long de mon corps. Est-ce qu’au matin, il faudra aller chercher les corps des enfants morts dans la nuit ?

Le Baddawi, celui qui s’appelle Saadi, s’est installé dans la colline de pierres, près de l’endroit où a été enterré le vieux Nas il y a plus d’un an déjà. Non loin de la tombe, il a construit un abri avec de vieilles branches et un morceau de toile. Il reste là tout le jour et toute la nuit, presque sans bouger, à regarder la route de Tulkarm. Les enfants montent le voir chaque matin, et avec eux il surveille la route où doit venir le camion du ravitaillement. Mais quand le camion arrive, il ne descend pas. Il reste assis à côté de son abri, comme si cela ne le regardait pas. Il ne va jamais chercher sa part. Parfois il a si faim, qu’il descend à mi-chemin de la colline, et comme notre maison est la première qu’il rencontre, il reste debout, un peu en retrait. Aamma Houriya prend un peu de pain, ou une galette de pois chiches qu’elle a faite elle-même. Elle dépose cela sur une pierre, et elle retourne chez elle. Saadi s’approche. Son regard me fixe, avec une sorte de timidité et de dureté qui fait battre mon cœur. Les chiens qui rôdent dans les collines autour du camp ont la même couleur dans leurs yeux. Le Baddawi est le seul qui n’ait pas peur des chiens. Là-haut, sur la colline, il leur parle. Les enfants racontent cela, et Aamma Houriya, quand elle l’a entendu, a dit qu’il était simple, et que pour cela, notre camp était protégé.

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