Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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Mais la chienne blanche était morte vraiment, j’avais vu la terreur sans but de son regard, ses yeux vitreux, j’avais entendu l’effort de son souffle qui ne voulait pas cesser, j’avais senti sous ma main le frisson très long et douloureux, puis le froid silence de son corps, tandis que le soleil éclairait sans pitié son pelage plein de poussière. Alors j’avais su que la mort était entrée dans notre camp. Maintenant, elle allait prendre les autres animaux, et les hommes, les femmes, les enfants, l’un après l’autre. J’avais couru à travers les buissons jusqu’en haut de la colline, là où on apercevait la route d’Attil, de Tulkarm, les collines de Jenin, la tache sombre de l’oued desséché, tout ce qui était devenu notre monde et nous retenait prisonniers. Pourquoi étions-nous là ? Pourquoi ne partions-nous pas, traversant ces collines, vers l’ouest, vers la mer qui pourrait nous sauver ?

La plupart des habitants du camp de Nour Chams venaient des montagnes. Ils avaient vécu dans ces vallées rouges semées d’arbres épineux, où avancent lentement les troupeaux de chèvres guidés par un enfant. Ils ne connaissaient rien d’autre, ils n’avaient jamais vu la mer. Même Aamma Houriya ne s’en souciait pas.

Mais moi, j’étais née à Akka, devant la mer, c’est là que j’avais grandi, sur la plage, au sud de la cité, me baignant dans les vagues qui venaient jusqu’aux remparts, près de la forteresse des Anglais, ou bien sous les murs de la forteresse des Français, guettant les voiles aiguës des pêcheurs, pour être la première, au milieu de tous les enfants, à reconnaître le bateau de mon père. Il me semblait que si je pouvais voir la mer, encore, la mort n’aurait plus d’importance, elle n’aurait plus de prise sur moi, ni sur Aamma Houriya. Alors le soleil ne serait plus aussi impitoyable, les jours noteraient plus de souffle aux jours qui l’ont précédé. Maintenant, tout cela m’a été interdit.

Quand les soldats étrangers nous ont fait monter dans les camions bâchés pour nous conduire jusqu’ici, au bout de la terre, jusqu’à cet endroit tel qu’on ne peut aller plus loin, j’ai compris que je ne reverrai plus jamais ce que j’aimais. Où sont les voiles des bateaux qui glissent sur la mer, le matin, entourés de mouettes et de pélicans ?

Dans le regard des enfants, tapis dans l’ombre des huttes, immobiles, pareils aux chiens errants dont personne ne se soucie, j’ai vu ma propre vieillesse, ma propre fin. Mon visage amaigri et ridé, à la peau terne, ma chevelure autrefois si belle, qui couvrait mon dos jusqu’aux reins comme un manteau de soie, devenue cette broussaille souillée, pleine de poussière et d’épines, mangée par les poux, et mon corps devenu léger, mes mains et mes pieds noircis où saillent les veines comme sur les mains et les pieds des vieilles femmes.

Il y a longtemps que plus personne à Nour Chams n’a de miroir. Les soldats, quand ils ont fouillé nos bagages, ont enlevé tout ce qui pouvait servir d’arme, les couteaux, les ciseaux, mais aussi les miroirs. Avaient-ils peur pour eux ? ou bien craignaient-ils que nous nous en servions contre nous-mêmes ?

Jamais je n’avais pensé aux miroirs auparavant. Il était naturel de pouvoir voir mon visage. À présent, j’ai compris que sans miroir on est différent, on n’est plus tout à fait la même. Peut-être que les soldats qui nous les ont enlevés le savaient ? Peut-être qu’ils avaient deviné comme nous regarderions avec inquiétude le visage des autres, comme nous chercherions à deviner en eux ce que nous étions devenus, pour essayer de nous souvenir de nous-mêmes, comme de notre propre nom ?

Chaque jour, chaque semaine qui passaient à Nour Chams, ajoutaient d’autres hommes, d’autres femmes, d’autres enfants.

Je me souviens maintenant comment notre tante Houriya est arrivée. Bien qu’elle ne fût rien pour moi, puisqu’elle était arrivée quelques jours après moi, avec les réfugiés qui venaient d’al-Quds, je l’appelais tante, parce que je l’aimais comme une parente véritable. Comme moi, elle est arrivée à Nour Chams dans un camion bâché des Nations unies. Elle avait, pour seul bagage, une machine à coudre. Comme elle n’avait pas de maison, je l’ai conduite dans la cabane de planches où je vivais seule, dans la partie du camp qui était contre la colline de pierres. Quand elle est descendue du camion, la dernière, elle m’est apparue telle que je l’ai connue jusqu’à la fin, digne et avec une belle allure au milieu de nous tous qui étions déjà fatigués par les épreuves. Une silhouette rassurante, bien droite sur le sol de poussière. Elle était vêtue de l’habit traditionnel, la longue galabieh de toile claire, le shirwal noir, le visage voilé de blanc, les pieds chaussés de sandales incrustées de cuivre. Les nouveaux venus avaient rassemblé leurs bagages, et ils avaient commencé à marcher vers le centre du camp, pour trouver un abri contre le soleil, une habitation. Le camion bâché des étrangers était reparti vers Tulkarm, dans un nuage de poussière. Elle, restait immobile, debout à côté de sa machine à coudre, comme si elle attendait un autre camion qui l’emmènerait plus loin. Puis, parmi les enfants qui la regardaient, elle m’a choisie, peut-être parce que j’étais la plus âgée. Elle m’a dit : « Montre-moi le chemin, ma fille. » Elle m’a dit cela, elle a prononcé le mot, benti, ma fille, et pour cela je crois que je l’ai appelée Aamma, tante, comme si c’était moi qu’elle était venue voir à Nour Chams, comme si c’était elle que j’attendais.

C’est son visage que j’ai aimé d’abord, quand elle s’est dévoilée dans la hutte. Sa peau était couleur de cuivre sombre, et ses yeux pers brillaient étrangement, comme s’il y avait une lumière particulière, quand elle me regardait, quelque chose de paisible et de troublant à la fois. Peut-être qu’elle savait voir au-delà des choses et des gens, comme font certains aveugles.

Aamma s’est installée dans la hutte où je vivais seule. Elle a posé sa machine à coudre, enveloppée dans des chiffons à cause de la poussière. Elle a choisi la partie de la maison le plus près de la porte. Elle dormait par terre dans un drap dont elle repliait sur elle les bords pour disparaître entièrement. Pendant le jour, quand elle avait fini de préparer à manger, elle se servait de temps en temps de sa machine à coudre pour réparer les vêtements des gens, qui la payaient avec ce qu’ils pouvaient, de la nourriture, des cigarettes, mais jamais d’argent, parce qu’ici, dans notre camp, l’argent ne servait plus à rien. Elle a fait cela du moins tant qu’elle a eu du fil. Les femmes lui apportaient du pain, du sucre, du thé, ou bien des olives. Mais parfois elles n’avaient rien d’autre à donner que des remerciements, et cela suffisait.

C’étaient les soirées qui étaient belles, à cause des contes. Quelquefois, comme cela, sans qu’on sache pourquoi, à la fin de l’après-midi, quand le soleil décline et disparaît derrière la brume, du côté de la mer, ou bien au contraire quand le vent chasse les nuages et que le ciel resplendit, avec le croissant de la lune penché tel un sabre, Aamma commençait à raconter une histoire de Djin. Elle savait cela, elle le sentait, c’était le soir pour conter. Elle s’asseyait devant moi, et ses yeux brillaient d’un éclat étrange, quand elle disait : « Écoute, je vais te raconter une histoire de Djinn. » Elle connaissait les Djenoune, elle les avait vus, pareils à des flammes rouges qui dansaient la nuit sur le désert. Le jour, on ne les voyait jamais, ils se cachaient dans l’éclat de la lumière. Mais la nuit, ils apparaissaient. Ils vivaient dans des villes, comme les humains, avec des tours et des remparts, des villes avec des bassins d’eau et des jardins. Elle seule savait où étaient ces villes, et elle m’avait même promis de m’y emmener, quand la guerre serait finie.

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