Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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Le soir, le convoi est arrivé devant Jérusalem. Les camions se sont arrêtés sur une grande place. Il n’y avait pas de soldats, ni de gens armés, seulement des femmes et des enfants qui attendaient auprès d’autres camions. Le soleil disparaissait, mais la ville brillait encore. Esther et Elizabeth sont descendues avec leurs valises. Elles ne savaient pas où aller. Jacques Berger était déjà parti vers le centre de la ville. Le grondement du tonnerre était tout proche, chaque déflagration ébranlait le sol, on voyait la lueur des incendies. Devant Esther et Elizabeth, il y avait le mur de la ville, les collines couvertes de maisons aux fenêtres étroites, et peut-être, les silhouettes fabuleuses des mosquées et des temples. Dans le ciel couleur de cuivre, une grande fumée noire montait du centre, s’élargissait, formait un nuage menaçant où commençait la nuit.

Nejma

Camp de Nour, été 1948

Ceci est la mémoire des jours que nous avons vécus au camp de Nour Chams, telle que j’ai décidé de l’écrire, moi, Nejma, en souvenir de Saadi Abou Talib, le Baddawi, et de notre tante Aamma Houriya. En souvenir aussi de ma mère, Fatma, que je n’ai pas connue, et de mon père, Ahmad.

Le soleil ne brille-t-il pas pour tous ? J’entends cette interrogation à chaque instant. Celui qui l’a faite, il y a de cela plus d’un an, maintenant est mort. Il est enterré au sommet de la colline qui domine le camp. Ce sont ses enfants qui ont ouvert la terre à coups de bêche, rejetant les cailloux en deux tas égaux de chaque côté, puis ils l’ont descendu, enveloppé dans un vieux drap qu’ils ont cousu eux-mêmes, mais qui était trop court, et c’était étrange le corps du vieillard raidi dans ce drap d’où sortaient ses deux pieds nus, en train de descendre dans la tombe. Ses fils ont repoussé la terre avec leurs bêches, et les enfants plus jeunes ont aidé avec leurs pieds. Puis ils ont placé par-dessus les pierres les plus grosses, pour que les chiens errants ne puissent pas rouvrir la tombe. Moi je pensais aux histoires que notre tante nous racontait, les jours de pluie, ces goules, ces loups affamés qui mangeaient les morts. Aamma Houriya aimait raconter des histoires terrifiantes, quand le ciel s’assombrissait, des histoires de diables et de revenants. Quand le vieux Nas est mort, c’est à cela que je pensais, avant même de ressentir du chagrin, à la voix d’Aama Houriya qui racontait en même temps que la pluie.

Quand les soldats sont venus chez lui, pour l’emmener vers le camp, le vieux leur a dit cela, et après il ne cessait de répéter cette interrogation. Les soldats n’avaient sans doute pas compris. Et s’ils avaient compris, peut-être que cela les aurait fait rire : « Le soleil ne brille-t-il pas pour tous ? »

Notre camp avait plus que sa part de soleil, cet été-là, quand la terre se fendait et que les puits séchaient les uns après les autres. Le vieux Nas est mort à la fin de l’été, quand les rations ont commencé à se faire plus maigres. Alors les gens attendaient l’arrivée du camion des Nations unies pendant des heures, sur la colline de pierres, au-dessus du camp, parce que c’est l’endroit où on voit le mieux la route de Tulkarm.

Quand le camion arrive, on le sait longtemps à l’avance, parce que du haut de cette colline on voit très bien le nuage de poussière, à l’ouest, du côté de Zeïta. Alors les enfants commencent à crier et à chanter. Ils crient et ils chantent interminablement les mêmes mots, « La farine !.. La farine !.. Le lait !.. La farine !.. » après quoi ils dévalent en courant la colline, jusqu’à l’entrée du camp, et ils tapent avec des bâtons sur des bidons d’essence vides, ou dans les vieilles boîtes de conserve, et ils font tant de bruit que les vieux les maudissent et que tous les chiens errants se mettent à aboyer. Le vieux Nas, du haut de sa colline, maintenant peut encore les entendre, il est le premier averti de l’arrivée des camions qui apportent la farine, l’huile, le lait et la viande séchée. Peut-être que s’il était monté en haut de la colline de pierres avec les enfants, il ne serait pas mort. Mais en bas, dans les rues du camp, c’est le bruit qui venait de partout, le bruit des voix des gens qui se désespèrent, c’est cela qu’il a entendu, et cela lui a rongé le cœur, et c’est pour cela qu’il n’a plus voulu vivre. Il est mort jour après jour, comme une plante qui se dessèche.

Le bruit des paroles est venu d’abord de Jenin, et il s’est répandu dans tous les camps, à Fariaa, à Balata, à Askar : les Nations unies nous abandonnent, ils ne vont plus nous donner de nourriture, ni de médicaments, et nous allons tous mourir. D’abord les vieux vont mourir, parce que ce sont les plus faibles, les vieilles femmes, et les enfants à peine sevrés, les parturientes, les malades de fièvres. Après cela mourront les jeunes, même les plus forts et les plus courageux des jeunes hommes. Ils deviendront pareils à des arbustes desséchés par le vent du désert, ils mourront. Ainsi en ont décidé les étrangers, pour que nous disparaissions à jamais de la surface de la terre.

Hassan et Saïd, les deux fils de Nas sont forts et virils, ils ont la taille haute, les jambes musclées, leur visage est noirci par les travaux des champs, leur regard est plein de flamme. Mais la rumeur est entrée en eux, le bruit des voix, quand ils ont enterré leur père dans son drap, en haut de la colline de pierres. Alors maintenant ils n’attendent même plus l’arrivée des camions des étrangers. Peut-être qu’ils les haïssent. Peut-être qu’ils ont honte d’être devenus ce qu’ils sont, pareils à des mendiants qui quémandent leur nourriture aux portes des villes.

Le camp de Nour Chams est en train de sombrer peu à peu dans le malheur. Quand nous sommes arrivés dans le camion bâché des Nations unies, nous ne savions pas que cet endroit allait être notre nouvelle vie. Nous pensions tous que c’était pour un jour ou deux, avant de reprendre la route. Le temps que cessent les bombardements et les combats dans les villes, et alors les étrangers nous donneraient à chacun une terre, un jardin à cultiver, une maison où on pourrait recommencer à vivre comme avant. Les fils du vieux Nas avaient une ferme, à Tulkarm. Ils ont tout laissé, les bêtes, les outils, et même les réserves de grain, l’huile, et leurs femmes ont laissé leurs ustensiles de cuisine, leur linge, parce qu’ils croyaient eux aussi qu’ils s’en allaient pour un jour ou deux, le temps que les affaires s’arrangent. Au berger voisin qui ne faisait pas partie du convoi des gens qu’on déplaçait, les fils de Nas avaient recommandé de surveiller la maison pendant leur absence, d’empêcher qu’on ne vole les poules et de donner à boire aux chèvres et aux vaches. Pour le dédommager, ils lui avaient donné la plus vieille chèvre du troupeau, celle qui était stérile et dont les pis avaient séché. Quand ils étaient montés dans le camion, le vieux berger bédouin les avait regardés partir, ses yeux étroits comme deux fentes sur son visage, avec la vieille chèvre poussiéreuse attachée à une corde et qui cherchait à brouter un journal sur la route. C’était la dernière image qu’ils avaient emportée de leur maison natale, puis le camion en roulant avait tout caché dans un nuage de poussière.

Je regarde le camp, du haut de la colline de pierres, assise sur un rocher non loin de l’endroit où est enterré le vieux Nas. Est-ce qu’il pensait à cette colline quand il disait : le soleil ne brille-t-il pas pour tous ? Ici la lumière ne cesse pas de brûler les étendues du désert, la lumière du soleil a une telle force que les autres collines, du côté de Yaabad et de Jenin, semblent avancer comme des vagues.

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