Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante
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- Название:Étoile errante
- Автор:
- Издательство:Éditions Gallimard
- Жанр:
- Год:1994
- Город:Paris
- ISBN:978-2070388899
- Рейтинг книги:3 / 5. Голосов: 1
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Comme dans
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.
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Les jeunes gens couraient dans les rues, chantaient. Les mains se joignaient, les farandoles se formaient, serpentaient. Esther était prise, elle courait elle aussi, à perdre haleine, le long des rues inconnues, sa main dans la main d’une jeune fille vêtue d’un tricot rayé de marin. Après tant de fatigues, c’était un vertige, une folie. Jacques courait aussi, le long des rues éblouissantes, rejoignant Esther, s’éloignant de nouveau. La musique et les chants étaient partout.
Dans un café, près de la plage, ils se sont assis pour se reposer, boire du café, de la bière. La jeune fille au tricot rayé s’appelait Myriam, une autre, Alexia. Les garçons ont dit leurs prénoms aussi, Samuel, Ivan, David. Ils ne parlaient que le yiddish, l’allemand, un peu d’anglais. Ils ont bu et fumé, et ri en cherchant à se parler, comme cela, à tâtons. Plus rien n’avait d’importance. Jacques serrait Esther contre lui, il caressait ses cheveux. Il était un peu ivre.
Ils ont repris leur errance à travers les rues. Malgré les préparatifs du shabbat, les jeunes gens continuaient à danser, à faire de la musique. Quand la nuit est tombée, ils sont retournés vers la plage, là où les pins poussaient dans la terre argileuse, au milieu des avancées rocheuses dans la mer. Les garçons ont ramassé du bois et des aiguilles de pin, et ils ont fait un feu entre les pierres, pour regarder briller la lumière. Sans parler trop, ils restaient assis autour du feu, écoutant les crépitements de la flamme, jetant de temps à autre des brindilles. Jamais ils n’avaient vu une aussi belle lumière, dans la nuit, avec le vent qui soufflait de la mer.
Quand le feu s’est éteint, ils se sont allongés entre les arbres, sur des aiguilles de pin. Esther sentait la terre tourner lentement sous elle, comme un radeau emporté par le flot. Contre elle, elle sentait le corps de Jacques, elle entendait son souffle. Elle entendait aussi le bruit des autres couples, leurs corps qui froissaient les aiguilles de pin et brisaient les brindilles. Les lèvres du Berger cherchaient les siennes. Elle sentait son corps qui tremblait. Elle s’est relevée : « Viens, il faut retourner auprès de maman. » Ils ont marché un moment sans rien dire. Puis Esther a pris la main de Jacques, et ils sont allés en courant jusqu’au bout de la plage, en trébuchant dans le sable. Ils ont retrouvé Elizabeth, enveloppée dans sa vieille couverture, le dos appuyé contre les valises. Quand ils sont arrivés, elle a dit seulement : « Il faut dormir. » Et elle s’est allongée sur le sable.
Deux jours plus tard, Esther et Elizabeth étaient sur la plate-forme arrière du camion qui roulait vers Jérusalem. Le convoi, formé de six camions et d’une jeep américaine, avançait lentement sur la route défoncée, à travers les collines arides, à l’est de Ramla. Dans les camions de tête il y avait les hommes armés, et Jacques Berger était avec eux. Les quatre camions de queue transportaient les femmes et les enfants. Quand elle écartait la bâche, Esther ne voyait que la poussière et les phares allumés du camion qui suivait. La poussière diminuait, par instants et elle apercevait les collines, les ravins, quelques maisons. Le vent était froid, le ciel d’un bleu immuable. Pourtant la guerre était là, partout autour d’eux. Les nouvelles disaient que des fermiers juifs avaient été assassinés, dans la colonie d’Ataroth. À Tel-Aviv, avant leur départ, Jacques avait lu à Esther la déclaration du général Shealtiel, affichée sur les murs : « L’ennemi tourne ses regards vers Jérusalem, siège éternel de notre peuple éternel. Ce sera une bataille sauvage, sans merci, sans retraite. Notre destin sera la victoire, ou l’extermination. Nous lutterons jusqu’au dernier homme, pour notre survie, et pour notre capitale. » L’armée arabe, commandée par John Bagot Glubb et par le roi Abdallah avait bombardé la route entre Tel-Aviv et Haïfa. Les Égyptiens avaient franchi la frontière, ils marchaient pour rejoindre les troupes sur la rive ouest de la mer Morte.
Pourtant, dans les camions, personne n’avait peur. Il y avait encore l’ivresse de la proclamation d’Israël, la ronde à travers les rues ensoleillées, les chansons, la soirée si douce, sur la plage, au milieu des pins.
Les gens disaient que, maintenant que les Anglais étaient partis, tout allait s’arranger. D’autres disaient que cette guerre ne faisait que commencer, que ce serait la troisième guerre mondiale. Mais Elizabeth ne voulait pas entendre cela. Elle aussi avait ressenti l’ivresse, la joie, maintenant que le but du voyage était si proche. Ses yeux brillaient, elle parlait, elle riait même, comme elle ne l’avait pas fait depuis longtemps. Esther regardait son visage régulier encadré par le foulard noir, elle la trouvait jeune, très belle.
Toutes ces heures pendant lesquelles les gens avaient attendu le départ, c’était elle qui avait parlé de Jérusalem, des temples, des mosquées, des dômes brillants, des jardins et des fontaines. Elle en parlait comme si elle l’avait déjà vu, et peut-être qu’elle l’avait vu en rêve. La ville était l’endroit le plus beau du monde, où tout ce qu’on désirait se réalisait, où il ne pouvait pas y avoir de guerre, parce que tous ceux qui avaient été chassés et spoliés dans le monde, et qui avaient erré sans patrie, pouvaient y vivre en paix.
La caravane des camions est entrée dans une forêt de pins et de cèdres, traversée par des torrents clairs. Au village de Latrun, le convoi s’est arrêté, et les soldats et les immigrants sont descendus pour se rafraîchir. Il y avait une fontaine et un lavoir, l’eau ruisselait avec un bruit tranquille. Les femmes ont lavé leur visage, et leurs bras, à cause de la poussière, les enfants s’arrosaient en riant. Esther a bu longuement l’eau froide, avec délices. Il y avait des abeilles dans l’air. Les rues du village étaient désertes, silencieuses. On entendait parfois comme un grondement d’orage, loin dans les montagnes.
Pendant que les femmes et les enfants buvaient, les hommes étaient debout à l’entrée des rues, leur fusil à la main. Le silence était étrange, menaçant. Esther se souvenait du jour où, avec Elizabeth, elles étaient arrivées sur la place, à Saint-Martin, quand les gens s’assemblaient pour partir, les vieillards dans leurs manteaux noirs, les femmes le visage serré dans un foulard, les enfants qui couraient sans comprendre, et alors c’était le même silence. Seul le grondement, comme l’orage.
Le convoi est reparti. Plus loin, la route franchissait des défilés encombrés de rochers, où la nuit s’était déjà installée. Les camions ont ralenti. Esther a écarté la bâche, et elle a vu une colonne de réfugiés. Une femme s’est penchée à côté d’elle. « Des Arabes. » C’est tout ce qu’elle a dit. Les réfugiés marchaient sur le bord de la route le long des camions. Ils étaient une centaine, peut-être davantage, seulement des femmes et de jeunes enfants. Vêtues de haillons, pieds nus, la tête enveloppée dans des chiffons, les femmes avaient détourné le visage tandis qu’elles passaient dans le nuage de poussière. Certaines portaient des fardeaux sur leur tête. D’autres avaient des valises, des cartons ficelés. Une vieille avait même une poussette déglinguée chargée d’objets hétéroclites. Les camions étaient arrêtés et les réfugiés passaient lentement, avec leurs visages détournés au regard absent. Il y avait un silence pesant, un silence mortel sur ces visages pareils à des masques de poussière et de pierre. Seuls les enfants regardaient, avec la peur dans leurs yeux.
Esther est descendue, elle s’est approchée, elle cherchait à comprendre. Les femmes se détournaient, certaines lui criaient des mots durs dans leur langue. Soudain, de la troupe se détacha une très jeune fille. Elle marcha vers Esther. Son visage était pâle et fatigué, sa robe pleine de poussière, elle portait un grand foulard sur ses cheveux. Esther vit que les lanières de ses sandales étaient cassées. La jeune fille s’approcha d’elle jusqu’à la toucher. Ses yeux brillaient d’une lueur étrange, mais elle ne parlait pas, elle ne demandait rien. Un long moment, elle resta immobile avec sa main posée sur le bras d’Esther, comme si elle allait dire quelque chose. Puis, de la poche de sa veste elle sortit un cahier vierge, à la couverture de carton noir, et sur la première page, en haut à droite, elle écrivit son nom, comme ceci, en lettres majuscules : N E J M A. Elle tendit le cahier et le crayon à Esther, pour qu’elle marque aussi son nom. Elle resta un instant encore, le cahier noir serré contre sa poitrine, comme si c’était la chose la plus importante du monde. Enfin, sans dire un mot, elle retourna vers le groupe des réfugiés qui s’éloignait. Esther fit un pas vers elle, pour l’appeler, pour la retenir, mais c’était trop tard. Elle dut remonter dans le camion. Le convoi se remit à rouler au milieu du nuage de poussière. Mais Esther ne parvenait pas à effacer de son esprit le visage de Nejma, son regard, sa main posée sur son bras, la lenteur solennelle de ses gestes tandis qu’elle tendait le cahier où elle avait marqué son nom. Elle ne pouvait pas oublier les visages des femmes, leur regard détourné, la peur dans les yeux des enfants, ni ce silence qui pesait sur la terre, dans l’ombre des ravins, autour de la fontaine. « Où vont-ils ? » Elle a posé la question à Elizabeth. La femme qui avait écarté la bâche l’a regardée sans rien dire. « Où vont-ils ? » a répété Esther. Elle a haussé les épaules, peut-être parce qu’elle ne comprenait pas. C’est une autre femme, vêtue de noir, au visage très pâle, qui a répondu : « En Irak. » Elle a dit cela durement, et Esther n’a pas osé demander autre chose. La route était défoncée par la guerre, la poussière faisait un halo jaune sous la bâche du camion. Elizabeth tenait la main d’Esther serrée dans la sienne, comme autrefois sur le chemin de Festiona. La femme a dit encore, en regardant Esther, comme si elle cherchait à lire dans ses pensées : « Il n’y a pas d’innocents, ce sont les mères et les femmes de ceux qui nous tuent. » Esther a dit : « Mais les enfants ? » Les yeux agrandis par la peur étaient dans son esprit, elle savait que rien ne pourrait effacer leur regard.
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