Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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Le navire était resté très longtemps immobile, tournant sur lui-même dans le vent, bousculé par les vagues. Sur le pont, il n’y avait plus un bruit. Peut-être que les marins italiens étaient partis ? Peut-être qu’ils avaient abandonné le navire ? Esther continuait à serrer la main de sa mère. Le silence était tel que les jeunes enfants s’étaient réveillés, et qu’ils avaient commencé à pleurer, et leurs mères essayaient d’étouffer leurs cris contre leur poitrine.

Les minutes, les secondes duraient, chaque battement de cœur était séparé du suivant par une attente douloureuse. Au bout d’un temps très long, il y avait eu à nouveau un bruit de pas sur le pont, et la voix du commandant avait crié : « Alza la vela ! Alza la vela ! » De nouveau, le vent avait gonflé la voile. On avait entendu craquer les mâts, et les sifflements dans les agrès. Le navire avait recommencé à avancer contre la houle, penché sur le côté.

Rien n’avait semblé plus beau à Esther. Dans le noir, les gens avaient recommencé à parler, à voix basse d’abord, puis de plus en plus fort, et tous à la fois, criant, riant, chantant. L’écoutille s’était rouverte. Silvio était descendu avec une lampe-tempête. Il avait dit : « Nous sommes passés. » Tout le monde avait crié et applaudi. Un peu plus tard, les moteurs avaient redémarré. Le grondement des machines semblait une musique bien douce. Alors on s’était couché par terre, la tête appuyée sur les paquets préparés pour l’arrivée. Esther s’était endormie, sans lâcher la main d’Elizabeth, écoutant les vibrations régulières des moteurs dans le plancher, les yeux fixés sur l’étoile de lumière de la lampe-tempête.

Avant le lever du soleil, elle était montée sur le pont. Les marins dormaient encore. Quand elle avait ouvert l’écoutille, le vent lui avait coupé le souffle. Il y avait si longtemps qu’elle était enfermée dans la cale, qu’elle était restée un instant en équilibre, sans pouvoir bouger. Puis elle avait marché avec précautions jusqu’à l’avant du navire, et elle s’était installée là, avec le triangle du foc gonflé devant elle. C’est là qu’elle avait vu le jour se lever sur la mer.

D’abord, il n’y avait que l’ombre bleue, les étoiles qui se balançaient, la lumière vague de la galaxie. La clarté s’était levée peu à peu sur l’horizon, droit devant, une tache qui effaçait les étoiles. Pendant quelques instants, le ciel était devenu gris, et la mer était apparue, avec ses crêtes luisantes, et l’horizon tendu sur le monde, pareil à une cassure. Le navire avançait régulièrement, dépassant lentement les vagues, sans heurt, avec le vent qui appuyait sur les voiles, et la vibration monotone des moteurs. Quand la lumière était arrivée, Esther avait fixé son regard sur la ligne étroite de l’horizon, sans ciller, sans dévier. Appuyée sur le garde-corps, il lui semblait qu’elle ne faisait qu’un avec l’étrave, que c’était elle qui fendait la mer, qui glissait sur son propre désir, comme un oiseau en vol plané, elle allait droit vers l’horizon, cherchant à voir la première la ligne des côtes, fine et légère comme un nuage, et pourtant réelle, elle scrutait la mer jusqu’à en avoir mal.

Elle était restée comme cela des heures. Puis Silvio avait touché son épaule. « Mademoiselle, s’il vous plaît. » Elle l’avait regardé sans comprendre. Le soleil maintenant était haut dans le ciel, la mer brûlait. Silvio l’avait aidée à marcher jusqu’à la dunette : « Le commandant ne veut pas… C’est dangereux. » Il avait dit « danzéreux », mais Esther ne pouvait pas rire. Son visage était figé par le vent, par la douleur du regard.

« Venez, on va vous donner du café. » Mais quand elle était arrivée devant le trou noir de l’écoutille, Esther n’avait pas voulu entrer. Elle ne pouvait plus descendre au fond de la cale, sentir l’odeur de la peur, l’attente. Si elle descendait, jamais les côtes d’Eretz Israël n’apparaîtraient sur la mer. Elle secouait la tête, et les larmes coulaient sur ses joues. C’était le vent et la lumière du soleil qui avaient fait naître les larmes, mais tout d’un coup, elle avait senti les sanglots dans sa gorge. Silvio l’avait regardée, gêné, puis il avait mis son bras autour de ses épaules et il l’avait fait asseoir sur le pont, à l’abri de l’échelle de la dunette. Un instant après, il était revenu avec une tasse de faïence : « Caffè. ». Elle avait trempé ses lèvres dans le liquide brûlant. Ses cheveux étaient collés sur ses joues par les larmes, sa bouche n’arrivait pas à sourire. « Merci. » Elle aurait voulu parler, demander, mais les mots ne passaient plus dans sa gorge. Le jeune garçon avait compris son regard. Il avait montré l’horizon, du côté de la proue : « Mezzodì. » Puis il était retourné avec les autres marins. Esther avait entendu leurs voix qui se moquaient de lui.

Les passagers étaient sortis de la cale, les uns après les autres. Le soleil était au zénith, il brillait sur la mer, et les femmes et les enfants, quand ils arrivaient sur le pont, s’abritaient les yeux avec leurs mains. Tous, ils étaient pâles, fatigués, éblouis comme s’ils avaient passé des années à fond de cale. Les hommes avaient le visage mangé par la barbe, les vêtements froissés. Ils avaient mis des chapeaux ou des casquettes pour se protéger du soleil et du vent. Les femmes étaient enveloppées dans leurs châles, certaines avaient mis des manteaux à col de fourrure. Les vieux avaient enfilé leurs lourds caftans. Les uns après les autres, ils se massaient sur le pont, à l’arrière du navire, et ils regardaient en silence, vers l’horizon, à l’est. Le Reb Joël était là, lui aussi, dans son costume noir.

Dans la timonerie, les marins avaient allumé la radio, la musique venait, s’éloignait, c’était la même voix étrange et rauque qu’Esther avait écoutée, une nuit, dans le détroit de Messine, la voix de Billie Holiday qui chantait un blues.

Elizabeth est arrivée à son tour. Jacques Berger la tenait par la main. Son visage semblait très pâle contre ses vêtements noirs. Esther aurait voulu la rejoindre, mais la foule des passagers l’empêchait de traverser. Elle est montée sur l’échelle de la dunette, pour mieux voir. Comme les autres, le regard d’Elizabeth était fixé sur l’horizon. Maintenant, le soleil avait commencé à redescendre de l’autre côté du navire. Le vent avait cessé. Tout d’un coup, sans comprendre comment, la côte était là, devant le navire. Personne n’a rien dit, comme si on avait peur de se tromper. Chacun regardait la ligne grise qui était apparue sur la mer, pareille à une vapeur. Au-dessus d’elle, de grands nuages étaient arrêtés.

Puis les voix des hommes et des femmes commençaient à faire résonner le même mot : « Eretz Israël ! Eretz Israël ! » Même les marins italiens s’étaient arrêtés de bouger. Eux aussi, ils regardaient la ligne de la côte.

Le soleil faisait étinceler les vagues. Les voiles du bateau paraissaient plus blanches. Alors on a vu les premiers oiseaux qui volaient autour du navire. Leurs cris résonnaient dans le silence de la mer, par-dessus les voix des gens et le grondement des moteurs, par-dessus la voix de Billie Holiday. Tout le monde s’est arrêté de parler pour les écouter. Esther se souvenait maintenant de l’oiseau noir qui devait franchir les montagnes, autrefois, l’oiseau que son père lui avait montré. Eux aussi, avant la nuit, ils seraient arrivés. Ils se poseraient librement sur les plages.

Reb Joël est venu jusqu’à l’échelle de la dunette. Il avait soigneusement peigné sa barbe et ses cheveux, et son costume noir brillait au soleil comme une armure. Son visage exprimait la fatigue, l’inquiétude, mais aussi l’énergie, et ses yeux brillaient comme lorsqu’il lisait le Livre du Commencement, dans la prison, en France. Il a traversé la foule, saluant chacun, comme s’il les retrouvait après une longue absence. Malgré la fatigue de son visage, sa silhouette mince semblait celle d’un jeune homme.

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