Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1994, ISBN: 1994, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Étoile errante: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Étoile errante»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

Étoile errante — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Étoile errante», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Et il répétait : « Ayez confiance, mes chers amis. Tout va s’arranger. »

Nous avons vécu les heures suivantes dans une sorte d’exaltation. Les femmes parlaient et riaient, et la nuit, les enfants ne voulaient pas dormir. C’était peut-être à cause du vent de sécheresse qui soufflait ces jours-là. Le ciel était si pur qu’on y voyait même la nuit. Moi je restais assise près d’une fenêtre, enveloppée dans ma couverture, et je regardais la lune glisser entre les barreaux, descendre vers le mur, au bout de l’esplanade. Dans la grande salle, les hommes parlaient à voix basse. Les vieux religieux priaient.

Maintenant il me semblait que la distance qui nous séparait de la grande ville sainte n’existait plus, comme si cette même lune qui glissait dans le ciel éclairait Jérusalem, les maisons, les jardins d’oliviers, les dômes et les minarets. Le temps non plus n’existait plus. C’était le même ciel qu’autrefois, quand Moïse attendait dans la maison de Pharaon, ou quand Abraham rêvait comment avaient été faits le soleil et la lune, les étoiles, l’eau, la terre, et tous les animaux du monde. Ici, dans cette prison de l’Arsenal, je savais que nous étions une partie de ce temps-là, et cela me faisait frissonner de peur et me faisait battre le cœur, comme quand j’écoutais les paroles du livre.

Cette nuit-là, le Berger est venu s’asseoir près de la fenêtre, à côté de moi. Lui non plus, il n’arrivait pas à dormir. Nous avons parlé, à voix basse. Peu à peu, autour de nous, les gens se sont couchés, et les enfants se sont endormis. On entendait le bruit régulier des respirations, les ronflements des vieux. Le Berger me parlait de Jérusalem, de cette ville où nous pourrions enfin être nous-mêmes. Il a dit qu’il allait travailler dans une ferme, et quand il aurait économisé, il irait faire ses études, peut-être en France, ou au Canada. Il ne connaissait personne là-bas, il n’avait ni parent, ni ami. Il a dit que maman et moi, nous pourrions aussi travailler dans un kibboutz. C’était la première fois que j’entendais parler de cela, de l’avenir, du travail. Je pensais aux champs de blé, à Roquebillière, et aux hommes qui avançaient en maniant les faux, aux enfants qui glanaient les épis. Mon cœur battait, je sentais la chaleur du soleil sur mon visage. J’étais si fatiguée, il me semblait que je n’avais pas cessé d’attendre, à Festiona, dans le champ, en haut du village, les yeux sur la paroi rocheuse où aboutissait le chemin du col, par où mon père n’avait jamais paru.

Alors j’ai mis ma tête contre l’épaule de Jacques Berger, et il a passé son bras autour de moi, comme quand je guettais l’arrivée du bateau, dans les rochers, à Port d’Alon. Je sentais l’odeur de son corps, l’odeur de ses cheveux. J’avais envie de dormir, enfin, de fermer les yeux, et quand je les rouvrirais, je serais au milieu des oliviers, dans les collines de Jérusalem, je verrais la lumière briller sur les toits et sur les minarets.

Maman est venue. Sans rien dire, gentiment, elle m’a prise par le bras, elle m’a aidée à me lever, elle m’a conduite vers mon lit, près du mur. Le Berger a compris. Il s’est écarté, il a dit bonsoir avec une voix enrouée, et il est retourné jusqu’à son lit, du côté des hommes. Maman m’a couchée, elle m’a bien serrée dans ma couverture, pour que je n’aie pas froid. J’étais si fatiguée, jamais je n’avais aimé maman aussi fort, parce qu’elle ne disait rien. Elle m’a bien bordée dans ma couverture, comme quand j’étais petite, dans la mansarde, à Nice, et j’écoutais grincer la girouette sur les toits de tôle. Elle m’a embrassée près de l’oreille, comme j’aimais. Puis elle s’est couchée à son tour, et j’ai écouté son souffle régulier, sans entendre les respirations et les ronflements des autres dormeurs. Je me suis endormie alors qu’elle avait les yeux ouverts dans le noir et qu’elle me regardait.

Le Sette Fratelli est parti ce matin, à l’aube. La mer est lisse, sombre, encombrée de mouettes. Maintenant, nous avons le droit de monter sur le pont, à condition de ne pas gêner la manœuvre. L’avocat nous a accompagnés jusqu’au pied de la coupée. Il nous a serré la main à chacun, en disant : « Au revoir, mes amis. Bonne chance ! » Reb Joël, dans son habit noir, est monté le dernier. Il lui a demandé humblement ce qu’on pouvait faire pour le payer, mais l’avocat lui a serré la main, et il lui a dit : « Écrivez-moi quand vous serez arrivés. » Il est resté debout sur le quai. Le capitaine Frullo a donné l’ordre de lâcher les amarres. Le moteur du bateau s’est mis à vibrer plus fort, et nous avons commencé à nous éloigner. L’avocat restait sur le quai, secoué par les bourrasques, avec son cartable d’écolier à la main. Les femmes et les enfants ont agité leurs mouchoirs, et le quai est devenu de plus en plus petit, avec la silhouette à peine visible dans la lumière de l’aube.

Maman est enveloppée dans sa couverture et dans son châle noir, elle est déjà pâle à cause du roulis. Elle a regardé la côte s’éloigner, les grandes presqu’îles s’ouvrir. Elle est descendue se coucher dans la cale. Chacun a retrouvé la place qu’il occupait au début du voyage.

Au large, les dauphins ont accompagné notre navire, bondissant devant l’étrave. Puis le soleil est arrivé, et les dauphins sont allés se cacher. Ce soir, nous serons en Italie, à La Spezia.

Debout sur la passerelle, Esther regardait le pont du bateau, où les passagers s’étaient assemblés. Il faisait un temps extraordinaire. Pour la première fois depuis des jours, les nuages gris s’étaient écartés, et le soleil resplendissait. La mer était d’un bleu violent, magnifique. Esther ne se rassasiait pas de la regarder.

Cette nuit, le Sette Fratelli était passé au large de Chypre, tous feux éteints, machines arrêtées, à la seule vitesse du vent qui faisait claquer les voiles. Dans la cale, personne ne dormait, sauf les très jeunes enfants, qui n’avaient pas conscience du danger. Tout le monde savait que l’île était là, tout près, à bâbord, et que les vedettes anglaises patrouillaient. À Chypre, les Anglais avaient emprisonné des milliers de gens, hommes, femmes, enfants, qui avaient été capturés en mer sur la route Eretz Israël. Le Berger disait que si les Anglais les prenaient, ils les renverraient sûrement. Ils les mettraient dans un camp, et ensuite dans des bateaux pour les ramener, les uns en France, les autres en Italie, ou en Allemagne, ou en Pologne.

Esther n’avait pas dormi cette nuit. Le navire glissait silencieusement sur la mer houleuse, roulant et penchant à cause du poids du vent dans la grand-voile. Le commandant Frullo ne voulait personne sur le pont. On ne pouvait pas allumer une lampe, ni même un briquet pour une cigarette. Dans la cale du Sette Fratelli, il faisait noir comme dans un four. Esther serrait fort la main de sa mère, écoutant le froissement de l’eau sur la coque, les claquements de la voile. La nuit avait été très longue. C’était une nuit où chaque instant comptait, comme à Festiona, quand les Allemands cherchaient les fugitifs dans la montagne, ou comme cette nuit où les Américains avaient bombardé Gênes. Mais cette nuit était encore plus longue, parce que maintenant la fin du voyage était proche, après ces vingt jours en mer. Tout le monde avait tellement attendu, prié, parlé, chanté. Dans le noir, les voix avaient chanté un instant, en sourdine, dans une langue inconnue. Puis elles s’étaient arrêtées brusquement, comme si, quelque part en mer, malgré la distance et le bruit des vagues, les patrouilles des Anglais allaient les entendre.

À un moment, malgré l’interdiction, quelqu’un avait allumé un briquet pour regarder l’heure, et la nouvelle avait circulé de l’un à l’autre, en allemand, en yiddish, puis en français : « Minuit… C’est minuit. On a dépassé Chypre. » Comment savaient-ils cela ? Esther essayait d’imaginer l’île, ses hautes montagnes, derrière le navire, tel un monstre funèbre. Les passagers recommençaient à parler, on entendait des rires. Il y avait eu des bruits de pas sur le pont, l’écoutille s’était ouverte. Silvio, le jeune Italien ami d’Esther avait descendu quelques marches : « Silence, ne pas faire de bruit. Les bateaux anglais sont par ici. » On avait entendu des ordres sur le pont, puis le bruit mou de la voile qu’on amenait. Privé de vent, le navire s’était redressé, il oscillait sur la houle, recevant les vagues tantôt d’un bord, tantôt de l’autre. Où étaient les Anglais ? Esther avait l’impression qu’ils étaient de tous les côtés à la fois, traçant leurs cercles sur la mer, à la recherche de leur proie qu’ils devinaient dans l’ombre.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Étoile errante»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Étoile errante» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Ourania
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Le chercheur d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Désert
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Diego et Frida
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - The African
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Fièvre
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine
Jean-Marie Le Clézio
Отзывы о книге «Étoile errante»

Обсуждение, отзывы о книге «Étoile errante» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x