Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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Alors je montais en haut de la colline, mon bâton à la main, pour éloigner les chiens. Il n’y avait plus d’enfants, j’étais la seule à guetter l’arrivée du camion du ravitaillement. La lumière du soleil éblouissait, le vent soulevait la poussière au fond des vallées. Au loin, l’horizon était gris, bleu, impalpable. Je pouvais imaginer que j’étais au bord de la mer, sur la plage, au crépuscule, et que je guettais l’arrivée des barques de pêche, pour voir la première celle que je connaissais bien, avec sa voile rouge et, sur l’étrave, l’étoile verte de mon nom, que mon père emmenait avec lui.

Un matin, un étranger est venu dans notre camp, accompagné de soldats. J’étais en haut de la colline à guetter quand le grand nuage de poussière s’est levé sur la route de Zeïta, et j’ai compris que ce n’étaient pas les camions de nourriture. Mon cœur s’est mis à battre de peur, parce que je croyais que c’étaient les soldats qui venaient pour nous tuer.

Quand le convoi est entré dans le camp, tout le monde est resté caché, parce qu’on avait peur. Puis les hommes sont sortis des cabanes, et avec eux les femmes et les enfants. J’ai descendu la colline en courant.

Les camions et les voitures s’étaient arrêtés à l’entrée du camp, et des hommes et des femmes en étaient descendus, des soldats, des médecins, des infirmières. Certains prenaient des photos, ou parlaient aux hommes, distribuaient des bonbons aux enfants.

Je me suis approchée dans la foule pour entendre ce qu’ils disaient. Les hommes en blanc parlaient en anglais, et je ne comprenais qu’un mot ou deux, au vol. « Qu’est-ce qu’ils disent ? Qu’est-ce qu’ils disent ? » Une femme m’interrogeait avec inquiétude. Dans ses bras, il y avait un enfant au visage émacié, au crâne tondu par la teigne. « Ce sont des médecins, ils viennent pour nous soigner. » J’ai dit cela pour la rassurer. Mais elle continuait à regarder, à demi cachée par son voile, elle répétait : « Qu’est-ce qu’ils disent ? »

Au milieu des soldats, il y avait un étranger très grand et mince, élégant, habillé en gris. Alors que tous les autres portaient des casques, lui était nu-tête. Il avait un visage doux, un peu rouge, il penchait la tête de côté pour écouter ce que lui disaient les médecins. J’ai pensé qu’il était le chef des étrangers, et je me suis approchée pour mieux le voir. Je voulais aller vers lui, je voulais lui parler, lui dire ce que nous soutirions, ici les enfants qui mouraient chaque nuit, qu’on enterrait le matin au pied de la colline, les pleurs des femmes qui bourdonnaient d’un bout à l’autre du camp, et il fallait se boucher les oreilles et courir jusqu’à la colline, pour ne pas les entendre.

Quand ils se sont mis à marcher dans les rues, avec les soldats, mon cœur s’est mis à battre très vite. J’ai couru vers eux, sans honte malgré ma robe déchirée et mes cheveux emmêlés et mon visage taché par la saleté. Les soldats ne m’ont pas vue tout de suite, parce qu’ils surveillaient les côtés, au cas où quelqu’un aurait voulu les attaquer. Mais lui, le grand homme aux habits clairs, il m’a vue, et il s’est arrêté de marcher, les yeux fixés sur moi, comme s’il m’interrogeait. Je voyais bien son visage doux, rougi par le soleil, ses cheveux argentés. Les soldats m’ont arrêtée, m’ont retenue, ils serraient mes bras si fort qu’ils me faisaient mal. J’ai compris que je n’arriverais pas jusqu’au chef, que je ne pourrais pas lui parler, alors j’ai crié tout ce que je savais en anglais, c’était : « Good morning sir ! Good morning sir !.. » Je criais cela de toutes mes forces, et je voulais qu’il comprenne ce que j’avais à lui dire avec ces seuls mots. Mais les soldats m’ont écartée, et le groupe des hommes en blanc et des infirmières est passé. Lui, leur chef, s’est retourné vers moi, il m’a regardée en souriant, il a dit quelque chose que je n’ai pas compris, mais je crois que c’était simplement, « Good morning », et tous les gens ont continué avec lui. Je l’ai vu qui s’éloignait à travers le camp, sa haute silhouette claire, sa tête un peu penchée de côté. Je suis retournée avec les autres, les femmes, les enfants. J’étais si fatiguée de ce que j’avais fait que je ne sentais pas la douleur de mes bras, ni même le désespoir de n’avoir rien pu dire.

Je suis revenue dans notre maison. Aamma Houriya était allongée sous la couverture. J’ai vu comme elle était pâle et maigre. Elle m’a demandé si le camion de nourriture était enfin arrivé et, pour la rassurer, j’ai dit que le camion avait tout apporté, du pain, de l’huile, du lait, de la viande séchée. J’ai parlé aussi des médecins et des infirmières, des médicaments. Aamma Houriya a dit : « C’est bien. C’est bien. » Elle est restée allongée par terre sous la couverture, la tête appuyée sur une pierre.

La maladie est venue dans le camp, malgré la visite des médecins. Ce n’était plus la mort furtive, qui emportait les jeunes enfants et les vieillards pendant la nuit, ce froid qui entrait dans le corps des plus faibles et éteignait la chaleur de la vie. C’était une peste, qui parcourait les allées du camp, et semait la mort en plein jour, à chaque instant, même chez les hommes les plus valides.

Cela avait commencé par les rats, qu’on voyait mourir dans les rues du camp, en plein soleil, comme s’ils avaient été chassés du fond des ravins. Au début, les enfants jouaient avec les rats morts, et les femmes les jetaient au loin en les ramassant avec un bâton. Aamma Houriya disait qu’il fallait les brûler, mais il n’y avait pas d’essence, ni de bois pour faire un bûcher.

Les rats étaient sortis de tous les côtés. La nuit, on les entendait courir sur les toits des maisons, leurs griffes grinçaient sur la tôle et sur les planches.

C’était la mort qu’ils fuyaient ainsi. Le matin, quand j’allais à l’aube chercher l’eau de la journée, les alentours des puits étaient jonchés de rats morts. Même les chiens errants n’y touchaient pas.

Les enfants sont morts d’abord, ceux qui avaient joué avec les rats. Le bruit s’est répandu dans le camp, parce que des enfants, les frères ou les amis de ceux qui étaient morts, couraient à travers le camp en criant. Leurs voix aiguës répercutaient les mots terribles, incroyables, qu’ils ne comprenaient pas eux-mêmes, comme les noms de démons : « Habouba !.. Kahoula !.. » Les cris des enfants résonnaient comme des cris d’oiseaux sinistres, dans l’air immobile de l’après-midi. Je suis sortie sous le soleil brûlant, j’ai marché dans les allées du camp. Il n’y avait personne. Tout semblait endormi, et pourtant la mort était partout. Vers l’extrémité nord, là où étaient les nouveaux venus, les riches d’al-Quds, de Jaffa, d’Haïfa, qui avaient fui la guerre, les gens étaient rassemblés devant une maison. Il y avait là un homme vêtu comme un Anglais, mais ses habits étaient salis et déchirés. C’était le dentiste de Haïfa. C’était lui qui avait reçu les médecins et le chef des étrangers dans le camp. Je l’avais vu avec les soldats. Il m’avait regardée quand j’avais couru au-devant d’eux pour essayer de parler à l’homme aux habits clairs.

Il était debout devant la maison, avec un mouchoir sur son visage. À côté de lui, effondrées, des femmes pleuraient, leur voile sur leur bouche et sur leur nez. Dans l’ombre de la maison, il y avait le corps d’un jeune garçon étendu par terre. La peau de son buste et de son ventre était marquée de plaques bleu sombre, et sur son visage, jusque sur la paume de ses mains il y avait des taches effrayantes.

Le soleil brillait fort dans le ciel sans nuages, la chaleur faisait trembler les collines de pierres, autour du camp. Je me souviens d’avoir marché lentement dans les rues, pieds nus dans la poussière, écoutant les bruits qui venaient des maisons. J’entendais les coups de mon cœur, et le silence m’entourait, sous cette lumière aveuglante, comme si le monde entier avait été touché par la mort. Dans les maisons, les gens étaient cachés dans l’ombre. On n’entendait pas leur voix, mais je savais qu’ici, ou là, il y avait d’autres enfants, et des femmes, des hommes, que la peste avait pris, et qui brûlaient de fièvre, et geignaient à cause de la douleur qui venait de leurs glandes enflées et dures, sous les bras, dans le cou, à l’aine. Je pensais à Aamma Houriya, et j’étais sûre que les marques fatales étaient déjà apparues sur son corps. J’avais la nausée. Je ne pouvais pas rentrer. Malgré la chaleur, j’ai grimpé la pente de cailloux, jusqu’en haut de la colline, jusqu’à la tombe du vieux Nas.

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