Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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Soudain l’onde se mit à bouger plus vite. Roumiya s’arc-bouta sur ses talons, les épaules contre les cailloux du ravin, le visage tourné vers le soleil. Dans un cri surnaturel, elle poussa l’enfant hors de son corps, puis elle retomba lentement sur la terre. Alors maintenant il y avait cette forme, cet être, enveloppé de sang et de placenta, portant autour du corps un cordon vivant, et que Aamma Houriya avait pris, et qu’elle commençait à laver, et qui poussa tout d’un coup son premier cri.

Je regardais Roumiya étendue, sa robe retroussée sur son ventre meurtri par les poings d’Aamma, ses seins gonflés aux pointes violettes. Je ressentais la nausée, un vertige immense. Aamma Houriya, quand elle eut fini de laver le bébé, coupa le cordon avec une pierre, noua la blessure sur le ventre de l’enfant. Pour la première fois, elle me regardait avec un visage apaisé. Elle me montra le bébé, minuscule, fripé : « C’est une fille ! Une très jolie fille ! » Elle dit cela d’une voix détendue, comme s’il ne s’était rien passé en vérité, comme si elle avait trouvé le bébé dans un panier. Elle le déposa doucement sur la poitrine de sa mère, où le lait coulait déjà. Puis elle les recouvrit d’un drap propre, et elle s’assit à côté d’elles, en chantonnant. Maintenant, le soleil montait dans le ciel. Les femmes commençaient à arriver dans le ravin. Les hommes et les enfants restaient au loin, sur les pentes du ravin. Les mouches tourbillonnaient. Aamma Houriya eut l’air tout à coup de se souvenir de l’odeur épouvantable. « Il va falloir rentrer à la maison. » Des femmes apportèrent une couverture. À cinq, elles soulevèrent Roumiya avec son bébé serré contre sa poitrine, et elles l’emportèrent lentement, comme une princesse.

La vie avait changé, maintenant qu’il y avait le bébé dans notre maison. Malgré le manque de nourriture et d’eau, il y avait un nouvel espoir pour nous. Même les voisins ressentaient cela. Chaque matin, ils venaient devant notre porte, ils apportaient un présent, du sucre, des linges propres, un peu de lait en poudre qu’ils avaient pris sur leurs rations. Les vieilles femmes, qui n’avaient rien à offrir, apportaient du bois mort pour le feu, des racines, des herbes odorantes.

Roumiya aussi avait changé depuis la naissance du bébé. Elle n’avait plus ce regard étranger, elle ne se dissimulait plus derrière son voile. Elle avait donné comme nom à sa fille Loula, parce que c’était la première fois. Al-marra al-loula. Et je pensais que c’était vrai, ici, dans notre camp misérable, là où le monde nous avait rejetés, loin de tout. C’était vraiment la première fois. C’était le seul enfant qui était né ici. Maintenant, il y avait un cœur dans ce camp, il y avait un centre, et c’était dans notre maison.

Aamma Houriya ne se lassait pas de raconter la naissance à toutes les femmes qui venaient en visite, comme si c’était un miracle. Elle disait : « Imaginez que j’ai conduit Roumiya jusqu’au ravin, pour qu’elle fasse ses besoins, juste avant le lever du soleil. Et là, Dieu a voulu que l’enfant naisse, dans ce ravin, comme pour montrer que la chose la plus belle peut apparaître dans l’endroit le plus vil, au milieu des ordures. » Elle brodait sur ce thème infiniment, et cela devenait une légende que les femmes se répétaient de bouche à oreille. Les visiteuses penchaient leur tête à l’intérieur de la maison, en retenant leur voile, pour avoir un coup d’œil sur cette merveille, Roumiya assise en train de donner son lait à Loula. Et c’est vrai que la légende qu’avait inventée Aamma Houriya l’entourait d’une lumière particulière, dans sa robe blanche toute propre, avec ses longs cheveux blonds défaits sur ses épaules, et cet enfant qui suçait son sein. Quelque chose allait vraiment commencer, c’était la première fois.

C’était en hiver, quand notre camp avait connu le désespoir, la faim, l’abandon. Les enfants et les vieux mouraient à cause des fièvres et des maladies que donnait l’eau des puits. C’était surtout vers le bas du camp, là où étaient installés les nouveaux arrivants. Saadi, du haut de la colline, voyait les gens qui enterraient les morts. Il n’y avait pas de cercueils, on enveloppait les morts dans un vieux drap, sans même le coudre, et on creusait à la hâte un trou à flanc de colline, en mettant quelques gros rochers pour que les chiens errants ne les déterrent pas. Mais nous voulions croire que cela se passait très loin, et que, grâce à Loula, rien de tout cela ne pouvait nous arriver.

Il faisait froid, à présent. La nuit, le vent soufflait sur les étendues de pierres, brûlait les paupières, engourdissait les membres. Parfois il pleuvait, et j’écoutais le bruit de l’eau ruisselant sur les planches et sur le toit de carton goudronné. Malgré notre malheur, cela me semblait aussi bon que si nous avions été dans une maison, avec de hauts murs bien secs, et un bassin dans la cour où la pluie aurait fait sa musique. Pour récolter la pluie, Aamma avait mis sous les gouttières tous les récipients qu’elle avait pu trouver, les casseroles, les cruches, les boîtes de lait en poudre vides, et jusqu’à un vieux capot de voiture que les enfants avaient trouvé dans le lit de la rivière. Alors j’écoutais la pluie tintinnabuler dans tous les récipients, et je retrouvais la même joie qu’autrefois, chez moi, quand j’écoutais l’eau cascader le long du toit et sur les carreaux de la cour, et arroser les orangers en pots que mon père avait plantés. C’était un bruit qui me donnait envie de pleurer, aussi, parce qu’il me parlait, il me disait que jamais plus rien ne serait comme avant, et que je ne retrouverais plus ma maison, ni mon père, ni les voisins, ni rien de ce que j’avais connu.

Aamma Houriya venait s’asseoir près de moi, comme si elle devinait ma tristesse. Elle me parlait doucement, peut-être qu’elle me racontait une histoire de Djinn, et je m’appuyais sur elle, mais sans trop peser, parce qu’elle était affaiblie par les privations. Le soir, quand la pluie avait commencé à tomber, elle avait plaisanté : « Maintenant, la vieille plante va pouvoir reverdir. » Mais je savais bien que la pluie ne lui rendrait pas ses forces. Elle était si pâle et maigre, et la toux ne la quittait plus.

À présent, c’était Roumiya qui s’occupait d’elle. Aamma gardait le bébé enveloppé dans les linges, elle lui chantait des berceuses.

Il y avait longtemps que le camion des Nations unies n’était pas revenu. Les enfants allaient dans les collines à la recherche de racines à manger, de feuilles et de fruits de myrte. Saadi connaissait bien le désert. Il savait capturer des proies, de petits oiseaux et des gerboises qu’il faisait griller et qu’il partageait avec nous. Jamais je n’aurais cru que manger de si petites bêtes me ferait tant plaisir. Il rapportait aussi des baies sauvages, des arbouses, qu’il cueillait loin, au-delà des collines. Quand il apportait sa récolte, dans un chiffon qu’il déposait cérémonieusement sur la pierre plate devant la porte, nous nous précipitions sur les fruits pour les manger et les sucer avidement, et lui, d’une voix égale, se moquait : « Ne vous mordez pas les doigts ! Ne mangez pas des pierres ! »

Il y avait quelque chose d’étrange à présent, entre le Baddawi et Roumiya. Elle, qui autrefois regardait ailleurs quand Saadi approchait de la maison, maintenant tirait son voile sur son visage, comme pour se cacher, mais ses yeux clairs regardaient le jeune homme. Le matin, quand je revenais des puits, je n’avais plus besoin d’aller en haut de la colline pour trouver Saadi. Il était là, assis sur la pierre plate, à côté de la maison. Il ne parlait à personne, il restait un peu à l’écart, comme s’il attendait quelqu’un. Maintenant, je ne pouvais plus prendre sa main dans la mienne, ni mettre ma tête sur son épaule pour l’écouter. Il me parlait avec la même voix douce et chantante, mais je devinais que ce n’était plus moi qu’il attendait. C’était la silhouette de Roumiya, cachée dans l’ombre de la maison, Roumiya dont Aamma Houriya était en train de passer la longue chevelure au peigne fin, Roumiya qui allaitait son bébé, ou qui préparait le repas avec de la farine et de l’huile. Parfois, ils parlaient ensemble. Roumiya s’asseyait sur le pas de la porte, enveloppée dans son voile bleu, et Saadi s’asseyait de l’autre côté de la porte, et ils parlaient, ils riaient.

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