Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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C’est le Baddawi qui a trait la chèvre, dans une assiette de métal. Les pis gonflés jetaient le lait épais, odorant. Tout de suite, Nejma a versé le lait chaud dans le biberon et l’a porté à Loula. Le bébé buvait sans reprendre son souffle, puis s’est endormi, et Nejma l’a couché au pied de l’arbre. Il restait encore du lait. Saadi a bu le premier, et Nejma a bu à son tour, à même l’assiette. Le lait tiède et salé coulait dans sa gorge, étendait sa chaleur jusqu’au fond de son corps. « C’est bon. » Pour la première fois, Nejma reprenait espoir. « Nous ne mourrons plus, maintenant. » Elle a dit cela à voix basse, pour elle-même. Saadi la regardait sans répondre.

La nuit est venue, et ils se sont couchés par terre, avec Loula entre eux. Dans la nuit, Nejma écoutait le chevreau qui trébuchait dans les pierres, puis les coups de tête quand il tétait sa mère. Les étoiles brillaient dans le ciel sombre. Il y avait longtemps que Nejma ne les avait pas regardées. Elles étaient belles vers le sud. Elles n’étaient pas les mêmes que celles qui luisaient au-dessus du camp.

Le froid arrivait. Nejma a pris la main du Baddawi, et il est venu près d’elle, en passant par-dessus le corps du bébé endormi. La tête appuyée contre sa poitrine, Nejma sentait la vibration de sa vie, son odeur. Ils sont restés un long moment sans bouger, les yeux ouverts dans le noir. Le désir a grandi dans le corps du garçon, il a défait ses vêtements. Nejma sentait un vertige, elle s’est mise à trembler. « As-tu peur ? » a demandé Saadi, sans moquerie, doucement. Elle s’est soudée à lui, l’entourant de ses bras et de ses jambes, pressant sa poitrine contre lui. Sa respiration allait vite, comme si elle avait couru. Il n’y avait pas de pensées en elle, seulement la nuit froide au-dehors, les étoiles brillantes, et le corps brûlant de Saadi, son sexe qui la pénétrait en la déchirant.

Ils ont marché chaque jour, un peu plus loin vers le sud, à travers les collines, apercevant de temps à autre la ligne sombre de la mer. Ensuite ils ont remonté le cours des rivières desséchées, jusqu’à Djemmal. La chèvre et le chevreau les suivaient, buvaient la même eau des puits, mangeaient les mêmes racines. Chaque matin et chaque soir, après que Loula était rassasiée, ils buvaient le lait tiède qui leur donnait des forces. Saadi avait montré à Nejma comment presser les pis gonflés et faire jaillir le lait.

Ils mangeaient les baies du myrte, les arbouses. Ils n’entraient pas dans les villes, de peur des soldats La guerre était partout. Le grondement des canons roulait au loin comme le tonnerre, mais ils ne voyaient pas les combats. À certains endroits, les maisons écroulées, les carcasses des chevaux et des ânes, les trous des obus dans la terre. Un jour, comme ils approchaient d’Azzoun, dans la montagne, il y a eu un bruit terrifiant dans le ciel. Saadi et Nejma sont restés figés, tandis que les avions avançaient, et leur ombre courait sur la terre. Les Constellations ont traversé lentement le ciel, traçant un demi-cercle dont Nejma et Saadi semblaient le centre. Pendant ce temps, la chèvre et son petit se sont enfuis à travers les broussailles. Quand les avions ont disparu derrière l’horizon, Nejma tremblait si fort qu’elle a dû s’asseoir par terre, en serrant l’enfant qui pleurait. « Ce n’est rien », a dit Saadi. « Ils vont vers le sud, à Jérusalem. » Mais il n’avait jamais vu des avions de si près.

Il a couru pour rattraper la chèvre. Pour reprendre la corde, il a dû ruser et se placer au vent, comme s’il chassait un lièvre.

Ensuite ils ont marché dans la direction d’Haouarah, vers l’est, jusqu’au soir. À la nuit tombante, ils sont arrivés dans la vallée d’Azzoun. Ils se sont installés au bord de la rivière, sous les acacias. La soirée était fraîche, le vent bruissait dans les feuilles, il y avait des chauves-souris dans le ciel. Un peu en retrait, un bois d’oliviers abandonnés faisait une odeur tranquille. Ici, avec l’eau de la rivière qui coulait doucement, l’odeur des arbres, le bruit du vent dans les acacias et les palmiers nains, on oubliait la faim, la soif, la guerre, tout ce qui faisait mourir les femmes et les enfants, qui chassait les gens loin de chez eux, et cette maladie qui faisait des taches sur le corps et le visage des adolescents, qui avait brûlé le corps de Roumiya. Nejma entendait la voix d’Aamma Houriya qui répétait : « Va-t’en ! Pars d’ici. Nous allons tous mourir. »

Saadi est allé se laver dans la rivière, avant la prière. Il s’est tourné vers la vallée de son enfance, al-Moujib, et il a touché le sable de la plage avec son front. Quand la nuit a été complète, il a ôté tous ses habits et il est entré dans la rivière. Il a nagé un moment contre le courant.

Nejma est venue le rejoindre. Elle a gardé son sherwal et, en tenant le bébé contre sa poitrine, elle est entrée dans la rivière. L’eau froide l’enveloppait, faisait des tourbillons dans son dos. Loula a crié, mais Nejma lui parlait doucement, et l’eau lui a donné envie de rire. À la lueur des étoiles, la rivière scintillait entre les rives noires. Le vent venait par rafales, résonnait dans les feuilles des acacias.

Quand Nejma est sortie, Saadi avait déjà trait la chèvre. Il a donné le biberon tiède à Loula. Puis à tour de rôle, ils ont bu à même l’assiette de métal. Nejma voulait allumer du feu pour se réchauffer, mais Saadi craignait d’attirer l’attention des soldats. Ils ont mangé des baies de myrte, des figues sauvages, et quelques olives amères. L’enfant dormait déjà enveloppé dans le voile de Nejma, dans un creux de sable.

Saadi et Nejma se sont couchés dans leurs habits. Ils écoutaient le bruit du vent dans les feuilles des acacias, le glissement continu de l’eau dans la vallée. Saadi s’est penché sur le visage de Nejma, il l’a effleuré de ses lèvres. Elle a goûté la chaleur de son souffle, comme une ivresse. Quand il l’a pénétrée, elle n’a plus ressenti de douleur. Elle a serré ses jambes et ses bras autour de son corps, ses mains ont entouré sa nuque. Elle entendait le bruit de la respiration qui grandissait, et les coups de son cœur, de plus en plus rapides.

Ils se sont installés pour rester, au fond de la vallée, là où la rivière faisait un bassin d’eau profonde, bleu comme la mer, que frôlaient les oiseaux. Sur les rives, il y avait les acacias, les tamaris, des oliviers sauvages. Dans une colline, au-dessus de la vallée, Saadi a découvert les ruines d’une ferme, quelques hauts murs en pierre et en pisé, les restes d’un toit calciné. L’incendie avait brûlé tout autour de la ferme, jusqu’au corral. Nejma n’a pas voulu entrer. Elle a dit que c’était une maison de morts. Saadi a enfermé les chèvres dans le corral, et il a construit un abri de branches plus bas, au bord de la rivière.

Les journées étaient longues et belles, ici, dans cette vallée. Le matin, Nejma regardait la lumière du soleil qui naissait dans l’échancrure des collines, au-dessus de l’eau de la rivière. L’eau brillait comme un chemin d’étincelles entre les rives encore sombres. Le ciel s’éclairait, et les collines rocheuses sortaient de la nuit. Nejma marchait jusqu’au bassin, laissant Loula dormir dans ses voiles, sous l’abri. Elle lavait son corps, son visage, ses cheveux, tournée vers le soleil. Quand la prière était faite, elle allumait le feu avec les branches mortes que Saadi apportait. Elle faisait bouillir dans la gamelle les salsifis blancs, les carottes sauvages, et d’autres racines que Nejma ne connaissait pas, âpres, amères. Ils ne faisaient du feu qu’à l’aube, parce que Saadi affirmait que les avions ne pouvaient pas les voir, à cause du brouillard. Nejma pensait que la guerre était peut-être finie, que tout le monde était mort, dans les camps, à Tulkram, à Nour Chams. Les soldats étaient peut-être retournés chez eux.

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