Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1994, ISBN: 1994, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Étoile errante: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Étoile errante»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

Étoile errante — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Étoile errante», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Esther prenait la nourriture dans le sac, du pain, des pommes, des bananes. Elle leur offrait les fruits, elle partageait le pain. Les plus audacieux, les garçons, prenaient la nourriture sans rien dire, et se reculaient jusqu’aux rochers. Esther s’approchait des fillettes, elle escaladait les pierres jusqu’à elles, elle essayait de leur parler, quelques mots d’arabe qu’elle avait appris au camp : houbs, aatani, koul ! Ça faisait rire les enfants, ils répétaient les mots, comme si c’était dans une langue inconnue.

Ensuite des hommes sont venus. Ils portaient la longue robe blanche des Druzes, ils étaient coiffés d’un grand mouchoir blanc qui flottait sur leur nuque. Ils restaient en haut, sur la ligne des collines, leurs silhouettes se détachaient contre le ciel comme des oiseaux. Yohanan s’arrêtait de jouer, il leur faisait signe de venir. Mais les hommes n’approchaient pas. Un jour, Esther a osé grimper jusqu’à eux à travers les rochers. Elle apportait du pain et des fruits, qu’elle a donnés aux femmes. C’était silencieux, effrayant. Elle a donné la nourriture, puis elle est redescendue auprès de Nora et de Yohanan. Les jours suivants les enfants descendaient dès que le troupeau arrivait auprès de la colline. Une femme est descendue avec eux, elle avait à peu près l’âge d’Esther, elle était vêtue d’une longue robe bleu ciel, et ses cheveux étaient mêlés de fils d’or. Elle a donné une cruche de vin. Esther a trempé ses lèvres, le vin était frais, léger, un peu acide. Yohanan a bu à son tour, et Nora a bu elle aussi. Puis la jeune femme a repris la cruche et elle est remontée à travers les rochers jusqu’en haut de la colline. Il y avait seulement cela, le silence, le regard des enfants, le goût du vin dans la bouche, l’éclat du soleil. Pour cela aussi Esther pensait que tout devait durer toujours, comme s’il n’y avait jamais rien eu avant, comme si son père allait apparaître et marcher lui aussi entre les rochers, en haut de la colline. Quand le soleil approchait de l’horizon, vers la brume de mer, Yohanan rassemblait les bêtes. Il sifflait le chien, il prenait la houlette, et les moutons et les chèvres se mettaient en marche vers le milieu de la plaine, là où l’étang brillait entre les arbres.

L’après-midi, quelquefois, quand le soleil déclinait, Esther allait s’asseoir avec Nora dans les plantations d’avocatiers. L’ombre des feuillages était bien fraîche, et elles restaient là un bon moment, à parler et à fumer, ou bien Esther dormait, la tête appuyée sur la hanche de Nora. La plantation était sur une hauteur, on voyait toute la vallée. Au loin, les collines sombres, du côté de Tibériades, et les taches claires des villages arabes. Plus loin encore, il y avait la frontière, là où Jacques se battait. La nuit, parfois, il y avait les éclairs des mortiers, comme des lueurs d’orage, mais on n’entendait jamais de grondement.

Nora était italienne. Elle était de Livourne, son père, sa mère et sa petite sœur avaient disparu, ils avaient été emmenés par les fascistes. Le jour où les miliciens étaient venus, elle était chez une amie, et elle avait survécu pendant la guerre en restant cachée dans une cave. « Regarde, Esther, il y a du sang partout. » Elle disait des choses étranges. Elle avait un regard perdu, un pli amer de chaque côté de la bouche. Quand elle ne portait pas les vêtements de travail, elle s’habillait de noir comme une Sicilienne. « Tu vois le sang qui brille sur les cailloux ? » Elle soulevait les pierres plates, elle s’amusait à faire apparaître les scorpions. Ils fuyaient sur la terre poudreuse entre les avocatiers, à la recherche d’un autre abri. Nora les prenait entre deux brindilles, sans leur faire de mal, elle regardait la glande à venin gonflée, le dard dressé. Elle disait qu’elle pouvait les apprivoiser, leur apprendre des tours.

Elle travaillait dans les champs de betteraves avec Esther, elle repérait tout de suite les araignées blotties sous les tiges. Elle les enlevait doucement avec une herbe, elle les déposait plus loin, pour qu’on ne leur fasse pas de mal. Dans sa chambre, elle laissait les araignées tisser leurs toiles au plafond. Ça faisait de drôles d’étoiles grises qui frémissaient dans les courants d’air. La première fois que Jacques était entré dans sa chambre, il avait eu un mouvement de répulsion. Il avait voulu balayer les toiles, mais Esther l’avait empêché : « Tu ne peux pas faire ça, ce sont ses amies. » Jacques s’était habitué. Lui aussi pensait que Nora était un peu folle. Mais ça n’avait pas d’importance. « De toute façon, disait-il il faut être un peu fou pour faire ce que nous faisons ici. »

Un jour, pendant que Nora travaillait aux champs, on avait repeint sa chambre, tout avait été passé au blanc gélatineux, du sol au plafond. Nora était enragée, elle parcourait le camp en criant, en insultant ceux qui avaient fait cela. C’était à cause des araignées, elle pleurait parce qu’on les avait chassées.

Esther et Nora avaient une cachette, au bout des bâtiments, sous le réservoir d’eau. C’était Nora qui avait trouvé la cachette, et elles se réfugiaient là, l’après-midi, quand il faisait trop chaud. Nora avait trouvé la clef qui ouvrait la porte sous le réservoir. C’était une grande salle vide, éclairée par deux meurtrières. Il n’y avait rien d’autre que des caisses, de vieux sacs de jute, du câble, des bidons vides. Il y faisait sombre et froid comme dans une grotte. Il n’y avait aucun bruit, seulement le bruit de l’eau qui coulait dans les tuyaux, des gouttes qui tombaient régulièrement, quelque part. C’était étrange, inquiétant. Sous les pierres, Nora trouvait des scorpions blancs, presque transparents. D’autres, très noirs. Elle montrait à Esther les anneaux de la queue, qui indiquaient la force de leur venin. Depuis qu’on avait passé au blanc sa chambre, elle disait que c’était là qu’elle habitait. Elle voulait faire du théâtre. Elle marchait de long en large sous le réservoir, elle disait des poèmes à haute voix. C’étaient des poèmes qui lui ressemblaient, des poèmes véhéments et tragiques, qu’elle traduisait pour Esther, des exclamations, des appels. Elle disait des poèmes de Garcia Lorca, de Maïakovski. Puis elle disait des vers en italien, des passages de Dante et de Pétrarque, des morceaux de Pavese, Viendra la mort et elle aura tes yeux. Esther l’écoutait, elle était son seul public. Nora disait : « Tu sais ce qui serait bien ? Ce serait d’amener les enfants ici, et de les écouter chanter, jouer. »

Il y avait un silence épais, comme une attente. C’était fini. Esther voulait que tout reste plein, qu’il n’y ait pas de place pour le vide de la mémoire. Elle avait recopié les poèmes de Hayyim Nahman Bialik dans son cahier noir, le même cahier que celui où Nejma avait écrit son nom, sur la route de l’exil. Elle lisait :

« Frère, frère,

aie pitié des yeux noirs au-dessous de nous,

car nous sommes fatigués, car nous partageons ta douleur.

Je n’ai pas trouvé ma lumière dans les cours de la liberté

je ne l’ai pas reçue de mon père,

je l’ai mordue dans ma propre chair,

je l’ai taillée dans mon propre cœur. »

La maison des enfants était au centre du kibboutz. C’étaient les salles de réfectoire qui servaient aussi pour l’école. Ils avaient des tables et des chaises à leur taille, mais les murs étaient nus, peints du même blanc gélatineux.

C’était plus fort qu’elle. Nora ne supportait plus d’être là-bas, seule dans le réservoir, avec le bruit de l’eau, et cette lumière aveuglante au-dehors. Elle marchait au-dehors, dans les hautes herbes qui poussaient autour du réservoir. Elle cherchait les serpents. Son visage pâle était éclairé comme un masque, au-dessus de sa robe noire. Elle croisait Esther sans la reconnaître. Elle avait disparu au fond de sa mémoire. Elle était à Livourne, les hommes de la milice avaient emmené sa sœur Vera. Elle errait comme une folle, elle criait ce nom. « Vera, Vera, je veux voir Vera tout de suite ! » Elle allait jusqu’à la maison des enfants, elle entrait dans la salle de cours, et le maître restait debout, sa phrase d’hébreu suspendue au tableau noir. Nora se mettait à genoux devant une petite fille, elle la serrait contre elle, elle l’étouffait de baisers, elle lui parlait en italien, jusqu’à ce que l’enfant effrayée fonde en larmes. Alors, d’un seul coup, Nora réalisait où elle était, elle avait honte, elle s’excusait, en français et en italien, elle ne savait aucune autre langue. Esther la prenait par le bras, et elle l’emmenait jusqu’à sa chambre, elle la couchait sur le lit, très doucement, comme une sœur. Esther s’asseyait sur le lit à côté d’elle, sans lui parler. Nora regardait droit devant elle, le mur trop blanc, puis elle s’endormait d’un coup.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Étoile errante»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Étoile errante» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Ourania
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Le chercheur d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Désert
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Diego et Frida
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - The African
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Fièvre
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine
Jean-Marie Le Clézio
Отзывы о книге «Étoile errante»

Обсуждение, отзывы о книге «Étoile errante» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x