Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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Elle a recommencé à marcher. Elle était sortie des plantations, elle avançait au milieu des broussailles. Elle était loin du kibboutz, dans le domaine des scorpions et des serpents. Et tout à coup, elle a ressenti la peur. C’était comme autrefois, sur la route près de Roquebillière, quand elle avait senti la mort posée sur son père, et que le vide s’était ouvert devant elle, et qu’elle avait couru jusqu’à perdre haleine.

Esther s’est mise à courir. Le bruit de ses pas résonnait dans les collines, le bruit de son sang dans ses tempes, le bruit de son cœur. Tout était étrangement vide. Les champs semblaient abandonnés, les sillons réguliers brillaient durement à la lumière du soleil, pareils aux traces d’un monde disparu. Il n’y avait pas d’oiseaux dans le ciel.

Un peu plus loin, Esther a rencontré le troupeau de chèvres et de moutons. Les bêtes étaient arrêtées dans le fond d’un ravin, éparpillées le long du champ, des chèvres avaient même escaladé le talus et commençaient à manger les jeunes pousses de betteraves. Leurs voix grêles appelaient.

Quand elle est arrivée au kibboutz, Esther a vu les hommes et les femmes rassemblés devant les maisons. Les enfants avaient laissé l’école. À l’ombre du bâtiment central, à même le ciment de la terrasse, ils avaient déposé le corps de Yohanan. Esther a vu son visage très blanc renversé en arrière. Ses bras étaient serrés le long de son corps, les mains ouvertes. La lumière qui se réverbérait sur le mur faisait briller ses yeux, ses cheveux noirs. C’était terrifiant, il paraissait simplement endormi dans la chaleur de midi. Il y avait une large tache sombre sur sa chemise, là où l’assassin avait frappé.

Ce même jour, Esther a appris la mort de Jacques, tué à la frontière près du lac de Tibériade. Quand les soldats sont venus apporter la nouvelle, Esther n’a rien dit. Ses yeux étaient secs. Elle a pensé seulement : voilà, il ne reviendra pas, il ne verra pas son fils.

Montréal, rue Notre-Dame, hiver 1966

Par la fenêtre du balcon fermé, je regarde la rue inamovible. Le ciel est si lointain, si blanc, que c’est comme si on était dans les régions les plus hautes de l’atmosphère. La rue est maculée de neige. Je vois les marques des pneus qui sinuent, les traces de pas. Devant mon immeuble, il y a un jardin aux arbres dénudés hérissés contre le ciel pâle. C’est dans ce bout de jardin que Michel a fait ses premiers pas. Les talus sont encore très blancs. Seuls les corbeaux y ont laissé des traces. De chaque côté de la rue, il y a de grands réverbères recourbés. La nuit, ils font des flaques de lumière jaune. Le long des trottoirs enneigés, les voitures sont arrêtées. Certaines n’ont pas bougé depuis des jours, leurs toits et leurs vitres sont recouverts de neige gelée. Je peux voir la VW de Lola dont la batterie a lâché au début de l’hiver. On dirait une épave prise par les glaces.

Au bout de la rue, les feux arrière des voitures s’allument, quand elles freinent au carrefour. Les bus orange et blanc tournent autour du square, descendent la rue vers le carrefour. C’est là que je prends le bus pour Mac Gill. C’est là que j’ai rencontré Lola la première fois. Elle suivait des cours de théâtre. Elle attendait un enfant, elle aussi, et c’est pour ça qu’on s’est parlé. Le dimanche, on allait avec la VW à Longueil, ou au cimetière du Mont-Royal, regarder les écureuils qui habitent dans les tombes. Tout cela est si loin que cela paraît un peu irréel. Maintenant, l’appartement est vidé, il ne reste que quelques cartons, des bouquins, des bouteilles.

C’est difficile de partir. Je ne pensais pas qu’au long de toutes ces années j’avais emmagasiné tant de choses. Il a fallu empaqueter, donner, vendre. Hier il y a eu cette vente dans la cour, devant chez Lola. C’est Philip qui a tout transporté, avec Michel et Zoé, la fille de Lola. La vaisselle, les appareils ménagers, les vieux jouets, les disques, la pile des National Géographic. Après la vente, il y a eu une sorte de fête, on a bu des bières et on a dansé, Philip parlait un peu fort. Michel et Zoé sont partis très vite, ils avaient l’air d’avoir un peu honte. Ils sont allés jouer au bowling avec des amis.

C’était dimanche, il neigeait. Lola a voulu qu’on retourne ensemble au cimetière, comme quand les enfants étaient tout petits. Il faisait très froid, nous avons eu beau chercher, nous n’avons pas vu les écureuils qui logent dans les tombes.

C’est difficile de revenir. Je regarde la rue avec une attention douloureuse, pour fixer dans ma mémoire chaque détail. Mon visage est si près de la vitre que je sens le froid contre mon front, et que ma respiration dessine deux ronds de buée. La rue est illimitée. Elle descend vers l’infini des arbres nus et des immeubles de brique, vers le ciel pâle. Comme s’il suffisait de prendre n’importe lequel des autobus pour aller jusque là-bas, de l’autre côté de l’océan, auprès d’Elizabeth ma mère.

Maintenant, au moment de m’en aller, c’est le visage de Tristan qui m’apparaît, son visage très doux, encore enfant, comme je l’ai vu dans la pénombre des marronniers, à Saint-Martin, le jour où nous avons commencé notre errance à travers les montagnes. Il y a un peu plus d’un an, j’ai su que Tristan était dans ce pays. Il paraît qu’il travaille à Toronto, dans une industrie, ou dans l’hôtellerie, je n’ai pas très bien compris. Quelqu’un a parlé de lui à Philip, un numéro de téléphone griffonné sur une boîte d’allumettes. J’y ai pensé un instant, puis j’ai perdu le numéro, j’ai oublié.

Maintenant, au moment de partir, je revois son visage, mais c’est de l’autre côté de ma vie, c’est l’adolescent qui m’irritait parce que je le rencontrais partout sur mon chemin, et que je lui reprochais de m’espionner. Ce n’est pas l’homme de quarante ans que je veux voir, bedonnant et grisonnant, avec ses affaires à Toronto. C’est l’enfant à Saint-Martin, quand rien n’avait été encore changé dans le cours du monde, et qu’on croyait encore tout possible, même s’il y avait la guerre autour de nous. Alors mon père était là, debout sur le pas de la porte, et Tristan lui serrait gravement la main. Ou bien au fond de la gorge bruissante de l’eau du torrent, Tristan appuie son oreille contre ma poitrine nue, il écoute les battements de mon cœur comme si c’était la chose la plus importante du monde. Comment tout cela a-t-il pu se défaire ? J’ai mal au fond de moi, je ne peux pas oublier.

C’est difficile de revenir, bien plus que de partir. C’est pour Michel que je retourne, pour qu’il trouve enfin sa terre et son ciel, qu’il soit enfin chez lui. Je réalise tout d’un coup qu’il a exactement l’âge que j’avais quand je suis montée à bord du Sette Fratelli. La différence, c’est qu’aujourd’hui, avec l’avion, il ne faudra que quelques heures pour franchir l’abîme qui nous sépare de notre terre.

Je regarde cette rue, je sens le vertige. Je croyais que tout était si loin, presque inaccessible, à l’autre bout du temps, au terme d’un voyage long et douloureux comme la mort. Je croyais qu’il faudrait toute ma vie pour y parvenir. Et c’est là, demain. Juste au bout de cette rue. De l’autre côté des sémaphores, là où les autobus orange et blanc tournent et disparaissent entre les falaises rouges des immeubles.

C’est à elle que je pense, maintenant, Nejma, ma sœur au profil d’Indienne aux yeux pâles, elle que je n’ai rencontrée qu’une fois, au hasard, sur la route de Siloé, près de Jérusalem, née d’un nuage de poussière, disparue dans un autre nuage de poussière, tandis que les camions nous emmenaient vers la ville sainte. Quelquefois il me semble que je sens le poids léger de sa main posée sur mon bras, je sens l’interrogation de son regard, je la regarde tandis qu’elle écrit lentement son nom en caractères latins sur la première page de son cahier noir. C’est la seule certitude que je garde d’elle, après toutes ces années, à travers le nuage de poussière qui l’a recouverte, ce cahier noir où j’ai écrit moi aussi mon nom, comme pour une mystérieuse alliance.

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