Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1994, ISBN: 1994, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Étoile errante: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Étoile errante»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

Étoile errante — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Étoile errante», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Je voyais ce monde, je ne le connaissais pas. Je ne le reconnaissais plus. Tous ces gens qui allaient et venaient, se dépassaient, s’arrêtaient, se parlaient, se touchaient, cette foule qui s’écoulait comme un résidu épais le long d’une rainure. Il y avait ce bruit de pas, surtout, ce bruit de voix, malgré les grondements des moteurs. Dans leurs coques hermétiques, les hommes ont un regard durci, lointain, pareil à un reflet.

Elizabeth est partie en 1973 pendant la guerre du désert de Sin, et c’est cette année-là que j’ai épousé Philip et que j’ai ouvert un cabinet de consultation de pédiatrie, dans une rue bruyante de Tel-Aviv, près du théâtre Habima. Comment l’ai-je laissée partir ? J’aurais dû comprendre qu’elle était déjà malade, qu’elle souffrait sans rien dire. Le cancer rongeait son ventre. Et moi je voulais vivre, vite et fort, sans chercher à deviner, sans hésiter.

Elizabeth est partie, vêtue de noir, avec sa petite valise, la même qu’elle avait quand elle est arrivée sur le bateau, j’ai essayé de la retenir, mais je savais bien que c’était inutile. Je lui ai parlé de mon métier, de Philip, de Michel qui aurait besoin d’elle. Elle a eu un sourire, un geste de la main pour dire qu’il ne fallait rien exagérer. Elle a dit : « Ce n’est pas moi qui lui manquerai. C’est lui qui me manquera. » Elle a ajouté, avec une gaieté feinte : « Quand il voudra, il voyagera pour venir me voir. Il aimera cela. » Quand elle s’est embarquée, à l’aéroport, elle a dit, avec un calme cruel qui a fait battre mon cœur : « Naturellement, tu as compris que je ne m’en vais pas pour revenir. Je pars pour toujours. » Maintenant je sais pourquoi elle disait cela.

J’avance dans les rues de cette ville que je ne connais pas. C’est là que mon père et ma mère ont vécu toute leur jeunesse. J’ai vu le lycée où il enseignait l’histoire-géo, cette magnifique prison de pierre grise, avec ses tourelles, ses meurtrières, ses grilles ornées de piques. J’ai vu l’olivier rabougri qu’on a planté dans le gazon, symbole de la paix. J’ai vu le cadran solaire avec sa devise en latin qui m’a fait penser aux formules du Pickwick Club. J’ai cherché l’immeuble où mon père et ma mère ont vécu, avec son balcon qui donnait sur la rivière. Mais aujourd’hui la rivière a été comblée par des parkings et des constructions prétentieuses en béton armé. Non loin, dans un immeuble ancien, il y a un hôtel qui a un nom que j’aime, Hôtel Soledad, Hôtel de la Solitude. J’ai pris une petite chambre, du côté de la cour à cause du chahut de la circulation. Quand je suis allongée sur le lit étroit, j’entends les roucoulements des pigeons, et une rumeur vague de radio et de cris d’enfants. Il me semble que je suis n’importe où, partout, nulle part.

Tous ces jours, passés dans cette ville inconnue, dans la brûlure des incendies. Chaque jour apportait le bruit de la guerre, au Liban, et les nouvelles des feux qui éclataient, dans les Maures, dans l’Esterel, dans les collines du Var. Chaque jour, dans la chambre étroite de l’hôpital, devant le corps exsangue et décharné de ma mère, chaque jour, voyant avancer son effacement, sa disparition. J’entends sa voix, fragile, lointaine, je sens sa main dans la mienne. Elle parle d’autrefois, de mon père. Elle dit : Michel, elle parle de Nice, d’Antibes, elle parle des jours heureux, des promenades le long de la mer, des vacances en Italie, à Sienne, à Florence, à Rome. Elle me parle de cela comme si j’avais été là, quelque part, déjà grande, une amie, une sœur, une jeune fille qu’un couple rencontre au hasard d’un hôtel, au bord d’un lac, et qui partage un instant son bonheur, comme une effraction. Le restaurant d’Amantea, la mer si bleue, les promontoires qui avançaient dans le crépuscule. J’avais été là avec elle, avec mon père, j’avais mangé ces pastèques fraîches, bu ce vin, entendu la musique des vagues et les cris des mouettes. Tout le reste s’effaçait alors, pendant qu’elle me parlait d’Amantea, des journées de cet été qui avait suivi leurs noces, comme si j’avais été là, moi aussi, et que j’avais vu leurs visages éclairés par la jeunesse, entendu leurs voix, leurs rires complices. Elle parlait, et sa main serrait très fort la mienne, comme elle avait dû serrer alors la main de mon père, quand ils étaient partis sur cette barque, glissant sur la mer étincelante du soir, entourés par les cris enivrants des mouettes.

La voix d’Elizabeth devenait de plus en plus faible chaque jour, elle racontait interminablement la même histoire, elle disait les mêmes noms, les mêmes villes, Pise, Rome, Naples, et toujours ce nom d’Amantea, comme si cela avait été le seul lieu du monde où la guerre n’était jamais arrivée. Sa voix était si faible, les derniers jours, que je devais me pencher jusqu’à ses lèvres, sentir le souffle qui emportait ces mots, ces morceaux du souvenir.

Chaque jour, sortant de l’hôpital au crépuscule, et marchant au hasard des rues, la tête pleine de vertige, entendant ce nom qui se répétait indéfiniment, jusqu’à devenir obsédant, Amantea, Amantea… Lisant dans le journal les nouvelles des incendies qui brûlaient sur toutes les montagnes, qui dévoraient les forêts de chênes verts et de pins, à Toulon, à Fayence, à Draguignan, dans le massif du Tanneron. Les incendies qui éclairent Beyrouth en train de mourir.

Alors je marchais dans les rues brûlantes, la nuit, cherchant des ombres, des souvenirs. Et la main d’Elizabeth, serrant ma main, et sa voix murmurant des mots incompréhensibles, les mots d’amour qu’elle prononçait sur la plage, à Amantea, serrée contre le corps de mon père, les mots qu’il lui disait, comme un secret, et la mer semblait encore plus belle, pleine d’étincelles de lumière, chaque vague avançant éternellement jusqu’à la plage. Les derniers jours, elle ne pouvait même plus parler, mais les mots étaient encore en elle, ils arrivaient jusqu’au bord de ses lèvres, et je me penchais pour les capter avec le souffle, pour les entendre encore, les mots de la vie. Je lui parlais, à présent, puisqu’elle ne pouvait plus le faire, c’était moi qui lui parlais de tout cela, de Sienne, de Rome, de Naples, d’Amantea, comme si j’avais été là, comme si c’était moi qui avais tenu la main de mon père sur la plage, regardant les vols disloqués des mouettes dans le ciel du soir, écoutant la musique des vagues, regardant la lumière s’éteindre derrière l’horizon. Je serrais sa main et je lui parlais, en regardant son visage, sa poitrine qui soulevait à peine le drap, en tenant sa main serrée, pour lui donner un peu de ma force. Dans la ville assiégée, il n’y avait plus d’eau, plus de pain, seulement la lumière vacillante des incendies, le grondement des canons, et les silhouettes des enfants errant au milieu des décombres. C’étaient les derniers jours d’août, les montagnes brûlaient tout entières au-dessus de Sainte-Maxime.

La nuit, quand je marchais dans la colline, en sortant de l’hôpital, je voyais cette lueur dans le ciel, pareille à un crépuscule. Dans le Var, sept mille hectares étaient en flammes, il y avait un goût de cendres dans l’air, dans l’eau, jusque dans la mer. Les cargos s’éloignaient de la ville en ruine, emportant les cargaisons d’hommes. Leurs noms étaient en moi, maintenant, ils s’appelaient Sol Georgios, Alkion, Sol Phryne, Nereus. Ils partaient pour Chypre, pour Aden, pour Tunis, pour Port-Soudan. Ils avançaient sur la mer lisse, et les vagues de leurs sillages devaient s’agrandir jusqu’à mourir sur les rives, sur les plages. Les mouettes les accompagnaient longtemps, dans le ciel clair du crépuscule, jusqu’à ce que les immeubles de la côte deviennent de minuscules taches blanches. Dans les dédales des rues, les visages m’interrogeaient, les yeux me regardaient. Les femmes, les enfants, je les voyais bouger comme des ombres, dans les ruelles effondrées, dans les rainures des camps de réfugiés, à Sabra, à Chatila. Les bateaux s’éloignaient, ils allaient vers l’autre bout du monde, vers l’autre extrémité de la mer. L ’Atlantis glissait lentement le long de la jetée, il avançait sur la mer lisse, dans le vent chaud du crépuscule, il était haut et blanc comme un immeuble. Il allait vers le nord, vers la Grèce, vers l’Italie peut-être. Je guettais la mer, cette mer grise de cendres, comme si j’allais le voir apparaître, dans la pénombre, ses feux allumés, glissant sur son sillage, dans son tourbillon de mouettes.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Étoile errante»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Étoile errante» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Ourania
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Le chercheur d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Désert
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Diego et Frida
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - The African
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Fièvre
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine
Jean-Marie Le Clézio
Отзывы о книге «Étoile errante»

Обсуждение, отзывы о книге «Étoile errante» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x