Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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La troupe avait descendu la vallée, jusqu’à Valdieri, ils étaient passés au large, en suivant la rivière Gesso. Les enfants regardaient avec étonnement les hautes façades éclairées par le soleil, le bulbe de l’église, la flèche haute comme un phare. Il y avait aussi les vols des pigeons basculant dans le ciel, autour des coupoles, le son des cloches. Les fumées qui montaient, portant l’odeur des repas, les feux d’herbes sèches dans les champs. Le bruit de l’eau courant sur les galets de la rivière, un froissement doux qui parlait d’avenir. Ils allaient vers le train, ils voyageraient vers Gênes, vers Livourne, jusqu’à Rome peut-être, ils prendraient le bateau d’Angelo Donati. Il n’y avait plus de guerre. On pouvait aller partout, on pouvait commencer une vie nouvelle.

Quand le soleil était au zénith, ils se sont arrêtés au bord de la rivière pour se reposer. Les femmes ont partagé les provisions, le pain dur de Saint-Martin, et le pain frais, le fromage et les figues que les villageoises leur avaient donné au passage, à Entracque, à Valdieri.

Alors cela leur semblait peut-être une promenade, un simple pique-nique à la campagne, malgré les valises et les paquets, malgré les blessures aux pieds, la souffrance et la fièvre qui brûlait les yeux des enfants. La rivière brillait au soleil, il y avait des moucherons en suspens dans l’air, des oiseaux dans les arbres.

Ils s’étaient assis sur les plages de galets pour manger. Ils écoutaient la musique de liberté de la rivière. Les enfants avaient commencé à jouer, à courir le long des rivages. Ils fabriquaient des bateaux avec des bouts de bois. Les hommes étaient assis, ils fumaient et ils parlaient. Ils parlaient de ce qu’ils feraient, là-bas, de l’autre côté des montagnes, à Gênes, à Livourne. Certains parlaient même de Venise, de Trieste, et de la mer qu’ils allaient traverser, jusqu’à Eretz Israël.

Ils parlaient de leur terre, d’une ferme, d’une vallée. Ils parlaient de la ville de lumière, étincelante avec ses dômes et ses minarets, là où se trouvait la fondation du peuple juif. Peut-être qu’ils rêvaient qu’ils étaient déjà arrivés, et que les dômes et les tours de Valdieri étaient aux portes de Jérusalem.

Ils sont repartis assez vite, parce que la nuit venait déjà au fond de la vallée. À l’entrée de Borgo San Dalmazzo, sur la route de la gare, les soldats de la Wehrmacht les ont capturés. Tout s’est passé très vite, sans qu’ils aient compris vraiment ce qui leur arrivait. Devant eux les soldats habillés de manteaux verts étaient au bout de la longue rue étroite et froide. Derrière eux, les camions roulaient lentement, avec leurs phares allumés, et les poussaient comme un troupeau. Ils sont arrivés ainsi jusqu’à la gare. Là, les soldats les ont fait entrer dans une grande bâtisse, à droite de la gare. Ils sont entrés tous, les uns après les autres, jusqu’à ce que les grandes salles soient pleines. Alors les Allemands ont fermé les portes.

C’était la nuit. Les voix résonnaient autour de la gare. Il n’y avait pas de lumière, seulement la lueur des phares des camions. Les femmes se sont assises par terre, près de leurs paquets, et les enfants se sont serrés contre elles. Il y avait des pleurs d’enfants, des sanglots, des chuchotements. Le froid de la nuit est entré dans les grandes salles par les carreaux cassés, à travers les grillages. Il n’y avait pas de meubles, pas de lits. Au bout de la plus grande des salles, des latrines bouchées qui sentaient mauvais. Le vent de la nuit passait sur les enfants apeurés. Puis les plus petits se sont endormis.

Vers minuit, ils ont été réveillés par le bruit des trains qui arrivaient, qui manœuvraient, les grincements, les chocs des wagons, le souffle des locomotives. Il y a eu des coups de sifflet. Les enfants cherchaient à voir ce qui se passait, les petits recommençaient à pleurnicher. Mais il n’y avait pas de voix d’hommes, seulement ces bruits de machines. On n’était plus nulle part.

À l’aube, les soldats ont ouvert les portes du côté des voies ferrées, et ils ont poussé les hommes et les femmes dans les wagons sans fenêtres, peints aux couleurs du camouflage. Il faisait froid, la vapeur des locomotives s’étalait en nuages phosphorescents. Les enfants s’accrochaient à leurs mères, peut-être qu’ils disaient : « Où est-ce que nous allons ? Où est-ce qu’on nous emmène ? » Les quais, les bâtiments de la gare, et la ville alentour, tout était vide. Il n’y avait que les figures fantomatiques des soldats vêtus de leurs longs manteaux, debout de loin en loin dans la vapeur des trains. Peut-être que les hommes rêvaient de s’échapper, il suffirait d’oublier les femmes et les enfants et courir à travers les voies, sauter par-dessus les talus et disparaître dans les champs. L’aube était interminable et silencieuse, sans cris et sans voix, sans oiseaux et sans aboiements de chiens, avec seulement le souffle bas des locomotives et les grincements des attelages, puis le raclement aigu quand les roues avaient commencé à patiner sur les rails et que le train s’était ébranlé pour ce voyage sans but, Turin, Gênes, Vintimille, les enfants serrés contre leur mère, l’odeur âcre de la sueur et de l’urine, les coups des bogies, la fumée qui entrait dans les wagons aveugles, et la lumière de l’aube à travers les fentes des portes, Toulon, Marseille, Avignon, le bruit des roues, les pleurs des enfants, la voix étouffée des femmes, Lyon, Dijon, Melun, et le silence qui suivait l’arrêt du train, et cette nouvelle nuit froide, l’immobilité étourdissante, Drancy, l’attente, tous ces noms et tous ces visages qui s’effaçaient, comme s’ils avaient été sœurs et frères arrachés de la mémoire d’Esther.

Les orphelins allaient à l’église de Festiona, chaque après-midi, à la tombée de la nuit. Un soir, Brao s’est échappé, et il a rencontré Esther sur la place. « Viens. » Il lui montrait l’église. Esther ne voulait pas, elle avait horreur d’entendre le bruit de pas des enfants, le bourdonnement machinal des prières. À côté de la porte, il y avait cette peinture bizarre, la Vierge piétinant un dragon. Brao a pris Esther par la main et l’a conduite à l’intérieur de l’église. On aurait dit une grotte très noire. Ça sentait le bois ciré et le suif. Au fond de l’église, de chaque côté de l’autel, une petite étoile de lumière vacillait dans le froid. Esther s’est approchée des lumières, comme si elle n’arrivait pas à détacher son regard.

Au bout d’un moment, Brao l’a tirée par le bras. Il semblait inquiet, il ne comprenait pas. Alors Esther a pris une des lumières, et elle a commencé à allumer les bougies, les unes après les autres. Elle ne savait pas bien pourquoi elle faisait cela, elle voulait voir la lumière briller, comme ce soir, à Saint-Martin, quand elle était entrée dans le chalet en haut du village, avec toutes ces flammes qui palpitaient. C’était la même lumière, maintenant, comme si le temps ne passait pas, et qu’on était encore de l’autre côté, avant la barrière des montagnes, et que les flammes trouaient l’ombre et vous regardaient.

C’étaient les yeux des gens là-bas qui vous voyaient, les enfants, les femmes, Cécile avec son fichu sur ses beaux cheveux noirs. Les voix des hommes qui grandissaient, résonnaient comme un orage, et puis devenaient très douces et murmuraient, et les paroles du livre, dans cette langue mystérieuse, qui entraient en vous sans qu’on les comprenne.

Une lumière à la main, Esther faisait le tour de l’église et elle allumait les bougies partout où il y en avait, dans les coins, devant les statues, de chaque côté de l’autel. Brao restait debout près de l’entrée, il regardait sans rien dire mais ses yeux brillaient aussi. La jeune fille allait et venait fébrilement, elle faisait naître d’autres étoiles de lumière, et à présent, l’église resplendissait comme pour une fête. Les bougies étincelaient. Cela faisait une chaleur intense, magique presque. Esther est restée debout au milieu de l’église, à regarder briller les lumières. Elle laissait entrer en elle la chaleur. C’était comme s’ils étaient tous là, un instant encore, juste un instant, elle sentait la force de leur regard, les enfants qui interrogeaient, les femmes qui donnaient leur amour, elle sentait la force dans le regard des hommes, elle entendait le son grave de leurs voix, et ce mouvement lent de balancement des corps tandis qu’ils chantaient, et l’église tout entière qui vibrait et oscillait a la manière d’un navire.

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