Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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Mario avait parlé quelquefois de la foudre qui tue les bergers sous les arbres, ou dans leurs cabanes de pierres. Il disait à Esther que ceux qui entraient dans la zone de mort, juste avant d’être frappés par la foudre, entendaient un bruit bizarre, comme un drôle de bourdonnement d’abeilles qui venait de tous les côtés à la fois, et qui tournait dans leur tête et les rendait fous. Maintenant, le cœur battant, c’était ce bruit qu’Esther guettait, tandis qu’elle montait le long du chemin de pierres.

Plus haut, une pluie fine commença à tomber. Sur la droite, accroché au flanc de la montagne, il y avait un blockhaus. Des femmes et des hommes s’étaient réfugiés là, accablés de fatigue et transis de froid. On voyait leurs silhouettes à l’entrée de cet abri sinistre. Mais Elizabeth dit : « Il ne faut surtout pas s’arrêter ici, il faut être de l’autre côté de la frontière avant la nuit. » Elles continuaient à marcher, à bout de souffle, sans penser à rien. La brume les enveloppait à tel point qu’elles croyaient être les seules à avoir marché si loin.

Soudain, le ciel s’ouvrit et montra un grand morceau de ciel bleu. Esther et Elizabeth s’arrêtèrent, émerveillées. Elles étaient parvenues au col. Maintenant Esther se souvenait de ce que racontaient les enfants, au village, cette fenêtre qui s’était ouverte dans le ciel, quand la statue de la Vierge avait fui à travers la montagne. C’était ici, cette fenêtre par laquelle on voyait l’autre côté du monde.

Dans le chaos de rochers, entre les sommets, la lumière du soleil brillait sur la neige fraîche. Le vent était glacé, mais Esther ne le sentait plus. Au milieu des rochers, les fugitifs étaient assis pour se reposer, femmes, vieillards, enfants. Ils ne se parlaient pas. Emmitouflés, le dos tourné sous le vent, ils regardaient autour d’eux les cimes qui semblaient glisser sous les nuages. Ils regardaient surtout l’autre côté, l’Italie, la pente tachée de neige, les ravins voilés, et la grande vallée déjà dans l’ombre de la nuit. Bientôt, tout serait obscur, mais à présent, ça n’avait plus d’importance. Ils étaient passés, ils avaient réussi à franchir le mur, l’obstacle qui leur faisait peur, ils étaient venus à bout des dangers, du brouillard, de la foudre.

Au-dessous d’eux, à l’endroit même d’où ils venaient, les lueurs rouges vacillaient dans l’épaisseur des nuages, le tonnerre grondait comme une canonnade. Le soleil s’éteignit, le ciel se referma, la pluie recommença à tomber. Elle était drue et froide, elle piquait le visage et les mains, les gouttes s’accrochaient à la toison du mouton, sur la poitrine d’Esther. Elle a ramassé la valise, Elizabeth a chargé le sac de toile sur son épaule. Les autres fugitifs s’étaient relevés, et dans l’ordre même qu’ils avaient suivi pour monter jusqu’au col, hommes et jeunes gens en tête, femmes, vieillards et enfants ensuite, par petits groupes silencieux, ils ont commencé la descente vers le fond de la vallée déjà dans la nuit, d’où montaient quelques fumées blanches, les villages oubliés de la Stura, où ils croyaient qu’ils trouveraient leur salut.

Festiona, 1944

C’était le temps très long de l’hiver. L’écharpe de fumée traînait sur les lauzes des toits, à Festiona. Il faisait froid l’après-midi. Le soleil se couchait tôt derrière les montagnes, la vallée de la Stura était un lac d’ombre. Esther aimait bien cette ombre, elle ne savait pas pourquoi. Cette fumée qui sortait des toits, qui flottait le long des ruelles, qui entourait la pension Passagieri, la fumée qui noyait les arbres, qui effaçait les jardins. Alors, elle marchait le long des ruelles désertes, en écoutant le bruit de ses galoches qui troublait à peine le silence cotonneux. Il y avait toujours des chiens qui aboyaient.

Tout l’hiver, à Festiona, elle était seule, seule avec Elizabeth. Toutes les deux, elles travaillaient à la pension Passagieri, en échange de la nourriture et d’une chambre au premier étage, sous les toits, avec une porte-fenêtre qui donnait sur le balcon, du côté de l’église. Sur le clocher, la pendule arrêtée marquait interminablement quatre heures moins dix.

Elizabeth, debout sur le balcon, suspendant les draps, le linge. Elle mettait un chandail par-dessus sa robe-tablier, ses mains et ses joues étaient rouges comme celles d’une paysanne. Laver le sol de la cuisine au savon et à la brosse, brûler les ordures à l’aube dans la cour, éplucher les légumes, donner à manger aux lapins qui servaient à l’ordinaire du restaurant. Mais elle n’avait jamais voulu les tuer. C’était Angela, la maîtresse de la maison (on disait aussi qu’elle était la maîtresse de M. Passagieri) qui se chargeait de la sale besogne, et elle le faisait sans histoires, le coup sur la nuque et la peau retournée, le corps sanguinolent pendu par les pieds. La première fois qu’elle l’avait vu, Esther était partie en courant à travers les herbes, jusqu’au grand fleuve. « Je veux retourner à Saint-Martin, je ne veux plus rester ici, il ne nous retrouvera jamais ici ! » Elizabeth avait couru derrière elle dans les broussailles, elle l’avait rattrapée au bord du fleuve, à bout de souffle, les genoux écorchés par les ronces, elle avait d’abord giflé Esther, puis elle l’avait serrée contre elle, c’était la première fois qu’elle la frappait. « Ne t’en va pas, mon cœur, mon étoile, reste avec moi, sinon j’en mourrai. » Esther alors la haïssait, comme si c’était elle qui avait voulu tout cela, qui avait mis ces montagnes glacées entre elle et son père, pour la briser.

La pension Passagieri n’avait pas beaucoup de clients. C’était la guerre. Il y avait quelques commis-voyageurs sur la route de Vinadio, comme égarés, et trois ou quatre paysans du village d’en dessous, veufs, ou trop vieux pour rester chez eux dans leur cuisine. Ils parlaient dans la salle du restaurant, les coudes appuyés sur la toile cirée. Pour aider, Esther apportait les assiettes, la soupe, la polente, le vin. Ils parlaient dans leur langue chantante, ils disaient, « wagazza », avec une drôle de façon de prononcer les « r », comme en anglais. Ils ne riaient pas, mais Esther les aimait bien, ils étaient si élégants, discrets.

Quand Angela allait acheter les provisions, c’était Esther qui l’accompagnait. Angela ne parlait pas beaucoup. Elle attendait à l’entrée de la ferme qu’on lui apporte le lait, les légumes, les œufs, parfois un lapin vivant qu’elle portait par les oreilles. Son ulcère allait mal, elle boitait, elle ne pouvait plus mettre de bas. Esther regardait avec crainte cette plaie qui attirait les mouches, au début elle avait pensé que ça allait bien avec une tueuse de lapins. Mais Angela était, sous son apparence rébarbative, pleine de gentillesse et de générosité. Elle disait à Esther « figlia mia ». Elle avait un regard d’un bleu très vif. C’était comme son aïeule qu’elle n’avait jamais connue.

À Festiona, il n’y avait pas de temps, pas de mouvement, il n’y avait que les maisons grises aux toits de lauzes où traînait la fumée, les jardins silencieux, la brume du matin que le soleil faisait fondre, et qui revenait l’après-midi, qui envahissait la grande vallée.

Esther écoutait les bruits, le soir, dans la petite chambre, en attendant qu’Elizabeth revienne du travail. Elle frissonnait. Les voix des chiens qui se répondaient. Le bruit des galoches des pensionnaires de l’asile d’enfants, qui allaient et revenaient de l’église. Un ronronnement de prières, par moments. Elizabeth avait pensé inscrire Esther à l’école, là, dans l’asile. Mais la jeune fille avait refusé, sans cris, sans larmes. « Jamais je n’irai là. » L’asile était une grande maison sombre à un étage, aux volets fermés dès quatre heures, qui abritait une douzaine d’orphelins de guerre et quelques cas difficiles placés là par leurs parents. Garçons et filles étaient vêtus de tabliers gris, ils étaient pâles, maladifs, avec un regard en dessous. Ils ne sortaient jamais de l’asile, sauf pour aller à l’église le matin et le soir, et le dimanche, pour une promenade en rangs, jusqu’à la rivière, encadrés par les bonnes sœurs et par un grand homme vêtu de noir qui servait d’appariteur. Esther avait si peur d’eux qu’elle se cachait dès qu’elle entendait le bruit de leurs pas résonner sur la place et dans les ruelles.

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