Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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Après la nuit passée sous la pluie, la bâtisse militaire semblait presque luxueuse. Il n’y avait pas assez de lits pour tout le monde, et Esther et Elizabeth devaient partager le même lit. D’autres fugitifs arrivaient, s’installaient où ils pouvaient dans le dortoir. Quand il n’y a plus eu de place dans la maison militaire, les gens sont allés s’installer dans la chapelle, dont les portes avaient été défoncées.

Les hommes les plus vaillants, avec M. Seligman, ont décidé de passer le col avant la nuit. Le vent avait chassé les nuages, et les hautes montagnes, au fond de la vallée, étaient brillantes de neige. Esther était sur la place quand la troupe a commencé à monter le long du chemin, au-dessus du sanctuaire. Elle les regardait partir, et elle aurait eu envie d’être avec eux, parce que ce soir même ils seraient en Italie. Mais sa mère était trop fatiguée pour continuer, et peut-être qu’elle espérait vraiment que son père arriverait ce soir.

En bas de la pente, il y avait une vacherie abandonnée, au milieu de grands prés que traversaient les sources du torrent. Esther pensait que c’était de ce côté-là que son père devait venir. Elle l’imaginait en train de descendre la montagne, de traverser les pâtures, avec l’herbe qui lui arriverait jusqu’à la taille, et il sauterait d’un rocher à un autre pour franchir le torrent.

Les enfants des fugitifs avaient déjà oublié leur fatigue. Ils commençaient à jouer sur la place du sanctuaire, ou à descendre les pentes en courant, en riant et en poussant des cris. Esther les regardait, et quand elle s’apercevait qu’à cause d’eux elle avait oublié de guetter la venue de son père au fond de la vallée, son cœur se serrait. Puis les cris stridents des enfants résonnaient encore, et de nouveau elle les suivait des yeux. Les chocards étaient restés au-dessus du sanctuaire. Eux aussi, ils tournoyaient dans le ciel en criant, comme s’ils avaient quelque chose à dire aux hommes.

Ensuite la mère d’Esther est venue s’asseoir près d’elle, elle l’a entourée de son bras et elle l’a serrée fort. Elle aussi avait guetté tout l’après-midi le fond de la vallée, la pente aride et noire de la montagne. Elle ne disait rien. Esther demanda : « Si papa ne peut pas venir ce soir, est-ce qu’on va l’attendre ici demain ? » Elizabeth a répondu tout de suite : « Non, il a dit qu’il ne fallait pas l’attendre, qu’il fallait marcher sans s’arrêter. — Alors il nous rejoindra en Italie ? — Oui, ma chérie, il va nous rejoindre, il viendra par un autre chemin, il connaît tous les chemins. Peut-être qu’il est déjà passé par Berthemont, avec ses amis. Les Allemands poursuivent les Juifs partout, tu comprends ? C’est pour cela qu’il faut marcher sans s’arrêter. » Mais comme tout à l’heure, Esther savait que sa mère mentait, qu’elle inventait tout cela, pour la rassurer. Cela lui faisait mal, au centre de son corps, comme le coup de poing que les garçons lui avaient donné autrefois, près de la grange abandonnée. « Et Rachel ? » dit Esther tout d’un coup. « Est-ce que les Allemands la poursuivent, elle aussi ? » Sa mère sursauta, comme si Esther avait dit un blasphème. « Pourquoi parles-tu de Rachel ? » Esther dit : « Parce qu’elle est juive, elle aussi. » Elizabeth haussa les épaules : « Elle a tout abandonné, ses parents, tout le monde. Elle est partie avec les Italiens. » Esther se mit en colère, elle cria presque : « Non, ce n’est pas vrai ! Elle n’est pas partie avec les Italiens ! Elle est restée au village avec ses parents. — Comment le sais-tu ? » dit sa mère. Esther répéta avec entêtement : « Elle n’est pas allée avec les Italiens, je le sais. Elle est restée avec ses parents. — Très bien », dit Elizabeth froidement. « Je suppose qu’elle saura se débrouiller. » Elles ont gardé le silence, regardant ensemble le même point, au fond de la vallée, près de la lisière de la forêt. Mais quelque chose s’était brisé, peut-être qu’elles n’attendaient plus rien.

Vers la fin de l’après-midi, les nuages obscurcirent les sommets. Les roulements du tonnerre faisaient vibrer le sol, avec des grondements si nets que certains, parmi les fugitifs, crurent à un début de bombardement et poussèrent des cris de peur. La pluie commença à tomber à larges gouttes. Esther courut se mettre à l’abri dans la chapelle. Il faisait si sombre qu’elle ne distinguait rien, et qu’elle trébuchait sur les corps. Les fugitifs étaient allongés par terre, enveloppés dans des couvertures. D’autres étaient debout, appuyés le dos aux murs. La partie gauche du toit avait été crevée par un obus, et la pluie cascadait à l’intérieur de la chapelle. Malgré les interdictions des Italiens, des bougies avaient été allumées, à droite de l’autel, et la lumière vacillante montra à Esther les formes et les visages des fugitifs. C’étaient, pour la plupart, des vieux, vieillards et vieilles femmes vêtus à la manière des Russes ou des Polonais, semblables à ceux qu’Esther avait vus au cours du shabbat, dans le chalet. La fatigue, l’angoisse avaient creusé leurs visages.

Près des bougies, au pied de l’autel, les vieux emmitouflés dans leurs caftans étaient tournés vers le Reb Eïzik Salanter qui lisait à haute voix dans un livre, le dos à la lumière des bougies pour mieux voir. Appuyée contre le mur froid de la chapelle, Esther écoutait à nouveau les paroles incompréhensibles, dans cette langue douce et saccadée, sans quitter des yeux le vieil homme éclairé par les bougies. À nouveau, elle a ressenti ce frisson, comme si cette voix inconnue ne résonnait que pour elle, au fond d’elle. La voix basse, chuintante, lisait le livre, et cela effaçait sa fatigue, sa peur, sa colère. Elle ne pensait plus à la pente noire où son père aurait dû venir, elle cessait d’y penser comme à un ravin terrifiant et mortel, mais comme à un chemin très long, très lointain, dont la fin était un secret. Tout s’était transformé ici, les montagnes où grondait le tonnerre, le chemin qui s’enfonçait dans les gorges, tout cela était devenu pareil à une légende, où les éléments tournaient pour s’assembler dans un ordre nouveau.

Dehors, la pluie tombait à torrents, et l’eau cascadait même à l’intérieur de la chapelle, par le toit béant. Les enfants étaient serrés contre leurs mères, et elles balançaient doucement leur corps, au rythme tranquille de la voix d’Eïzik Salanter qui lisait les paroles du livre.

Puis le vieil homme a gardé le livre ouvert devant son visage, longtemps, et il a commencé à chanter d’une voix grave et douce qui ne chevrotait pas. Alors les hommes et les femmes, et même les jeunes enfants ont chanté avec lui, en l’accompagnant sans paroles, simplement en répétant le même mot : Aïe, aïe, aïe, aïe !.. Une des fillettes polonaises, celle qui avait les yeux si pâles et qui avait conduit Esther jusqu’à sa famille, s’est approchée d’elle et l’a prise par la main. Elle l’avait reconnue malgré la pénombre. À la lueur des éclairs, Esther a vu son visage, comme éclairé par une joie intérieure tandis qu’elle chantait avec les autres, en balançant lentement son corps. Esther s’est mise à chanter, elle aussi.

Le chant résonnait à l’intérieur de la chapelle, par-dessus le fracas de l’eau et du tonnerre. Il semblait que les quelques bougies allumées sur le porte-cierges, près de l’autel, diffusaient la même lumière que dans le temple, le soir du shabbat. À présent, d’autres gens, venus des dortoirs des maisons militaires, entraient à l’intérieur de la chapelle. Esther vit sa mère, debout près de la porte. Sans lâcher la main de la jeune Polonaise, elle marcha jusqu’à elle et la fit entrer jusqu’au mur où elles étaient installées. Dehors, la nuit était noire, zébrée d’éclairs. Peu à peu, le chant cessa. Tout le monde resta en silence, à écouter le bruit de la pluie et les coups de tonnerre qui s’éloignaient dans les vallées. L’une après l’autre, les lumières des bougies vacillaient, s’éteignaient. Personne ne savait plus où on était. Plus tard, Esther a traversé la cour, dans le vent froid, et elle est allée se coucher dans le lit d’Elizabeth, et elles se sont serrées l’une contre l’autre pour ne pas tomber.

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