Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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La nuit arrivait doucement. Dans la forêt, un peu partout, les voix humaines résonnaient avec plus de force. Malgré la fatigue, Esther n’avait pas sommeil. Elle marcha en aval du torrent, guidée par les voix d’enfants. À quelque cent mètres plus bas, elle aperçut un groupe de fillettes qui jouaient au bord du torrent. Malgré leurs habits, elles étaient dans l’eau jusqu’à mi-cuisses, et elles s’aspergeaient en riant. Esther les reconnut. C’étaient de jeunes Polonaises, qui étaient arrivées au village au début de l’été avec leurs parents, et qui ne parlaient que dans leur langue, si étrange et chantante. Esther se souvenait que son père lui avait parlé, un soir, d’une ville au nom étrange comme la langue des fillettes, Rzeszow, et des soldats allemands qui avaient mis le feu aux maisons et chassé tous les Juifs, et les avaient enfermés dans des wagons à bestiaux pour les envoyer dans des camps, dans des forêts où même les enfants devaient travailler jusqu’à en mourir. Elle se souvenait de cela, et elle regardait les fillettes. Maintenant, elles étaient ici, dans cette forêt profonde, au bord de ce torrent, chassées de nouveau, elles allaient vers l’inconnu, vers les montagnes où s’amoncelaient les nuages, et pourtant elles semblaient aussi insouciantes que si ç’avait été une promenade. Esther entra dans la clairière pour les regarder. À présent, les fillettes jouaient à s’attraper, courant d’un arbre à un autre, avec leurs longues robes noires qui se gonflaient autour d’elles comme si elles dansaient. La plus grande, qui devait avoir dix ou onze ans, avait des cheveux et des yeux très pâles, tandis que ses sœurs étaient brunes. À un moment, elles aperçurent Esther. Elles s’immobilisèrent. Ensemble, avec précaution, elles s’approchèrent, et elles prononcèrent quelques mots dans leur langue. La nuit venait. Esther savait qu’elle devait retourner auprès de sa mère, et pourtant elle ne pouvait pas détacher son regard des yeux pâles de la petite fille. Les autres recommencèrent à jouer.

Près d’un pin, il y avait leurs parents, des femmes vêtues de noir et des hommes habillés de caftans. Il y avait aussi un vieil homme portant une grande barbe grise, qu’Esther avait aperçu à l’entrée du temple, dans le chalet.

La petite fille prit Esther par la main et la conduisit jusqu’à l’arbre. Une des femmes, en souriant, lui posa des questions, mais toujours dans cette langue étrange. Elle avait un beau visage régulier, et ses yeux étaient d’un vert très pâle, comme ceux de la petite fille. Alors elle découpa une tranche de pain noir et elle la tendit à Esther. Esther n’osa pas dire non, mais elle sentit comme de la honte, parce qu’elle avait mangé déjà du fromage et des figues, sans rien partager. Elle prit le pain, et sans rien dire, elle repartit en courant jusqu’à la route de pierres, et elle se hâta vers la clairière où sa mère l’attendait. La nuit resserrait déjà les arbres, mettait partout des ombres inquiétantes. Derrière elle, elle entendait encore les voix et les rires des fillettes.

La pluie a commencé à tomber. Sur les toits ça faisait un bruit doux de froissement, un bruit doux et tranquille, après les grondements des moteurs des camions, et les bruits de pas. Rachel sort dans les rues, malgré la nuit noire, elle se met à marcher sous la pluie, emmitouflée dans le grand châle noir de sa mère. Quand le bruit des camions italiens a commencé à résonner dans toute la vallée, elle a voulu courir jusqu’à la place, mais sa mère a dit : N’y va pas ! N’y va pas, je t’en prie, reste avec nous ! Son père était malade, et Rachel n’est pas sortie. Tout le jour, les camions ont fait leur bruit dans la vallée, dans les montagnes. Parfois, le bruit était si proche qu’on avait l’impression que les camions allaient renverser les murs de la maison. Après, il y a eu le bruit de pas, et c’était peut-être encore plus effrayant, ce bruit mou, ces galopades. Jusque dans la nuit, les gens remontaient la ruelle, s’éloignaient. On entendait des voix, des appels étouffés, des pleurs d’enfants. Rachel est restée éveillée toute la nuit, dans l’obscurité, assise sur une chaise à côté du lit où sa mère dormait. Dans l’autre lit, dans la petite chambre, elle entendait le souffle trop rapide de son père, sa toux sèche d’asthmatique. Le matin, c’était dimanche, il y a eu un grand calme. Le soleil brillait au-dehors, à travers les interstices des volets. Il y avait des cris d’oiseaux dans l’air, comme en été. Mais Rachel n’a pas voulu sortir, ni même ouvrir les volets. Elle était si fatiguée qu’elle en avait mal au cœur. Quand sa mère s’est levée pour se préparer et pour cuisiner, Rachel s’est couchée dans le lit encore tiède, et elle s’est endormie.

Maintenant, la nuit est revenue, la pluie tombe doucement sur les toits du village. Quand elle s’est réveillée, Rachel n’a pas bien compris où elle était. Elle a cru un instant qu’elle était dans la chambre de l’hôtel, avec Mondoloni, puis elle s’est souvenue de ce qui s’était passé. Peut-être qu’elle a pensé que le carabinier était resté seul dans l’hôtel, et qu’il écoutait la pluie tomber, lui aussi. Les soldats italiens sont tous partis, et le silence est revenu dans la montagne. Un jour, dans l’hôtel, pendant qu’elle se coiffait devant la glace, dans la chambre, il s’est approché d’elle et il l’a regardée avec un drôle d’air. Il a dit : « Quand la guerre sera finie, je t’emmènerai en Italie, partout, à Rome, à Naples, à Venise, on fera un très long voyage. » C’est ce jour-là qu’il lui a donné cette bague avec la pierre bleue.

Rachel marche dans les rues silencieuses. Tous les volets sont fermés. Elle pense à quelque chose qui fait battre son cœur, elle pense que c’est peut-être aujourd’hui, la guerre est peut-être finie. Quand les Américains ont bombardé Gênes, Mondoloni a dit que c’était fini, que les Italiens allaient signer l’armistice. Les soldats italiens sont partis dans la montagne, ils sont rentrés chez eux, et la ville s’est endormie, sans bruit, comme quelqu’un de très fatigué.

Rachel se hâte vers la place. Quand elle arrivera devant l’hôtel, elle frappera au volet, comme d’habitude, et il viendra ouvrir. Elle sentira son odeur, l’odeur du tabac, l’odeur de son corps, elle entendra sa voix résonner dans sa poitrine. Elle aime quand il parle de l’Italie. Il parle des villes, de Rome, de Florence, de Venise, il dit des choses en italien, lentement, comme si elle pouvait comprendre. Quand la guerre sera finie, elle pourra s’en aller, loin de ce village, loin des gens qui épient et qui parlent, des garçons qui lui jettent des cailloux, loin de la maison en ruine, de l’appartement froid où son père tousse, elle va voyager dans ces villes où il y a de la musique dans les rues, des cafés, des cinémas, des magasins. Elle a tellement envie que ce soit vrai, tout de suite, que ses jambes tremblent sous elle et qu’elle doit s’arrêter, dans l’embrasure d’une porte, avec l’eau qui dégouline sur sa tête et colle le foulard noir à ses cheveux.

Elle est dans la rue qui monte jusqu’à la place, elle passe devant la villa du Mûrier, là où habite M. Ferne. On ne voit pas de lumière par les trous des volets, et il n’y a pas de bruit, la nuit est très noire. Mais Rachel est sûre que le vieux est dans la maison. En prêtant l’oreille, il lui semble qu’elle l’entend parler tout seul, de sa voix chevrotante. Elle l’imagine en train de faire tout seul les questions et les réponses, et ça lui donne envie de rire.

Elle entend à présent l’eau qui cascade dans le bassin de la fontaine. Sur la place, les arbres sont éblouissants de lumière. Pourquoi y a-t-il tant de lumière ? Est-ce qu’il n’y a plus de couvre-feu ? Rachel pense aux sentinelles. Les carabiniers ont tiré sur le mari de Julie Roussel, la nuit où il allait chercher le docteur pour l’accouchement. Quand Mondoloni parle des soldats, il dit « bruti », en baissant la voix, avec mépris. Il n’aime pas les Allemands. Il dit qu’ils sont comme des animaux.

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