Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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La troupe marchait sur la route de pierres, entre les champs d’herbes, là où Esther allait se cacher autrefois, pour attendre le retour de son père. Le torrent faisait son bruit en contrebas, un froissement d’eau qui résonnait sur les flancs de la montagne. Dans le ciel, les nuages blancs s’amoncelaient à l’est, formant des architectures fantastiques au fond de la vallée, comme des pics de neige, comme des châteaux. Esther se souvenait de les avoir regardés arriver, allongée sur les pierres plates, encore mouillée de l’eau du torrent, sentant les gouttelettes froides qui se rétrécissaient sur la peau de ses cuisses, écoutant la musique de l’eau et le vrombissement des guêpes. Elle se souvenait qu’elle voulait aller avec les nuages, parce qu’ils glissaient librement dans le vent, qu’ils allaient sans souci de l’autre côté des montagnes, jusqu’à la mer. Elle imaginait tout ce qu’ils voyaient, les vallées, les rivières, les villes pareilles à des fourmilières, et les grandes baies où la mer étincelle. Aujourd’hui, c’étaient les mêmes nuages, et pourtant ils avaient quelque chose de menaçant. Ils faisaient comme un barrage au fond de la vallée, ils mangeaient les sommets des montagnes, ils dressaient un grand mur blanc et sombre, infranchissable.

Esther serrait fort la main de sa mère, tandis qu’elles marchaient au même pas sur le chemin, dans la longue cohorte. Déjà la forêt s’était épaissie, et les châtaigniers et les chênes avaient été remplacés par de grands pins au feuillage presque noir. Jamais Esther n’était allée si loin dans la vallée du torrent. Maintenant, on ne voyait plus le bout de la vallée, ni la muraille de nuages. Seulement, par instants, entre les fûts des arbres, le torrent qui scintillait au soleil. La troupe avait ralenti sa marche, peinant le long du sentier en pente. Les vieillards, les femmes qui portaient des enfants s’arrêtaient déjà au bord du chemin pour se reposer, assis sur des rochers, ou sur leurs valises. Personne ne disait rien. On entendait le bruit des chaussures sur les pierres, et les cris des jeunes enfants, qui résonnaient bizarrement, un peu étouffés par les arbres, pareils à des cris d’animaux. En traversant la forêt, la troupe effrayait des chocards qui s’envolaient un peu plus loin en criaillant. Esther regardait les oiseaux noirs, et elle se souvenait de ce que son père avait dit, un jour, en parlant de l’Italie. Il avait montré un corbeau dans le ciel : « Si tu pouvais voler comme cet oiseau, tu y serais ce soir même. » Elle n’osait pas poser la question à Elizabeth, lui demander : « Quand est-ce que papa nous rejoindra ? » Mais elle serrait très fort sa main en marchant, et elle la regardait furtivement, le visage aigu, pâle de sa mère, sa bouche aux lèvres serrées, son expression vieillie par le foulard noir qui serrait ses cheveux, et qu’elle avait mis pour ressembler aux autres femmes. Cela aussi serrait sa gorge de colère, parce qu’elle se souvenait des jours d’été, quand Elizabeth mettait sa belle robe bleue décolletée et ses Spartiates, et qu’elle brossait longuement sa chevelure si noire et soyeuse, pour faire plaisir au père d’Esther et l’accompagner jusqu’à la place du village. Esther se souvenait des longues jambes bronzées de sa mère, de la peau si lisse sur ses tibias, de la lumière qui brillait sur ses épaules nues. Maintenant, sûrement, rien de tout cela ne pourrait revenir, car peut-on retrouver ce qu’on a laissé derrière soi en partant ? « Est-ce qu’on retournera ici avec papa, est-ce qu’on s’en va vraiment pour toujours ? » Esther n’avait pas demandé cela, quand, après s’être habillée à la hâte, elle avait pris la valise et était sortie de la maison en montant les six marches étroites qui conduisaient jusqu’à la rue. Elles marchaient ensemble dans la rue, vers la place, et Esther n’avait pas osé poser la question. Mais sa mère avait compris ; elle avait fait seulement une drôle de grimace, en haussant les épaules, et Esther l’avait vue un peu plus loin qui essuyait ses yeux et son nez, parce qu’elle pleurait. Alors elle s’était mordu la lèvre de toutes ses forces, jusqu’au sang, comme quand elle voulait effacer quelque chose de mal qu’elle avait fait.

Elle n’avait plus regardé personne, pour ne pas avoir à lire le malheur dans les yeux, pour qu’on ne sache pas qu’elle y pensait, elle aussi. Sur la route de pierres qui montait à travers la forêt, les gens avaient pris leurs distances. Les plus jeunes, les hommes, les jeunes garçons, étaient loin devant, on n’entendait même plus leurs voix quand ils s’interpellaient. Derrière eux s’étirait la longue procession. Bien qu’elles ne marchassent pas vite à cause du poids des valises qui leur brûlait les mains, Esther et sa mère dépassaient d’autres femmes, les vieilles qui trébuchaient sur les cailloux, les femmes qui portaient des bébés dans leurs bras, les vieux Juifs vêtus de leurs caftans trop lourds, appuyés sur des cannes. Quand elles arrivaient près d’eux, Esther ralentissait, pour les aider, mais sa mère la tirait alors par le bras, presque avec violence, et Esther était effrayée de voir l’expression dure sur son visage, tandis qu’elles dépassaient les retardataires. Au fur et à mesure qu’elles marchaient, les silhouettes de femmes assises au bord du chemin devenaient de plus en plus rares. Puis il y eut un moment où Esther et sa mère marchaient complètement seules, sans plus rien entendre que le bruit de leurs propres pas et le fracas doux du ruisseau en contrebas.

Le soleil était tout près de la ligne des montagnes, derrière elles. Le ciel était devenu pâle, presque gris, et devant elles, les nuages lourds étaient massés. Comme elle avait cherché cela depuis un bon moment, Elizabeth aperçut tout à coup une sorte de clairière, sur une plate-forme au-dessus du torrent. Elle dit : « C’est là qu’on va passer la nuit. » Elle descendit un peu, jusqu’aux rochers qui surplombaient le torrent. Jamais Esther n’avait vu un endroit plus joli. Entre les masses arrondies des rochers, la mousse faisait un tapis, et au-dessus, à gauche, il y avait une petite plage de sable où venaient mourir les vagues du torrent. Après la dureté du chemin de pierres et la brûlure du soleil, après tant de trouble et d’incertitude, tant de fatigues, cet endroit parut à Esther comme une image du paradis. Elle courut s’étendre sur la mousse, entre les blocs de rocher, et elle ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, elle vit devant elle le visage de sa mère. Elizabeth avait lavé ses bras et sa figure dans l’eau du torrent, et la lumière vague du soir faisait un halo autour de ses cheveux dénoués. « Tu es si belle », a murmuré Esther. « Tu devrais aller te laver aussi », dit Elizabeth, « elle est bien fraîche, et puis d’autres gens vont sûrement s’arrêter pour la nuit. » Esther enleva son châle et ses chaussures, et elle entra dans l’eau glacée jusqu’à mi-mollets, en relevant sa robe. L’eau froide glissait le long de ses jambes, les insensibilisait. Elle but de l’eau dans le creux de sa main, elle s’aspergea la figure, pour atténuer la brûlure du soleil. L’eau mouillait le bas de sa robe, les manches de son chandail, s’accrochait à la toison du mouton.

Un peu plus tard, en effet, les gens sont arrivés. Beaucoup s’étaient arrêtés plus bas, dans une autre clairière, et Esther entendait la voix des enfants, les appels des femmes. Tout le monde savait qu’il ne fallait pas allumer de feu afin de ne pas être repérés par l’armée allemande, alors on préparait le repas du soir comme on pouvait. Les femmes avaient sorti le pain, elles découpaient des tranches que les enfants mangeaient, assis devant le torrent. La mère d’Esther avait emporté un morceau de fromage sec que lui avait donné la propriétaire de leur appartement, et cela semblait délicieux. Elles mangèrent aussi des figues, puis elles allèrent boire à même le torrent, à genoux sur la petite plage. Avant la nuit, elles construisirent un abri, avec des branches de pin, dont les aiguilles serrées faisaient comme un toit.

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