Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1994, ISBN: 1994, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Étoile errante: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Étoile errante»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

Étoile errante — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Étoile errante», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

C’est le vendredi qu’Esther est entrée pour la première fois dans la synagogue en haut du village, là où avait lieu la cérémonie du shabbat. Chaque vendredi, c’était la même chose : M. Yacov, qui était l’assistant du vieux Reb Eïzik Salanter, allait de maison en maison et frappait à la porte, là où il savait que vivaient des Juifs. Chaque fois, il cognait à la porte de la maison d’Esther, mais personne n’allait au shabbat, parce que ni sa mère ni son père ne croyaient à la religion. Quand Esther avait demandé, un jour, pourquoi ils n’allaient pas au chalet, pour le shabbat, son père avait simplement dit : « Si tu veux y aller, tu es libre d’y aller. » Il pensait toujours que la religion était une affaire de liberté.

Plusieurs fois, elle était allée devant le chalet, au moment où les femmes et les filles entraient pour préparer le shabbat. Par la porte ouverte, elle avait vu briller les lumières, elle avait entendu le bourdonnement des prières. Aujourd’hui, devant la porte ouverte, elle ressentait la même appréhension. Des femmes vêtues de noir passaient devant elle, sans la regarder, entraient dans la salle. Elle a reconnu Judith, celle qui était assise à côté d’elle à l’école. Elle avait un fichu noir sur la tête, et quand elle est entrée dans le chalet avec sa mère, elle s’est retournée vers Esther et lui a fait un petit signe.

Esther est restée un long moment, arrêtée de l’autre côté de la rue, à regarder la porte ouverte. Puis soudain, sans comprendre pourquoi, elle a marché jusqu’à la porte et elle est entrée dans le chalet. À l’intérieur, à cause de la nuit qui venait, il faisait sombre comme dans une grotte. Esther a marché vers le mur le plus proche, comme si elle voulait se cacher. Devant elle, les femmes étaient debout, drapées dans leurs châles noirs, et elles ne s’occupaient pas d’elle, sauf une ou deux fillettes qui s’étaient retournées. Les yeux noirs des enfants brillaient dans la pénombre avec insistance. Puis une des fillettes, qui s’appelait Cécile, et qui était aussi à l’école de M. Seligman, est venue jusqu’à Esther, et elle lui a donné un foulard, en murmurant : « Il faut que tu mettes ça sur tes cheveux. » Elle est retournée vers le centre de la pièce. Esther a mis le foulard sur sa tête, et elle est allée devant, là où les jeunes filles étaient assemblées. Elle se sentait mieux, depuis que le foulard cachait ses cheveux et son visage.

Autour de M. Yacov, des femmes s’activaient, préparaient le pupitre, apportaient de l’eau, installaient les chandeliers dorés. Tout d’un coup, la lumière s’est mise à briller, quelque part dans la pièce, et tous les regards se sont tournés vers elle. Des étoiles de lumière apparaissaient, les unes après les autres, d’abord tremblantes, prêtes à s’éteindre, puis les flammes s’enracinaient en jetant de longs rayons. Des femmes allaient de chandelier en chandelier, une bougie à la main, et la lumière grandissait. En même temps, il y avait une rumeur de voix pareille à un chant souterrain, et Esther voyait des gens qui entraient dans le chalet, des hommes et des femmes, et au milieu d’eux marchait le vieux Reb Eïzik Salanter. Ils sont allés jusqu’au centre de la pièce, devant les lumières, en parlant dans leur langue étrange. Esther regardait avec étonnement leurs châles blancs qui tombaient de chaque côté de leur visage. À mesure qu’ils entraient, la lumière grandissait, les voix devenaient plus fortes. Maintenant, elles chantaient, et les femmes en noir répondaient, avec leurs voix plus douces. À l’intérieur de la pièce, les voix alternées faisaient comme un bruit de vent, ou de pluie, qui allait en diminuant, puis s’élevait de nouveau, résonnait fort entre les murs trop étroits, faisait vaciller les flammes des bougies.

Autour d’elle, les jeunes filles, les fillettes, le visage tourné vers les lumières, répétaient les paroles mystérieuses, en balançant leur corps en avant et en arrière. L’odeur de suint des bougies se mêlait à l’odeur de la sueur, au chant rythmé, et c’était pareil à un vertige. Elle n’osait pas bouger, et pourtant, sans même s’en rendre compte, elle a commencé à faire osciller son buste, en avant, en arrière, en suivant le mouvement des femmes autour d’elle. Elle cherchait à lire sur leurs lèvres les mots étranges, dans cette langue si belle, qui parlait au fond d’elle-même, comme si les syllabes réveillaient des souvenirs. Le vertige montait en elle, dans cette grotte pleine de mystère, comme elle regardait les flammes des bougies qui faisaient des étoiles dans la pénombre. Jamais elle n’avait vu une telle lumière, jamais elle n’avait entendu pareil chant. Les voix montaient, résonnaient, diminuaient, puis rejaillissaient ailleurs. Parfois, une voix parlait toute seule, la voix claire d’une femme, qui chantait une longue phrase, et Esther regardait son corps voilé qui se balançait plus fort, les bras légèrement écartés, le visage tendu vers les flammes. Quand elle cessait de parler, on entendait le murmure de l’assistance, qui disait sourdement, amen, amen. Puis une voix d’homme répondait ailleurs, faisait retentir les mots étranges, les mots pareils à la musique. Pour la première fois, Esther savait ce qu’était la prière. Elle ne comprenait pas comment cela était entré en elle, mais c’était une certitude : c’était le bruit sourd des voix, où éclatait tout d’un coup l’incantation du langage, le balancement régulier des corps, les étoiles des bougies, l’ombre chaude et pleine d’odeurs. C’était le tourbillon de la parole.

Ici, dans cette pièce, plus rien d’autre ne pouvait avoir de l’importance. Plus rien ne pouvait menacer, ni la mort de Mario, ni les Allemands qui étaient en train de remonter la vallée dans leurs blindés, ni même la silhouette haute de son père qui marchait vers la montagne, à l’aube, qui disparaissait dans les herbes, comme quelqu’un qui s’enfonce dans la mort.

Esther balançait son corps, lentement, en avant, en arrière, les yeux fixés sur les lumières, et au fond d’elle la voix des hommes et des femmes appelait et répondait, aiguë, grave, en disant tous ces mots dans la langue du mystère, et Esther pouvait franchir le temps et les montagnes, comme l’oiseau noir que lui montrait son père, jusque de l’autre côté des mers, là où naissait la lumière, jusqu’à Eretzraël.

Samedi 8 septembre, un bruit a réveillé Esther. Un bruit, un grondement, qui venait de tous les côtés à la fois, emplissait la vallée, résonnait dans les rues du village, entrait au fond de toutes les maisons. Esther s’est levée, et dans la pénombre de l’alcôve, elle a vu que le lit de ses parents était vide. Dans la cuisine, sa mère était déjà habillée, debout près de la porte ouverte. C’est son regard qui a fait tressaillir Esther : un regard troublé par l’inquiétude, et le regard répondait au grondement qui venait du dehors. Avant qu’Esther ait eu le temps de poser une question, Elizabeth a dit : « Ton père est parti cette nuit, il n’a pas voulu te réveiller. » Le grondement s’éloignait, revenait, paraissait irréel. Elizabeth a dit : « Ce sont les avions des Américains qui vont à Gênes… Les Italiens ont perdu la guerre, ils ont signé l’armistice. » Esther s’est serrée contre sa mère. « Alors les Italiens vont partir ? » L’inquiétude la figeait à son tour, pénétrait ses mains, ses jambes comme un flux glacé. Cela ralentissait son souffle, sa pensée. Le grondement des avions s’éloignait, roulait au loin, pareil au bruit d’un orage. Mais maintenant, Esther entendait un autre grondement, plus précis. C’était le bruit des camions italiens qui roulaient au fond de la vallée, qui montaient vers le village, fuyant l’armée allemande. « La guerre n’est pas finie », a dit Elizabeth lentement. « Maintenant, les Allemands vont venir. Il faut partir. Tout le monde doit partir. » Elle s’est reprise : « Tous les Juifs doivent partir très vite, avant que les Allemands n’arrivent. » Le bruit des camions était très fort à présent, ils entamaient le dernier virage avant d’entrer dans le village. Elizabeth a pris une valise prête, à côté de la porte, la vieille valise de cuir dans laquelle elle rangeait tous ses objets précieux. « Va t’habiller. Mets des vêtements chauds, les bonnes chaussures. Nous allons passer par la montagne. Ton père nous rejoindra là-bas. » Elle bougeait avec une hâte fébrile, bousculant les chaises, à la recherche de quelque chose d’utile qu’elle aurait oublié. Esther s’est habillée vite. Par-dessus son chandail, elle a mis la peau de mouton que Mario avait laissée sur le dossier d’une chaise, le jour où il était mort. Sur sa tête, elle a noué le foulard noir que lui avait donné Cécile, le soir du shabbat.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Étoile errante»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Étoile errante» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Ourania
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Le chercheur d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Désert
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Diego et Frida
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - The African
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Fièvre
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine
Jean-Marie Le Clézio
Отзывы о книге «Étoile errante»

Обсуждение, отзывы о книге «Étoile errante» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x