Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1994, ISBN: 1994, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Étoile errante: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Étoile errante»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

Étoile errante — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Étoile errante», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Les Allemands étaient tout près, maintenant. Gasparini disait qu’il avait vu les balles traçantes, un soir, du côté de Berthemont. Il disait que les Italiens avaient perdu la guerre, qu’ils allaient se rendre. Alors les Allemands allaient occuper tous les villages, toute la montagne. C’était son père qui l’avait dit.

Ce soir, sur la place, tous les gens s’étaient réunis devant l’hôtel, ils parlaient entre eux, les hommes et les femmes du village, mais aussi les Juifs, les vieux habillés avec leurs caftans et leurs grands chapeaux, et les Juifs riches des villas, et M. Heinrich Ferne, et il y avait même la mère de Tristan, avec sa longue robe et son chapeau extraordinaire.

Pendant que les gens parlaient de ces choses dramatiques, les enfants couraient comme d’habitude à travers la place, peut-être même qu’ils faisaient exprès de courir encore plus vite et de pousser des cris encore plus stridents pour tromper leur inquiétude. Esther était venue sur la place avec sa mère, et elles attendaient, immobiles près du mur, en écoutant les gens parler. Mais ce n’était pas ce que les gens disaient qui intéressait Esther. Elle regardait fixement l’hôtel Terminus, pour chercher à apercevoir Rachel. Les garçons et les filles racontaient que Rachel s’était fâchée avec ses parents, et que maintenant elle habitait à l’hôtel, avec le capitaine Mondoloni. Mais personne ne l’avait vue entrer ou sortir. Ce soir, les volets verts de l’hôtel étaient tous fermés, sauf ceux qui donnaient de l’autre côté, sur le jardin. Les soldats restaient à l’intérieur, dans la grande salle, à fumer et à parler. Esther s’était approchée, elle avait entendu le bruit de leurs voix. Le matin d’autres militaires étaient arrivés du bas de la vallée, en camion. Gasparini disait que les Italiens avaient peur, depuis ce qui était arrivé à Mario, et pour cela ils n’osaient plus sortir du village.

Esther restait immobile, assise sur le mur, à guetter la façade de l’hôtel, parce qu’elle voulait voir Rachel. Quand sa mère est redescendue, elle est restée, assise dans l’ombre. Depuis des jours, elle cherchait Rachel. Elle était même allée jusqu’à la grange abandonnée, et elle était entrée dans la ruine, le cœur battant, les jambes tremblantes, comme si elle faisait quelque chose de défendu. Elle avait attendu que ses yeux s’habituent à l’obscurité. Mais il n’y avait rien, seulement le tas d’herbes qui avait servi de litière au bétail, et l’odeur âcre d’urine et de moisissure.

Elle voulait voir Rachel, juste un instant. Elle avait préparé dans sa tête ce qu’elle lui dirait, qu’elle s’était trompée, que ce n’était pas pour l’espionner qu’elle était venue jusqu’à la grange, que tout ça n’avait pas d’importance, qu’elle s’était battue pour la défendre. Elle dirait : « Ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas vrai ! » de toutes ses forces, pour qu’elle sache qu’elle, elle la croyait, qu’elle était toujours son amie et elle la croyait, qu’elle ne croyait pas ce que disaient les autres, qu’elle ne riait pas avec eux. Elle lui montrerait la trace des coups qu’elle avait reçus, les marques bleues sur les côtes, dans le dos, et c’était pour cela qu’elle n’arrivait plus à parler ni à marcher, l’autre jour, parce qu’elle avait si mal qu’elle ne pouvait pas se tenir debout.

Où était Rachel ? Peut-être qu’ils l’avaient déjà emmenée, en voiture, la nuit, quand personne ne pouvait rien voir, et qu’ils l’avaient emportée ailleurs, en Italie, de l’autre côté des montagnes, ou pire encore, vers le nord, là où les Allemands mettaient les Juifs en prison.

Sur la place, ce soir, les gens allaient et venaient nerveusement, ils parlaient dans toutes leurs langues, et personne ne se souciait de Rachel. Ils faisaient comme s’ils n’avaient rien remarqué. Esther est allée vers eux, les uns après les autres, pour leur demander : « Vous n’avez pas vu Rachel ? Vous ne savez pas où est Rachel ? » mais ils ont seulement détourné la tête, l’air gêné, ils ont fait comme s’ils ne savaient pas, comme s’ils ne comprenaient pas. Même M. Ferne n’a rien dit, il a secoué la tête sans rien dire. Il y avait tellement de méchanceté et de jalousie, c’est pour cela qu’Esther avait peur, qu’elle avait mal. Les volets de l’hôtel restaient fermés, et Esther ne pouvait pas imaginer ce qu’il y avait dans les chambres tristes et sombres comme des cavernes. Peut-être que Rachel était enfermée dans l’une d’elles, et qu’elle regardait à travers les fentes les gens qui allaient et venaient sur la place, qui parlaient. Peut-être qu’elle la voyait, et qu’elle ne voulait pas sortir, parce qu’elle croyait qu’elle était comme les autres, qu’elle se cachait dans les herbes pour l’espionner et rire avec les autres. De penser cela, lui donnait le vertige. Dans la pénombre, Esther est descendue jusqu’au bas du village, là où on voyait la vallée encore éclairée par une sorte de brume, et les hautes silhouettes des montagnes.

Le lendemain matin, il y a eu un bruit de musique, en contrebas de la place, du côté de la villa du mûrier. Esther a couru aussi vite qu’elle a pu. Dans la rue en pente, devant la grille, il y avait quelques femmes arrêtées, des enfants aussi. Esther est montée sur le mur, agrippée à la grille, à sa place à l’ombre de l’arbre, et elle a vu M. Ferne, assis dans la cuisine devant son piano noir. « Ils l’ont ramené ! Ils ont rendu le piano à M. Ferne ! » Esther avait envie de crier cela, en se retournant vers les gens. Mais ce n’était pas nécessaire. Tous avaient la même expression sur leur visage. Peu à peu les gens se sont assemblés dans la rue, pour écouter jouer M. Ferne. Et c’est vrai qu’il n’avait jamais joué comme cela. Par la porte de la cuisine obscure, les notes s’envolaient, montaient dans l’air léger, emplissaient toute la rue, tout le village. Le piano qui était resté trop longtemps silencieux paraissait jouer tout seul. La musique coulait, volait, brillait. Esther, agrippée à la grille, à l’ombre du mûrier, écoutait presque sans respirer, tellement les notes du piano allaient vite et emplissaient son corps, sa poitrine. Elle pensait que, maintenant, tout allait recommencer comme avant. Elle pourrait s’asseoir à nouveau à côté de M. Ferne, et apprendre à faire glisser ses mains sur les touches, lire la musique sur les feuilles qu’il préparerait. Elle pensait que rien ne s’achèverait puisque le piano de M. Ferne était revenu. Tout serait simple, les gens n’auraient plus peur, ils ne chercheraient plus à se venger. Rachel recommencerait à marcher dans les rues, pour faire les courses pour ses parents, elle irait sur la place, et sa chevelure brillerait comme du cuivre rouge au soleil. Le matin, elle attendrait Esther près de la fontaine, et elles iraient s’asseoir à l’ombre des platanes pour parler. Elle raconterait ce qu’elle ferait plus tard, quand la guerre serait finie, et qu’elle serait chanteuse à Vienne, à Rome, à Berlin. La musique de M. Ferne était comme cela : elle arrêtait le temps, et même, elle le faisait marcher à l’envers. Puis, quand il a eu fini de jouer, M. Ferne est apparu sur le seuil de la cuisine. Il a regardé tout le monde, avec ses yeux qui clignaient à cause de la lumière du soleil, et sa petite barbiche qui s’agitait. Il avait une drôle d’expression, comme s’il allait pleurer. Il a fait un ou deux pas dans le jardin, vers les gens qui étaient arrêtés dans la rue, et il a écarté les bras, en inclinant un peu la tête, pour dire : Merci, merci, mes amis. Et les gens ont commencé à applaudir, d’abord quelques hommes et des femmes, qui étaient là dans la rue, puis tout le monde, même les enfants, et ils criaient aussi, pour l’acclamer. Esther aussi a applaudi, elle pensait que c’était comme autrefois à Vienne, quand M. Ferne jouait devant les messieurs en frac et les dames en robe de soirée, au temps de sa jeunesse.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Étoile errante»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Étoile errante» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Ourania
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Le chercheur d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Désert
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Diego et Frida
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - The African
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Fièvre
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine
Jean-Marie Le Clézio
Отзывы о книге «Étoile errante»

Обсуждение, отзывы о книге «Étoile errante» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x