Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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C’était pour cela qu’Esther aimait bien Mario. Un jour, au lieu de lui raconter des histoires, il lui avait raconté un peu sa vie, par bribes. Avant la guerre, il était berger, du côté de Valdieri. Il n’avait pas voulu partir à la guerre, il s’était caché dans la montagne. Mais les fascistes avaient tué tous ses moutons et son chien, et Mario était entré dans le maquis.

Maintenant, Esther avait des faux papiers. Un après-midi, des hommes étaient venus, avec Mario, dans la cuisine, et ils avaient mis sur la table les cartes d’identité pour tout le monde, pour Esther, pour son père et sa mère, pour Mario aussi. Esther avait regardé longuement le bout de carton jaune qui portait la photo de son père. Elle avait lu les mots écrits :

Nom : JAUFFRET. Prénoms : Pierre, Michel

Né le : 10 avril 1910 À : Marseille (Bouches-du-Rhône)

Profession : Commerçant

Signalement :

Nez : dos : rectiligne.

Base : moyenne

Dimension : moyenne

Forme générale du visage : long

Teint : clair

Yeux : verts

Cheveux : châtains

Puis la carte de sa mère, au nom de : LEROY épouse JAUFFRET, prénoms : Madeleine, née le 3 février 1912 à Pontivy (Morbihan), sans profession. Et la sienne propre, JAUFFRET Hélène, née le 22 février 1931, à Nice (Alpes-Maritimes), sans profession, signalement Nez : dos : rectiligne, base : moyenne, dimension : moyenne, forme générale du visage : ovale, teint clair, yeux : verts, cheveux : noirs.

Les hommes parlaient longtemps, autour de la table, leurs visages éclairés de façon fantastique par la lumière de la lampe à pétrole. Esther essayait d’écouter ce qu’ils disaient, sans comprendre, comme si c’étaient des voleurs en train de préparer un méfait. Elle regardait le visage large de Mario, ses cheveux rouges, ses yeux étroits et obliques, et elle se disait qu’il rêvait peut-être aux vipères dans les champs d’herbes, ou aux lièvres qu’il attrapait dans ses pièges, les nuits de pleine lune.

Quand les hommes parlaient avec son père, il y avait toujours un nom qui revenait, un nom qu’elle ne pouvait pas oublier, parce qu’il résonnait bien, comme le nom d’un héros des livres d’histoire de son père : Angelo Donati. Angelo Donati avait dit ceci, fait cela, et les hommes approuvaient. Angelo Donati avait préparé un bateau à Livourne, un grand bateau à voile et à moteur qui emmènerait tous les fugitifs, qui les sauverait. Le bateau traverserait la mer et conduirait les Juifs à Jérusalem, loin des Allemands. Esther écoutait cela, allongée par terre sur les coussins qui servaient de lit à Mario, et elle s’endormait à moitié en rêvant au bateau d’Angelo Donati, au long voyage à travers la mer jusqu’à Jérusalem. Alors Elizabeth se levait, elle entourait Esther de ses bras, et ensemble elles marchaient jusqu’à la petite chambre en alcôve, où se trouvait le lit d’Esther. Avant de dormir, Esther demandait : « Dis, quand est-ce qu’on partira sur le bateau d’Angelo Donati ? Quand est-ce qu’on ira à Jérusalem ? » La mère d’Esther l’embrassait, elle lui disait en plaisantant, mais à voix basse, avec l’inquiétude dans sa gorge : « Allons, dors, ne parle jamais d’Angelo Donati, à personne, tu comprends ? C’est un secret. » Esther disait : « Mais c’est vrai que le bateau va emmener tout le monde à Jérusalem ? » Elizabeth disait : « C’est vrai, et nous aussi nous partirons, peut-être, nous irons à Jérusalem. » Esther gardait les yeux ouverts dans le noir, elle écoutait le bruit des voix qui résonnaient sourdement dans la petite cuisine, le rire de Mario. Puis les pas s’éloignaient au-dehors, la porte se refermait. Quand son père et sa mère se couchaient dans le grand lit, à côté d’elle, et qu’elle entendait le bruit de leur respiration, elle s’endormait.

C’était déjà la fin de l’été, avec les pluies, chaque après-midi, et le bruit de l’eau qui ruisselait sur les toits et dans tous les caniveaux. Le matin, le soleil brillait au-dessus des montagnes, et Esther prenait à peine le temps de boire son bol de lait pour être plus vite dehors. Sur la place, devant la fontaine, elle attendait Tristan, et avec les autres enfants ils descendaient en courant par la rue du ruisseau jusqu’à la rivière. L’eau du Boréon était à peine troublée par les pluies, violente, froide. Les garçons restaient en bas, et Esther remontait avec les autres filles, jusqu’à l’endroit où le torrent cascade entre les blocs de pierre. Elles se déshabillaient dans les buissons. Comme la plupart des filles, Esther se baignait en culotte, mais il y en avait, comme Judith, qui n’osaient pas enlever leur combinaison. Ce qui était bien, c’était d’entrer dans l’eau là où le courant était le plus fort en s’agrippant aux rochers, et de laisser l’eau couler le long de son corps. L’eau lisse descendait, pesait sur les épaules et sur la poitrine, glissait sur les hanches et le long des jambes, en faisant son bruit continu. Alors on oubliait tout, l’eau froide vous lavait jusqu’au plus profond, vous débarrassait de tout ce qui vous gênait, vous brûlait. Judith, l’amie d’Esther (ce n’était pas vraiment son amie, pas comme Rachel, mais elles étaient assises à côté dans la classe de M. Seligman), avait parlé du baptême qui efface les fautes. Esther pensait que ça devait être ainsi, une rivière lisse et froide qui coulait sur vous et vous lavait. Quand Esther sortait du torrent, au soleil, et qu’elle restait debout sur la roche plate en titubant, elle avait l’impression d’être neuve, et que tout le mal et toute la colère avaient disparu. Ensuite elles redescendaient là où étaient les garçons. Ils avaient fouillé en vain les trous du torrent à la recherche d’écrevisses, et pour se venger de n’avoir rien pêché, ils envoyaient de l’eau sur les filles.

Alors on s’asseyait tous sur une grande roche plate, au-dessus du torrent, et on attendait en regardant l’eau. Le soleil montait dans le ciel encore sans nuages. La forêt de bouleaux et de châtaigniers s’éclairait. Il y avait des guêpes irritées qui tournaient, attirées par les gouttes d’eau accrochées dans les cheveux, sur la peau nue. Esther faisait attention à chaque détail, à chaque ombre. Elle regardait avec un soin presque douloureux tout ce qui était près ou lointain, la ligne de crête des Caïres sur le ciel, les pins hérissés au sommet des collines, les herbes épineuses, les pierres, les moucherons suspendus dans la lumière. Les cris des enfants, les rires des filles, chaque mot résonnait en elle bizarrement, deux ou trois fois, comme les aboiements des chiens. Ils étaient étrangers, incompréhensibles, Gasparini avec son visage rouge, ses cheveux coupés court, ses épaules larges d’homme, et les autres, Maryse, Anne, Bernard, Judith, maigres dans leurs habits mouillés, avec leur regard caché par l’ombre des orbites, leurs silhouettes à la fois fragiles et lointaines. Tristan, lui, n’était pas comme les autres. Il était si gauche, il avait un regard si doux. Maintenant, quand ils allaient se promener autour du village, Esther tenait sa main. Ils jouaient à être amoureux. Ils descendaient jusqu’au torrent, et elle l’entraînait vers la gorge, en sautant de roche en roche. C’était cela qu’elle savait le mieux faire dans sa vie, pensait-elle : courir à travers les rochers, bondir légèrement en calculant son élan, choisir le passage en un quart de seconde. Tristan voulait la suivre, mais Esther était trop rapide pour lui. Elle bondissait si vite que personne n’aurait pu la suivre. Elle sautait sans réfléchir, pieds nus, ses espadrilles à la main, puis elle s’arrêtait pour écouter la respiration haletante du garçon qui n’arrivait pas à la suivre. Quand elle avait remonté très loin le torrent, elle s’arrêtait au bord de l’eau, cachée par un bloc de rocher, et elle guettait tous les bruits, les craquements, les vibrations des insectes, qui se mêlaient au fracas du courant. Elle entendait des chiens aboyer très loin, puis la voix de Tristan, qui criait son nom : « Hélène ! Hé-lè-ne !.. » Ça lui plaisait de ne pas répondre, de rester blottie à l’abri du rocher, parce que c’était comme si elle était maîtresse de sa vie, qu’elle pouvait décider de tout ce qui lui arriverait. C’était un jeu, mais elle n’en parlait à personne. Qui aurait compris cela ? Quand Tristan était enroué à force de crier, il redescendait le torrent, et Esther pouvait quitter sa cachette. Elle escaladait la pente, jusqu’au sentier, et elle arrivait jusqu’au cimetière. Là, elle faisait de grands gestes et elle criait, pour que Tristan la voie. Mais quelquefois, elle retournait toute seule au village, et elle rentrait chez elle, elle se jetait sur son lit, la figure dans l’oreiller, et elle pleurait. Elle ne savait pas pourquoi.

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