Jean-Marie Le Clézio - Ritournelle de la faim

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Ritournelle de la faim: краткое содержание, описание и аннотация

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« Ma mère, quand elle m’a raconté la première du
, a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie.
Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le
n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis.
J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans. »

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L’instant musical passé, les affaires ont repris selon l’usage. Les brocanteurs, les antiquaires, les chiffonniers, les déménageurs. Les tantes venaient, elles aussi, en catimini, petites souris, elles chipaient un truc par-ci, un truc par-là, une paire de vases chinois, un plat à fruits en baccarat, une assiette à ramages de la Compagnie des Indes, une pendulette grand carillon, un presse-papiers lévrier de bronze qu’Éthel avait toujours vu sur l’écritoire de Monsieur Soliman. N’importe quoi, que Justine et Alexandre laissaient partir, abasourdis. « Un souvenir du bon temps », disaient les tantes, pour s’excuser. Éthel les observait sans indulgence. Après tout, M. Juge, l’huissier de justice qui avait procédé au premier inventaire, n’avait-il pas empoché la collection de petites cuillers en vermeil, sans sourciller, disant d’une voix doucereuse : « Ne vous en faites pas, mademoiselle, je ferai un inventaire tout à fait en votre faveur. »

La seule chose pour laquelle Justine s’était révoltée, ç’avait été pour Joseph vendu par ses frères, ce grand tableau hideux attribué à Hippolyte Flandrin, parce qu’il lui était venu de sa grand-mère maternelle, et qu’il avait été omis dans l’inventaire. Au moment du décrochez-moi-ça, elle s’était portée devant le tableau, les bras en croix, avec une telle détermination dans le regard que les déménageurs n’avaient pas osé approcher. Le tableau était allé rejoindre dans le corridor le tas hétéroclite de tout ce qui restait invendu, et insaisissable. Évidemment, personne, et surtout pas Justine, ne pouvait se douter alors que le wagon plombé dans lequel ces objets seraient entreposés serait bombardé lors d’une des dernières attaques des stukas contre un pont de la voie ferrée, et que Joseph serait pillé, volé, disparaîtrait pour toujours ! Vendu, comme il se devait, par ses frères, ces braves gens qui s’empressaient de vider le contenu des wagons éventrés par les bombes.

III. LE SILENCE

Le silence sur Paris au mois de juin. Après l’effervescence, les rumeurs, et puis ces quelques bombes qui étaient tombées au hasard sur la capitale, et les sirènes de la défense passive, les cavalcades des familles dans les caves, le retour à la surface des enfants charbonnés aux boulets de coke, les galopades dans les couloirs du métro — le bruit des bouches surtout, ces commentaires, racontars, pronostics, les fracas de la presse, après Mers el-Kébir, Baudouin, soi-disant ministre des Affaires étrangères, qui avait proclamé : « L’Angleterre a tranché le dernier lien qui nous attachait à elle. » Et les conversations, Bloch, Pomaret en prison à Pellevoisin, en compagnie de Blum, d’Auriol, de Mandel, de Daladier, de Jean Zay — « le ministère des Loisirs ! » avait commenté la générale Lemercier, citant Gringoire.

Le silence sur Paris, et une pluie douce et molle qui cascadait dans le jardin abandonné. Depuis le 12 juin, Alexandre était resté sans parler. Il n’écoutait même plus la radio, cette voix qui chuintait des mensonges, nos troupes victorieuses contiennent l’ennemi sur le front de la Meuse, elles ne passeront jamais la Marne, quand les Allemands campaient devant Paris, que leurs chars et leurs autos blindées ébranlaient la chaussée, boulevard du Montparnasse, boulevard Saint-Germain, sur les Champs-Élysées !

L’appartement ressemblait à une zone dévastée. Les marques des tableaux sur les murs, les traces des pieds du piano, des armoires à linge, des commodes néogothiques, du bureau d’Alexandre. Un peu partout, des rouleaux de papier, du fil électrique, des lustres de verroterie dont personne n’avait voulu, débordant des cartons poussiéreux, avec les habits et les chaussures, la vaisselle, les ustensiles de cuisine. On attendait on ne savait quoi. Le retour à la normale, sans doute. Puisque la crise était passée, puis qu’il n’y avait rien eu. Même pas une vraie guerre. Puisque tout était fini avant d’avoir commencé. Les nouvelles confusantes, la voix du Führer, cette voix qui résonnait entre les murs vides, qui s’amplifiait, qui paraissait venir du ciel d’été, qui roulait à la manière de l’orage.

Les déjeuners du dimanche n’avaient plus lieu. Les habitués avaient déserté, les uns après les autres, sans donner d’explication. Ils ne savaient plus où s’asseoir. Il ne restait que la vieille bergère de Justine, vermoulue, fanée, réparée à la colle à bois et au fil de fer, dont aucun brocanteur n’avait voulu.

Parmi les derniers, Claudius Talon était venu. Il arborait le petit insigne en métal chromé émaillé tricolore de la L.V.F. Il pérorait. L’A.F. demandait qu’il soit interdit aux Juifs de tenir des cinémas ! Il lisait solennellement la déclaration du capitaine Casablanca : « Le peuple allemand s’enthousiasme à l’idée que cette France, hier son ennemie, pourrait devenir aujourd’hui son associée. » Éthel ressentait une nausée, elle avait beau marcher dans les rues désertes, la voix nasillarde de Talon résonnait, avec ses sarcasmes : « Goldenberg, Weiskopf, Lévy, Cot, la femme Tabouis, Géraud, “Ici Londres, les Français parlent aux Français” ! » Et sur les murs de la mairie du XVe, placardés les décrets publiés par le Journal officiel :

« Article premier, est regardé comme Juif toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents si le conjoint est juif Article deux : l’accès et l’exercice des fonctions publiques et mandats sont interdits aux Juifs, comme suit : 1°) chef d’État, membre du gouvernement, du Conseil d’État, du Conseil de la Légion d’honneur, de la Cour de cassation, des corps des mines, des ponts et chaussées, des tribunaux de première instance, des juges de paix ; 2°) agents des Affaires étrangères, préfets, sous-préfets, fonctionnaires de police nationale ; 3°) résidents généraux, gouverneurs et administrateurs des colonies ; 4°) corps enseignant dans son ensemble ; 5°) officiers de l’armée de terre, de l’air et de la marine ; 6°) agents de l’administration et des entreprises publiques. Les Juifs ne pourront en outre exercer les professions suivantes : rédacteurs ou administrateurs de journaux, de revues (sauf scientifiques), producteurs de films, metteurs en scène, scénaristes. Gérants de salles de cinéma ou de théâtre. Le décret est applicable sur l’ensemble du territoire, ainsi qu’en Algérie et dans les autres colonies.

Signé : Pétain, Laval, Alibert, Darlan, d’Huntziger, Belin. »

Puis, un autre jour :

« Loi du 2 juin prescrivant le recensement des Juifs.

Toute personne définie comme juive doit se présenter dans un délai d’un mois au préfet du département et déclarer par lettre sa profession, son état civil et faire la liste de tous ses biens. Tout contrevenant sera puni de prison. La loi sera appliquée en France, en Algérie, dans les Colonies ainsi qu’en Syrie et au Liban. »

Encore :

« Loi du 17 juin :

Il est interdit à toute personne de race juive d’exercer les professions suivantes : banquier, agent d’assurances, publiciste, prêteur de capitaux, courtier en Bourse, commerçant en grains, vendeur de tableaux, antiquaire, exploitant forestier, propriétaire de maison de jeux, journaliste d’information de la presse écrite ou de la radio, éditeur.

Signé : Pétain, Darlan, Bathélemy (ministre de la Justice), Lehideux (secrétaire d’État à la Production industrielle), Jérôme Carcopino (secrétaire d’État à l’Éducation nationale). »

Dans Gringoire, les noms :

« Herschell Grynszpan, l’assassin de von Rath. Loeb et Blum coupables d’avoir causé l’Anschluss, d’avoir ouvert les frontières aux réfugiés espagnols, d’avoir livré des avions à l’Espagne rouge. »

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