Jean-Marie Le Clézio - Ritournelle de la faim

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Ritournelle de la faim: краткое содержание, описание и аннотация

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« Ma mère, quand elle m’a raconté la première du
, a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie.
Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le
n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis.
J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans. »

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La vie nouvelle ! Alexandre avait tout vendu, y compris l’appartement et l’atelier, à la compagnie parisienne de voitures l’Urbaine, sise 29 rue Dutot, s’il avait pu il aurait bradé les meubles, le piano, et même le hideux Joseph vendu par ses frères du soi-disant Flandrin. C’était à cela qu’il avait passé cette journée, à apposer sa signature, ce glorieux paraphe où le prénom Alexandre s’entourait de volutes, sur toutes ces paperasses, qui disaient toutes la même chose : il n’y avait plus rien, il ne restait plus rien, que les yeux de Justine pour pleurer.

Éthel a ironisé malgré elle : la Société de prospection du trésor de Klondike rachetée par une compagnie de taxis, il doit y avoir une morale à cette histoire ! Alexandre n’a pas écouté leurs cris, leurs protestations. Un instant, il avait retrouvé sa superbe. Moustache en bataille, yeux étincelants, il tenait tête.

Puis il est allé s’enfermer dans son cagibi pour fumer. Depuis son attaque, le tabac lui était interdit, mais à présent cela n’avait plus de sens. Il en avait besoin. La fumée lui servait d’écran pour masquer le réel. Le temps qui lui restait à vivre n’avait pas d’importance. Bientôt il faudrait partir, ou mourir, ce n’était pas très différent.

Éthel savait qu’il retournait en arrière, loin, vers l’île de son enfance, vers le domaine merveilleux d’Alma où tout semblait éternel. Ni elle ni Justine n’avaient pu accéder à ce rêve. C’était peut-être cela le secret du trésor de Klondike, un endroit où personne d’autre ne pouvait entrer.

Le Pouldu

Éthel avait l’impression de flotter dans le ciel. C’étaient les nuages qu’elle aimait. Couchée dans le sable des dunes, elle les regardait filer à toute vitesse, légers, libres. Elle rêvait à l’espace qu’ils avaient parcouru, l’étendue des océans, le champ des vagues, avant d’arriver jusqu’à elle. Ils glissaient, pas très haut, en petites boules blanches qui parfois se heurtaient, s’unissaient, se divisaient. Il y en avait de fous, qui couraient plus vite que les autres, s’effilochaient en pelotes cotonneuses, en graines de pissenlit, en plumeaux de roseaux. La terre basculait sous eux dans un mouvement lent qui donnait le vertige. Le roulement des vagues sur la plage était un moteur en marche, en train de pousser le plateau de la mer, de renverser le monde irrésistiblement. Puis est arrivé un grand nuage gris et blanc qui s’est interposé entre elle et le soleil, et Éthel voyait une baleine, énorme tête et toute petite queue loin au bout de son corps. Le sable de la dune entourait Éthel, l’enserrait, l’enfermait doucement. Chaque rafale de vent fouettait son visage, ses jambes, ses bras en millions de petites piqûres. Elle avait l’impression de ne jamais avoir quitté cet endroit, sa place en haut de la dune, dans le sable blanc et sec que la mer ne touche jamais, à la limite où poussent les plantes piquantes, les chardons, où sont semées les graines rouges des tamaris.

L’été de ses douze ans. La première fois qu’elle était tombée amoureuse d’un garçon dont elle avait oublié le nom, il en avait quinze ou seize, elle avait tremblé quand il s’était approché d’elle et l’avait embrassée en forçant ses lèvres avec la pointe de sa langue. Les nuages passaient comme aujourd’hui, elle sentait la chaleur, la brûlure s’ouvrir et se refermer dans le ciel, à l’intérieur de son corps. Quelque chose d’inconnu, d’angoissant.

Elle faisait des projets avec les jeunes gens de la bande, on irait à bicyclette par les chemins de fermes, de hameau en hameau, de ville en ville, on dormirait sur les plages ou, quand il pleuvrait, dans les granges. C’étaient les garçons et les filles des villas alentour, au Pouldu, à Beg-Meil, et elle habitait la pension de Mme Liou avec ses parents. Cet été-là, elle avait parlé avec Laurent Feld pour la première fois, il habitait une villa de location au bord de la mer, avec sa tante et sa sœur. Au début, Éthel l’avait trouvé timide, presque empoté. Il rougissait pour un rien. C’était l’année où Éthel vivait sa grande amitié avec Xénia, et lui était tout le contraire de Xénia, il avait de l’argent, il était sérieux, sans rires et sans larmes.

Puis, peu à peu, au cours des rencontres, l’amour était né. Ce n’était pas un grand amour, avec éclats et fureur, rien de dramatique comme les fiançailles de Xénia avec Daniel Donner — cette sorte de contrat inexpliqué par lequel la fille d’une noble russe, émigrée, réduite à la misère, allait se donner à un gros garçon taciturne et méfiant, qui lui assurerait la sécurité et la respectabilité d’une famille d’industriels et le confort de la bourgeoisie rouennaise. Non, rien à voir avec cela. Laurent Feld était très amoureux d’Éthel, depuis l’été passé il lui écrivait une, parfois deux lettres par semaine, qui portait toujours, calligraphié sur l’enveloppe en papier renforcé, le même libellé :

Mademoiselle Éthel Brun

30, rue du Cotentin, 30

Paris XVe

Et le timbre à l’effigie de George VI, taché du tampon qui disait invariablement : Charing X Station.

Elle ouvrait l’enveloppe, elle respirait l’odeur du papier un peu acide, une odeur de sueur. Son regard balayait l’écriture régulière, les phrases trop courtes où Laurent parlait de politique, de littérature, de jazz, mais jamais de ses sentiments. Quelquefois elle ne les lisait pas. Elle se contentait, après avoir flairé le papier, de le plier et de glisser la lettre dans l’enveloppe pour prétendre qu’elle ne l’avait pas ouverte. Elle se félicitait d’aimer moins qu’elle n’était aimée. C’était l’axiome de Xénia qui lui revenait à l’esprit, quand elle disait : « Moi, ce que je veux, c’est rencontrer un homme qui m’aimera plus que je ne l’aimerai. »

Maintenant, Laurent était là. Il avait débarqué du bateau de Newhaven, avec son uniforme tout neuf de l’armée de terre britannique. Son calot, sa capote, son pantalon kaki et ses chaussures noires impeccablement cirées. Éthel avait réprimé un petit sourire moqueur, parce qu’il avait l’air de ce qu’il avait toujours été, non d’un soldat, mais d’un attorney qui se rendait au bureau, à la Cité, encore plus raide, le visage rosi par l’air de la mer, un coup de soleil sur le nez, les cheveux coupés très court, sa petite valise de cuir noir à la main, son parapluie roulé sous le bras.

Il avait pris une chambre dans la même pension et, sur les vélos loués au garage Conan, ils s’étaient promenés par les petits chemins creux jusqu’à la plage, à travers les collines, ils avaient mangé à la ferme du gros pain bis et du lard, des crêpes dans les bistros, ils s’étaient baignés dans la marée montante et ils s’étaient rincés à l’eau gelée de la Laïta. Ils sentaient le varech, la vase, ils avaient du sable gris dans leurs sandales et jusque dans leurs sous-vêtements, les cheveux collés par le sel. Laurent pelait du nez, des épaules, des jambes, du dessus des pieds, quand ils s’allongeaient sur la plage Éthel s’amusait à tirer des lambeaux de peau morte qu’elle jetait au vent. Le soir ils rentraient à la pension fourbus, ébouriffés, Laurent par politesse s’asseyait à la table des Brun pour écouter les discours d’Alexandre, tandis qu’Éthel allait droit à sa petite chambre sous le toit et se jetait sur le lit sans même se déshabiller, s’endormait d’un coup sans entendre le vent qui sifflait dans les ardoises.

En elle, il y avait une sorte de fureur. Cela venait comme un frisson de fièvre, à la fois exaltant et dégoûtant, irrépressible, incompréhensible. Évidemment, elle ne pouvait en parler à personne. Xénia, peut-être, si elle avait été là. Mais Xénia se serait moquée d’elle : tu as eu une vie trop facile, trop d’argent, trop de tout. C’est pourquoi tu ne sais pas ce que tu veux. Le monde est à prendre, ou à perdre, ça ne dépend que de toi-même. Etc.

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