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Jean-Marie Le Clézio: Ritournelle de la faim

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Jean-Marie Le Clézio Ritournelle de la faim

Ritournelle de la faim: краткое содержание, описание и аннотация

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« Ma mère, quand elle m’a raconté la première du , a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans. »

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Au bout des terrasses, passé le restau chinois abandonné, les escaliers pourris de Bérénice (encore un nom étrange), j’ai retrouvé la ville. C’est en dessous de la Plate-Forme, les rues couvertes, les garages, la station Fina, un super-quelque chose, des séries de bureaux vides, presque louches. Rue des Quatre-Frères-Peignot, rue Linois, rue de l’Ingénieur-Robert-Keller. Où étaient les gradins ? Où la porte par laquelle Léonora a dû passer, avec tous les prisonniers, quand elle a débarqué de la camionnette de police ? Qui les attendait ? Y avait-il quelqu’un qui pointait les noms, comme pour une invitation à une fête ? Ou bien les a-t-on laissés là, devant l’entrée, en plein soleil, à regarder la gigantesque piste du cirque, comme si les jeux allaient commencer ? Elle a dû chercher des yeux un visage connu, une place pour s’asseoir, un coin à l’ombre, peut-être les toilettes. Elle a dû comprendre tout d’un coup le piège qui s’était refermé sur elle, sur tous ces hommes et femmes, sur les enfants, comprendre que ce ne serait pas pour une heure ou deux, ni une journée, mais pour toujours, qu’il n’y aurait pas d’issue, pas d’espoir…

J’ai poussé la porte du musée photographique qui jouxte la synagogue. Mon instinct m’avertit que ça doit être à la verticale de la haute cheminée blanche au centre de la Plate-Forme. Je ne suis pas particulièrement intéressé par les lieux de culte. Ici, ce n’est pas pareil. Les visages sur les photos pénètrent mon esprit, forcent une voie jusqu’à mon cœur, entrent dans ma mémoire. Ce sont des visages anonymes, qui n’ont aucune relation avec moi, et pourtant je ressens le choc de leur réalité, comme autrefois quand je lisais aux archives de la rue Oudinot les registres des esclaves vendus à Nantes, à Bordeaux, à Marseille.

MARION, CÂFRESSE, ÎLE DE FRANCE, KUMBO, CÂFRESSE, ÎLE DE FRANCE. RAGAM, MALBAR, PONDI–CHERRY. RANAVAL, MALGACHE, ANTONGIL. THOMAS, MULÂTRE, BOURBON.

Les enfants debout au bord de la piste, les adultes à l’arrière-plan. À Drancy, au pied des grands immeubles rectilignes, si semblables à ceux des nouveaux ghettos de Sartrouville, Rueil, Le Raincy. Ils sont vêtus de pardessus trop chauds pour la saison, les enfants portent des bérets. L’un d’eux, au premier plan, a une étoile accrochée à la place du cœur. Ils sourient à l’objectif, ils semblent poser pour un portrait de famille. Et ne savent pas qu’ils vont mourir.

Sur une carte, je lis la géographie de l’horreur :

Les noms des gares de transit aussi Drancy Royallieu Pithiviers Riviera di - фото 2

Les noms des gares de transit aussi, Drancy, Royallieu, Pithiviers, Riviera di Sabba, Bolzano, Borgho san Dalmazzo, Ventimiglia. Il faudrait aller partout, connaître chacun de ces lieux, comprendre comment la vie y a repris, les arbres qu’on y a plantés, les monuments, les inscriptions, mais surtout voir les visages d’aujourd’hui, de tous ceux qui y vivent, écouter leurs voix, les cris, les rires, le bruit des villes qui se sont construites alentour, le bruit du temps qui passe…

C’est vertigineux, nauséeux. Je marche dans les rues, le long de la Plate-Forme. Sur le quai de Grenelle, les autos, les autobus font un long serpent de fer dont les anneaux se télescopent aux carrefours en klaxonnant. La Seine doit avoir l’aspect qu’elle avait ces jours de juillet 42, peut-être Léonora et les autres l’ont-ils aperçue entre les barreaux de la fenêtre du car de la police tandis qu’ils roulaient vers le vélodrome. Les fleuves lavent l’Histoire, c’est connu. Ils font disparaître les corps, rien ne reste très longtemps sur leurs berges.

Ma mère ne m’a jamais parlé de l’allée des Cygnes. Pourtant, d’instinct, j’ai descendu l’escalier jusqu’au long chemin au milieu du fleuve, à l’ombre des frênes. Malgré la beauté de l’endroit, les promeneurs sont rares. Un couple accompagné d’une petite fille de huit ans, quelques touristes sud-américains, ou italiens, une jeune femme japonaise vêtue de noir qui photographie les arbres. Deux ou trois couples d’amoureux sur les bancs, qui se parlent à voix basse et ne regardent pas la tour Eiffel.

Je me suis arrêté près d’un vieil arbre contorsionné, au bord de la Seine. Avec ses branches basses, je trouve qu’il ressemble à un animal, une sorte de reptile sorti de la boue du fleuve. À son pied, entre les racines, de longues algues noires ondulent comme des cheveux.

En face, de l’autre côté du fleuve, la Plate-Forme paraît irréelle dans la brume de chaleur. Je regarde les grands immeubles, contre le ciel de la fin du jour ils sont pareils à des stèles noires. Au mitan, l’invraisemblable tour sans tête, sans yeux, se fond dans les nuages. Je comprends qu’il n’est pas nécessaire d’aller plus loin. L’histoire des disparus, c’est ici qu’elle est plantée, pour toujours.

Avec le même mouvement lent du fleuve, la ville dérive, laisse fluider sa mémoire. C’est Hakim, le gosse de la Plate-Forme, qui a raison. Son regard dur, son front lisse, ses yeux sombres : « Vous cherchez quoi ? »

L’île des Cygnes, l’île Maurice. Isla Cisneros. Je n’avais jamais fait le rapprochement. C’est à cela que je pense en gagnant l’autre rive, en pressant le pas à cause de l’averse qui descend la Seine, et j’ai du mal à réprimer un sourire.

Les dernières mesures du Boléro sont tendues, violentes, presque insupportables. Cela monte, emplit la salle, maintenant le public tout entier est debout, regarde la scène où les danseurs tourbillonnent, accélèrent leur mouvement. Des gens crient, leurs voix sont couvertes par les coups de tam-tam. Ida Rubinstein, les danseurs sont des pantins, emportés par la folie. Les flûtes, les clarinettes, les cors, les trompettes, les saxos, les violons, les tambours, les cymbales, les timbales, tous sont ployés, tendus à se rompre, à s’étrangler, à briser leurs cordes et leurs voix, à briser l’égoïste silence du monde.

Ma mère, quand elle m’a raconté la première du Boléro, a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie.

Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le Boléro n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis.

J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans.

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