• Пожаловаться

Jean-Marie Le Clézio: Ritournelle de la faim

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Marie Le Clézio: Ritournelle de la faim» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. Город: Paris, год выпуска: 2010, ISBN: 978-2070417018, издательство: Éditions Gallimard, категория: Современная проза / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

любовные романы фантастика и фэнтези приключения детективы и триллеры эротика документальные научные юмористические анекдоты о бизнесе проза детские сказки о религиии новинки православные старинные про компьютеры программирование на английском домоводство поэзия

Выбрав категорию по душе Вы сможете найти действительно стоящие книги и насладиться погружением в мир воображения, прочувствовать переживания героев или узнать для себя что-то новое, совершить внутреннее открытие. Подробная информация для ознакомления по текущему запросу представлена ниже:

Jean-Marie Le Clézio Ritournelle de la faim

Ritournelle de la faim: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Ritournelle de la faim»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

« Ma mère, quand elle m’a raconté la première du , a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans. »

Jean-Marie Le Clézio: другие книги автора


Кто написал Ritournelle de la faim? Узнайте фамилию, как зовут автора книги и список всех его произведений по сериям.

Ritournelle de la faim — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Ritournelle de la faim», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема

Шрифт:

Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Le silence avait construit un mur invisible entre eux. Laurent avait un peu honte d’avoir oublié la photo d’Éthel sur le mur de la chambrée, à Southampton, là où il l’avait épinglée au début pour faire comme les autres.

Ensuite, il y a eu la route à bicyclette, depuis les berges du fleuve, le long de la mer, mais ça ne ressemblait pas aux petits chemins du Pouldu. Le trottoir de la Promenade était obstrué de chicanes et d’arceaux barbelés, de guérites abandonnées. Plutôt que d’attendre une place dans les bus bondés, ils s’étaient lancés sur la route. Laurent pédalait les jambes écartées, Éthel était assise sur le cadre en amazone, un bras passé autour du cou de Laurent. La petite valise était accrochée au tan-sad dans le cageot à légumes ! C’était drôle, c’était épique. Trop chargé, le vieux vélo geignait et faisait des embardées. Plusieurs fois, ils se sont arrêtés pour se reposer sur le mur de soutènement, les jambes pendant dans le vide, face à la mer. Le long du chemin, les piétons regardaient le jeune couple, ce militaire britannique aux cheveux rouquins, et sa petite fiancée française en fichu et galoches. Ils applaudissaient, et Laurent leur répondait sérieusement en faisant le V de la victoire de Churchill. Il s’est même trouvé un photographe de presse pour les prendre en cliché, qu’il a dû vendre pour illustrer la première page du canard local, et qui sait ? faire avec cela le tour du monde.

Éthel riait. C’était la première fois depuis si longtemps que ça devait lui mettre des larmes dans les yeux, mais c’était bon. Ainsi leurs cœurs se réveillaient, sortaient de l’hivernage. Ils retrouvaient chaque seconde de mémoire, même si ce n’était pas l’innocence. Ils se souvenaient d’avoir été heureux.

Une seule fois, Laurent a rendu visite aux Brun, dans l’appartement sous les toits. Justine a accueilli Laurent d’un « notre sauveur » excessif, et Alexandre n’a pas semblé le reconnaître. Il n’est pas sorti de son mutisme mais, au moment du départ, il a serré les mains de Laurent sans vouloir les lâcher, une expression angoissée dans ses yeux. Peut-être qu’il comprenait qu’il était en train de perdre Éthel pour toujours.

Avant de repartir pour Paris — dans un autocar de la compagnie des Phocéens cette fois —, Laurent a demandé à Éthel : « Tu viendras vivre avec moi au Canada ? » Éthel n’a pas répondu. Elle n’a pas demandé qu’il définisse ce qu’il voulait dire par « vivre avec moi ». Être sa maîtresse, sa femme ? Il lui a donné son dernier poème, écrit la veille de quitter l’Angleterre. Une feuille abîmée, humide, qui sentait une drôle d’odeur, comme de sueur, de fatigue.

L’écriture au crayon s’effaçait déjà. Elle a lu :

Chaque seconde sans raison je pense à toi
Tes yeux ta voix
La façon que tu as de ne pas finir tes phrases
L’odeur de ton visage
Tes cheveux mouillés
La marée qui montait en nous quand nous couchions dans le sable
Les épines que je retirais de tes pieds quand nous marchions sur les dunes
Tu as vécu chaque seconde avec moi dans la vulgarité des baraques à Southampton
À Portsmouth
À Penzance
Et demain je toucherai le sol de France
Je te toucherai

Adieu

à la France, adieu au passé. Adieu à Paris.

Avant son départ pour Toronto, Éthel marchait dans cette ville qu’elle connaissait mieux que personne au monde, et qu’elle aimait et détestait plus que tout au monde. Elle respirait l’air chaud, sur le bord de la Seine, elle regardait l’eau scintiller entre les feuillages des marronniers. Il y avait une légèreté dans le ciel, les dômes et les tours semblaient flotter au-dessus des toits des maisons. Elle croisait des gens de toutes sortes, des bandes de filles rieuses, moqueuses, vulgaires, des garçons qui la scrutaient malgré son vieux manteau marron dans lequel elle se cachait. Aux carrefours, dans les coins de porte, sur les terrasses des bistros, les messieurs discutaient en fumant, ils commentaient les nouvelles, ou les résultats des courses, avec le même feu que s’il était question de leur avenir. Elle avait l’impression d’être dans une capitale étrangère.

Du côté de la rue du Cotentin, en revanche, rien n’avait changé. La banque avait loué l’appartement et l’atelier. Il semble que beaucoup de gens se soient enrichis en achetant au rabais les biens des collabos en fuite. Et Chemin ? Et Talon ? Éthel était bien sûre qu’ils s’en étaient sortis. Ils avaient même dû faire croire qu’ils avaient géré au mieux les biens confisqués aux Juifs. L’atelier de Mlle Decoux était occupé par un agent d’assurances. Éthel songeait aux animaux. Comment avaient-ils pu survivre ? Sans doute avaient-ils fini à la casserole comme la plupart des chats de Paris. Il lui semblait, tandis qu’elle longeait les murs de son quartier, vers le lycée de la rue Marguerin, que des fantômes se glissaient entre les passants, la frôlaient, l’épiaient derrière les rideaux des fenêtres. Rue de l’Armorique, numéros 32 et 34, l’immeuble qui avait coûté l’avenir des Brun était enfin achevé. C’était une haute bâtisse mitoyenne à sa gauche, cinq étages d’une pierre triste qui ressemblait à du ciment, fenêtres carrées, une sorte de muraille laide et aveugle qui semblait étrangement étriquée, comme si avec le temps de malheur le bâti avait mangé la terre. À droite, le pavillon Conard, l’ennemi juré de la Maison mauve, était à l’abandon. On pouvait parier qu’avant longtemps il serait rasé à son tour et remplacé par un immeuble. Éthel ne s’est pas arrêtée. Elle n’a pas cherché à lire les noms des occupants sur les boîtes aux lettres. Elle ressentait un triomphe amer, puisque c’était elle qui avait empêché l’architecte d’ajouter la moindre joliesse à cet ensemble en refusant tout, les acanthes et les cariatides, les mosaïques et les macarons. Seul le nom restait écrit sur le linteau de la porte d’entrée, ridicule, vaguement mortifère : La Thé-baïde.

Par exception, sous la pluie, avant le départ, Éthel a demandé à Laurent de l’accompagner au cimetière Montparnasse, à la recherche de la tombe de son grand-oncle.

Le gardien a feuilleté le registre des concessions perpétuelles, il a indiqué l’emplacement : « Vous ne pouvez pas la manquer, c’est à côté de l’archange Gabriel. » Effectivement, ils ont trouvé une dalle de marbre gris, sans fioritures, avec des noms gravés, certains encore lisibles, d’autres presque effacés. Le nom de Samuel Soliman est suivi de deux dates : 8 Xbre 1851-10 VIIbre 1934. Rien qu’un nom, et le bruit de sa légende.

Elle n’a gardé de Monsieur Soliman qu’une photo, un vieillard vêtu d’un paletot à l’ancienne, coiffé d’un chapeau mou, portant moustaches et favoris. À côté de lui, une petite fille sage, les cheveux bouclés, vêtue d’une robe droite avec col marin, tenant à la main un cerceau plus grand qu’elle — Éthel. C’est vrai que d’une certaine façon il ressemblait à l’archange Gabriel, grand et fort, avec ses favoris pareils à des ailes, sa canne à la main droite telle une épée.

Ils sont restés un bon moment devant la dalle, à écouter la pluie tambouriner sur le parapluie. Une vapeur montait du cimetière, une odeur de terre et d’herbe. Quelque part dans les massifs de laurier on entendait les cris des merles. Ça pouvait être un endroit pour revenir souvent, a pensé Laurent, comme on irait rendre visite à un parent très âgé. Muni d’une brosse à dents et d’une petite truelle, pour nettoyer, rejointoyer. Pour passer un crayon gras sur les lettres illisibles. Il en a ressenti un pincement au cœur. Lui n’avait pas de caveau familial pour se recueillir, pas de concession perpétuelle, ni même une simple dalle portant écrit le nom de sa tante. Rien qui l’attachât à ce sol.

Читать дальше
Тёмная тема

Шрифт:

Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Ritournelle de la faim»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Ritournelle de la faim» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё не прочитанные произведения.


Karin Alvtegen: Recherchée
Recherchée
Karin Alvtegen
Jean-Marie Le Clézio: Coeur brûle et autres romances
Coeur brûle et autres romances
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio: Fantômes dans la rue
Fantômes dans la rue
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio: L'Africain
L'Africain
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio: Onitsha
Onitsha
Jean-Marie Le Clézio
Отзывы о книге «Ritournelle de la faim»

Обсуждение, отзывы о книге «Ritournelle de la faim» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.