Jean-Marie Le Clézio - Ritournelle de la faim

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Ritournelle de la faim: краткое содержание, описание и аннотация

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« Ma mère, quand elle m’a raconté la première du
, a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie.
Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le
n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis.
J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans. »

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Alexandre est mort ces jours-là, pendant que Laurent et Éthel voyageaient dans les rues de Paris d’hôtel en hôtel, qu’ils étaient injoignables. Un œdème avait envahi ses poumons, il s’était étouffé. La guerre des microbes avait duré au-delà de l’armistice et des bombardements. C’étaient eux qui l’avaient remportée.

L’enterrement a eu lieu à Nice, dans un cimetière tout neuf, sur les hauteurs à l’ouest, très loin de la ville, une nécropole pour les étrangers, de simples coffres de béton à flanc de colline. Il n’y avait pas d’autre choix. Le caveau de Montparnasse, où dormait Monsieur Soliman, était inaccessible, il n’y avait plus de cercueils plombés pour le voyage en train, et puis il faisait trop chaud. Quand elle est arrivée, Alexandre attendait à la morgue. L’employée a expliqué que c’était à cause de l’odeur, il y avait urgence. Aidée par Laurent, Éthel s’est occupée de tout, a tout payé, avec de l’argent emprunté à son mari. Sur le devant du tiroir mortuaire, elle a refusé toute phraséologie, au scandale de l’ordonnateur : « Au moins, R. I. P., mademoiselle, c’est le minimum. » Il était sans doute payé à la ligne. « Non, mon père détestait le latin. Vous mettrez seulement le nom, la date de naissance et la date de la mort, un point c’est tout. » Elle avait retrouvé le ton avec lequel elle avait refusé les cariatides sur la façade de la rue de l’Armorique.

L’espace d’un instant, tout le monde, ou presque, s’est retrouvé chez Justine. Les tantes mauriciennes, les cousins du côté Soliman, et même le colonel Rouart et la générale Lemercier qui avaient ravalé leurs rancœurs passées. Cela pouvait donner l’illusion d’une famille à nouveau, comme s’il ne s’était rien passé, ou que la mort d’Alexandre avait lavé ces gens de leur ineptie, qu’ils n’avaient été pour rien dans le drame et l’horreur qui venaient de se terminer.

Éthel les regardait attentivement, elle cherchait à les rattacher au passé, au temps de son enfance. Mais l’esprit n’y était plus. La fêlure ne pouvait pas être réparée. Elle avait hâte de partir à l’autre bout du monde, de commencer à vivre enfin.

Après la veillée et les funérailles, Justine avait organisé une brève réunion à l’appartement. Ça n’était pas le salon de la rue du Cotentin avec ses tours de chant et ses conversations brillantes. Mais, par la fenêtre mansardée, on voyait la mer étinceler au loin, à nouveau les voiliers et les pointus qui revenaient de la pêche, les cargos de Corse qui se dirigeaient vers la rade de Villefranche. Immobiles au large, comme des cerbères, les croiseurs britanniques et américains. Sur l’aire du port, la reconstruction avait déjà commencé, on démolissait à la masse les murs de protection, les plates-formes des canons et, le soir, l’œil du phare s’allumait à nouveau sur sa tour de Meccano.

« Pourquoi ne viendrais-tu pas vivre avec nous ? » a redemandé Éthel. Justine n’a même pas poussé un soupir. « Qu’est-ce que je ferais là-bas ? Je vous encombrerais… Je suis trop vieille, trop fatiguée. C’est vous qui viendrez me voir de temps en temps, j’espère. »

Elle a eu un geste instinctif, presque choquant. Elle a posé sa main à plat sur le ventre d’Éthel : « Quand il naîtra, préviens-moi, pour que je fasse une petite prière. » Comment avait-elle deviné ? L’arrêt de ses règles, Éthel n’en était pas encore vraiment sûre, elle n’en avait même pas parlé à Laurent. Justine a eu un petit sourire complice, une sorte de grimace attendrie. « Écris-moi pour me dire si ça pousse en pointe, comme ça je saurai si c’est un garçon. »

C’était elle qui avait raison, pour une fois. Elle appartenait déjà à cette ville. Du balcon de sa chambre, en se penchant, elle pouvait apercevoir au bout de la baie la colline âpre où Alexandre était inhumé. Dans le petit appartement sous les toits, elle avait réuni tous les souvenirs de leur vie commune, les objets, les bouquins, les meubles qui avaient survécu au déménagement et à la vente aux enchères. Des tableaux, des gravures. Un dessin à l’estompe que Samuel Soliman avait fait à dix-sept ans, avant de quitter Maurice, qui représentait le Pieter Both sous le clair de lune. Dans le corridor, elle avait religieusement accroché la panoplie des cannes-épées qui avait traversé la France en voiture. Depuis la mort d’Alexandre, Justine avait développé un grand bon sens pour les affaires. Le reliquat de l’héritage de son oncle, placé en viager chez un notaire, lui permettrait de survivre. Avec cela, elle pourrait même continuer à donner un peu d’argent à la tante Milou, faciliter son entrée dans une maison religieuse. Les autres avaient de quoi se débrouiller. Peut-être qu’elle avait déjà pardonné à Maude, et qu’elle lui enverrait de petits colis pour qu’elle ne meure pas de faim. Elle prendrait même une ou deux fois par semaine le chemin de Sivodnia.

Aujourd’hui

C’est la fin de la journée, peut-être. En juillet, à Paris, la chaleur rend les chambres d’hôtel suffocantes. Pour échapper à l’étouffement, je marche du matin jusqu’au soir, je marche au hasard des rues.

Je ne suis pas allé voir les monuments. D’une certaine façon je ne me sens pas touriste. Quelque chose me relie à cette ville, malgré la distance, sans que je puisse savoir quoi. Un sentiment étrange, entre culpabilité et méfiance — ou peut-être du dépit amoureux. D’instinct mes pas — et les transferts de bus — m’ont conduit au sud de la ville, au quartier que je connais bien par ouï-dire. C’est la suite des noms de rues, boulevards, avenues, places et placettes que ma mère a répétée depuis l’enfance, que j’ai apprise par cœur. Chaque fois qu’elle évoquait Paris, c’étaient ces noms qui revenaient :

RUE FALGUIÈRE

RUE DU DOCTEUR-ROUX

RUE DES VOLONTAIRES

RUE VIGÉE-LEBRUN

RUE DU COTENTIN

RUE DE L’ARMORIQUE

RUE DE VAUGIRARD

AVENUE DU MAINE

BOULEVARD DU MONTPARNASSE

Et aussi :

RUE DES ENTREPRENEURS

RUE DE LOURMEL

RUE DU COMMERCE

NOTRE-DAME-DU-PERPÉTUEL-SECOURS

J’ai cherché l’endroit où autrefois se trouvait le Vél’ d’Hiv.

Cela s’appelle aujourd’hui la Plate-Forme.

Une esplanade en hauteur, désertique, balayée par le vent, où jouent quelques enfants. Elle est entourée par de hauts immeubles, des tours de quinze étages, dans un tel état de délabrement que j’ai cru d’abord qu’elles étaient condamnées. Puis j’ai vu du linge à sécher sur les balcons, des paraboles, des rideaux aux fenêtres. Dans des jardinières, des géraniums brûlés.

C’est un désert, un no man’s land en suspens. Les immeubles sont affublés de noms étranges, prétentieux, un décor de science-fiction : ils s’appellent îlot Orion, Tour Cassiopée, Bételgeuse, Cosmos, Oméga, Tour des Nébuleuses, Tour des Reflets. Naguère on aurait donné des noms de déesses grecques, indiennes, Scandinaves. Au temps où on a construit la Plate-Forme, les architectes rêvaient d’espace, ils revenaient d’autres mondes, ils avaient été enlevés par des extraterrestres — ou bien ils allaient trop au cinéma.

Je marche sur la Plate-Forme fissurée. Il n’y a pas d’ombre, le ciment et les murs des immeubles renvoient une lumière crue qui fait mal. Les gosses de tout à l’heure m’ont rejoint, le bruit de leurs voix résonne avec une sorte d’écho. L’un d’eux, j’ai entendu les autres dire son nom, Hakim, s’est approché : « Vous cherchez quoi ? » Il est provocateur, agressif. Cette esplanade abandonnée, ces tours, c’est à eux, c’est leur terrain de jeux et d’aventures. Ici, sous leurs pieds, il y a cinquante ans, il s’est passé cette chose atroce, impossible à imaginer, impardonnable. Peut-être les mêmes voix des enfants qui jouaient à se poursuivre entre les rangées de sièges, qui riaient, qui s’interpellaient, et le même écho qui résonnait contre les murs fermés du stade, par-dessus les plaintes et les récriminations des femmes. Sur la Plate-Forme, des morceaux de béton sont tombés des façades. La Tour des Reflets est revêtue d’un carrelage turquoise. Orion est bleu de nuit. Le Cosmos est barré de longs balcons ornés d’une roue dans laquelle est fixée une sorte de croix ansée, autrefois dorée, qui fait penser au signe ankh des anciens Égyptiens. Ce sont les pyramides de notre ère, aussi vaniteuses et inutiles que leurs glorieuses ancêtres — certainement moins durables. Une tour immense et étroite, cylindrique, pareille à un minaret, domine tout le quartier et, d’après sa position, je calcule qu’elle doit être à peu près exactement au centre géométrique de la piste du Vél’ d’Hiv.

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