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Jean-Marie Le Clézio: Ritournelle de la faim

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Jean-Marie Le Clézio Ritournelle de la faim

Ritournelle de la faim: краткое содержание, описание и аннотация

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« Ma mère, quand elle m’a raconté la première du , a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans. »

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Au même instant, Éthel ressentait de la honte d’avoir songé à de telles questions, petites, inquisitoriales, ignobles. Elle refusait l’obscénité de cette vieille peau pâmée d’amour pour ce godelureau, un grand jeune homme élégant, avec ses longs cheveux noirs, sa barbe et ses yeux bleus, et son incroyable accent créole, son assurance de fils de planteur dans la plus besogneuse capitale du monde !

Rarement, Maude exhumait des reliques. Un médaillon qu’elle disait représenter sa mère, mais qui aurait pu être le portrait de Gabrielle d’Estrées, un chapelet en ivoire et, dans une petite boîte de santal, tout un attirail de colliers et de bagues en jadéite, en lapis-lazuli, en corail, en strass, cela semblait venir du viol d’une sépulture, mais Maude a commenté, comme s’il s’agissait d’un véritable trésor : « Tu sais, ne le dis pas à ta mère, ce sera à toi après ma mort. »

Éthel, en sortant de chez elle, avait eu un léger haut-le-cœur à l’idée que dans ce bric-à-brac il pouvait y avoir une bague ou des boucles d’oreilles données autrefois par Alexandre, peut-être un souvenir de famille qu’il avait lâchement dilapidé. Au fond, ce n’était pas la perte d’un bijou qui la mettait en colère, mais le ridicule de la situation.

Cette bizarre complicité entre elle et le temps révolu, cette folie du temps perdu. Ces colliers, ces amulettes, ces perles, c’étaient aussi les larmes de sa mère, les cris, les disputes qu’elle avait entendus depuis son enfance, une sorte de hargne muette qui s’était installée dans le couple, chacun vivant à un bout du grand appartement, séparé de l’autre par cet interminable couloir, comme aux confins d’un champ de bataille après l’armistice.

Sa colère était telle qu’Éthel est restée plusieurs jours sans retourner chez Maude. Justine avait préparé une gamelle, des restes pour les chats, un baluchon de hardes. « Tu n’iras pas chez Maude ? » a-t-elle demandé. « Et pourquoi tu n’y vas pas toi-même ? » a répondu Éthel. Oui, pourquoi ? Est-ce que cette vieille histoire un peu sordide, un peu stupide, n’avait pas assez duré ? Maintenant, ils étaient vieux, on était en guerre, on crevait de faim dans les beaux quartiers. Les grandes cocottes étaient des indigentes et les cocos-bel-œil de vieux cacochymes.

Elle a repris le chemin de Sivodnia, et Maude l’a accueillie avec une humilité qui lui a fait honte. Sous l’air enjoué, les gestes absurdement mutins, Éthel a lu la détresse de la solitude, la peur de la mort, le vide. Même les chats étaient émouvants. Pour la première fois, la Minette blanc et jaune, trop maigre, a bondi sur les genoux de la jeune fille et s’est mise à pianoter en ronronnant. On aurait dit que tout était manigancé. Se pouvait-il que Maude fût sorcière à ce point, qu’elle puisse parler à l’oreille de ses bêtes pour leur faire jouer une comédie sentimentale ? Comme pour confirmer le piège, Maude avait préparé un goûter à sa façon, thé de va-savoir-quoi et, en évidence sur la table dans une assiette, une unique pomme rouge, luxe incroyable en de tels temps.

Éthel a partagé le fruit avec parcimonie, Maude et elle croquant chaque tranche sans la peler, Maude toutefois avec un seul côté de sa bouche édentée. L’histoire de la pomme a rempli la conversation ce jour-là : « Figure-toi que je suis au marché, tu sais, mes petites courses, rien de glorieux, les légumes pour la soupe, ces navets, ces racines, comment les appelle-t-on ? Il paraît que ça vient du Mexique, du Brésil, et puis les abats pour les bêtes… » Ainsi, c’était bien elle, cette ombre parmi les ombres, courbée vers le sol (Alexandre appelait cela « l’appel de la terre »), piquant sous les étals les fruits pourris et les verdures défraîchies pour remplir sa hotte.

La guerre, ç’aurait pu être cette langueur, chaque jour semblable au précédent, mais auquel un détail manquerait — une lente marche vers l’hiver. Éthel regardait Justine, assise dans la bergère rescapée devant la fenêtre, ce paysage de toits rouges et de palmes, la grue saillant au-dessus des immeubles, le phare en ruines, l’horizon couleur d’acier. Un paysage paisible, qui aurait pu inspirer des vers, servir de toile de fond à une chanson d’amour, vide, intangible, un peu perlé de froid. À droite, dominant les minoteries, le grand mât du voilier américain qui avait été coulé au début de l’Occupation par les Allemands, tel un appel à la pitié générale, une aile d’albatros foudroyé, la vengeance d’un soudard.

La rumeur était partout. Éthel avait l’impression d’être sur une île, assez loin de tout pour que rien ne parût vraiment dramatique, mais suffisamment proche pour que la vague de violence arrive, le souffle de la déflagration, quelque part, paralysant la volonté et l’imagination.

Elle ne pouvait rien. On parlait d’une armée de l’ombre, d’une résistance des patriotes, de soldats britanniques qui sautaient en parachute sur les campagnes. Mais où ?

Par instants, elle avait un besoin de musique, pas seulement d’entendre des sons, ou de jouer un nocturne. Un besoin physique, qui lui faisait mal jusqu’au centre du corps. Deux ou trois fois, elle s’était essayée sur le vieux piano chez Maude, parce que, même grinçantes, les notes d’ivoire valaient mieux pour s’exercer que les couteaux d’argent alignés sur la table de la cuisine. Mais ce n’était pas le piano qui faisait défaut, c’était la volonté. « Joue, ma belle ! Joue, et moi je chanterai », aurait dit Maude. Rien n’était venu.

Alexandre avait baissé la tête quand, quelque temps après qu’Éthel avait commencé ses visites à Sivodnia, une bonne âme avait rapporté que Maude allait de cour en cour dans les quartiers riches pour chanter des airs d’opérette et ramasser ce qu’on lui jetait par la fenêtre. C’était terrifiant. Peut-être qu’Alexandre avait essuyé une larme furtive, la tête entre ses mains, c’est du moins ce qu’Éthel voulait croire.

La rumeur avait la forme de ces fausses nouvelles qui circulaient, captées à la radio. Les Anglais, les Américains vont… Les troupes alliées ont commencé à repousser les Japonais dans le Pacifique. Les Canadiens ont envoyé des troupes. Le pape a déclaré… Le débarquement a commencé en Calabre, en Grèce… Justine s’accrochait à ces informations, elle s’en nourrissait, quand elle les rapportait à la maison ses yeux brillaient fiévreusement. C’était une revanche sur le temps où elle se contentait d’écouter, d’acquiescer, dans le salon du dimanche, où elle avait seulement dit, d’une voix timide, ce Chemin, ce Talon, je ne les aime pas beaucoup. Le temps où elle haussait les épaules quand Alexandre s’emportait, tempêtait contre les socialistes, les anarchistes : « Tu exagères toujours tout ! »

Par moments venait l’écho des arrestations. L’hôtel Excelsior, du côté de la gare, où les prisonniers des Allemands étaient interrogés, battus, à moitié noyés. Les caves de l’hôtel de l’Ermitage, le palais où Alexandre et Justine avaient connu l’amour, où les torturés criaient la nuit avec des voix de chiens, leurs ongles arrachés, les femmes violées, un bâton enfoncé dans leur fondement, leurs bouts de sein brûlés au chalumeau. Justine n’en parlait jamais, pourtant la rumeur devait l’avoir atteinte, elle détournait le regard quand Éthel l’interrogeait. C’était comme si des démons occupaient les hauteurs de la ville, surveillaient les rues. Éthel croisait quelquefois une patrouille vert-de-gris qui marchait au pas cadencé. Ils ne ressemblaient pas aux gentils coqs italiens qui portaient son sac et l’aidaient à pousser sa bécane dans la côte.

Une seule fois, Éthel a reçu une lettre. C’est l’ancien consul des États-Unis, un Irlandais nommé O’Gilvy, qui habitait dans l’immeuble voisin. D’un air mystérieux, il a tendu à Éthel une enveloppe renforcée, fermée par une ficelle, sans nom de destinataire. Éthel a entrouvert la lettre, elle a reconnu l’écriture fine et ronde de Laurent. Elle a pris l’enveloppe, l’a cachée dans la poche de son manteau, un peu pour continuer le jeu de mystère du consul. L’homme lui a dit en baissant la voix : « Dites à vos parents de quitter la ville. Les citoyens d’origine britannique ne sont plus en sécurité, vous devez aller vous cacher dans la montagne. » Puis, sans attendre la réponse, il a tourné les talons, pour signifier qu’ils ne devaient plus se revoir.

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