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Jean-Marie Le Clézio: Ritournelle de la faim

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Jean-Marie Le Clézio Ritournelle de la faim

Ritournelle de la faim: краткое содержание, описание и аннотация

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« Ma mère, quand elle m’a raconté la première du , a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans. »

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La pièce avait un plafond bas, il faisait gris, ça sentait la pisse de chat et la misère. Justement, il y en avait, des chats. Ils couraient de tous les côtés, ombres furtives qui se glissaient sous les meubles, sautaient sur la commode, filaient entre les pieds du vieux piano désaccordé. « Mimine, Rama, Folette ! Venez voir qui est là, allons, montrez-vous, c’est Éthel, elle ne va pas vous manger ! » Elle s’excusait : « Ils seraient mieux dehors, dans le jardin, il fait beau, mais que veux-tu ? Il y a ici des sauvages qui les attrapent pour les vendre à la vivisection. On m’en a déjà tué deux, alors je suis obligée de les tenir enfermés. » Elle baissait la voix : « Je le connais, le salopard qui fait ça, mais je ne peux rien dire, on vit une drôle d’époque, tu sais. » Elle était toujours la même, un peu folle, mais amusante, énergique. Une survivante d’un temps révolu, et pourtant si vivante qu’on pouvait douter que ce temps fût vraiment terminé, imaginer que quelque part, loin de cette masure et de cette ville grise, de l’autre côté de l’horizon, à Mostaganem par exemple, les hommes et les femmes continuaient une histoire ancienne, s’amusaient au son du cake-walk et de la polka, recommençaient sans cesse la même fête, levaient le rideau rouge sur la première du Boléro ! Elle n’était coupable de rien, songeait Éthel. Il y avait une sorte d’innocence en elle, un appétit de vivre qui l’absolvait de ses excentricités et de ses erreurs passées.

Éthel a pris l’habitude de venir à la villa Sivodnia. Au début, elle le faisait un peu par pitié, un peu par curiosité. Et puis le nom de la maison était si beau, « Aujourd’hui », cela lui rappelait Xénia, cette façon qu’elle avait de profiter de chaque instant, d’aimer la vie sans illusions, sans fausse amertume. Ce nom allait bien à Maude — il n’aurait pas été plus approprié si elle l’avait choisi elle-même.

Enfin, petit à petit, d’autres raisons s’étaient fait jour, sans qu’elle s’en rende compte. Restait la vieille question qu’elle n’avait jamais osé poser, peut-être parce qu’elle ne savait pas la formuler — peut-être qu’elle n’était même pas sûre que Maude connaissait la réponse. Cette longue relation qui avait uni cette femme à son père, avant sa naissance, avant même qu’Alexandre n’ait rencontré Justine. Une autre époque, comme on dirait une autre vie. Un sentiment qui traînait comme un nuage attardé, qui languissait, qui s’étirait tout au long d’une vie, sans avoir de nom, sans avoir d’issue. Et le souvenir d’une présence au sein de la famille, un fantôme de présence, mais ça n’avait pas été un secret pour Éthel, même si personne n’en parlait devant elle. Se pouvait-il que les adultes fussent assez bêtes pour croire qu’une enfant n’était pas capable de comprendre, à demi-mot, à quart de parole, ou même dans le silence ? Elle gardait encore le souvenir de cette soirée, quand Éthel avait huit ans à peu près, et qu’avec Maude elle était allée à la première du Boléro, la musique qui enflait, qui grandissait, et le public debout qui criait, qui huait, qui frappait dans ses mains. Tout cela paraissait lointain comme un rêve, et pourtant, étrangement, ressurgissait ici, dans le sous-sol affreux de cette maison, lui faisait battre le cœur quand elle franchissait le portail et qu’elle lisait le nom de Sivodnia.

Elle arrivait le matin, vers dix, onze heures. Maude l’attendait derrière la porte, ouvrait avant même qu’elle ait frappé. Souvent, Éthel avait laissé passer quelques jours sans aller à Sivodnia, mais Maude la recevait sans lui faire de reproches.

Quand elle était entrée pour la première fois, Éthel avait compris l’étendue du désastre dans la vie de cette femme. Sur la table, à côté de l’évier, elle avait vu les restes du repas que Maude partageait avec ses chats. Des abats, des pelures, des croûtons trempés dans une jatte de lait. Maude mourait de faim, mais elle n’aurait jamais voulu le laisser paraître. Par la suite, elle s’efforçait de cacher la réalité. Elle trouvait de quoi préparer une collation. Des biscuits rassis qu’elle gardait depuis longtemps, quelques nèfles piquées, cueillies dans le jardin du Russe, ou bien la vieille recette mauricienne du pain perdu, trempé dans du jaune d’œuf et cuit à la poêle, le tout accompagné de son thé « imaginaire », comme elle l’appelait. Dans sa théière ébréchée, une japonaiserie qui remontait, à ce qu’elle disait, à Pierre Loti, elle inventait des décoctions, à la fleur d’oranger, d’acacia, avec des pétales de rose ou de chrysanthème, des peaux de pomme et des cônes d’eucalyptus, du thym, des feuilles de faux poivrier, de la menthe qu’elle faisait pousser dans des boîtes de conserve sur le bord du soupirail. La plupart du temps, c’était âcre, imbuvable. Éthel y trempait les lèvres, disait : « Maude, excusez-moi, est-ce que je ne pourrais pas plutôt avoir du thé blanc ? »

Elle lui apportait de petits cadeaux, des riens dont les Brun n’avaient pas besoin, et qui pour Maude étaient l’essence vitale : du riz, du sucre, de la couenne de porc si dure qu’on aurait pu en faire des semelles, de la chicorée, des rations de graisse que les chats lapaient goulûment comme si c’était de la crème.

En plein hiver, il faisait si froid dans ce sous-sol que la buée s’échappait de leur bouche quand elles parlaient. Il n’y avait rien à enfourner dans le Godin noir, même les vieux journaux qu’Éthel prenait sur la pile que Justine entreposait à la cave n’arrivaient pas à brûler à cause de l’humidité. Maude vivait enveloppée dans ses châles et ses couvertures, l’air d’une sorcière. Elle dormait avec ses chats sur sa poitrine.

Les premiers temps des retrouvailles passés, elles ne se parlaient pas beaucoup. Du moins, Éthel parlait peu, ne posait jamais de questions. Maude avait ce flot de bavardage sans queue ni tête, sinueux, imprévisible comme sa vie. Elle ne se plaignait jamais de rien. La guerre, l’occupation par l’armée italienne, tout cela lui était indifférent. Cela au fond avait à peine rétréci l’horizon de sa vie, avait seulement rendu plus compliquée la collecte des résidus. Avant, elle ne mangeait pas à sa faim, maintenant elle avait faim, voilà tout. Le sucre et le riz que lui apportait Éthel faisaient briller ses yeux, mais elle ne se précipitait pas. Quand Éthel revenait avec de nouvelles provisions, Maude lui montrait avec une satisfaction puérile : « Tu vois, il m’en reste encore. » Ou bien : « Justement, ma voisine, une pauvre vieille en aura bien besoin. » Comme si elle n’était pas vieille, pas pauvre et qu’elle n’en avait pas vraiment besoin.

C’est cet orgueil qu’Éthel avait appris à aimer chez Maude. Elle songeait à toutes les années où cette femme avait vécu dans le tourbillon de la musique, chantant sur la scène, dans les concerts, et même à bord d’un grand paquebot de croisière qui voguait d’île en île sur la Méditerranée. Elle avait occupé le devant de la scène à l’opéra de Mostaganem, elle chantait pour les colons des opérettes à la mode. Elle avait connu l’envers du rideau rouge qui frémit avant les trois coups. Que lui restait-il de ce temps ? Dans ses yeux gris-vert allongés en amande — évidemment tirés par les pinces accrochées à ses tempes sous ses cheveux — Éthel cherchait à déchiffrer la séquence des souvenirs.

Maintenant, elle n’en doutait plus : la question qui la tourmentait, la question qu’elle n’avait jamais posée concernait l’amour que son père avait éprouvé pour la chanteuse au temps où il étudiait le droit rue d’Assas, un temps aussi lointain que celui de la basoche. Avaient-ils vraiment été des amants ? Maude avait-elle pleuré quand Alexandre s’était marié avec cette fille de la bourgeoisie réunionnaise, plus jeune qu’elle ? Était-ce alors qu’elle avait décidé de fuir, d’aller en Algérie avec le premier banquier venu, comme une demi-mondaine ?

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