Caryl Férey - Condor

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Condor: краткое содержание, описание и аннотация

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Condor Condor Condor Caryl Férey vit à Paris. Après s'être aventuré en Nouvelle-Zélande avec sa « saga maorie » (
et
), en Afrique du Sud avec
(récompensé entre autres par le
en 2008 et adapté au cinéma en 2013) puis en Argentine avec
, il nous entraîne avec
dans une exploration sombre du Chili, dans une course-poursuite sanglante transfigurée par l'amour. Le nouveau roman de Caryl Férey nous fait voyager et frémir autant que réfléchir et nous rappelle, s'il le fallait, que l'auteur s'est imposé comme le maître du thriller des grands espaces et de l'ailleurs.

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Elizardo Muñez avait travaillé toute sa vie à Chuquicamata. La mine payait mieux que l’agriculture ou l’élevage dans les oasis perdues qu’on leur laissait, et ce n’était pas les terres de son père qui valaient la peine de s’échiner. Sa mère s’était tuée à la tâche — six enfants — et Elizardo ne s’était jamais marié : Chuquicamata était sa riche maîtresse, les putains d’Antofagasta sa tirelire cassée, une vie de dortoirs où les mineurs s’entassaient le plus souvent ivres morts pour oublier la dureté, la solitude.

Antofagasta était la principale ville dans le désert du Nord. Les travailleurs de la région s’y agglutinaient en semaine pour nourrir la mine, charriant leur lot de prostituées et de bars où rixes et verres cassés égayaient l’ordinaire. Labeur, abrutissement, alcool, il fallait bien un défouloir à ces damnés de la terre. La plupart des mineurs repartaient le vendredi dans leur famille, laissant la ville sens dessus dessous. Sans autre femme qu’à pratiques tarifées, Elizardo revenait rarement dans sa région d’origine. L’ ayllo de Cupo se vidait de ses jeunes, partis comme lui à la ville, sa mère était morte, ses frères et sœurs dispersés au vent du désert.

Elizardo avait travaillé vingt-six ans dans l’antre de Chuquicamata, extrayant le cuivre dont le pays avait besoin, sans se douter que Chuquicamata dévorait ses enfants. Intoxiqué par les produits chimiques, essoré depuis la nuit des temps, Elizardo se vit affligé de troubles respiratoires et neurologiques si graves qu’on le déclara un jour inapte au travail. Autant dire à la vie. À cinquante ans, Elizardo en paraissait vingt de plus, ses poumons sifflaient comme une locomotive et il oubliait parfois le passé récent, des choses aussi anodines que son numéro de chambre, l’endroit où il avait garé sa moto, les prénoms des putes vieillissantes elles aussi.

Chuquicamata le rejetant exsangue, une prime de licenciement en guise de retraite, le mineur atacamène s’était résolu à rentrer dans son village d’altitude, l’ ayllo de Cupo, où il ne poussait plus rien. D’une trentaine d’individus, la population avait fondu comme les glaciers andins. Il ne restait plus que les parois de sel contre la montagne, des guanacos riverains et quelques charognards qui tournoyaient dans le ciel, ces maudits caranchos, dont la nature perfide le rendait chaque jour un peu plus fou — il fallait être fou pour vivre seul à cinq mille mètres d’altitude…

1

Stefano était passé sur la parilla , mais ce n’est pas tant le souvenir de la torture à l’électricité ou la balle qu’El Negro lui avait logée dans le genou qui le faisaient souffrir, que la trahison de Manuela. Il en rêvait encore la nuit, quarante ans après les faits, sous des formes variées, jamais neutres. Combien de charges d’électricité la femme qu’il aimait avait-elle subies avant de le vendre à ses bourreaux ? Lui avait-on tiré une balle dans le genou à elle aussi, pour lui apprendre à mentir ?

L’ancien miriste boitait bas en rejoignant la foule massée devant le cimetière de La Victoria, comme si ses vieilles blessures se ravivaient au contact du chagrin, de la mort… Patricio… Stefano repensait à leurs discussions tardives au-dessus du cinéma, à ce monde mal fichu qu’ils remodelaient autour d’un bon plat mijoté pour lui, à son rire peu évangélique quand l’ancien guérillero lui contait ses amours au sein du MIR — « La révolution était surtout sexuelle ! » l’asticotait-il. Une façon aimable de lui faire avaler la reddition de Manuela. Stefano n’oubliait pas qu’au plus fort de la répression le curé de La Victoria avait osé afficher les photos de cent dix-neuf prisonniers disparus, les premiers d’une liste qui en compterait plus de trois mille. Si les deux hommes n’étaient pas du même bord, ils étaient bien sur le même bateau… Sa mort le rendait malade.

Les carabiniers aussi avaient été choqués en découvrant le corps du prêtre dans la décharge. On s’était acharné sur lui à coups de pierre avec une hargne qui confinait à la haine. Les problèmes de drogue, de chômage et d’alcool étaient récurrents dans les poblaciones , mais pourquoi assassiner la personne la plus dévouée du quartier ? Et le corps, pourquoi l’avoir déplacé (c’était le constat de la police) ?

Le capitaine Popper et ses hommes n’avaient pas cherché longtemps les meurtriers présumés : le lendemain, les cadavres de la bande d’El Chuque avaient été découverts dans un fossé, ligotés et étouffés par leur bâillon. Règlement de comptes ou élimination des témoins. Tous les adolescents n’avaient pas encore été identifiés et leur chef ne figurait pas parmi les victimes. El Chuque était aujourd’hui le principal suspect mais il n’avait pas pu commettre ces meurtres seul : Popper penchait plutôt pour un gang organisé qui aurait liquidé la bande de dealers avant qu’ils ne se mettent à table — leurs fournisseurs probablement…

Ça ne consolait personne.

Le cimetière de La Victoria se situait à deux cents mètres à peine du poste de police ; Stefano renifla en suivant le cortège, les mains enfoncées dans la veste de son vieux costume parisien. María Inés et Donata se tenaient par le bras dans l’allée fleurie, comme si le vent frêle pouvait les faire tomber. À leur âge, le deuil ne se faisait plus : elles mourraient avec. Stefano, Cristián et les sœurs n’étaient pas seuls à se recueillir près de leur ami, ils étaient des centaines à suivre le cercueil de sapin où reposait le curé, jeunes et vieux soudés par la tristesse et la colère pour rendre un dernier hommage à la figure emblématique du quartier.

Trois jours étaient passés depuis la découverte de sa dépouille dans le champ d’ordures. Stefano depuis rongeait son frein. Il avait attendu que la police ait vidé les lieux pour enterrer le chien du prêtre — le pauvre Fidel n’avait pas survécu à son maître — mais un détail continuait de l’intriguer : Toni, l’un des deux orphelins que Patricio cherchait quand on l’avait assassiné.

D’après les sœurs, Toni venait d’avoir huit ans quand lui et son frère Matis avaient pris la poudre d’escampette. Or, si l’aîné comptait parmi les victimes, aucune d’entre elles n’avait moins de douze ou treize ans… Où était passé le petit Toni ? Avait-il réussi à échapper aux tueurs ?

Un soleil opaque écrasait l’allée du cimetière quand on déposa la dépouille de Patricio dans son trou. Les yeux humides derrière ses lunettes de vue, une feuille tremblant dans sa main nervurée, sœur María Inés parlait de paix, d’amour, de miséricorde. Stefano n’écoutait pas l’oraison funèbre de la vieille dame : il ruminait, mâchoires scellées dans l’air poisseux du matin. C’était quarante ans de lutte qu’on enfouissait sous terre.

Une haine sourde lui remonta des entrailles, comme un lointain écho de sa jeunesse… du MIR. Leurs illusions. Tous ces combats perdus qui constituaient sa vie. Mais on n’enterrait pas le passé : il lui revenait même en pleine face.

* * *

Si certains groupuscules anarchistes faisaient encore sauter une bombinette de temps en temps, il était loin le temps où les guérilleros du Frente Manuel Rodríguez prenaient pour cible les symboles de la dictature — l’attentat raté contre Pinochet, l’assassinat de Guzmán, son conseiller en matière politico-juridique. Il n’y avait plus d’armes dans les caches du MIR disséminées sur le territoire : la révolution à venir ne serait pas politique comme il l’espérait, mais technologique.

Stefano avait racheté le vieux cinéma du quartier Brazil au début des années 2000, celui où il avait trouvé refuge en fuyant la Moneda en feu. Le jeune militant y avait caché son P38 Parabellum avant de se rendre au rendez-vous fatidique. Le cinéma n’était plus qu’une friche aux vitres cassées quand Stefano l’avait acquis, mais le pistolet était toujours là, dans la bouche d’aération de la cave qui lui servait de planque, comme neuf après son séjour dans la graisse. Souvenir de guerre, relique, nostalgie d’une époque où tout n’avait pas été dévoyé, Stefano ne s’était pas résigné à s’en débarrasser…

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